Récit de la course : Saintélyon 2017, par vits

L'auteur : vits

La course : Saintélyon

Date : 2/12/2017

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 3371 vues

Distance : 72.7km

Objectif : Terminer

6 commentaires

Partager :

Nuit blanche : ma 1ère SaintéLyon


Cette 1ère SaintéLyon, c’était mon objectif de l’année ! Autant dire que je m’y suis préparé, mais  je ne pensais pas vivre une édition si spéciale, vu les conditions météo annoncées : neige, verglas et grand froid !

Quand on me demande mes impressions, je n’arrive pas à trouver de détails chronologiques, les souvenirs sont flous. C’est vrai que je n’ai pas vu le temps passer, tant il fallait rester concentré sur ses appuis dans les passages difficiles…   J’ai l’impression d’avoir des trous de mémoire gigantesques sur certaines portions de la nuit. Un peu comme quand on se réveille après un rêve ! Je vous livre donc seulement quelques « flashs », des moments forts de cette folle et inoubliable « nuit blanche » :

- Le Flore où je ne connais personne, mais je sens comme une grande connivence entre nous, face à l’épreuve qui nous attend. Merci à Franck de Brignais de m’avoir accepté bien que « hors délai ». Je papote avec quelques uns d’entre vous, au hasard et sans plus. Souvent, tout se lit dans le regard. L’ambiance est calme et l’on sent tout le monde déjà bien concentré. L’arrivée de la 180 sous les applaudissements reste un grand moment. Ce sont eux qui donnent le ton. J’entends les commentaires de ces « givrés » : une édition  difficile avec de la neige, du verglas et surtout « ça caille vraiment grave ». Je ne m’attarde donc pas trop et vais me reposer dans la salle à côté, après m’être mis en tenue (j’ai la réponse à ma question existentielle : ce sera finalement 3 couches + coupe-vent dans le sac !). En tous cas, merci aux Kikoureurs pour cette ambiance à la fois feutrée et conviviale (bien différente de celle du parc des Expos,  que je découvrirai un peu plus tard)

 

- Mes erreurs de débutant :

  • Me rendre sur la ligne de départ à 23h30 en vue de partir dans la 3è vague à minuit. Je comprends après coup pourquoi certains ont quitté le Flore à 22h30... Du coup, je suis parti dans la 6è et dernière vague, à 23h20. L’attente n’est pas finalement si longue et je n’ai pas froid. Mais ce qui me « gênera » plus tard, c’est de ne pas pouvoir m’exprimer pleinement dans les descentes étroites et caillouteuses après le Signal de St André, « freiné » par ceux – bien légitimes – qui ne voulaient pas prendre de risque et aller à leur rythme. Pardon à celles et ceux autour desquels j’ai slalomé pour trouver ma bonne vitesse dans ces descentes. Sachez que j’ai toujours pris soin ni de vous bousculer, ni de risquer de vous faire chuter. Pour ma pénitence, je comprendrai après Soucieux que cette partie de la course a beaucoup sollicité mes muscles, mais quel pied j’ai pris ! C’est juré, je referai ces descentes un jour,  en « off »,  lors de vacances dans la région !! Et si je refais la SaintéLyon, je partirai plus en milieu de peloton. Petite parenthèse : je décide de chausser mes sur-chaussures antidérapantes Ezyshoes X-Treme dès le début des passages dans les sentiers neigeux.  Je sais combien certains sont réticents, mais sincèrement, je n’ai jamais regretté en voyant mes voisins glisser et tomber les uns après les autres, tandis que je pouvais me permettre des pointes de vitesses dans les descentes techniques. Avec ces engins, je n’ai fait aucune chute, juste 3-4 petites glissades aux endroits où la neige était plus épaisse et moins gelée. Mon seul regret : ne pas les avoir retiré plus tôt (à Soucieux !), ne sachant pas s’il y aurait encore des passages verglacés ou neigeux après Rontalon.

 

  • Mes gants : je prévois 2 paires de gants : une paire fine et une plus épaisse. Au moment de partir pour la ligne de départ, je ne retrouve plus mes gants fins (perdus au Flore sûrement, je ne comprends pas…). Heureusement, j’en ai prévu une de rechange dans mon sac, en cas de chute dans la neige (avoir froid aux mains est ce que je redoute le plus …). Je vais m’en mordre les doigts (sic) un peu plus tard au ravito de Ste Catherine : agacé par la bousculade généralisée et concentré sur mon remplissage de poche à eau, je pose mes gants sur la table. Au moment de repartir, je les retrouve par terre dans une flaque d’eau glaciale. Etant donné la température, je comprends que ma SaintéLyon pourrait s’arrêter là, car je n’ai plus de paire de rechange … Je ne réfléchis pas trop et je mets mes 2 paires de gants à « sécher » sur mes avant-bras, entre 2 épaisseurs de vêtements. Je tire sur mes manches pour couvrir mes mains tant bien que mal en soufflant dessus comme un bœuf pour tenter de les réchauffer. Finalement, environ 30’ plus tard , mes gants épais sont de nouveau mettables et je finirai avec cette seule épaisseur. Leçon à retenir : toujours mettre les affaires que l’on retire dans son sac ou dans une poche à un endroit sûr …

 

  • Les ravitos en général. Je savais pour avoir lu des comptes-rendus de course, que c’était le point faible de cette course, mais je ne m'attendais pas à voir une cohue pareille ! ... J’avais pris 1l d’eau dans ma poche à eau + 2 flasques de 250 ml avec de la poudre Iso+.  L’idée étant de faire le plein à Ste Catherine. Seulement dans la bousculade, c’est très long et compliqué (cf. l’histoire de mes gants). En plus, à partir de la montée du signal de St André, ma poche à eau ne répond plus (gel du tuyau malgré le néoprène). Mes flasques résistent, même si l’eau est très fraiche et à la limite du glaçon. Je suis obligé de la réchauffer dans ma bouche avant de l’avaler. Mais elles vont vite être vides. Je complète donc par 1 gobelet et 1 de coca à St Genoux, en espérant que ça dégèle un peu plus tard . (Au passage, bravo à celui qui a pensé à dégeler son tuyau de poche à eau en passant près des braséros ! Vu sur des photos après la course …). Concernant les solides, mes barres céréales salées sont gelées et donc très dures et longues à mastiquer. Seules les pâtes de fruits résistent bien au froid. Et pourquoi n’ai-je pas pensé à utiliser les gels mis dans mon sac en dépannage  ou à mélanger du thé chaud à mon eau dans ma poche à eau ? Bref, ma stratégie de ravitaillement serait à revoir complètement, car là, les conditions sont venues bouleverser mon gentil protocole, tant répété pendant mes entraînements …

 

  • Le ravito de Soucieux était  trop bien organisé par rapport aux autres : couvert, chauffé, avec des tables faciles d’accès. Du coup, j’y reste 20mn sans m’en rendre compte. Certes, ça m’a permis de dégeler le tuyau de ma poche à eau, de prendre un bon ravitaillement, de faire le plein de pâtes de fruits pour la suite. Seulement au moment de repartir, les muscles de mes cuisses ont eu le temps de se refroidir et me rappellent  à l’ordre …. Les 20 derniers km se feront dans la souffrance, alors que jusque là j’étais plutôt frais (sans jeu de mots …).

 

- L’ambiance du parcours :

  • Les premiers moments dans la neige vers le 10è km, où on sent que les choses sérieuses commencent.
  • Arriver en haut d’une côte difficile et être récompensé par le spectacle d’un joli village éclairé et neigeux (St Christo et Rontalon)
  • Les spectateurs présents au milieu de la nuit et de nulle part, bravant le froid intense (-10°C à certains endroits …) pour nous encourager et nous réchauffer avec leurs braséros, leurs feux d’artifices, leur musique, leurs cloches,…
  • Le long serpentin des lumières des frontales, visible sur des kilomètres quand on prend le temps de se retourner au sommet d’une côte.
  • Le lever du soleil. Pas très bucolique pour moi, puisque juste pendant mon long passage au ravito de Soucieux. Mais quand même, quelle surprise et quel contraste entre mon entrée et ma sortie du gymnase ! Je range ma frontale, impression de retour à la « civilisation », de faire une séance du dimanche matin, avec les gens qui vont chercher leur croissants à la boulangerie. Si j’ai préféré la partie plus « nature » du parcours, cette dernière portion diurne annonçait une issue plutôt favorable…
  • L’entraide entre coureurs dans les moments durs : le rattrapage in-extremis d’un coureur qui glisse sur le verglas et manque de s’étaler (« ca va ? »), une petite discussion ou une petite blague dans une côte un peu raide (Aqueduc de Beaunant, par exemple !).
  • Les derniers mètres : où je demande le soutien de la foule et parviens à « accélérer », les bras en l’air et où je célèbre ma « victoire »  par un joli saut de cabri agrémenté d’un cri de joie et de soulagement qui a du heurter les tympans de certains ! Je finis fatigué, mais pas épuisé.

 

Conclusion :

Je me préparais à cette course mythique depuis 8 mois (inscrit du 1er jour !). Avec une préparation sérieuse et progressive et  une bonne coupure de 2 semaines pour arriver frais et affuté, j’avais tout pour réussir cette première épreuve au-delà du marathon. Je craignais surtout le froid et la neige, éléments qui  sont rarement mes compagnons d’entraînement …

Résultat : je finis tout juste en un peu moins de 10h (Sainté de bronze, paraît-il ?). C’est la promesse de cette distinction honorifique qui m’a permis de tenir sur la fin : courir sur le plat, marcher vite dès que ça monte. Et je m’y suis tenu. Je finis donc au mental. Merci à fimbur pour ses conseils à ce sujet là !

Mais le plus important pour moi, c’est le bonheur qui m’inonde à l’arrivée. J’ai envie de pleurer, car tout remonte à la surface : les sacrifices de la préparation, le soutien des proches, la dureté et la beauté de l’épreuve, l’amitié entre tous ces milliers de coureurs, de bénévoles et de supporters.

- Bonheur d’avoir pu vivre ce grand moment tant attendu, avec tous ces « givrés ».

- Bonheur de réussir mon grand objectif sportif de l’année et de terminer cette course mythique, malgré mes appréhensions (peur de la distance, peur du froid, peur de me blesser,…) et les douleurs aux jambes lors des 20 derniers kms (seulement, devrais-je dire …)

- Bonheur de voir mes proches me soutenir à distance et me « supporter », avant et pendant la course. Pour certains, la nuit fut courte aussi …

Ce fut ma première nuit blanche depuis très longtemps. Blanche par la neige aussi. Blanche par la lumière des frontales. Blanche par le sentiment de fierté et de réalisation de soi qu’il m’en restera toujours, mesurant tout le chemin parcouru depuis mes premiers pas en course à pied il y a 6 ans.


 

6 commentaires

Commentaire de smetairie posté le 05-12-2017 à 21:15:15

Bravo !

J'ai exactement le meme parcours, dernier au depart, puis je remonte, je remonte... par contre je me suis ramassé plusieurs fois, pas de sur-chaussure ...

En tout cas, l'an prochain je reviens, avec mon matelas et mon sac de couchage !

Commentaire de vits posté le 06-12-2017 à 16:04:25

Merci smetairie ! Bravo à toi aussi, car tu a fini malgré tous les problèmes accumulés les temps avant la course. Quand j'y repense, cette course est vraiment un moment inoubliable !

Commentaire de Arclusaz posté le 06-12-2017 à 15:56:19

On dirait que ça t'a plu !!!!!!!!!!
c'est une course pleine de défauts mais on s'y laisse prendre à chaque fois.
Très joli premier temps, à l'année prochaine !

Commentaire de vits posté le 06-12-2017 à 16:16:36

Merci Arclusaz. Oui, j'ai "kiffé grave" cette course. Je crois que pour une 1ère, j'ai tiré le bon numéro ... J'ai envie de faire vivre ça à d'autres !

Commentaire de Fimbur posté le 06-12-2017 à 22:30:52

Bravo Vits et félicitations !
c'est bien normal l'émotion d'arrivée, c'est ce petit plus qu'il faut conserver

Commentaire de vits posté le 06-12-2017 à 23:06:19

Ravi, Fimbur, que tu aies lu mon récit. Je n'ai pas réussi à te voir au Flore. Merci encore pour ton guide et tes podcasts qui m'ont bien aidé dans ma prépa finale... et dans la réussite de ma course !

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version grand écran - 0.11 sec