L'auteur : Shoto
La course : Transju'Trail - 72 km
Date : 3/6/2018
Lieu : Mouthe (Doubs)
Affichage : 2331 vues
Distance : 72km
Matos : Bâtons Black Diamond
Chaussures Salomon speed cross 4
Objectif : Balade
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Et voilà, je viens de terminer LaTransju 2018 version 72 km.
Déjà un beau souvenir.
Contexte et préparation de la Transju :
Cette belle course jurassienne résonnait en moi depuis mes débuts en trail en 2015 lorsque j’avais visionné sur youtube le film du maestro de la vidéo de trail sur cette course, Mister Bruno Poulenard.
Ce trail correspondait bien à mes critères de choix personnels ; découvrir une belle région que je ne connaissais pas, me faire les dents sur une distance semi-longue et taper un bon dénivelé (+ 3 218 m) .
Merci le JURA : j’ai été bien servi sur tous les critères.
Inscrit dés la fin de l’année 2017, je décroche un dossard n°6, un bon numéro ! Je pensais venir seul mais mes copains traileurs ayant eu vent de mon projet et intéressés par le profil de la course décident de s’inscrire également. Sympa de courir (au moins sur une partie du parcours) avec mes 2 « mobylettes » Olivier et Alex tous deux à plus de 17 de VMA, moi qui ai une VMA entre 15 et 16 km/h. Je sais donc qu’ils vont courir devant. D’ailleurs, je suis en reprise avec blessure, ayant pu quand même courir (à la ramasse) le trail du tacot Briard (33 km de l’UTBM) un peu plus d’un mois auparavant. Toutefois, une bonne grosse charge d’entrainement depuis ce 33 km me permet d’arriver finalement pas trop mal préparé pour la Transju trail.
A noter que la Transju qui était mon trail objectif de l’année 2018 est devenu entre temps un trail préparatoire … pour la CCC 2018 fin août à Chamonix (100 km) par un heureux tirage au sort groupé !
Sauf imprévu, Olivier et moi serons sur la ligne de départ de la CCC. Alex lui, a décroché son ticket pour la TDS… vivement Chamonix fin août.
Avec mes 2 acolytes, nous faisons un petit saut de 5 heures de voiture depuis Paris pour rejoindre la station jurassienne des ROUSSES, lieu d’arrivée du trail. Heureuse surprise en découvrant la chambre que nous avons réservée dans l’hôtel LA REDOUTE à 200 mètres de la ligne d’arrivée … la chambre n° 41 est en fait un petit appart confortable peu bruyant avec 2 chambres (1 avec 2 lits superposés + 1 avec grand lit) pour la modique somme totale de 83 euros par nuit (hors petit dej). Parking public gratuit juste devant.
Bien sympa et confortable pour les 2 nuits que nous allons passer.
Bref tout va pour le mieux quand nous nous réveillons à 2h30 du matin le dimanche 3 juin … sauf que çà pique les yeux à cette heure bien matinale ! Moi qui suis matinal … là je dois dire que c’est vraiment très matinal, je suis servi ! Ne nous plaignons pas …. A la CCC & la TDS nous aurons une nuit blanche pendant la course … à moins de courir avec les élites ;-)
En fait, nous prenons la navette de 3h45 aux Rousses. Elle nous emmènera en 45 mn à MOUTHE départ de la course … pour 5h30 un Top Go Départ.
Désolé si, la lecture de tous ces détails peuvent paraitre rébarbatifs à certains kikous, mais j’ai pensé qu’ils pouvaient être utiles pour des futurs participants à la Transju 72 km.
Avant de monter dans la navette, je fais brièvement la connaissance d’un kikou sympathique qui sort du même hôtel et que je reconnais au port de sa casquette rouge Kikourou. Il vient du limousin pour courir cette Transju en phase de préparation d’un 104 km à Aurillac cet été. Sa femme court le 23 km.
Petite erreur sans grosse conséquence … je bois trop de thé au petit déjeuner … résultat logique ; grosse envie dans la navette ! … la vessie pleine bien trop douloureuse … je bondis du car à l’arrivée comme un furieux pour aller me soulager derrière la salle polyvalente de MOUTHE lieu de rencontre des traileurs avant la course.
Petit speech du speaker dans la salle qui nous présente en interview un coureur 2016 ou 2017 présent pour l’édition 2018 et qui a fini en 6h47 l’année dernière … Un type élite humble et souriant.
La Transju est une course intimiste. Selon le speaker nous sommes 360 inscrits. Mais le live trail indiquera 336 vrais partants dont seulement 25 dames.
J’aime ces courses intimistes où nous ne sommes pas 2 500 au départ.
Départ de la course : de Mouthe au tremplin de Chaux neuve :
Pas besoin de frontale car il fait presque jour à 5h30 quand nous partons dans une bonne ambiance générale. Avec Olivier et Alex, nous sommes volontairement restés en queue de peloton pour éviter un départ trop rapide. Alex traine une ancienne douleur à la hanche qui ne veut pas guérir. Olivier a un petit bobo au pied. Je suis finalement le seul intact malgré cette blessure à la hanche handicapante de décembre dernier que j’ai mise 4 mois à guérir mais qui est désormais finie … à priori, le corps d’un traileur couine toujours ;-)
Départ donc dans l’aube naissante sous une arche gonflable devant la salle polyvalente de Mouthe. J’ai une pensée pour les habitants qui dorment à proximité un dimanche « très matin » et qui se font réveiller par l’adjoint au Maire déchainé au micro pour décompter le compte à rebours ! Ils doivent nous maudire les pauvres.
Boom c’est parti. Je filme avec ma caméra au bout de sa perche. Pas de bousculade. La longue file s’égrène le long de la longue ligne droite bitumée. Nous voyons au loin la tête de course de ce long serpent de traileurs venus en découdre avec ce beau trail technique. Impressionnante la vitesse de croisière des 1ers qui nous mettent rapidement 200 puis 400 puis 600 mètres dans la vue en quelques minutes … parmi eux, le 1er finisher Arnaud JACQUIN qui finira en 6h47 déjà vainqueur l’année dernière … bravo à lui.
La longue file rejoint la forêt et nous rencontrons nos 1ers chemins boueux. Le JURA vient de subir, comme beaucoup d’autres régions françaises, un épisode de forts orages avec beaucoup de pluie. Résultat, le sol est bien détrempé et nous savons que nous allons faire de belles glissades trailiques … pourtant nous ne sommes vraiment pas réputés pour être des reines du patin à glace ou du ski nordique, manquants nettement de grâce dans nos chaussettes de contention et nos gros cuissots de bouquetins !
Heureusement nos consœurs traileuses avec leurs belles gambinettes de coureuses relèvent esthétiquement le niveau
La météo s’annonce clémente ce matin … mais chargée d’orages l’après midi … finalement nous n’aurons que quelques gouttes de pluie en matinée. Conditions de course très correctes. Environ 13°C à Mouthe (dite « la petite Sibérie française ») au départ et 25°C au plus fort de la journée … heureusement une bonne partie du parcours se fait sur les hauteurs ou en sous bois. Donc au frais. Et le soleil est resté caché une partie de ce dimanche 3 juin. Moi qui ai oublié de mettre de la crème solaire … ouf pas un coup de soleil.
Aujourd’hui je veux courir au cardio. Choisir raisonnablement la bonne cible physiologique. Rester en endurance fondamentale (EF) ou endurance active (EA) pour ne pas me griller car je sais que la seconde partie de course réserve de belles grosses grimpettes pour nous hisser à 1 677 m d’altitude en haut de la DOLE.
A 6 km du départ, nous rejoignons rapidement le fameux tremplin de saut à ski de CHAUX NEUVE que l’on voit sur de nombreuses vidéos. L’ouvrage est impressionnant … même en le grimpant sur l’escalier latéral. Son tapis vert saute au yeux. L’ascension sur l’escalier métallique est un moment appréciable. Un 1er bon souvenir dans ma besace de traileur. Et 1er chrono à 45 mn. Je suis 287ème … autant dire que j’ai pris mon temps ! … sur 336 partants ….
Mes 2 potes sont partis devant. Ou plutôt, j’ai volontairement laisser partir mes avions de chasse pour ne pas me laisser embarquer dans un faux rythme. Ce qui me permet de faire plusieurs autres pauses pipi … hé oui … merci le thé .. et des pauses vidéos avec une GO PRO récalcitrante qui beugue en ce début de course. Obligé de m’arrêter pour démonter plusieurs fois la batterie…. n’est pas Bruno Poulenard qui veut !
Ceux qui aiment la vidéo de trail pourront voir ma vidéo en cours de montage (sur Kikourou et sur Youtube).
De Chaux neuve au 1er ravito de CHALET DES ANGES (16ème km) :
Les grimpettes après CHAUX NEUVE commencent. Je retrouve le type de trail que j’adore, des chemins forestiers, des singles sympas … même si le sol est glissant. La première partie est donc assez peu pentue et assez roulante. Au Chalet des Anges, je passe vers 7h30 en 2h03 devant la borne RFID avec un classement en 261ème position. Ravito … je grignote un abricot sec sans refaire le plein de ma poche à eau d’1 litre … presque pleine. Je remplis ma gourdette ventrale de 350 ml. Et hop, je passe sous un portique qui sonne bruyamment car un jurassien s’extasie à remuer sa rampe de cloches et de clarines suspendues au dessus de nos têtes … merci l’accueil jurassien ! Fantastique !
Sans sur régime ni sous régime … le plaisir de dérouler ma foulée, heureux d’être là au milieu de traileurs qui ne se gênent pas et se respectent. Nous ne sommes pas trop nombreux et je prends mon pied à découvrir et admirer ces paysages jurassiens authentiques, des prés bien verts, chalets et forêts de toute beauté. Un joli levé de soleil que je tente de filmer. Une longue file de traileurs en lisière de forêts tous unis par la même passion du trail ; course à pied et grands espaces naturels et en paix … et dire qu’ailleurs des types se font la guerre ! … pauvres hères. Vous tueurs de tous bords venez donc ici profiter du paysage et de notre bienveillance.
Au dessus de La Chapelle des Bois nous évoluons sur le bord d’une falaise au bord d’un plateau aérien. Nous passons à côté d’une éolienne. La vue est magnifique sur la vallée dans laquelle se niche 2 lacs : « lac de Bellefontaine » et le « lac des mortes » … bien sinistre nom pour un paysage aussi idyllique !
Ravito de Bellefontaine vers 9h avec 45 mn d’avance sur la barrière horaire.
Je vais dérouler comme çà au milieu de mes frères et sœurs traileurs sans me mettre dans le rouge. Je cours en fait 25 km en super forme … puis vient un léger petit coup de fatigue … mais j’arrive au ravito de MORBIER où la chaleur sous le soleil commence à se faire sentir … je plonge une tête dans la fontaine au ravito après avoir passé un bel aqueduc en pierre … puis MOREZ quelques kilomètres plus loin, je passe en bon état général vers 10h15. j’ai doublé pas mal de monde puisque je suis alors 221ème après 4h44 de course.
La ville de MOREZ encaissée dans une vallée n’est pas particulièrement belle, intéressante toutefois pour ses lunetteries, son musée de la lunette et se grands aqueducs qui lui donnent une touche d’originalité.
J’ai 1h d’avance sur les barrières horaires car je devais arriver à MOREZ avant 11h15 et il est 10h15 en quittant le ravito. Donc pas de stress .. cultivons notre zénitude.
La course s’annonce donc sous de bons hospices car je suis encore frais et nous avons déjà fait la moitié du parcours, soit environ 35 km … je ne suis nullement cramé … étant donné mon rythme actuel, je pourrais donc presque penser finir en 10h de course … sauf que je sais que les gros dénivelés commencent maintenant … à partir de MOREZ commence en fait réellement la vraie TRANS JU !
MOREZ (35ème km) : 10h14 (221ème) (-1 h sur la barrière horaire) 1 200 m D+ cumulé.
Lorsque je quitte MOREZ et que je fais bipper les bornes de sortie du ravito après avoir traverser le pont au dessus fleuve, je sais qu’une nouvelle course commence. Je suis légèrement fatigué et content de ma première partie. Je ne le sais pas encore alors mais je suis 221ème.
Je vais enfin pouvoir m’attaquer au mur qui apparait sur le profil du dénivelé de course. Une vraie belle série de grimpettes jusqu’au prochain ravito de PREMANON. J’ai 13 km à faire alors que la chaleur commence à bien monter.
Alors que j’attaque hardiment sous le soleil avec mes bâtons la belle côte derrière les derniers immeubles de la ville, j’aperçois au loin dans la montée 2 profils de dos que je connais bien … je rattrape mes 2 mobylettes, Olivier et Alex !!! Moment d’euphorie trailique qui me galvanise. Je les rattrape en courant alors qu’ils marchent et je me moque ouvertement de leur rythme par provocation amicale. Ils m’apprennent qu’ils ont eu une pause assez prolongée au ravito.
Voilà donc que je grimpe ce beau mur en compagnie de mes copains. Je me range gentiment derrière eux bien décidé à ne pas me faire lâcher mais sans me mettre dans le rouge … vu ma faible capacité à supporter la chaleur.
Alex prend le lead et nous doublons plusieurs traileurs dans le rouge. Mon cardio turbine activement dans mon coffre thoracique. Soudain Alex demande à passer derrière car il a subitement un coup de moins bien. Il s’accroche derrière nous mais je sens qu’Alex est vraiment à la peine. Olivier me laisse passer devant … et je mène gentiment le rythme assez aisément, ce qui me surprend étant donné ma différence de niveau avec mes potes .. mais je suis réputé pour être plutôt bon grimpeur.
Plus loin, Alex nous demande de continuer sans lui. Il souhaite s’arrêter un certain temps pour se réhydrater, s’alimenter et se reposer. Sa douleur de hanche s’est réveillée. Nous continuons donc à 2 avec Olivier bien décidés à l’attendre à PREMANON … mais la course va en décider autrement car je subis aux environ du 45ème km un sacré bon coup de pompe à cause probablement de la chaleur et du dénivelé violent. Début de légères nausées, mal dans la nuque, écœuré par l’eau de ma poche à eau, mauvaises sensations et surtout grosse envie de dormir. Alex nous rattrape. Ragaillardi, ils repartent devant ensemble avec Olivier. Je les retrouverai un peu plus haut avant PREMANON. Olivier me donne des graines, pignons et raisons secs que j’ai du mal à mâcher mais qui passent mieux que mes pates de fruit. Ils repartent devant accrochés à 2 rapides traileuses qui semblent les motiver au plus haut point ;-)
Je n’ai bien évidemment pas envie d’abandonner mais le mental en prend un petit coup car je sais qu’il reste beaucoup de kilomètres et d’heures de trail. Il va falloir gérer mon coco les 27 prochains km… je vais donc à mon rythme me laissant doubler et bien décidé à me « refaire la cerise » au ravito de PREMANON.
PREMANON (km 49) : 13h14 (226ème) (- 45mn sur la barrière horaire) 2 250 m de D+
J’y retrouve mes 2 compères assez fatigués également. Etant donné qu’ils m’attendent depuis un certain temps, je leur dis de partir. Je souhaite vraiment me reposer, me réhydrater et m’alimenter. Je ferme les yeux assis par terre en buvant une bonne dizaine de tasses de bouillon et de thé trop sucré. Je mange, je bois et le bouillon me fait particulièrement du bien. Plusieurs types sont vautrés par terre. On dirait un hôpital de campagne. Un jeune type sportif et barbu à côté de moi a l’air assez frais mais il vient d’abandonner. Il discute avec un bénévole qui va le déposer en voiture à la DOLE où quelqu’un va venir le chercher. Je comprends que ce type est un moniteur de la station, qu’il a couru avec les élites bien à l’aise jusqu’à MOREZ et qu’il a pris comme moi le mur de montée à PREMANON de plein fouet … il préfère abandonner plutôt que de terminer à une place qui ne correspond pas à son niveau de course.
En fait, je ne comprends pas cette façon de voir les choses. Je suis d’ailleurs étonné de voir le nombre important d’abandons dans la liste des favoris sur le live trail internet. Ces élites préfèrent abandonner la course par coup de barre, manque de jus ou de motivation plutôt que de finir dans le ventre mou du classement. Certes, à chacun ou chacune d’appréhender la course comme il (elle) le souhaite … mais j’ai toujours appris que lorsque l’on commence quelque chose, on le termine. Cela fait parti de mon ADN. Sauf évidemment en cas de blessure ou le risque de se mettre en danger, je souhaite toujours pouvoir finir un trail que je commence … ne pas céder à la facilité. Cette philosophie de vie et de course m’aide dans la vie de tous les jours notamment à titre professionnel, aller au bout de ses objectifs et de ses envies … éviter de toujours zapper … le zapping la grande mode de notre époque ! « L’abandon n’est pas une option » comme disait mon ami de rencontre Alexis lors du trail du Nivolet Revard 2016.
15 à 20 mn après mon arrivée au ravito de PREMANON, je commence à cuir sous le soleil et j’estime m’être assez reposé. Je reprends ma course en marchant tranquillement … puis je retrottine sur les plats et les descentes.
La barrière horaire PREMANON est à 14h00 … j’ai 45mn d’avance … presque cool
La machine repart doucement. Ca va le faire coco !
Et çà le fait ! Les coups de moins bien passent bien lorsque l’on sait les gérer. La fraicheur des bois et des hauteurs m’aide à récupérer du jus.
Direction les DAPPES dans 6 km. Barrière horaire à 15h30.
En reprenant mon rythme de course, je progresse de nouveau plus rapidement. La piste traverse des pistes de ski et des remontées mécaniques, des belles prairies vertes où paissent des vaches avec leur clarine sonnant joyeusement autour du cou. On croise des chalets traditionnels typiques et des jurassiens bien sympathiques qui nous encouragent ou nous saluent … je reprends goût au bonheur du trail.
Le ciel se couvre un peu et je redoute les orages annoncés pour l’après midi vers 14h30 … j’ai même la frousse que de gros orages forcent l’organisation à nous empêcher de grimper la DOLE … laisse tes angoisses coco ! Les dieux du trail sont avec nous aujourd’hui ! … pas de pluie jusqu’à ce soir … bien plus tard dans mes draps de lit en soirée j’entendrai le ciel cracher toute sa violence et la pluie tomber drue… mais je serai à l’hôtel avec un bon toit au dessus de la tête !
La dernière descente vers LES DAPPES me secouent les articulations, le dos et les vertèbres du cou. Ca tape ! Je redresse la tête et tente de courir fluide et relâché. Pas évident après 53 km de course et 2 550 m de D +. Les écarts sont faits et nous courons tous à distance les uns des autres. Je suis même tout seul sur certaines parties, ce qui n’est pas pour me déplaire dans cet environnement vallonné préservé et de toute beauté. Vive le trail nature ! quel pied !
LES DAPPES (bas de la DOLE) (Km 55) : 14h15 (223ème) D+ cumulé 2 550 m. (- 45 mn de la barrière horaire)
Arrivée aux DAPPES au pied de la DOLE. Il va falloir grimper là haut maintenant. Je vois au loin une longue procession espacée de coureurs qui repartent du ravito et sont en pleine ascension de la Dole (Reculet du dessous). Belle image.
Pause de 5 à 10 mn … il n’y a plus de soupe … dommage, les victuailles de la table de ravito ont passablement diminué … tu n’avais qu’à aller plus vite ! et arriver dans les 1ers et non après la 200ème place. Je me rabats sur du thé, je fais le plein de mes gourdes et repars à 14h15 après avoir assisté amusé aux facéties d’un papy bénévole un peu éméché plaisantant avec la gente féminine traileuse.
Je me sens mieux malgré la fatigue. Je regarde avec tendresse une maman et ses 2 petites filles venues encourager et assister leur papa traileur qui repart pour s’attaquer à la DOLE. L’aimée des petites court à côté de lui sur 100 mètres.
Je bâtonne dans la montée à mon rythme bien calé à distance entre des concurrents 200 mètres devant et 200 mètres derrière. Longue montée de presque 450 D+, de la bonne rando pour moi qui aime les grimpettes … cela me rappelle mon GR20 corse ou mon GR10 pyrénéen … mais sans le sac à dos lourdement chargé.
Je prends du plaisir à grimper jusqu’en haut de la DOLE par le Reculet du dessous puis le Reculet du dessus… la Dole où nous attendent les dômes blanchâtres à 1677 mètres d’énormes antennes … un gros œuf blanc posé sur la montagne.
La vue dans la montée est grandiose surtout lorsque l’on voit au loin à 20 ou 30 km des gros orages noirs arroser violemment les montagnes jurassiennes voisines. La pluie y tombe drue à l’oblique à cause de vents violents … on est content d’être sur la bonne montagne ! Je filme avec ma caméra.
Lorsque j’arrive au sommet, je suis époustouflé par la vue qui se cache derrière la crête. Au loin la Suisse et le lac Léman s’étendent à perte de vue. C’est beau. Le regard semble porter à plus de 200 km avec un panorama sur la chaine du Mont Blanc et les Alpes. Moment de grâce. Je tente de capturer la vue sur ma rétine et sur ma caméra.
Ici, les boules blanches sont en fait des grosses antennes radars suisses. Car nous sommes ici sur le territoire suisse au sommet de la Dole. La limite occidentale du par naturel régional du Jura vaudois passe en fait par le sommet. Nous sommes dans le sud ouest du Jura vaudois suisse. La Dôle est un centre de télécommunications important et stratégique. Le sommet est coiffé d'un radar de contrôle du trafic aérien et d’une station météorologique. Les 2 boules blanches sont des radômes. Le plus grand renferme un radar pour le contrôle de la circulation aérienne. Le second protège l'un des cinq radars météorologiques de MétéoSuisse.
Il est 15h30 et je sais maintenant que j’ai presque course gagnée … A part l’ascension du col de Porte, il ne me reste plus que de la descente. Je me sens le « roi du monde » ici.
La montée de la DOLE et le parcours qui suit jusqu’aux Rousses via CUVALOUP avec le col de Porte resteront un souvenir particulièrement fort pour moi compte tenu de la beauté des paysages et de ma forme redevenue presque « olympique ». Je prends beaucoup de plaisir à trottiner ensuite dans la descente ludique et technique. J’ai bien progressé en descente depuis mes débuts en trail il y a 3 ans même s’il me reste beaucoup de progrès à faire. Bien projeté en avant, plus relâché, me servant mieux des bâtons et ayant développé une proprioception correcte malgré mes entorses survenues sur mon circuit des 25 Bosses en forêt de Fontainebleau. Il faut dire que j’ai aujourd’hui strappé préventivement mes 2 chevilles et je sens que mes chevilles sont bien verrouillées, mes pieds semblent trouver presque seuls le bon positionnement sur le sol cherchant la terre évitant au maximum les rochers, cailloux, racines et endroits glissants. Je subis une seule petite chute sans conséquence sur 72 km malgré un terrain gras, humide et glissant. Je double même sur la portion vers CUVALOUP plusieurs traileurs et traileuses visiblement en souffrance sur ces 15 derniers km.
Il fait désormais plus frais, un peu de vent, des chemins aériens au milieu d’espaces bien verts … pas de pluie … que demander de plus quand on a encore des jambes bien toniques, du cardio et du souffle ? Cette partie du chemin me fait penser au GR20.
Je m’amuse sans malice avant de doubler certains traileurs à rester derrière eux un petit moment. Inévitablement, le traileur sent la pression dans son dos et tente d’accélérer sensiblement jusqu’à que qu’il ne puisse plus tenir le rythme et me laisse passer. Evidement dans ce petit jeu du chat et de la souris, parfois c’est moi qui joue le rôle de la souris !
Avant le passage du col de Porte à 1 557 m d’altitude, j’accroche un groupe de traileurs progressant à la vitesse de l’escargot au galop. Je ne peux pas doubler car cette partie du parcours est escarpée et le single track serré. Devoir ralentir mon rythme me permet en fait d’éviter de me cramer et je resterais gentiment avec eux en attendant le col. L’un d’eux a l’air particulièrement mal.
C’est curieux. Habituellement sur mes trails « longs », je croise beaucoup de crampeux … pas vu un seul aujourd’hui ! est-ce dû au bon air du Jura ? une température ambiante plus clémente ? des traileurs mieux préparés ?
A part le passage du col de Porte, il n’y aura plus de gros dénivelé jusqu’à l’arrivée. Je déroule en descente le long d’un tire fesse de station de ski … les quadris commencent à tirer et à piquer dans les pentes plus raides … il est temps d’arriver au ravito de CUVALOUP à 1 286 m d’altitude où les victuailles sont là aussi limitées bien que les bénévoles soient charmants. Toujours pas de soupe, dommage. Je remplis ma gourdette de thé et repars vers la dernière section de course.
Il est 16h30. Il ne me reste plus que 9 km. J’ai couru 4,4 km depuis le sommet de la Dole.
CUVALOUP - 214ème place - distance depuis le départ 63 Km. D+ cumulé 3 084 m.
Je veux réitérer ma fin de course de l’infernal trail des Vosges (64 km), c'est-à-dire essayer de courir non stop pendant 1 heure. Etant donné qu’il ne reste que 9 km, je pense alors devoir courir environ 1h10 à 1h15. foulée souple et relâchée … je déroule ma foulée en suivant un traileur en noir bien décidé lui aussi à courir sans s’arrêter. Son rythme me convient bien et je vais le suivre environ 6 km sans forcer, un bâton à l’horizontal dans chaque main les balançant régulièrement au rythme de ma foulée. Je n’ai pas envie de les ranger, d’autant que je les ai immédiatement en main sur des petits raidillons ou passages techniques. J’aime mes « Black Diamond » qui me le rendent bien. Je relève le menton pour ne pas taper trop des cervicales. Bonnes sensations et sentiment de liberté. Certains traileurs me doublent. J’en double d’autres mais les écarts sont faits. Nous traversons des petits hameaux. Vue intéressante sur le stade de biathlon des Tuffes complètement déneigé à cette période de l’année où j’entends des tirs d’entrainement à la carabine … ne jamais perdre l’occasion de s’entrainer ! Bravos les biathlètes ! Belle discipline que j’admire.
Soudain, une affiche apparait dans mon champ de vision « BAISSEZ LA TETE » … je crois devoir passer sous un arbre … et bien non, nos gentils organisateurs sous ont organisé un passage dans un tube tunnel passant sous la route … avec les pieds complètement dans l’eau ! un comble au bout de 68 km de course alors que j’avais préservé mes pieds au sec malgré le passage de petits rets en début de course ! Je finis donc les derniers km avec les pieds mouillés qui font « floc floc » … mes chaussures « Salomon speed cross 4 » étant étanches, le problème est que … une fois les pieds mouillés, l’eau ne ressort pas … et c’est un avantage qui devient un inconvénient. J’ai la flemme de m’arrêter pour vider mes chaussures .. donc je continue. Mon strap de cheville commence à se s’enrouler avec l’humidité … mais cela tiendra bien jusqu’à l’arrivée.
Je suis surpris au bout de 50 mn de voir déjà les prémices du fort des Rousses que nous sommes venus reconnaitre hier avec Olivier et Alex. Joie extatique quand, après être entré dans le cœur des remparts par un escalier bien noir et humide accessible exceptionnellement pour les coureurs de la Transju, je déboule le long d’une piste sur les premiers bâtiments vus hier lors de la reco. Je sais maintenant exactement où je suis et connais précisément les 1 200 derniers mètres jusqu’à la ligne d’arrivée ! C’est un plaisir indéfinissable de profiter de ces derniers instants de trail, c’est magique ! Je vais finir en bon état général. Fatigué mais pas cramé. Mes jambes répondent toujours bien. Musculairement çà le fait bien ! Ma préparation même tardive suite à ma blessure de la hanche a bien payé. Je suis heureux comme un gamin. Quel pied ! Quelle euphorie et je hurle à pleins poumons tout seul.
Traversée de la grande cour du fort qui était auparavant une caserne, devenue des locaux administratifs et des caves de stockage du fameux fromage « Comté ». Passage sous le porche d’accès, je passe sur les derniers remparts à côté des parcours ludiques, tyroliennes et jeux divers … descente vers le centre des Rousses … çà y est j’entends le haut parleur du speaker. Petite boucle dans le village station et arrivée sur la rue centrale à 200 m de notre hôtel. Ovation des gens en terrasse d’un bar, … à échelle plus réduite je revis (cette fois ci en tant que coureur) l’arrivée des 80 kms du Mont Blanc dans le cœur de Chamonix … où j’avais admiré il y a 2 ans l’accueil chaleureux fait aux traileurs par les gens dans les rues et aux terrasses des bars.
Belle ambiance, c’est top.
Au moment de passer la ligne d’arrivée, un hurluberlu a sprinté comme un malade pour me griller la 211ème place sur le dernier mètre … mort de rire … ridicule.
Une beau polo noir FINISHER offert à l’arrivée. Il viendra compléter le beau tee shirt technique vert fluo offert au retrait des dossards. Dommage, il n’y a pas de médaille FINISHER que j’ai l’habitude d’offrir à ma fille.
Je retrouve mes 2 copains arrivés respectivement 24 mn avant moi (Alex 193ème) et 37 mn avant moi (Olivier 177ème). Bravo à eux.
212ème – 67ème V1H – 12H01mn40 sec – v moyenne 5,88 km/h – arrivée 17h31 – départ 5h30 – dénivelé total cumulé 3 218 m.
Impression d’avoir pas trop mal géré ma course malgré un classement fort moyen. Pour un même rythme de course, j’avais fini dans les 40% à l’infernal trail des Vosges alors que je termine à 77% à la Transju … bizarre. Peut être que la Transju est plus sélective ? un niveau plus relevé ? d’autant que nous devons prouver à l’organisation lors de l’inscription que nous nous avons déjà couru des trails longs.
Quelques chiffres généraux :
2 scratchs distincts hommes et femmes.
20 femmes arrivées + 5 abandons = 20% abandons
254 hommes + 57 abandons = 18,3% abandons
Soit un total de 274 arrivés + 62 abandons = 336 au départ. 18,4% d’abandons
Mon GPS affiche 71,2 KM depuis le départ.
Pas de bobo, pas de blessure. Pas de problème digestif. Quelques courbatures qui disparaitront vite. Bonne fatigue toute la semaine … çà pique au boulot !
Comme d’habitude, mes 3 objectifs sont atteints :
- être finisher
- prendre du plaisir … en plus entre potes.
- ne pas me blesser.
Je recommande cette belle course que j’ai trouvée un peu plus technique et dure que l’INTEGRALE DES CAUSSES (64km) et l’INFERNAL TRAIL DES VOSGES (64 km).
Bonne organisation bien rôdée– bon balisage. Merci aux bénévoles charmants.
A vous de jouer pour découvrir les magnifiques panoramas du JURA.
Vivement la CCC 2018 à Chamonix.
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