L'auteur : Toinou_R
La course : La Via Podiensis - 38 km
Date : 9/6/2018
Lieu : St Privat D'Allier (Haute-Loire)
Affichage : 2904 vues
Distance : 38km
Objectif : Pas d'objectif
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Hey les runners !
J'ai démarré le running début 2017. Cette discipline ne m'avait jamais accroché jusqu'à ce que je décide à m'inscrire à des courses, à me fixer des "caps". Après une année d'essais dont le challenge ultime était les 20km de Paris, je me suis relancé dans l'aventure de la CAP assez tardivement mi 2018 (dû au temps globalement pourri).
Je me suis donc, il y a peu, lancé un défi de taille en tentant la folle aventure du 38km1350D+ du Grand Trail du Saint Jacques.
L'bojectif était simplement de terminer la course car je ne me'étais pas préparé physiquement.
Je décide, pour la 1ère fois, de courir sans musique dans les oreilles et sans GPS pour me suivre. J'ai préféré laisser de la batterie à mon portable pour communiquer avec mon épouse Malvi (qui m'avait accompagné pour l'occasion) et pouvoir mieux gérer un potentiel abandon. Cela tombe bien, Malvi décide, malgré un joli bidou de 5mois, de me suivre en voiture, ce qui me fera un bien fou à chaque ravito. Je porte un petit sac de sport fin rempli d'une bouteille de 1.5l, des mini snickers et des oursons haribo (qui m'ont sauvé la vie). Pozey. Mais cela m'a semblé un peu too much au vu de ce que les autres portaient sur eux (sorte de camelbak hyper fin).
Les premiers 10km avant le 1er ravito ont été une belle entrée en matière. Barre en bas du ventre car envie de popo direct après avoir passé la ligne de départ. Et pas de mouchoir sur moi. De toute façon, entre nous, je crois que je n'aurais jamais osé le popo préhistorique.
10 premiers km avec environ 650D+, principalement en marchant, donc. Beaucoup de boue sur le sentier, avec la flotte accumulée ces derniers jours. Je sens également que, techniquement, mes NewBalance ne vont pas être un grand atout. La terre mouillée fait glisser chacun de mes pas. L'arrivée est cependant agréable au sommet d'un mont. Mes supporters sont là ! Je m'arrête peu, le temps d'embrasser Femme et Foetus.
Viennent ensuite 14km hardos avec 400D+ je crois, jusqu'au 2e ravito. Là, je fais clairement moins le malin. Au km 15 (à peu près), je sens mes ischios qui me tirent à fond. Les courbatures que je traîne de ma séance de kiné du mercredi précédent (lors de laquelle j'ai fait des squats et des fentes à gogo) me rattrapent. Elles me faisaient déjà bien mal lorsque je me pliais dans ma voiture la veille, alors là, ça devient difficile. Et le moral faiblit doucement. D'autant que sur le sentier, la boue est toujours bien présente et que, de fait, je vais aussi "vite" à la montée qu'à la descente. Le moment le plus pénible est sans doute la traversée d'un ruisseau boueux, jusqu'aux chevilles, sur 200-300m. Le plus dur a été d'encaisser le premier plouf puis après, on s'en tape, on court dedans pleins pieds. Je sens alors que la cale faite par mon podologue pour soutenir ma foulée gauche se barre progressivement aux antipodes de son secteur d'affectation.
Je trouve cependant que les 9km qui me séparent du ravito passent plutôt vite. A un moment, le parcours passe à côté d'une maison magnifique en pierres foncées. Dans le jardin il y a une table dressée et on devine, à 7km/h, les prémices d'un super déjeuner en famille. Une femme se tient sur le seuil et des enfants sont assis sur la tête du mur d'enceinte, protégés du cagnard par un bel arbre imposant. Le tout sur fond de vallée on ne peut plus jolie. Un bout de paradis.
De retour de ma rêverie, j'arrive fatigué. M&F sont bien présents. Le timing de mes supporters préférés est au top ! Là je m'arrête 15-20 min, facile. Je fais popo (la barre au ventre partira vers le km 27, ouf !), je mange, je bois et, alors que je joue clairement la montre, Malvi me fait comprendre gentiment qu'il faudrait peut-être reprendre la course maintenant !! Foetus donne des coups dans le ventre de sa maman comme pour me botter le train. Je remercie pour la première fois la paroi vitale qui nous sépare, lui et moi, à ce moment là.
Ensuite, 10km jusqu'au ravito n°3. Reste une côte mais ce n'est plus vraiment le problème. Mon cardio est sérieusement entamé et c'est limite si j'attends le dénivelé pour me donner une raison d'aller le plus lentement possible. Le plus dur est de se motiver à re-courir sur chaque plat ou descente. Voir les autres coureurs, ça motive du coup. Toujours de la boue. D'ailleurs, sur une descente en sous-bois, ma concentration flanche et je me ramasse misérablement. J'ai tout de même le droit à un "ça va?". "oui, ça va, mais c'est quand même con de se planter i.." (je ne parle plus qu'à moi-même car mes sauveurs du moment sont déjà repartis). Sur les 5 derniers km de ce tronçon, je trouve un second souffle étonnant. Dû notamment à la disparition de la fameuse barre et aussi à mes perfusions régulières d'oursons Haribo. Une fusée d'un autre parcours me rattrape et me double avec un petit commentaire furtif : "ah ouais, tes petites New Balance, là, c'était osé!". Pas le temps de lui répondre, elle est déjà sur la Lune.
Malvi me contacte par SMS. Le ravito 3 est galère d'accès en voiture. Je lui dis qu'elle peut m'attendre au bout, je suis de nouveau en forme. Mais en fait, elle a pu finalement trouver un passage et j'ai été fort content de la retrouver. Là, clairement, malgré mon second souffle 5km plus tôt, je suis mort. Je prends 2 cocas, une banane, 1 orange et je repars à l'assaut de moi-même.
Il ne reste plus que 4km. Bonne nouvelle, je ne sens plus mes courbatures. Mon genou, qui tirait un peu avant le 3e ravito, ne se fait plus sentir. 2e bonne nouvelle, le parcours est décompté tous les km. ça aide à passer le temps. J'ai le sentiment d'être très lent. Je mets de la musique et finis la course avec mes oursons dans les chicots et Moha La Squale dans les oreilles. Reste une dernière rampe jusqu'à la cathédrale pour le finish. Je décide de la courir jusqu'au bout, pour ne rien regretter. J'arrive exténué, après 6h20 d'un parcours très beau mais qui aurait mérité de ma part une préparation beaucoup plus sérieuse, tant sur le stuff que sur la condition physique.
Je prends ma binche du finisher (que je n'ai pas du tout appréciée, du fait de mon état semi-végétatif) et on se carapate, hors du secteur balisé, loin de cette ambiance qui, c'est dommage, n'aura pas été démesurée, loin de là. Je ne désire qu'une chose, manger une glace. On se pose sur une place où des battle de breakdance s'offrent aux spectateurs en terrasses. Mais malgré tous les efforts du speaker, la foule Ponote reste aphone.
La course, globalement, était magnifique et je la referai avec plaisir ! Sur le 49km ? Qui sait ? ;-)
2 commentaires
Commentaire de Khioube posté le 04-07-2018 à 09:14:35
Félicitations ! Tu t'es bien battu et tu as fini en n'étant pas dégoûté du trail, ce qui est peut-être le plus important. Ton récit me rappelle mes débuts il y a peut-être cinq ans, j'avais justement fait le 23km de Saint-Jacques et cela me semblait le bout du monde. Au plaisir de lire le prochain récit !
Commentaire de Toinou_R posté le 04-07-2018 à 15:28:58
Merci pour l'encouragement ! Comme pour beaucoup d'épreuves, le trail est pénible par moments mais jouissif à la fin. C'est le sentiment de se dépasser qui reste en fin de compte.
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