Récit de la course : Trail du Lac d'Annecy - Maxi Race 2018, par BASTA

L'auteur : BASTA

La course : Trail du Lac d'Annecy - Maxi Race

Date : 26/5/2018

Lieu : Annecy (Haute-Savoie)

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Distance : 86km

Objectif : Terminer

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Des hauts et des bas...

Quand on est prof, on a beaucoupde vacances mais il est impossible de prendre un jour de congé en semaine. Pas facile donc d’envisager de participer à la Maxi Raced’Annecy démarrant un samedi avant l’aube...Heureusement, c’est à 3h45 de Paris en TGV et les organisateurs de la course acceptent qu'un ami (merci Bruno !) retire mon dossard la veille de la course. Parfait !

J'arrive donc vendredi soir dans une maison Airbnb remplie d’une douzaine de trailers (dont Stéphanie) qui dorment plus ou moins en fonction du format de course choisi (85 km solo ou en relais samedi, 42 km dimanche). La nuit est courte (réveil à 3h, voiture à 4h, top départ à 5h) mais la journée promet d'être longue ! Petite pensée pour l’épatante Maïté qui est partie à 1h pour 115 km!

Chacun entre in extremis dans son sas de départ selon sa course (Stéphanie a opté pour le relais) et sa cote ITRA (note attribuée par l'International Trail Association en fonction de son palmarès). Bruno et trois de ses amis ont décidé de partir et surtout rester groupés. Un pari difficile à tenir sur une telle longueur de parcours...

Je me retrouve seul dans un sas d'un assez bon niveau grâce à quelques bons chronos certes mais obtenus sur des trails plus courts! Top, c’est parti! On me dira plus tard qu’il y avait au départ de beaux fumigènes colorés qui illuminaient la nuit... Je n’ai rien vu! Oh, pas en raison d’une concentration extrême, non… plutôt parce qu’avec mon 1m65 (frontale comprise), je suis «sous le niveau de la mer»! Par contre, j’ai bien remarqué tous ces mollets bien affûtés… D’ailleurs, ça part vite! Comme sur de nombreux trails, dans l’espoir d’éviter les bouchons dès les premières montées. Je me laisse gagner par l’ambiance, suit le mouvement général et, effectivement, cela reste assez fluide dans la première montée… d’environ 15 km avec 900 m D+!

Le jour se lève et les sentiers «monotraces» dans les sous-bois sont très agréables. Arrivé au sommet du mont Semnoz, je suis euphorique, boosté par une belle vue et par les encouragements d’un public chaleureux, mélange de connaisseurs, de badauds et d’amis/familles de coureurs. Je les remercie et lance même quelques blagues potaches du type «Il est où D’Haene? Devant ou derrière?». Oui, parce que la Maxi Race d’Annecy, sponsorisée par Salomon, accueille cette année notre champion international sponsorisé par Salomon qui est aussi d’Annecy… La boucle est bouclée. Bon, je ne l’ai pas vu le champion: ma seule chance de le croiser aurait été de lui acheter une bouteille de son vin la veille au village d’exposants...

Il est 7h30 et, sous la tente du premier «ravito», je me régale d’une soupe à l’heure du petit déjeuner. Une des joies du trail! Un autre régal m’attend, une belle descente, raide et technique. Je déboule, poussé par les autres coureurs: je n’ai pas envie d’être le boulet qui ralentit ceux de derrière et je tente de coller ceux de devant… dur dur pour un «coureur des plaines», ça va vite pour moi, très vite! J’essaie de jouer avec le relief plutôt que de le subir… or, il s’agit d’une piste noire format XXL! Les cuisses brûlent, je sens que tout ceci n’est pas raisonnable mais je suis en plein kiff, celui qui vous fait dire «on verra bien»...

Arrivé au point d’eau suivant, je suis 145ème au km 23 en 2h50 (dixit le site de suivi de course «maxirace.livetrail.net»). Bien sûr, cela, je ne le sais pas sur le moment… mais en discutant avec une coureuse avec qui je cours depuis plus d’une heure, je découvre qu’elle est une «élite féminine» locale. Je comprends mieux pourquoi tant de personnes l’encouragent, lui donnent de nouvelles flasques pré-remplies… et je comprends surtout qu’il faut que je lève le pied!

Le deuxième ravito à Doussard est un vrai supplice: que c’est bon de pouvoir s’arrêter dans un gymnase pour manger debout quelque chose de chaud et salé (des nouilles type Bolino que je ne boude pas !)... et que c’est dur de repartir ensuite pour une deuxième moitié de course!

La balade digestive est une montée de près de 15 km et 1500 D+. Je m’installe dans un rythme et ne m’arrête pas. Le coureur se transforme en marcheur têtu. La chaleur grimpe, elle aussi, dans les 30°C, mais tout va bien. Je ne regrette pas mon débardeur et mon short échancré très «seventies». Ah! Nous atteignons enfin des alpages! Il y en aura bien peu sur ce trail et je le regrette. On n’est pas bien haut et, même si l’on a parfois une vue superbe sur le lac, cela reste très ponctuel. Je préfère les trails en haute montagne où l’on s’imprègne du panorama vertigineux et omniprésent...

Après environ 60 km de course et 4 000 m D+, au chalet de l’Aulps, mon classement est le même qu’à mi-course. Au chiffre près! (162ème) Mais la descente suivante est aussi pour moi une descente dans le classement. Je ne ressens ni fringale ni fatigue mentale mais musculairement, je suis «cuit»! Au ralenti total dans les passages techniques. Je n’ai pas d’inquiétude sur le fait de pouvoir finir mais c’est une toute autre course qui commence pour moi. Je ne relance que sur les passages où je ne risque pas de tomber par manque de réactivité, de légèreté. Je me fais donc doubler par pas mal de coureurs. J’envie leur relative fraîcheur et je leur emprunterais bien leurs bâtons! La plupart en sont munis, moi non. C’est une erreur. Tout le monde me l’a dit pourtant: «Les bâtons sont très utiles sur les trails longs». C’est sûr, avec un départ trop rapide et un équipement qui fait défaut, je les mérite ces «jambes de bois»! Du coup, pour réparer, je ne peux pas m’empêcher de dresser mentalement une «to do list» pour les prochains mois: vélo, séances de descente, test de bâtons, musculation «maison»...

L’ultime montée m’oblige à revenir «à l’instant présent» et c’est tant mieux! Le trail, c’est aussi me semble-t-il cet état de «pleine conscience» dont parle les adeptes de la méditation. Pas après pas, la répétition du geste dans l’effort me met dans un état particulier. Je suis «dans ma bulle». Heureux.

La fin de course s’annonce par contre difficile. Suite à un éboulement, une déviation par une descente bien plus technique que les années précédentes a été mise en place, me dit-on. Aïe! Dans une descente pépère, je peux courir, comme un centenaire certes, mais je cours… mais les dieux du trail s’amusent maintenant à ajouter un fort pourcentage de pente et un zeste de pluie (des orages sont même à craindre !). Tant pis, je marche ou je cours comme je peux, l’essentiel étant de ne pas se blesser. Car, le risque d’entorse ou de forte chute est bien réel… la preuve en est, le taux d’abandon est de près d’un tiers sur cette course! Certains arrêtent également suite à des problèmes gastriques ou un ras-la-casquette général. De ce côté là tout va bien. Je profite même des derniers km à peu près roulants par un ultime footing jusqu’au tapis rouge de l’arrivée qui se termine… en pente raide! Quoi? Encore du D+? Sadiques!!!

 

Heure d’arrivée: 20h33

Classement: 292ème sur 1529 (80ème V1H)

Temps de course: 15h33

Distance parcourue: 85,7 km

Cumul de dénivelé: 5529 m D+

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