Récit de la course : Trail du Lac d'Annecy - Ultra Race 2018, par wakayama

L'auteur : wakayama

La course : Trail du Lac d'Annecy - Ultra Race

Date : 26/5/2018

Lieu : Annecy (Haute-Savoie)

Affichage : 3283 vues

Distance : 116km

Objectif : Terminer

6 commentaires

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Récit d'un abandon

Le grand jour arrive, c'est l'objectif de l'année, celui pour lequel on se prépare longtemps en avance.
Celui pour lequel on sort l'hiver quand il fait froid, quand il pleut, quand on n'a pas trop envie.
Celui aussi qui m'a motivé tous ces mois et que j'ai imaginé sans arrêt lors de mes sorties.

Ayant fait en mode découverte la Marathon Race l'an dernier, j'ai quelques répères pour le côté logistique.
J'arrive donc le vendredi dans l'après-midi et je vais de suite retirer mon dossard et je remplis le sac de mi-course que j'espère bien revoir le samedi à Doussard.

Je fais un petit tour au milieu des stands, celui de François Dhaene affiche complet mais je perd pas trop de temps ici.
Je vais à l'hôtel pour prendre une douche et surtout pour me reposer et dormir. Premier problème, je n'arrive pas dormir du tout et je regarde les heures passer.
A 23h, je commence de me préparer et je prend la voiture pour rejoindre le départ à minuit.

J'arrive donc assez en avance et je sens la pression arriver. Je ne me sens pas trop énergique mais rien de bien alarmant  à ce moment.
Le temps passe assez vite et on rentre dans les sas de départ : dernier sas pour moi, nos numéros de dossard sont triés par la cote ITRA.

Je vois Muriel et David d'Endurance Shop de Villefranche et on échange quelques mots. David qui a fait cette Ultra Race l'an dernier fait son assistance sur tout le parcours. Muriel finira en 31h20, magnifique et bravo !

Annecy, départ 1h30

Le décompte arrive et on est parti pour quelques kilomètres de plat avant d'attaquer la montée du Semnoz.
Pas grand chose à dire sur le début de la montée, cela se passe gentiment avec quelques petits bouchons et un rythme assez lent. Je dois être dans les 100 derniers sur 900 partants.
Mon rythme est pas génial mais je ne m'affole pas. On alterne avec quelques petits replats et je suis plutôt bien, je gère bien mon allure.
On rattaque alors la montée et le problème est que je tombe dans un rythme assez mou où je ne sens pas trop d'énergie, pas de jus.
J'ai à ce moment, vers le 10ème km, la sensation d'une grosse fatigue. Des sensations très bizarre ! On est vers 4h du matin, le sommeil me rattrape et j'ai vraiment envie de dormir.

Je me fixe comme objectif le Semnoz en essayant de garder une vitesse "acceptable". Ma prévision pessimiste était de 4h au Semnoz et je ne vais pas en être très loin.
Je me fais doubler sans arrêt sans pouvoir suivre. Je serre les dents et je me motive.

Je crois être arrivé mais il me reste 1km à faire avant le ravito. Belle vue sur les derniers mètres, superbe !

Semnoz, 3h34 pour 18km, 1400mD+ cumulé.

Je limite la casse mais je commence à douter.
Je prends assez peu de temps au ravito pour juste recharger en eau et manger un petit bout et je sors pour entamer la descente.
J'arrive à courir mais sans plus, je me libère un peu que sur la fin avant l'arrivée à Saint Eustache.
La descente est assez longue et je suis assez vigilant sur mes appuis car je glisse plusieurs fois.
10km en 1h20, c'est pas formidable, j'ai même perdu du temps sur mes prévisions. On va dire que c'est de la gestion...

Saint Eustache, 5h20 pour 27km, 1500mD+ cumulé.

Ravito de Saint Eustache et je commence à avoir un peu de mal à boire. L'eau plate ne passe plus trop et je n'ai rien prévu d'autre. Vraiment c.. de pas penser à cela !
Je pose la frontale pour la remplacer par une casquette et je repars tranquillement. Je sais que le montée du Col de la Clochette est courte mais assez difficile, sa descente encore plus, ce que je vais vérifier durement.
La première partie s'effectue dans un chemin boueux qui colle aux chaussures et ce n'est pas la partie la plus sympa.
Un bénévole m'annonce que les premiers de la Maxi Race sont à Saint Eustache alors que je suis au 31ème km. Partis 3h30 après moi, ils vont me doubler dans le col très certainement.
J'essaie de prendre un rythme régulier mais j'ai le sentiment de ne pas avancer et le 1er de la Maxi Race me double au 33ème. Je me range dès qu'un concurrent arrive et cela m'interrompt.
Ce n'est pas leur faute, si j'étais plus rapide je n'aurai pas ce type de problème. François Dhaene me double au sommet ; on pourra dire que j'étais devant lui à un moment :)
Mais le plus dur a été la descente : elle est déjà difficile mais en plus, je devais prendre les trajectoires moins évidentes pour laisser passer et je devais même m'arrêter. Retrospectivement, cela m'a pas mal usé.
Je fais donc la descente la plus nulle de l'histoire pour arriver au prochain ravito. : 40 minutes pour 3km de descente. J'en crois pas ma montre !

Les Maisons, 7h56 pour 35km, 2200mD+ cumulé.

Au ravito, je suis assez troublé : je vais vraiment pas vite, j'ai soif mais je peux plus boire, je vois certains coureurs abandonner.
Le point positif, je n'ai mal nulle part, mes jambes vont bien.
Je sais que le mental va et vient sur un ultra mais je me dit que j'ai quand même grillé mon joker pour être bon sur les prochaines barrières horaires.

Je rattaque au milieu des concurrents de la Maxi Race qui vont bifurquer quelques kilomètres après. Je me retrouve quasi-seul et je me fais doubler par les derniers coureurs, totalement découragé.
Des bénévoles me disent que le ravito n'est plus très loin, que cela descend, mais je n'avance plus.

Crêt du Char, 10h10 pour 45km, 3000mD+ cumulé. Abandon.

J'arrive sans envie au ravito. J'ai trop soif et je me jette sur le pepsi. En avalant les gorgées, je dis que je m'arrête ici et je vais m'asseoir.
Quelques minutes après, les serre-file arrivent. Même si j'étais reparti, je n'avais plus grand espoir d'arriver avant la prochaine barrière. Il m'aurait fallu un peu plus d'avance et surtout un meilleur rythme.

J'attends quelques minutes, j'annonce à mon épouse mon abandon par sms et la navette me conduit à Duingt pour prendre le bateau et retourner à Annecy. Plutôt sympa et cela me redonne (un peu) le sourire.
Arrivé à annecy, je prends place sur la plage et je vais me baigner. Je n'arrête pas de penser à cet abandon, si j'ai bien fait de le faire à ce moment, j'aurai pu continuer encore un peu, etc...


48h après, cela donne un mélange de déception et d'énervement. J'ai sans doute sous-estimé pas mal de choses et je l'ai payé immédiatement malgré une préparation physique plutôt bonne.
On me dit que cela sert d'expérience mais cela n'enlève pas la déception d'être passé à côté.
Il faut vraiment que je retire quelque chose de positif mais pour l'instant, c'est plus du doute qui s'est installé.

 
 

6 commentaires

Commentaire de yoshi posté le 29-05-2018 à 14:00:15

L'abandon n'est jamais un acte anodin, et moi qui en ait fait quelque uns dont parfois a regret (ut4m, utpma ....) on en ressort perturbé. J'étais sur la maxi et j'ai trouvé ça dur alors que je crois avoir un peu plus d'expérience des trail de montagnes (Bon pas non plus des masses, 5). Tu aurais peut être du passer par la case maxi d'abord avant .. cette année après 2 année où j'ai insisté sur des format 100miles sans succès je m accorde une année plus raisonnable pour mieux préparer les courses. Patience. ..

Commentaire de wakayama posté le 29-05-2018 à 14:12:41

Merci pour ton commentaire. Tu as parfaitement raison sur le manque d'expérience en montagne. Sans faire de courses, il faudrait que j'y passe quelques week-ends en préparation. Je me sentais bien dans ma prépa et je pensais que cela suffirait mais je me suis bien trompé. Manque d'humilité et manque de patience !

Commentaire de Arclusaz posté le 29-05-2018 à 14:46:45

ça ressemble quand même furieusement à un jour sans. Tu n'as jamais été vraiment dans la course, pas de grosse souffrance mais pas de rythme. C'est sur que c'était un sacré défi et que tu seras encore mieux armé la prochaine fois...

Commentaire de jematt10 posté le 29-05-2018 à 21:30:32

Je me retrouve dans ton debut de course ; j'avais réussi à dormir 3H mais le depart avec un manque de sommeil, sur un format aussi cassant et long est très dur! j'avais les memes sensations de faire du sur-place sur qq montées ; seul les descentes me reveillaient. j'ai dormi 3x10' au final pd la course; ça par contre c'est top pour aider le corps à retrouver un second souffle. Ce trail est mega dur, pour l'heure de depart, la technicité des chemins, et aussi la fin avec le mont baron qui se termine en escalade, quasi alpinisme. C'est drole mais j'ai l'impression que les organisateurs pensent que nous aimons ses difficultés alors qu'au contraire, je trouve qu'elles enlèvent du plaisir... Bref, ne regrette pas ton abandon, prendre le depart d'un tel ultra est déjà une victoire en soi ;)

Commentaire de Philippe8474 posté le 31-05-2018 à 16:37:43

Arclu a raison le gros jour sans!
Et un petit avis en plus: jour aussi dû à la nuit sans sommeil avant de prendre le départ... Trop tendu pour arriver à dormir, tu devrais être sur les nerfs, tu as dû beaucoup puiser nerveusement avant le départ (par "l'enjeu", l'envie, la trop forte motiv...) et une fois le départ pris, tout est retombé, la tension nerveuses a chuté... et plus de jus! Et là ça fait mal.
Vache, compliqué à gérer ce départ en plein nuit!

Commentaire de tikrimi posté le 01-06-2018 à 15:01:36

Vraiment bravo d'avoir eu le courage de prendre la plume (enfin le clavier). Ça doit être encore plus frustrant quand on n'arrive pas vraiment identifier les causes. Comme tu dis, c'est de l'expérience, et un peu plus tard, tu sauras si c'était un jour sans ou si tu n'étais pas armé comme il le fallait pour le jour J.
Des fois un tout petit détail peut tout changer, et tu le trouveras ce détail.

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