Récit de la course : Trail du Lac d'Annecy - Maxi Race 2018, par Sylvtrail06

L'auteur : Sylvtrail06

La course : Trail du Lac d'Annecy - Maxi Race

Date : 26/5/2018

Lieu : Annecy (Haute-Savoie)

Affichage : 3548 vues

Distance : 86km

Objectif : Se défoncer

2 commentaires

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Tapis avec une paire de deux !

Maxi race d'Annecy

 

Date : 26 Mai 2018

Lieu : Annecy

Distance : 85km 5150m D+

 

Objectif : Finisher en moins de 15h et pas aggraver ma blessure surtout !

 
 

Tapis avec une paire de deux !


Distribution des cartes ...

Alors voilà, après un trail de 46km 2600m en janvier ( La Galinette) ou je suis partis un peu vite, un trail de la Sainte Victoire 58km 3100m en avril, qui s'est plutôt bien passé.

J'attaque les choses sérieuses dans cette saison 2018 avec la Maxi race !

 

Bon malheureusement deux semaines avant la course, comme dit le croupier

"rien ne va plus" . Une vilaine douleur au tendon d'Achille apparaît, le verdict tombe c'est la fameuse tendinite Grrr...

 

Allez deux semaine pour récupérer comme on peux.. des petits footings douloureux le doute s'installe... ni une ni deux rendez-vous pris chez le podologue et le kiné qui confirme le pronostique...

 

Bon deux choix s'offrent à moi, sois je fais l'impasse pour ne pas hypothéquer mes chances de faire le GR20 le 12 juin, sois je prend le risque de participer à cette course et prendre le risque d'aggraver ma blessure.

 

Comme je ne suis pas un exemple de sérieux, je décide non seulement de la faire mais avec une toute nouvelle semelle orthopédique et .... une nouvelle chaussure jamais mise. 

 

Aller hop Tapis avec une paire de deux !


 

Aller, en voiture !

 

On part le vendredi pour arriver la veille.

 

Je suis en compagnie de Bertrand mon fidèle pote de trail avec qui on fait tous les défis à la con et qui finira à une incroyable 48eme place 

 

et Maryline qui, championne en puissance finira 3eme au scratch féminin, hallucinant !

 

 

 

 

Mais pas de complexe je suis le boulet du groupe et alors !

 

Histoire de rien ne laisser au Hasard.

 

Après avoir installé nos affaires dans notre chambre d'hôtel située au bord du lac, je prend mon repas diététique...

 

Une bonne grosse pizza à la truffe avec un petit Monaco en guise d'apéro, parfait !

 

Je suis dans les meilleures dispositions... enfin presque...

 

Début des hostilités


4h20 C'est l'heure de s'échauffer au bord du lac, histoire de rejoindre le point de départ un peu chaud.  

 

Après un slalom entre les "teuffeurs" sortant de boite et titubant comme après une arrivée d'un ultra, nous arrivons devant une boite de nuit à deux pas du lac.

 

On essaye de rentrer mais l'entrée nous est refusés sous prétexte que nous somme en baskets pfff....

 

Après s'être bien marrés, impossible de trouver un chemin et rejoindre le départ.

 

L'heure tourne et je me retrouve à demander aux alcolos euh aux jeunes comment aller au lac sachant qu'il doit être a 15 mètres de nous...

 

Petit coup de nostalgie quand même, il y a pas si longtemps c'était moi le saoul sortant de boite... bref j'ai vieillis mais je m'en porte bien, même si le foie ramasse tout autant !

 

Nous arrivons, accrochez vous bien, à nous perdre, à tourner en rond et revenir à la voiture... Alors la c'est fort ! Bref nous longeons finalement la route et suivons le troupeaux de trailers.   ( beaucoup plus sur) !

 

4h55 Je suis parqué dans les 200 premiers, l'orde des sas se faisant par rapport à la côte itra, pourquoi pas. Mes deux compagnons étant parqués bien devant.

 

Un peu de pression car au vue de mon dossard je suis censé finir 211eme.

Deuxième pression notre pauvre échauffement en boucle a réveillé ma douleur au tendon d'Achille... super à 6km/h et sur du plat ça promet !

 

5h00 Annecy Le départ est donné pas moins de1550 frontales forment un halo interminable le long du lac, les encouragements des sortant de boite me font bien rire : "ZZAAaaller les garsss" , "Vous Zétes des Mmaachiness" bref l'un d'eux vomit à mon passage. Bizarrement je trouve l'ambiance originale et bien sympas !

 

La pente s'élève progressivement, pour nous rapprocher du pied du Semnoz, première difficulté du jour. 18km pour 1380m+.

 

La route est remplacée par une large piste forestière qui elle-même laisse ça place à un joli petit single.

 

L'ambiance est calme, tout le monde est concentré ça ne parle pas beaucoup. Seules les flatulances du coureur devant moi, viennent troubler ce silence. 

 

Moi : "Tu sais que l'on risque de passer pas mal de temps ensemble je vais avoir du mal à tenir tes attaques pestilentielles, c'est une cause d'abandon" il rit mais je le double malgrés tout.

 

 

 

5h45 Je retire déjà ma frontale la lumière de la nuit me sert de guide et je profite de la montée raide pour la ranger sans m'arrêter.

 

soudain mon compagnon d'odeur me glisse :" Je suis derrière toi si tu veux te venger "

 

Ni une ni deux je profite de cette occasion et d'une grosse marche à franchir pour évacuer mon mal de ventre "au nez et à la barbe" de ce pauvre coureur !

 

" Vengeance !" m'écris-ai-je.

 

 

Après ce moment poétique, la longue montée dans la forêt cesse enfin et laisse place à une jolie pelouse alpine.

 

Les premiers rayons de soleil sont désormais plus nombreux et laisse apparaitre un décor magnifique, le sommet est proche, la présence de nevets à droite et à gauche du chemin me mette en joie !

 

 

Je vais bien, tout va bien !


 

7h24 km18 152eme 2h23 de course ( Semnoz )

 

Le sommet est atteint, j'en prend pleins les yeux, le lac ne se vois pas mais les montagnes nous entourant à 360° sont magnifiques et couvertes de neiges. 

 

L'ambiance est top, beaucoup de personnes sont présentes à cette heure si matinale.

 

J'ai la chance d'être partis avant le gros du peloton m'évitant ainsi les nombreux embouteillages.

 

Premier ravito solide, je perd pas de temps, je redescend rapidement.

 

L'oeil attentif, surpris de voir que mon tendon ne me fais pas mal. A croire qu'à chaque fois que je suis blessé avant une course, la magie opére !

Les mauvaises langues diront que je simule, mais tant pis !

 

Pas de difficultés apparentes, je prend beaucoup de plaisir pour le moment même si rapidement la jolie vue  a laissé place à une foret dense et verdoyante.

 

 

9h25 km32 171eme 4h25 de course ( Col de la Cochette )

 

Cette deuxième montée bien raide notamment sur la fin ne laisse pas indifférentes mes chères jambes, qui en prennent un petit coup mais rien d'alarmant.

 

 

 

La descente qui s'en suis est réputée difficile !

 

Nous pataugeons régulièrement dans la boue.

 

Je suis heureux d'avoir troqué mes brooks cascadia

au profit de mes Ultra Raptors de la sportiva qui adhère beaucoup mieux sur terrain humide. 

 

J'ai pour objectif d'arriver sous les 6h à mi chemin c'est à dire au village de Doussard. 

 

Sur la descente qui devient de plus en plus technique nous entrevoyons la vue sur le lac... enfin ! 

 

L'occasion d'échanger et de commenter ce joli panorama avec un autre coureur.

 

Le sourire est présent, tellement content de voir que mes blessures ne me gênent pas...

 

.... j'en saute de joie !

 

 

 

J'aperçois, régulièrement des coureurs ayant chutés lourdement, heureusement pour eux ils sont rapidement pris en charge par les bénévoles.

 

Je commence à avoir hâte d'atteindre le deuxième ravitos solide, je sens la fatigue générale monter en moi, et la longue portion de plat ne fait que confirmer cette impression.

 

10h55 km44 154eme 5h55 de course ( Doussard )

 

Je m'éfforce malgré tout de courir sur l'ensemble de cette portion, le ravito est en vue ce serait trop bête de perdre du temps bêtement ici.

 

Le soleil commence sérieusement à tapé et 10 minutes seront largement nécessaire pour repartir de plus bel ! Mon premier objectif d'arriver en 6h00 est atteint.

 

 

Je part donc à l'assaut de cette deuxième moitiés de course, un beau tronçon de 25km pour 1700m+ sans ravito solide ...

 

J'essaye tant bien que mal de mettre un peu de rythme dans cette montée mais il y a rien à faire la barrière des 50km me fait un peu mal.

 

Après encore une longue montée en sous bois, nous approchons du chalet de l'aulps.

 

ahhh enfin un paysage de montagne, c'est que la forêt me saoul un peu à force.

 

La vue de ce paysage et de ce sommet qui approche me met le sourire aux lèvres.

 

13h49 km57 128eme 8h48 de course ( chalet de l'Aulps)

 

 

 

 

 

Au détour d'un lacet je croise un couple de randonneur, qui sont sur le point de me doubler. 

 

Comme le montre la photo ci-contre !

 

Je leur dit que ça serait un manque de respect de leur part s'ils le faisaient.

 

Heureusement et certainement par pitié ils ne le feront pas...

 

 

 

 

 

En levant ma tête je devine la fin de cette montée, des bruits de clochettes se font entendre au loin. 

 

Cet endroit est incroyable, avec la vue sur le lac, Annecy en ligne de mire c'est simplement fou. 

 

J'essaye tant bien que mal de profiter de ce moment unique.

 

Les chèvres gardiennes de ce sommet se rapprochant inexorablement et après quelques marches et cordes je franchis enfin le Roc lancrenaz.

 

La forêt diabolique

Le début de la descente est aussi belle que la suite seras infernale !

 

En effet rapidement les jolis passages enneigés avec la vue dégagée disparaissent...

 

La forêt , la forêt et encore la forêt à perte de vue sans voir autre chose ...

 

La piste large, plein de cailloux et extrêmement raide me ruine également les cuisses, sans parler de mes nouvelles chaussures qui commencent à me provoquer des ampoules et pire de terribles douleurs aux ongles des pieds ( feu mes ongles )

 

J'ai ce qu'on pourrait appeler une fracture du moral, accompagné d'une baisse d'énergie liée certainement à un manque d'alimentation. Joli tableau n'est-ce pas ?

 

Je peine à tout courir et entre les différentes courses présentes ( les relayeurs, ceux qui font que les 42km  etc...) j'ai la terrible impression de me faire doubler par la terre entière...

 

Bref j'ai un coup de chaud j'ai le besoin de m'arrêter et un joli cours d'eau me semble parfait.

 

Je mafffale à proximité de celui-ci laissant trainer ma main à sa surface.

 

Je reste immobile profitant de ce moment de calme pour me rafraîchir et sentir l'eau couler sur mes bras et mes jambes.

 

Après 10 bonnes minutes je repars difficilement avec l'intime conviction que finir cette course seras dur, très dur.

 

L'appel à un ami

15h32 km69 141eme 10h32 de course ( Menton St Bernard )

 

 

Enfin cette descente s'achève, je suis au bord des larmes, la douleur est atroce au niveaux des pieds, l'énergie m'a abandonné en même temps que l'envie de me battre...

 

L'absence de soutiens sur cette course me pèse et je ressens le besoin d'entendre une voie connue.

 

Sans trop réfléchir j'appel mon pote Seb je connais son optimisme et il sait par quelle genre de phase je passe.

 

Rapide et efficace il me booste et me permet de décoller de ce ravito sans trop me morfondre sur mon sort...

 

Aller hop ! Une grosse montée , une grosse descente et c'est fini... si seulement ... Nous affrontons finalement la montée la plus raide et la plus dur de cette course, je serre les dents.

 

Malgrés cela on me double encore et encore. Je décide d'accrocher enfin un couple de trailers.

 

Je m'enferme dans ma bulle et cela me permet d'arriver au sommet en limitant la casse. J'appréhende déjà la descente avant même que la montée soit achevée.

 

Les yeux fixant mes pieds, les mains forçant sur les bâtons et l'esprit s'évadant vers d'autres chemins... Cette fameuse crête m'apparaît enfin ( synonyme d'espoir ) ainsi que le retour de mon sourire.

 

Une fin sans fin !

18h03 km78 143eme 13:03 de course ( Mont Baron )

 

Oufff enfin la descente je décroche le jeune couple et cavale (enfin façon de parler ) avec la traileuse en orange derrière moi qui fait son premier 42km. Notre allure est similaire , entre ses crampes et mes pieds défoncés nous alternons comme nous pouvons marche / course.

 

Cette descente ne nous épargne pas, racines, marches, filets tendus, pente raide un bon petit mélange digne de la diagonale des fous que je n'ai jamais faite ! Heureusement elle est du coin et m'indique régulièrement la suite du parcours afin de me préparer psychologiquement .

 

Chaque kilomètres est une réelles souffrance mais pas à pas je me rapproche d'Annecy. 5km puis 4 puis 3, des panneaux sont disposés tout les km pour nous indiquer la fin. 

 

 

 

La civilisation se rapproche ainsi que le lac, je crois ne jamais avoir été aussi content de retrouver le bitume...  Je laisse partir ma camarade de course, profiter de son arrivée avec son copain.

 

Plus que 1km au bord du lac, la souffrance est encore là, j'ai l'impression que mes ongles se baladent dans mes chaussures, que des alliens vont sortir de mes cuisses et que des larmes vont couler de mes yeux.

 

 

 

 

 

Les acclamations se multiplient et je vois enfin Benjamin et sa femme à 100m de l'arrivée me féliciter. Enfin des têtes connues !

 

Dernière ligne droite, j'accélère au rythme des applaudissements, la douleur s'évapore, je monte sur le tremplin et sonne la cloche de fin.

 

Le speaker m'annonce 144eme, moi qui pendant 14h, n'avais aucune idée de mon classement. Je m'assois sur le gradin le plus proche et fond littéralement en larmes !

 

Un mélange de bonheur, de fierté, toute la douleur accumulée se transforme. Les gens à proximité me regardent et captent cette émotion en me délivrant de magnifiques sourires.

 

Je suis MAXI heureux, MAXI fatigué, MAXI fier d'avoir un nouvelle fois repoussés et dépassés les difficultés, je sort une nouvelle fois grandi de cette MAXI race !

 

 

 

Bref nous sommes FINISHER ! Et le 12 juin ça seras GR20 !

2 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 29-05-2018 à 23:23:43

sacrée course !!!!!!! bravo, tu as bien géré, la stabilité dans ton classement tout au long de la course le montre bien.
Et sacrée Maryline, une vraie championne !

Commentaire de Sylvtrail06 posté le 30-05-2018 à 20:36:19

Merci !! Oui dur dur de ne pas craquer littéralement, et comme tu dit sacré championne !

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