Récit de la course : Trail du Cassoulet - 32 km 2017, par jedaf

L'auteur : jedaf

La course : Trail du Cassoulet - 32 km

Date : 1/10/2017

Lieu : Verfeil (Haute-Garonne)

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Distance : 32km

Objectif : Terminer

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Il est bien le trail du Cassoulet

Le trail du Cassoulet c'est presque une tradition.

Je me présente ce 1er octobre 2017 à la salle En Solomiac de Verfeil, où je dois retirer mon dossard ainsi que celui de mon fils afin de m'aligner au départ du 32 km.

L'année dernière je m'étais laissé tenter par l'expérience du 24 km qui était alors pour moi une nouveauté, d'abord parce que je n'avais que peu d'expérience en ce domaine, ensuite parce que cette distance était pour moi loin d'être négligeable. Depuis j'ai goûté à la saveur de ces courses de chemins, j'y ai acquis une bien modeste expérience et je souhaite connaître mes capacités réelles à finir un 32 km. Quand bien même y mettrais-je deux fois plus de temps qu'un cassouleyeur basique.

Cette course est sympathique, l'ambiance s'y veut festive et les amateurs ne s'y trompent pas qui y viennent chaque année plus nombreux et pour la plupart déguisés. La remise d'une bouteille de l'excellent vin de Fronton à l'arrivée quel que soit le classement récompense les galères d'un parcours emmitouflé dans un tutu de danseuse ou un costume de canari. Quoique cette année certains ont dû éprouver une intense déception puisque arrivés dans les derniers ils n'ont plus trouvé ce pour quoi ils avaient tant souffert. Mon fils en a été victime qui en a meuglé de désespoir dans son costume de laitière sans mamelles (je parle bien d'une vache). De plus la proximité de ce trail avec Toulouse tout en proposant un parcours très campagnard le rend très accessible.

Le dénivelé y est faible (557 m) mais comporte quelques casse-pattes.

A ma grande surprise, je trouve la route d'accès au parking d'En Solomiac barrée et un bref jeu de piste me conduit à garer ma 2cv jaune dans un pré qui est aussi utilisé en tant que parking lors des vide-greniers. Je suis le dernier à être autorisé à y pénétrer, la sympathie générée par ma 2cv a ému le bénévole. Il faut reconnaître que pour satisfaire aux exigences préfectorales d'autres lieux de stationnement avaient été ouverts.

Quand mon fils est arrivé, je lui avais déjà retiré le dossard et le cassoulet avec sa cassolette. Encore 10 ans de participation et j'aurai un service complet.

Nous sommes plus de deux cents au départ. J'ai hésité avant de choisir un déguisement. J'ai pensé à la poubelle comme certains candidats mais l'idée de mariner 32 km dans un sac plastique m'a fait craindre la cuisson vapeur, j'aurais pu me déguiser en boîte de cassoulet pour faire un clin d’œil à l'organisateur mais l'idée de rouler en montant un raidillon m'en a vite dissuadé alors j'ai renoncé à ma bouteille de Fronton et j'ai choisi de rester moi-même quoique avec mes collants, mon maillot fluo et mon sac de baroudeur je suis sans doute plus anachronique que mon fils avec sa tenue de vache laitière. Bien que je ne veuille pas dire que ceci lui sied à ravir. Tout est une question de goût.

Nous avons droit au discours de l'organisateur (passage sur des lieux privés, sécurité) puis le départ est donné et nous entamons le premier raidillon qui nous emmène à travers le village lui-même où la fanfare nous salue.Ce petit échauffement passé nous plongeons dans le paysage champêtre que nous ne quitterons plus. Le rythme y est assez élevé. Ne connaissant pas ma résistance à cette distance je n'hésite pas à passer quasiment au pas lors de toutes les montées. Mon fils qui est beaucoup plus aguerri malgré sa tenue de vache marche à mes côtés non sans ruminer d'ennui car il aurait sans doute maintenu un pas de course continu pour ne pas se détacher du troupeau. J'aurais dû me déguiser en chien de berger. Je regretterai par la suite cette excessive prudence car si à la fin du trail la distance a fini par se ressentir dans mes jambes j'ai beaucoup moins souffert qu'au cours du précédent Cassoulet où je n'avais couru que 24km.

Cette première partie nous emmène tranquillement à l'Orangerie du Château de Bonrepos-Riquet. L'année dernière le circuit était inversé et le ravitaillement copieux présenté dans ce site était la récompense du trajet, cette année il en est la première étape et de ce fait je ne l'en ai que modérément apprécié. Nous plongeons dans les chemins du magnifique parc du Château et prenons à travers champs et bosquets en direction de Montpitol et du lac du Laragou. Un point d'eau nous attend au village. Contrairement à la course du 24 km où en permanence beaucoup de coureurs nous côtoyaient tous déguisés, où nous marchions par moment en compagnie des randonneurs, ici nous sommes très étirés et finalement peu d'entre nous sont déguisés. Le niveau semble plus élevé et si j'ai pu doubler quelques coureurs en piètre condition physique, j'ai la furieuse et inquiétante impression que la majorité des deux cents coureurs sont devant nous. Il est vrai que lors des départs, pour éviter l'effet « supermarché, ouverture des portes à 8 heures » j'ai coutume de me mettre plutôt au fond et de laisser passer tous les jeunes excités qui participent à des compétitions pour gagner (quelle idée saugrenue). En général si l'on a une condition physique qui vous permet de tenir un rythme régulier sur une longue distance on a tout loisirs de remonter tous ceux qui n'ont pas appréhendé à sa juste mesure la distance à courir. Mais là, je commence à me poser quelques questions. Devant, rien . Derrière, quelques silhouettes largement espacées. Un tutu rose qui nous colle comme le sparadrap du capitaine Haddock et que nous distançons quand nous accélérons et qui invariablement reviens sur nous quand nous discutons.

Le lac du Laragou est un peut triste, dénué d'ombrage, avec un flagrant manque d'eau. Nous en faisons les trois quarts du tour avant de continuer sur le plat dans les bocages. Le temps était très sec depuis des semaines mais la veille une journée pluvieuse nous a obligés à ressortir les chaussures à crampons mais dans la majorité des sentiers le sol est encore dur ce qui n'est pas très confortable. On est loin des trails que je préfère sur des sols boueux et glissants (Forest nous voilà!) Certaines sections bien indiquées par les bénévoles sont des monotraces dans les sous-bois. Je me sens bien. Nicolas, me suit sereinement. Nous discutons le bout de gras, signe que tout va bien. Un tutu rose nous suit toujours. En d'autres circonstances cela eut pu être inquiétant.

Il faut à moment donné traverser la départementale, ceci se fait en passant dans une buse sèche mais particulièrement basse. C'est là que je me suis rendu compte que j'étais raide et que l'effort de la course n'avait pas arrangé les choses. Progresser incliné à 90° dans ce conduit se révèle plus difficile que je ne l'aurais cru. Je crois que je vais commencer ce que j'ai toujours refusé de faire, quelques étirements après les courses avant que je ne me déplace à la manière de Robocop. Voilà ce que j'aurais dû faire, me déguiser en Robocop rien qu'avec des boîtes de cassoulet. Un Robocop à l'Occitane.

Après ce passage, nous grimpons quelques centaines de mètres à travers champs puis nous descendons vers le lac de la Balerme. Au passage, un point de ravitaillement a la bonne idée de nous offrir de la saucisse de Toulouse, excellente. Finalement, et comme c'est au début d'une longue descente, nous prolongeons notre escale et je me sers plusieurs fois. « Il ne manque plus qu'un bon coup de rouge ! » je dis au bénévole fort sympathique « On en a. » me dit-il. Je n'en prends quand même pas. Je souhaite trouver le balisage sans l'aide d'une vache laitière sans mamelles. C'est ce que j'apprécie particulièrement dans les trails, c'est ce côté convivial et bon vivant.

En attendant, des coureurs qui étaient derrière nous en profitent lâchement pour nous dépasser. Si on ne peut même plus se faire plaisir ! Le tutu rose, subrepticement, disparaît à l'horizon.Tant d'efforts pour rien.

Nous descendons. Le sol est dur et les semelles à crampons des chaussures neuves commencent à être douloureuses au niveau des talons. Heureusement nous entrons dans une monotrace forestière où le sol est plus meuble. Nous arrivons au lac de la Balerme. Je sais qu'un violent raidillon nous remontera jusqu'à la route puis la traversée des champs jusqu'à Verfeil sera aisée. Je mets pied à terre. Je connais bien le lac de la Balerme, je le fais régulièrement en courant y compris les sentiers annexes dont celui-ci. D'habitude je les parcours sans arrêter de trotter mais l'effort est important. Aujourd'hui je crains de trop y laisser d'énergie. Un manque de confiance sans doute car nous laissons encore quelques coureurs nous dépasser. Au sommet de cette ultime difficulté on aperçoit Verfeil. Nous n'aurons pas à y grimper puisque la salle En Solomiac est en contrebas du village et je crois me souvenir que l'on y accède directement. Nous courons depuis environ 3 heures 45 minutes. Nicolas me dit que nous pourrions mettre moins de 4 heures. Cela me plaît.Au niveau de la route des amis sont venus nous encourager. Cela fait très plaisir. J'essaye de me redresser tout en rentrant la langue. Évidemment quelques lâches profitent de ce bref instant de cordialité pour nous brûler la politesse. Nous écourtons les embrassades et plongeons vers les champs où un bénévole nous indique la voie. Une nouvelle route goudronnée et je vois mon épouse qui nous attend le portable à la main pour immortaliser ce moment. Il ne nous reste que 2 kilomètres pour franchir la ligne d'arrivée. « Allez, on va y arriver ! » me dit mon fils. Nous sommes proches maintenant de la salle. Le parc est bruyant et l'on entend les commentaires du présentateur. C'est un formidable moment que celui où l'on s'apprête à franchir la ligne d'arrivée. 32 km ! Je regroupe mes forces et je m'aperçois que je peux facilement m’offrir une petite accélération finale. 3 heures 59 minutes. Ce n'est pas un exploit bien sûr, mais c'est ma plus longue distance, tout au moins en courses et en trail et je n'en espérais pas tant. Je ne suis pas le dernier. D'autres coureurs vont franchir la ligne derrière moi. Finir et Plaisir.

C'est fait, je suis ravi.

Nous allons chercher notre bière. C'est écrit sur les dossards donc c'est important. Une gorgée et déjà la fatigue se résorbe, presque prêts à repartir. Être habillé en vache peut parfois se révéler fort utile ; quand nous allons au bar le préposé donne à chacun notre demi en échange de nos dossards et comme il lui restait un verre qu'il avait sans doute rempli à l'avance il se tourne vers Nicolas et lui dit : « Tiens, prends-le aussi ! » Mon ami qui était venu nous encourager en a bénéficié.

Il est très bien le trail du Cassoulet.

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