Petite halte à Ault pour un semi de printemps

 

Lundi 30 avril. Nous sommes dans la Somme, non pas pour faire un somme mais plutôt du tourisme, « accessoirement » un peu de sport. Et ça caille !! 4°C au plus « chaud » de l’après-midi. Beaucoup moins pour le ressenti. Vent à 80 km/h. Pluie froide, drue, cinglante. Alerte météo orange. Bienvenue en Picardie. Du coté de Rouen un peu plus au sud, il neige. Ben voyons. On se pince, tout en mettant une polaire de plus. Y a plus de climat ma brave dame. La course de demain, euh !! "Allô! Non mais allô, quoi! La mer n’est plus qu’écume et montée de blancs en neige. « La mer elle est démontée. Vous la remontez quand ? C’est une question de temps ». Justement du temps nous n’en avons pas. Ca presse. Ils vont annuler. C’est plié. Trop dangereux en bord de mer. Franchement déçu.

 

 

Mardi 1^er mai. J’aime météo France. J’aime météo France. Ils sont forts, très fort. Ils l’avaient dit. Après deux jours de tempête. Ça va passer. Et c’est passé. Le ciel se déchire un peu. Nuages moins menaçants. Les températures remontent doucement. Déjà 7°C à 7 heures. La pluie, terminée. Le vent encore présent faiblit un peu. Ça va le faire. C’est clair. Inespéré. Magique.

Ault. Petite station de bord de mer.

 

 

 

Trois épreuves sont proposées. Un semi-marathon à 9h, une marche de 10 km à 9h10 et un 10 bornes sur le même parcours que la marche à 9h20. Le tout supervisé et organisé par le comité des fêtes de la ville.

 

Ault est situé à un point stratégique de la côte d’Albâtre. Les hautes-falaises du sud de 80 à 100m de hauteur s’affaissent pour laisser la place à du plat jusqu’à l’embouchure de la Somme.

 

 

 

 

Au Sud, trois villes toutes proches les unes des autres : Mers les Bains et ses maisons colorées si particulières, Eu et son château ainsi que le Tréport et son funiculaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

Au nord, Saint Valéry sur Somme. La pointe du Hourdel où l’on peut voir des phoques qui bullent sur les bancs de sable puis plus proche Cayeux sur mer, un monde de cailloux, malaxés par la mer et transformés en galets.

 

 

 

Et entre Cayeux et Ault, notre futur terrain de jeux. Le marais du Hâble d'Ault connu pour la richesse de sa faune sauvage et de sa flore, plusieurs 100 d’espèces d'oiseaux migrateurs recensées depuis la fin du XIXème siècle... Le site se compose de parties herbeuses, de marais, de pelouses graveleuses, de levées de galets et de dunes. Un site naturel de près de 750 ha réparti entre les terrains communaux et privés, le conservatoire du littoral et l'office national de la chasse et de la faune sauvage.

Un fabuleux "site naturel".

 

 

Tout se fait tranquillement. Sans pression. Perso je viens pour faire tourner les jambes et du tourisme. Alors. Pas de montre, pas de chrono, pas d’échauffement. Tout à la sensation. Pour la pureté du plaisir.

C’est une sortie club. On a  positionné des « chevaux » et des « juments » dans les trois épreuves.

 

 

 

 

 

Petite descente et traversée du village encore endormi. Un km de bitume, nouvelle petite descente et l’on attaque les chemins plats remplis de verdure et de belles mares d’eau gonflées les deux jours précédents. Je les évite consciencieusement. Un alter égo local en âge est sur le même tempo que moi. Il me sert rapidement de guide. Alors là, tu vois, il y a des affuts de chasse. En mode explications accélérées, je sais tout sur les leurres pour attirer le gibier d’eau. Regarde les oiseaux sur la droite. Ils sont superbes n’est-ce-pas ? Il connait tout le monde et tout le monde le connait. Un solide coureur marathonien avec une bonne douzaine de Transbaie à son actif (course locale avec la traversée à marée « basse » de la baie de Somme entre Saint Valéry sur Somme et le Crotoy). Pour montrer ma connaissance course à pied du coin je lui mentionne avoir fait les 100 bornes du Val de Somme dans les années 80. Un bel aller-retour entre Amiens et Abbeville. A discuter, le temps passe vite. Il m’indique de temps en temps le kilométrage et le tempo. Rien au sol, juste quelques discrets panneaux directionnels de-ci, de-là. On ne peut sûrement pas faire n’importe quoi dans cette réserve. Ravitos minimalistes mais suffisants tous les 5 kms. Les bénévoles sont pour certains frigorifiés. Le vent évidemment, encore bien présent. Alors que pensez-vous de la météo d’hier ? C’était costaud. Une référence dans la bouche de locaux. On a fait de superbes photos de vagues déferlantes !!

 

 

Je précise à mon coach touristique que j’augmenterai le tempo lorsque nous aurons atteint cette « tour » que l’on voit dans le lointain. J’ai envie d’une seconde partie encore plus solitaire. On se rapproche de Cayeux. C’est quoi d’ailleurs ce truc ?

 

 

 

C’est l'amer sud de la commune Il est composé de poutres en béton dressées, disposées en rond et coiffées d'une croix de Saint-André en "X". Ce sémaphore fait partie du patrimoine de la commune. C'est un point de repère pour les départs de balades dans le hâble d'Ault. Un circuit de randonnée est aménagé pour la découverte du site de la réserve d'avifaune.

 

11Kms changement de menu. Retour vers le sud. Vent fort de face. Terrain au rendu dégradé. Petite grave qui roule sous les chaussures. On slalome entre les étendues d’eau entrecoupées de très longues lignes droites. Quelques passionnés d’observations ornithologiques sont déjà posés avec jumelles et zooms longs comme mon bras. Une immensité plate à perte de vue. Petit regret on ne voit pas la mer juste à droite dernière cette dune de galets.

 

    

 

 

 

Les galets parlons-en. Ils protègent les bas champs de l’avancée de la mer. Au milieu des années 1960, on avait construit des épis de béton, coulés perpendiculairement à la mer pour renforcer cette protection naturelle. Placés à intervalles réguliers, ils constituent d'immenses casiers que l'on remplit de galets pour élargir la digue naturelle. Mais, renforcée sur une partie seulement du littoral qui sépare Ault de Cayeux, il est arrivé que la digue soit submergée. La tempête la plus terrible fût celle de  février 1990. Tous les indicateurs étaient mauvais : La nuit, l’hiver, un vent violent et de gros coefficients de marée avaient déchiré la barrière de galets qui protégeait les bas champs de Cayeux. Bilan catastrophique : 3000 hectares inondés, de l’eau à 3 kilomètres dans les terres, près de 300 habitations évacuées. Un traumatisme. Des travaux plus complets ont rendu le littoral plus sûr. Mais pour combien de temps ?

 

 

 

Retour « en ville » sur le bitume presque à regret un peu après le 19^ième  km.

 

 Un final avec deux belles bosses et une arrivée sur la place de l’église. 

 

Chaque coureur a droit à une boisson et un sandwich au choix. Une fois les derniers arrivés, à midi les récompenses sont remises sur la place de l’église pour les trois épreuves. Avec moins de 100 partants le semi-marathon peut rapidement devenir un truc individuel et ne fait que renforcer encore plus son côté sauvage et décalé. Si cela vous branche et ne vous effraie pas !!

 

 

Mais, si vous voulez venir pour faire un chrono. Passez votre chemin. Le parcours ne s’y prête pas : 200m de dénivelé et un rendu de terrain médiocre. Sans parler des risques de vent sachant que le parcours est une grande boucle.

En revanche, si vous recherchez une épreuve dépaysante, n’hésitez pas. Une ambiance conviviale. Des prix d’inscription imbattables. Un parcours sublime sur le semi et agréable dans le village sur les 10 kms. Des coupes et plein de lots au tirage au sort.

Il y a un truc que je ne comprends pas. Pourquoi si peu de monde, un petit 200 au total sur les trois épreuves alors qu’elles existent depuis de nombreuses années dans cette configuration ?  

Allez, venez l’année prochaine vous ne serez pas déçus. L’organisation le mérite. Et vous prendrez de pleine face un grand bol de fraicheur sur un parcours qui vous transportera quelques instants hors du temps.

Christian