Récit de la course : Marathon du Mont-Blanc 2006, par Tortue géniale
L'auteur : Tortue géniale
La course : Marathon du Mont-Blanc
Date : 25/6/2006
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 4139 vues
Distance : 42.195km
Matos : Casquette, short RAIDLIGHT trail runner, T- shirt technique QUECHUA, chaussettes- gants TOE distribuées par RAIDLIGHT, chaussures MERRELL Overdrive, sac à dos 10l QUECHUA, gel énergétique Overstim, gel antioxydant Fenioux, boisson Overstim Hydrixir fruits rouges, bâtons de marche.
Objectif : Terminer
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MONT- BLANC MARATHON 2006, RIFIFI A CHAMONIX
LA MISE EN BOUCHE :
Samedi 24/06/2006 15h00, nous voilà tout bronzé ma femme et moi, revenant de nos vacances à Saint Raphäel directement sur Chamonix : changement de décor, génial ! il fait beau et a météo prévoit du beau temps pour demain, tant mieux !
J’en profite pour percevoir mon dossard ainsi que le superbe débardeur Salomon de la course au niveau du centre sportif, ensuite, direction le camping histoire de planter la guitoune pour la nuit. Le camping est situé juste en dessous du glacier des Bossons, quelle vue ! on se sent vraiment tout petit.
Sur place, je prends une douche avant de retourner en ville afin de manger une bonne plâtrée de pâtes comme prévu. Arrivé devant le resto, pas de bol, il est fermé ! impossible alors de trouver un endroit où bouffer des pâtounettes ! Tant pis, je me contente à l’arrache sous une pluie battante d’une table sympa avec au menu une assiette de charcuterie locale pas dégueu et en plat principal une bonne viande avec des patates, histoire de faire bonne figure en disant que j’ai mangé des sucres lents la veille du Mont- Blanc marathon ! ( no comment’ pour les diététiciens d’avant course, je suis le premier à faire la remarque lorsque les autres avalent une raclette la veille d’une grosse course ! )
Retour ensuite au camping après m’être arrêté voir Argentine- Mexique dans un bar autour d’une ‘tite bière ( j’ai dit no comment’ !!! on est en vacances non ? )
Plus tard, bien emmitouflé dans mon sac de couchage, j’ai la désagréable sensation que des voisins ont eu l’idée d’organiser une rave- party cette nuit : musique techno à donf’… inutile de dire que je n’ai pas fermé l’œil une seule seconde… finalement, je me lève à 05h30 défoncé comme un terrain de manœuvre. Je m’habille, avale mon sportdéj tant bien que mal avant de partir pour le centre ville. Arrivé sur le point de départ à 06h30, de nombreux participants m’avaient déjà précédé, la tension commence à monter ! Je lutte alors contre une odeur de croissant chaud au beurre provenant d’une boulangerie située juste à côté du lieu de départ, encore une épreuve de plus à surmonter !
L’ENTREE :
Chamonix ( 1035m/ km 0 ), le ciel est super dégagé, le Mont- Blanc est quasiment face à nous, majestueux.
A 07h00, le coup de feu retentit, bien évidemment, je me case en fin de peloton vu que beaucoup de personnes pensent finir la course en 02h00 vue la vitesse à laquelle ils partent !
Je trouve petit à petit mon rythme, heureusement pour moi, les premiers kilomètres se font sur du plat, le long de la rivière Arve sur des chemins très roulants, c’est très agréable.
Petit à petit, le chemin commence à monter vers Le Lavancher ( 1200m ) puis prend encore de la hauteur pour nous retrouver à Argentière, il fait bon, je n’ose pas aller trop vite, je me fait alors doubler par pas mal de coureurs, mais bon, je préfère ça que de lâcher un poumon dans la montée finale vu le profil du parcours…
Argentière passée ( 1260m/ km 12,1 ), nous continuons à monter progressivement jusqu’à Tré le Champ ( 1390m/ km 13,7 ), lieu où le Marathon se sépare du cross dont le départ se fait à 09h30. J’en profite pour discutailler avec une personne d’environ 55 ans au fort accent américain qui m’explique en être à sa 04ème longue course en peu de temps, avant de faire prochainement la Merrell Sky race, et ben ! quel santé ! quoique, il me dit déjà être dans le rouge et pense peut- être à abandonner d’ici quelques kilomètres… par le force des choses, je me détache de lui et continue sur ma lancée…
Après Tré le Champ, le chemin s’amuse dans les bois et progresse toujours vers le col des Montets ( 1461m ), où nous traversons un jardin botanique de toute beauté avant de dégringoler vers Vallorcine.
Je veille à faire attention à mes appuis car la rosée rend les chemins très glissants.
J’en profite alors pour m’alimenter et boire, mon intolérance au sucré se fait déjà sentir, tant pis, je me force à avaler mon gel énergétique en espérant pour la nième fois qu’un fabriquant inventera bientôt celui au goût « Chorizo de Murcie » ou « Saucisson d’Auvergne »… c’est beau de rêver !
LE PLAT PRINCIPAL :
Une fois au ravito de Vallorcine ( 1260m/ km 19,1 ) , je consulte mon petit plan où le profil de course est indiqué ( comme il est malin ! ) et constate alors qu’un gros morceau est à venir : l’ascension vers le col des Posettes : 750m de dénivelé positive à avaler en à peine 9 kilomètres environ, humpf !
Je sors et règle alors mes bâtons de marche et attaque la bêêête !
Un large chemin part rapidement en lacets avec une pente correcte, mais au fur et à mesure de l’ascension, la pente se durcit. Inutile de dire que cela fait longtemps que j’ai arrêté de courir et profite de mes bâtons pour travailler mes bras afin de délester mes jambes. En doublant assez facilement un coureur, celui- ci me demande alors qu’est- ce que j’ai bien pu manger pour avoir cette patate… ne voulant pas me griller en racontant mon repas de la veille, je lui réponds « pizza et bière ! » qui était en fait le repas de l’avant- veille ( no comment’ please !!! ), lui me répond EPO. Eau, Pastis, Olives ! ben quoi ! un peu d’humour en pleine bourre n’a jamais fait de mal à personne !
Nous arrivons après de nombreux lacets avec une pente assez prononcée au col des Posettes ( 1997m ), où règne un silence impressionnant, c’est un col désert, sans végétation, où seuls quelques névés subsistent avec un ravito au sommet. J’en profite alors pour nettoyer mes chaussettes, m’alimenter, me maquiller ( humour, toujours ! ) et me réchauffer car un vent léger soufflant à 2000m reste un vent froid.
Après cela, le chemin dégringole très rapidement vers Tré le Champ. La descente est très dure, les appuis étant très incertains sur les cailloux, où la douleur dans les genoux est accentuée par la pente très raide. Nous arrivons ainsi à le Tour ( 1453m ) par une route goudronnée qui me rassure car je pensais que mes rotules avaient déménagé vers ma fosse illiaque !
Nous rejoignons ensuite Tré le Champ ( km 31 ) que nous connaissons déjà. Arrêt ravito où je consulte mon plan en voyant qu’il me reste 11 kilomètres, que de la montée. Un camarade de course m’informe que le passage au col de la Flégère est redoutable… quant faut y aller…
LE DESSERT ( OU PLATEAU DE FROMAGES, AU CHOIX ! ) :
J’essaie alors de me relancer comme je peux et commence à grimper petit à petit, le chemin est alors en plein soleil pour la première fois de la journée, le parcours étant heureusement très ombragé.
Les kilomètres passent petit à petit, aucune crampe n’est à l’horizon, mais un mur commence à se faire sentir. Je mange alors ce que je peux avec difficulté, le sucré n’étant plus du tout mon allié…
Un ravito placé sur une portion plate en pleine forêt me donne l’occasion de boire pas mal d’eau et de repartir un peu plus serein. Beaucoup de personnes arrivent, l’air hagard, dont des participants au cross. Je croise alors en repartant sur le chemin des personnes assises par terre, exsangues, et les dépasse sans trop penser à une défaillance.
La pente s’accentue terriblement, en lacets en plus ! Je crois que la Flégère ne doit pas être très loin. Je sors alors d’un bois pour me retrouver avec des trailers – ou plutôt marcheurs tout comme moi – sur une portion en plein soleil avec une pente de folie sur cailloux instables, que dire de plus ? je m’accroche comme je peux… après une bonne vingtaine de minutes, le chalet de la Flégère ( 1877m/ km 37,2 le matin ) est alors en vue avec un raidillon juste avant le ravito, histoire de nous montrer que la montagne se gagne vraiment.
J’entends alors une voix dans un micro sortant de nulle part et une personne m’indique qu’il s’agit du speaker de l’arrivée, le problème, mais où est- il ?… et c’est reparti !… le chemin descend pas mal avant de remonter et de se stabiliser. Je passe alors sur de gros cailloux à flanc de montagne qui me brisent les genoux, mais je continue jusqu’au dernier ravito avant l’arrivée, placé dans la Combe de Chalarnon ( 1820m/ km 39,8 )sur une jolie prairie d’herbe vert tendre.
Le chemin remonte petit à petit avant de prendre encore plus de hauteur, j’entends la voix de speaker qui de fait de plus en plus audible et forte et là, un mur, un truc de malade : Plan Praz !
Je me retrouve face à l’arrivée, sauf que le chemin pour y arriver se finit par l’interminable lacets très pentus… tout va bien, pas de crampes en vue, j’attaque !
Je me raccroche comme d’hab’ à tous mes entraînements qui m’ont permis d’en arriver là et j’avale la dernière côte à l’arrache alors que mon souffle est digne d’un poussin asthmatique…
Je me retrouve alors face au Mont- Blanc, il me reste 100m, et là, je sprinte ! ( n’importe quoi ! ) et passe l’arrivée de Plan Praz ( 2070m/ km 42,195 ) en hurlant je ne sais quoi.
Ca y est, j’ai fini, je suis marathonien, quoi ? JE SUIS MARATHONIEN ! ben oui, j’y pensais plus ! c’est la première fois que je fais officiellement cette distance ! Mon temps ? 06h40’ ! m’en fout !
Je pense alors aux trailers qui prendront le départ dans quelques semaines pour l’UTMB, quel courage ! Dire qu’ils feront 04 fois cette distance…
Je reçois une médaille du marathon que je dévore du regard et file droit vers les télécabines car un orage se fait menaçant. L’attente ne se fait pas trop longue et je rejoins ma femme 1000m plus bas à Chamonix.
LE DIGESTIF :
Mes jambes sont lourdes, mais il faut aller se doucher et manger un morceau avant de reprendre la route pour 500 km ( !) afin de rejoindre ma famille en Lorraine …
La douche prise, me voilà paré pour grignoter, mais nous devons attendre plus d’une heure dans une file d’attente avant de pouvoir prendre notre repas, le voilà le gros point noir de la course…
Pour conclure, le Mont- Blanc marathon n’est pas une course à prendre à la Flégère, pardon, à la légère ( des restes… ) le premier tiers du parcours est heureusement pas trop difficile, mais l’ascension des Posettes et surtout sa descente à tendance à défoncer les jambes, ce avant l’ascension finale interminable et de plus en plus difficile. Au niveau du paysage, c’est de toute beauté, on en prend vraiment plein les yeux tout le temps, sachant que nous avons eu un temps magnifique toute la journée de la course jusqu’à l’arrivée, par contre, par temps de pluie...
Quant à l’organisation, c’est une machine bien rôdée, de la prise du dossard jusqu’à l’arrivée : les ravitos sont bien fournis, l’équipe est sympa, mais le repas d’après- course est un désastre pour l’attente… par contre, il est très bon car bien achalandé.
Bien sûr, quant à l’aspect sportif, il s’agit bien d’un marathon, où la satisfaction d’en finir est je pense encore plus importante par rapport à un bon vieux marathon bien roulant où on a l’œil vissé sur son cardio pour vérifier son temps tous les kilomètres…
Je n’ai pas été blessé durant la course, sauf une ou deux petites ampoules ici et là, mais pas handicapantes. J’ai ressenti des douleurs dans les cuisses et les genoux jusqu’au mercredi et j’ai recommencé à trottiner dès le lendemain.
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