Récit de la course : Trail du Petit Ballon 2019, par jerem-runner

L'auteur : jerem-runner

La course : Trail du Petit Ballon

Date : 17/3/2019

Lieu : Rouffach (Haut-Rhin)

Affichage : 1236 vues

Distance : 54km

Matos : Altra Lone Peak

Objectif : Terminer

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Trail du Petit Ballon 2019 - La boucle est bouclé

Depuis le temps que je vous en parle, c’est fait ! Le trail du Petit Ballon 2019 est passé ! La boucle est bouclée ! Je ne vais pas revenir en détail sur ces dernières semaines, voire même ces derniers mois, car j’en ai déjà suffisamment parlé sur le blog. Aujourd’hui, place au sport et à ma course que j’ai réalisé ce dimanche 17 mars 2019.

Alors que les prévisions météos n’ont pas arrêté de changer au cours de la semaine, c’est sous un grand soleil que je pose les pieds à Rouffach ce dimanche 17 mars 2019 une heure et demie avant le départ de la course. Cela me laisse le temps de récupérer mon dossard, me préparer en effectuant quelques changements de dernière minute et de discuter avec mes camarades.

En effectuant mes changements de dernière minutes, je ne pars pas non plus dans l’inconnue. J’effectue des changements dans mon équipement en restant sur des choses que je connais. Initialement, je voulais courir avec les chaussettes waterproof de chez Verjari en pensant pluie et neige pendant la course… Au final, c’est avec mes Atmo Race et mes manchons de compression de chez Rywan que je prendrai le départ car j’avais beaucoup trop chaud aux pieds avec Verjari. L’autre changement de dernière minutes (juste avant d’aller sur la ligne de départ), c’est de ranger ma veste coupe-vent imperméable dans le sac ! Bien qu’il y ait un peu de vent sur le départ, ce n’est pas gênant. Et je me dis donc que je verrai bien pendant la course.

A 8h30, après quelques rappels sur quelques consignes du règlement, c’est l’heure du départ ! Les fauves sont lancés sur les 55 km de cette édition 2019 du trail du Petit Ballon.

La première partie de course est assez rapide au milieu des vignes. J’ai de bonne sensations et je profite à fond du moment en me calant tranquillement sur mon rythme de course habituelle. Et avec ce soleil, ce n’est que du plaisir de courir. Par contre, j’ai rapidement chaud alors j’enlève mon buff et je le range dans une des poches de mon sac tout en courant. Au cours de cette première partie assez roulante mais avec pas mal de petite relance, je croise Jérôme (@leptigarssansgenes) à qui je souhaite une bonne course.

Puis au loin j’aperçois une casquette au logo que je connais bien, une casquette TailWind Nutrition ! C’est Ryan qui est là, devant moi ou presque. Alors je me fixe un premier mini objectif pendant la course, revenir sur Ryan pour au moins le saluer. Ce sera chose fait peu après le premier ravitaillement du 10ème kilomètre où j’ai pointé en 57’52’’. Nous échangeons brièvement quelques mots car mon anglais et son français ne sont pas terrible puis nous reprenons notre chemin… Nous nous entrecroisons quelques fois puis il accélère et je laisse filer.



Alors que les premières petites difficultés commencent vraiment à pointer le bout de leurs nez, je continue de me sentir bien. Je suis partie sur une bonne base. Pas trop vite, pas trop lentement. En fait, je suis sur mon rythme habituelle quand je suis en sortie longue. De quoi me mettre sur une bonne voie psychologiquement parlant en prenant la direction du 2ème ravitaillement au 20ème kilomètres.

Je me rends compte sur cette partie que je fais de bonnes descentes (c’est mon point fort) mais que je suis tout de même sur la réserve. Je n’ose pas trop courir à mon rythme habituel en descente… Faute à mon traumatisme au gros orteil gauche deux semaines avant… Bien que je cours avec une protection de chez Epitact, je n’ai pas forcément envie de trop ralentir le temps de guérison en me cognant une nouvelle fois. Alors je reste prudent et vigilant dans chacune des descentes.

Sur cette partie de course, je me suis trouvé des camarades avec qui j’ai trouvé un rythme de croisière. Même si nous ne nous parlons et que nous nous entrecroisons beaucoup, cela fait du bien sur des sentiers de montagne de ne pas être seul. Pourtant, j’ai l’habitude de courir très souvent seul quand je prépare des courses. Mais ici… Sans la préparation, ça a un côté rassurant.

J’arrive donc au deuxième ravitaillement du 20ème kilomètre avec tout ce petit groupe en 2h05. Le rythme a un peu baissé mais cela est normal car nous avons eu un peu plus de monté. Je reste donc rassuré quand on rythme que je m’impose sur ce trail. Mais je sais que la route est encore longue et que les prochains kilomètres risquent d’être long.

Je profite de ce deuxième ravitaillement pour refaire le plein des gourdes, manger du saucisson avant de repartir pour attaquer l’avant dernière ascension avant celle du Petit Ballon. Car mon objectif est tout simplement de passer le sommet du petit Ballon, le reste n’est qu’accessoire.

Je repars avec un binôme avec je discute un peu de cette magnifique journée ensoleillée, de ce parcours qui nous offre une vue magnifique sur le Grand Ballon au loin… Avant de lui casser un peu le moral car il croyait qu’on était en train de monter le Petit Ballon… Je lui apprends que ce sera la montée suivante.

Dans cette portion nous menant jusqu’au Petit Ballon au 29ème kilomètre, je commence à sentir physiquement que je manque cruellement d’entraînements. Ce n’est pas mes trois sorties longues de 20 km depuis le début de l’année qui allaient faire que j’ai les jambes pour aujourd’hui.

Je commence à sentir que j’ai moins de force dans les jambes. Je me demande pourquoi je n’ai pas pris mes bâtons alors que je savais que ça allait être dur sans entraînements aujourd’hui… J’essaye de ne pas trop me perdre dans mes pensées et je garde mon objectif du sommet du Petit Ballon. Cet objectif personnel de m’approcher de mon fils parti bien trop tôt dans les étoiles. Là où je l’ai déjà approché il y a un peu plus d’un an. Et cet objectif personnel de le gravir une nouvelle fois pour boucler la boucle après mon malaise il y a un an m’ayant contraint à renoncer à ce trail.

Je me fais doubler pas mal de fois dans cette portion de la course. Je suis prudent dans la descente avant de me retrouver à découvert avec un vent d’une force incroyable pour cette dernière grosse ascension (mais ce ne sera pas la dernière de ce trail).

Cette ascension fait mal aux jambes avec pas mal de pierres, de la neige, de la glace et toujours ce vent. J’avance péniblement. La trace dans la neige est déjà bien tassée et l’épaisseur de la glace en dessous rends le parcours un peu plus difficile. Il faut savoir prendre son mal en patience, ne pas poser ces pieds n’importe où et tout ira bien… Puis se dresse devant un mur où tout le monde est en file indienne vent dans le dos… Le sommet est proche et dans ma tête je me dis « J’arrive Aloïs ! J’arrive ! » en pensant à mon fils.

Cette ascension m’aura semblé interminable… Mais le vent dans le dos aide bien pour finir. Je repense dans les derniers mètres à tout ce qui m’a motivé à prendre le départ aujourd’hui. Je pense à ma famille et mes amis qui me soutiennent, à tout ce que j’ai pu vivre ces derniers mois… Mais je pense surtout à mon fils qui doit émerveiller sur son étoile et à ma fille qui aura les yeux qui pétilleront quand je rentrerai ce soir.

Puis j’y suis, je suis au sommet ! Un coup d’œil à la vierge Marie en essayant de ne pas tomber avec le vent. Je profite rapidement de la vue et c’est parti pour une deuxième partie de course. 29 kilomètres pour venir jusqu’ici, 26 kilomètres pour boucler la boucle.

 

Le début de la descente se fait sur des jeux d’équilibre, surtout avec le vent qui nous pousse bien avant de nous retrouver un peu à couvert dans un sous-bois. On y retrouve également de la neige en bonne épaisseur. Je suis plus que prudent sur ce passage avant de me lancer avant de me lancer avec un compagnon de route en chasse patate pour rattraper ceux qui nous précède.

Je prends en main ce début de course poursuite au moment où les sentiers s’élargissent et se découvre de nouveau. J’ai à ce moment de bonne sensation. Alors je me dis que tout en étant prudent, je vais pouvoir faire une bonne descente jusqu’au 3ème ravitaillement au 34ème kilomètre.

J’aperçois les deux qui me précédent prendre un sentier sur la droite. Quand j’arrive à l’intersection, j’hésite à la suivre car cela ne me semble pas être la bonne direction par rapport au marquage au sol… Je les suis quand même pour être rappelé par d’autres participants derrière au final. J’aurai dû m’écouter pour le coup… Tout un groupe est passé devant moi… Ce n’est pas grave, ça va me motiver à continuer à faire une bonne descente.

Nous sommes de retour sur de l’alternance entre des sentiers de randonnées et des sentiers de montagnes avec pas mal de petites pierre. La hantise de me recogner le pied resurgit en moi. Je lève un peu le pied pour arriver au 3ème ravitaillement en 3h52… J’ai mis 1h50 environ pour faire 14 km… J’ai vraiment été dans le dur sur l’ascension du Petit Ballon. Alors j’en profite pour souffler tranquillement en prenant mon temps pour ravitailler. Et l’avantage, c’est qu’en étant 117ème, on ne se bouscule pas au ravitaillement.

La portion suivante est également beaucoup en descente jusqu’au prochain ravitaillement avec de petite montée de temps qui viennent bien piquer les jambes. Avec toujours autant de pierres sur le parcours, je reste toujours prudent en petite foulée. Je me rends compte que depuis le sommet du Petit Ballon, je n’aurai pas dû me retenir… Je sens que les jambes commencent à être dur. Non pas par le temps de l’effort mais bien parce que je suis sur la retenu depuis un bon moment maintenant dans les descentes…

A partir de ce tronçon, je croise un peu moins de participants également. Le Petit Ballon à dû faire comme un tri et a étalé les coureurs sur le parcours. Je me fais surprendre de temps en temps par un autre participant qui me dépasse. Mais je suis aussi heureux quand j’aperçois au loin d’autres participants. Ça veut que je reviens sur eux. Alors pour toujours avancer, je me fixe des mini objectifs pour revenir sur eux.

Je reviens sur une féminine, Carole, une athlète locale bien connu de chez Run’In si je ne me trompe pas. On échange quelques mots sur le parcours. On fait quelques chassé-croisé mais je n’arrive pas à la suivre. Je manque cruellement de force, d’entraînements et ma retenu dans les descentes laisse des traces. J’alterne la marche et la course dans des faux plats montants… alors qu’habituellement je serai en train de courir… Cela me met une claque car je compare à l’année dernière où j’avais largement la capacité sur des passages comme celui-ci de courir. Mais je reste réaliste et je me dis que de toute manière cette année sera comme ça. Ce ne sera pas facile avec un nourrisson à la maison de s’entraîner correctement.

A l’approche du 4ème ravitaillement, c’est un enchainement de descentes et de faux plats un peu plus à découvert qu’une grosse partie de la course. J’entends derrière moi quelqu’un qui m’appelle. C’est @petitespompes qui m’a reconnu à mon t-shirt via mon racepack que j’ai publié la veille sur instagram. Nous échangeons quelques mots, nous parlons de la course suivante, j’essaye de la suivre mais elle est plus en forme que moi… Je lui dis qu’elle peut y aller (je n’avais pas envie de la ralentir). Alors que nous n’étions pas loin du ravitaillement, j’aurai pu peut-être poussé un peu pour l’accompagner jusque-là. J’y pointe en 4h45, 1h40 derrière Sébastien Spehler le leader de la course.

Après avoir pris mon temps sur ce ravitaillement, je me souviens avoir reçu par mail de l’organisation qu’il fallait en garder sous le pied pour les 13 derniers kilomètres du parcours… Un petit calcul dans ma tête car je ne suis plus très frais. Et je réalise qu’on y est dans les 13 derniers kilomètres… Je me prépare donc psychologiquement à être un peu dans le dur sur les prochains kilomètres avant de dérouler jusqu’à l’arrivée.

A ce moment, je réalise également que je n’ai croisé personne des entraînements à la colline du mercredi soir. Je pense que Jean-Michel ne pas être très loin derrière moi, il a bien préparé la course et je pense bien jauger son niveau pour sa première expérience sur la distance. Après je connais aussi Baptiste avec qui j’ai un niveau similaire et qui ne dois pas être très loin… Je suis partie devant eux et ils ne sont pas revenu sur moi… Alors mon dernier petit objectif est de faire en sorte qu’ils ne reviennent pas sur moi (même si à cet instant précis, je ne sais pas du tout où ils en sont).

On attaque comme un mur à mes yeux. Je n’arrête pas de me dire que je manque cruellement de fond et de dénivelé… et donc d’entraînements… Mais d’un autre côté, je me dis que je ne suis pas trop mal pour quelqu’un qui ne sait pas entraîner pendant 5/6 semaines…. ou plutôt qui a couru qu’une fois par semaine. Il faut savoir se réconforter comme on peut car chaque détail compte. Et si je plonge dans des idées négatives, les 13 derniers kilomètres peuvent être très long.

Je réalise également que l’année dernière avec l’entraînement, je m’étais fixé moins de 6h et cette année sans entraînements moins de 7h. Après avoir consulté ma montre rapidement, j’ai compris que je serai plus ou moins entre les deux si je ne continue pas de m’effondrer physiquement.

Je suis donc dans l’avant dernière montée de l’édition 2019 du trail du Petit Ballon. Je peine un peu, et même beaucoup… Le peu de bénévole que je peux croiser encouragent avec de petits mots. Et il y a pas mal de spectateur encore sur le bord des sentiers (il y en a eu tout le long du parcours, c’est incroyable). J’alterne la marche et la course quand c’est possible. Quand je me fais doubler, je me motive pour me caler dans la foulée et courir un maximum. Et quand je vois que je décroche, je me mets à remarcher.

Puis une descente, elle a l’air longue aussi celle-là. Elle doit nous amener au dernier ravitaillement qui est au 48èmekilomètre. Je déroule alors tranquillement. Je m’impose de courir du début à la fin dans toute la descente. Et au milieu de la forêt arrive le ravitaillement avec pas mal de spectateur encore et toujours. J’y pointe après 5h35 de course. J’ai parcouru les 6 derniers kilomètres en 50 minutes… Connaissant mon potentiel, je sais que j’aurai pu mieux faire. Mais je n’étais pas dans les meilleures conditions aujourd’hui. Et mon but principal étant de finir sans me préoccuper d’un résultat quelconque.

Je prends vraiment mon temps à ce ravitaillement. Je savoir ce dernier moment si particulier de pouvoir discuter avec les bénévoles quelques instants. Ce dernier moment de plaisir. Car c’est toujours un plaisir de tomber sur des ravitaillements généreux comme ceux d’aujourd’hui. Je savoure ce moment car je sais qu’ensuite il y a encore une petite montée où je vais certainement encore avoir un peu de mal avant de dérouler jusqu’à l’arrivée.

Puis je suis dans un petit groupe dans le faux plats descendants alternant avec quelques petites relances qui nous amène vers l’arrivée après cette dernière montée. On est en forêt sur des petits sentiers en single à l’abris du vent. Ça ralenti et ça accélère en fonction des possibilités de dépassement de ceux un peu plus lent que nous. Un panneau nous indique que l’arrivée est dans 3 km ! On y est ! Je suis tellement fier de moi que n’arrêterai plus de courir et je trouve même la force de donner un peu plus de rythme dans cette partie descendante sur Rouffach.

On entre dans les vignes, 2 km, 1 km… Entrée dans Rouffach avec les applaudissement et félicitations des bénévoles aux intersections, des spectateurs qui applaudissent… Cela me fait monter toutes les émotions en pensant ce qui a fait que j’ai maintenu ma participation.

Plus que quelques centaines de mètres. Je pense aux amis qui sont encore sur le parcours et qui en auront encore pour un petit moment (je me demande même si tout va bien pour eux avec la pluie qui commence à tomber). Je pense à mon amie qui aurai dû être là aujourd’hui (elle se reconnaitra) qui m’avait demandé de penser à elle au sommet du Petit Ballon. Et je pense à ma famille qui est fier de moi, de ce que je fais, du plaisir que j’ai trouvé dans le trail. Je pense à ma petite femme et ma fille qui attendent de mes nouvelles à la maison.

Et je franchi la ligne d’arrivée en 6h23’45’’ ! Un superbe chrono à mes yeux pour quelqu’un qui ne sait pas entraîner. Et comme dit dans le titre de ce récit, la boucle est désormais bouclée ! Place à la suite et rendez-vous au trail des Marcaires le 19 mai 2019.

Jerem Runner




1 commentaire

Commentaire de JLW posté le 04-04-2019 à 22:32:33

Merci pour ton beau récit et rendez-vous aux Marcaires :)

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