Récit de la course : La Bouillonnante - 50 km 2018, par MysterYo

L'auteur : MysterYo

La course : La Bouillonnante - 50 km

Date : 21/4/2018

Lieu : Bouillon(B) (Belgique)

Affichage : 2212 vues

Distance : 50km

Matos : - Casquette
- Solaires
- Tour de cou
- Manchettes légères
- Maillot SALOMON très léger manches courtes
- Cuissard court BV SPORT
- Boosters SIGVARIS
- Chaussettes INJINJI Trail
- Five Fingers V-Trail

Objectif : Terminer

2 commentaires

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La Bouillonnante 2018, une édition sous les tropiques

Faut il encore présenter "La Bouillonnante", le Grand Trail de Bouillon ? La famille Van Gasse et toute son équipe pourraient vous en parler pendant des heures. Oui, des heures. C'est ce qu'il faut pour concrétiser un weekend sportif en faveur d'enfants sénégalais. Car oui, l'asbl reverse en intégralité la somme d'argent réunie lors de cet événement. Et savoir qu'on court pour quelqu'un rend la tâche non pas plus facile, mais inconsciemment nos pas deviennent un peu plus léger lors de nos moments d'errance, et sur 50km, la distance phare, il y en a quelques uns il faut l'avouer, à soi même aussi.

 

Cette année, La Bouillonnante rempile avec sa seconde participation au Challenge Salomon "Over the Mountain", à coté de belles courses françaises. Elle propose toujours les mêmes défis, qui ont fait leurs preuves, 15km 600+ nocturne du vendredi soir, 15km 600+ jour du samedi matin, 30km 1500+, ou pour les plus mordus 50km 2500+. Et j'allais oublier les plus jeunes d'entre nous, une course enfants. J'ai appris qu'il y avait un challenge 15 nocturne + 30, pourquoi pas proposer à l'avenir un challenge 15 nocturne + 50, une piste d'amélioration peut être ? C'est ce qu'ont fait les amis avec qui je suis venu en weekend. A défaut d'un 75km bien difficile de jour...Patrick, Etienne, la balle est lancée...

 

Pour l'occasion, j'avais réservé des chambres d'hôtes sur les hauteurs de Bouillon pour mes amis et moi. Très belle surprise, ils devraient vous confirmer. Un peu moins de chance pour l'ami manquant, blessé, Franck, si tu me lis (et tu le feras), ça n'a pas été pareil sans toi, il manquait quelqu'un. Récupère bien.

 

Nous arrivons séparément sur place du vendredi après midi, il a fait si bon que j'ai conduit en short. Laurent et Emmanuel mangent vers 18h car leur challenge "perso" commence dès le soir avec 15km à la lueur d'une frontale. Nous nous rapprochons du château de Godefroy pour récupérer nos dossards vers 20h. Un buff, une eco-cup Salomon ainsi qu'une bière "Cuvée de Bouillon" sérigraphiée pour le trail 33cl. Puis nous allons nous poser un peu devant le château. Je quitte ensuite mes comparses un carton de bières, bien lourd, sous l'aisselle pour rejoindre notre logement.

 

Je mange à mon tour, une salade de pates, devant Koh lanta, et bientôt débarquent les randonneurs nocturnes, juste le temps de prendre la température et je file me coucher, 23h30, le lendemain debout 6h, la nuit sera courte...

 

Samedi 5h40, j'ai les yeux tirés, 20' avant le lever. Une belle (exceptionnelle) journée en perspective, la fatigue en plus. Protocole habituel à ce genre de weekend, habillage en règle, vérification ultime du sac, avant de rejoindre les copains pour déjeuner. Il fait frais dehors, je remercie mes manchettes, je laisse la veste pour plus tard si j'ai froid, veste que je n'utiliserai pas vu la météo...

 

Nous descendons chez nos hôtes pour un petit déjeuner classique servi dans un patio avec vue imprenable sur les sommets environnants, à 7h la Semois est encore nappée de brume en contrebas. 12°C mais ça risque de monter au fil des heures.

 

Nous arrivons vers 7h40 sur l'esplanade du château de Bouillon en pleine effervescence, quelques centaines de sportifs se pressent dans l'arrière cour, zone de départ du trail. Contrairement à d'habitude je n'ai pas à attendre longtemps, les consignes sont déjà en train d'être données. Laurent, Emmanuel et moi essayons de nous faufiler dans la première moitié du peloton.

 

A peine quelques minutes après, le départ nous est donné, il est 8h, nous nous engouffrons tous, au pas, à l'intérieur des couloirs obscures du temps. Nous peinons à avancer tant le contraste est saisissant, puis, une lumière timide, qui se fait plus intense, nous attire vers la sortie, nous pouvons enfin laisser libre cours à nos envies de liberté en franchissant le pont de l'esplanade. Nous sommes partis pour 50km de plaisir, avant tout.

 

Nous quittons Bouillon en longeant la Semois pendant quelques kilomètres, c'est plat, descendant, il fait frais mais ça permet de mettre en jambes et de creuser un petit écart pour le peloton de tête. La première côte se profile et déjà ça bouchonne, ça promet. Dans ce genre de course, si t'es pas bien placé dès le départ, tu subis l'inexpérience des autres, ce n'est pas là un reproche bien sûr, mais les chemins empruntés n'invitent pas à doubler tant ils sont techniques, dès lors que quelqu'un ralentit, c'est effet "boule de neige" derrière. Nous arpentons donc des chemins parfois pierreux, parfois piègeux avec ses multiples racines à travers les bois et forêts du coin.

 

Km11 Poupehan 1h22 de course, 1er ravitaillement, je ne m'attarde pas, je bois deux verres d'eau, mange sucré / salé puis repars sur les chemins direction Frahan par les crêtes.

 

9h30, pas un seul nuage dans le ciel d'un bleu azur, la température grimpe, heureusement, la majorité du tracé est ombragé, mais l'air, lui, devient lourd. Je mets presque une heure pour faire 5km...Ça grimpe, c'est technique à souhait, ça ralentit...Je croiserai Valérie sur les chemins, un petit plaisir, un petit bout de femme pleine de vie.

 

Km16,5 Frahan (1er passage), 2h17 de course, 2ème ravitaillement complet et très bien doté, servi par des bénévoles toujours au top. Je bois, je mange. Le soleil commence à cogner. Laurent et Emmanuel accusent le coup de leur sortie nocturne et de leur petite nuit, ils repartent en marchant, moi en courant...pour le moment...

 

Je quitte Frahan pour un temps par les crêtes, d'autres crêtes, direction Rochehaut, Cornimont, Mouzaive, je foule des chemins pierreux, jonchés de racines, de troncs, je déroule mes manchettes, les points de vue sont superbes, même si la plupart du temps mieux vaut regarder où les pieds sont posés. J'arrive bientôt à Alle.

 

Km28, Alle sur Semois, 3h57 de course, c'est l'hécatombe. L'an dernier, les coureurs étaient pétris de froid, un énorme chauffage d'appoint et un brasero étaient à côté des tables, beaucoup arrêtèrent leur périple ici. Cette année, même scénario mais pour une météo différente tout aussi hostile. Les têtes bouent, les corps transpirent toute leur eau. Bientôt midi, soleil au zénith, nous entrons dans les heures les plus chaudes. Il doit bien faire 25°C, mais ça grimpera encore...

3ème ravitaillement, je me restaure, détrempe ma casquette et tour de cou grâce à un généreux arroseur. Les deux gaillards ont bien retrouvé leur forme. (on fera l'élastique entre les checkpoints, ils finiront tout de même devant moi) Je repars en trottinant sur les chemins qui me ramèneront 10km plus loin, à Frahan. On traverse de temps en temps une route, c'est vrai, à peine 15/20 secondes avant de repartir en sous bois. Si l'escalade ne vous effraie pas, vous serez servis.

 

Km37,5, Frahan (2ème passage), 5h48 de course, environ 28°C, mon corps prend cher, je bois de l'isotonique sur les tables, je mange salé, je douche ma casquette et mon visage. Je commence à me dire que je suis vraiment con d'avoir pris autant de barres céréales et de liquide dans mon sac (près de 5kg tout compris) alors que je ne les consomme presque pas...

Je repars, enjambe la Semois en trottinant direction Botassard, dernière barrière horaire.

 

Km39, ancienne montée chronométrée, 600m 250+, une procession de trailers, merci Guidetti, elle nous mène sur les hauteurs de Rochehaut, entre temps, j'ai droit à la réputée "promenade des échelles" vers le 40/41ème km, un sentier mixant à lui seul à peu près toute les variétés de difficultés rencontrées sur le parcours. (sentiers sinueux étroits à flanc de falaises, en devers, des racines, des troncs, du schiste, de l'escalade, et bien sûr, des échelles) J'ai choisi l'intégrale échelles cette année, pas de cordées, juste un chemin descendant très technique et glissant de poussière, rejoignant la fin de cordées 200m plus haut.

 

Km44, Botassard, 7h38 de course, mon objectif moins de 8h s'est définitivement envolé. 2/3 pâtes de fruits, 2 verres d'eau, 1 cola, trempage de la casquette, je contemple le Tombeau du Géant en redémarrant. C'est par là que je vais. Ça descend, c'est plaisant pour les cuisses endolories, quelques alertes de crampes sans plus.

 

Km45, 1ère traversée de la Semois, une thalasso bienvenue très rafraîchissante jusqu'aux abdos, ça fait un bien fou ! Ne pas vouloir aller trop vite, le fond est glissant. Les pompes sont nettoyées le temps de la trempette pour être salies de nouveau juste pour sortir, car c'est boueux. Bref...

 

Je continue revigoré pour quelques kilomètres...mètres...J'alterne course / marche avec bâtons.

 

Km46,5, 2ème passage à gué, plus long mais moins haut (dessous des hanches pour moi), c'est toujours trop court pour moi ces traversées quand il fait aussi bon...

 

Plus que 4km, course...marche...course...marche...marche...Je cours quand ça descend.

 

La fin de tracé a changé, nous montons au belvédère de Bouillon, en lieu et place des traditionnels lacets vers le pont de Cordemoy, j'emprunte un chemin à l'opposé qui m'obligent à foncer droit dans le pentu, c'est un régal après presque 49km...

 

Pont de Cordemoy traversé, il me reste encore à rejoindre l'esplanade du Château de Bouillon par un enchevêtrement d'escaliers en pierre, au pas de course cette fois. Au virage de l'esplanade, c'est avec des applaudissements, des encouragements d'anonymes, de coureurs ayant déjà bouclé la boucle, de Laurent et Emmanuel, que je franchis la ligne d'arrivée, en 8h46, félicité par l'organisation même si en bas du classement. (408ème sur 478 Finishers, 180ème SEH sur 204)

 

Je souffle un peu, bois 3/4 verres d'eau, m'en verse autant sur la tête, mange puis vais rejoindre Laurent et Emmanuel assis au soleil. Je me déchausse et débriefe avec eux, nous boirons une choppe en l'honneur de Sir Godefroy avant de repartir au gîte, eux chaussés, moi pas...

 

La Bouillonnante : Grand Trail de Bouillon, c'est toujours une ambiance particulière, un état d'esprit particulier, des émotions personnelles qui n'appartiennent qu'à nous.

 

C'était encore une belle journée sportive rendue possible par une armée de bénévoles, sans qui rien ne serait possible, un grand merci à eux et bien évidemment à toute la famille Van Gasse et son équipe. Un tracé aux petits oignons, un balisage sans faille (comme d'habitude), un savoir-faire et un savoir-être hors normes. BRAVO.

 

Le soir même, après le départ de mes amis, j'accuse un peu le coup (de fatigue, de chaleur...). Je prends le temps de me délasser sous la douche. Je m'installe ensuite en terrasse devant un magnifique coucher de soleil pour manger une grosse salade de riz, tomates, maïs, fromage et yaourt en guise de dessert. Ah oui, de la boisson isotonique et anticrampe avec des cacahuètes en guise d'apéro. Puis direction le lit pour un peu de lecture (Farenheit 451 de Ray BRADBURY pour les connaisseurs) avant de sombrer vers 22h30. Retour at home le lendemain matin, départ 7h30 après un copieux petit déjeuner.

 

D'un point de vue alimentaire, j'ai mal géré j'avoue, il faudrait que j'ose une fois courir un ultra minimaliste aussi bien aux pieds que dans le sac. J'avais trop prévu.

- 2 bidons 750ml (1 ISO + 1 anti crampes avec 1 recharge chacun) J'ai bu quasiment 1 seul bidon d'anti crampes, la moitié de l'iso, recharges intactes.

- Poche à eau quasiment vide
- 2 barres céréales (pas touchées)
- 2 barres longue distance (pas touchées)
- 1 mule barre "anti fatigue"(mangée)

- 1 blister de cacahuètes (pas touché)

- 1 compote (mangée)

- 1 shooter caféine (consommé)

 

A J+3, je ne suis pas malade, j'ai toujours quelques courbatures, des jambes en bois, mais c'est la suite logique d'un trail de ce kilométrage. Ça n'a pas été trop génant pour la reprise de la natation.

 

Prochaine étape direction Surister fin Mai sur le Foux Furieux 105km du Grand Trail des Lacs et Châteaux.

2 commentaires

Commentaire de Renard Luxo posté le 24-04-2018 à 21:01:56

Super CR Mister Yo, tu rends parfaitement tout ce qui fait l'essence de cette Bouillonnante. N'hésite pas à envoyer le lien vers la famille Van Gasse, sûr qu'ils apprécieront ! Même s'ils n'ont jamais recherché la "gloriole", ils sont tout de même à la tête du Trail number one en Belgique. Bonne récup à toi, on se voit au GTLC, je porterai ma casquette rouge kikouroù ;-)

Commentaire de MysterYo posté le 25-04-2018 à 08:52:11

J'ai fait de mon mieux Renard Luxo, quand j'ai apprécié quelque chose, ou quelqu'un, je le dis. Bouillon est un super terrain d'entraînement, mais j'habite pas tout près, alors j'y viens juste le temps d'un petit weekend pour participer à la fête. La famille Van Gasse n'a pas à rougir de ce qu'ils ont concrétisé, ça reste spontané, ils ne se forcent pas. Mon CR est sur leur page FB et Patrick l'a adoré.
On essaie de se voir au GTLC oui, je ne compte pas finir en 10 ou 12h par contre. :D

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