Récit de la course : Le Grand Raid du Mercantour 2003, par la linotte

L'auteur : la linotte

La course : Le Grand Raid du Mercantour

Date : 21/6/2003

Lieu : Saint-Martin-Vésubie (Alpes-Maritimes)

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Distance : 97km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

Zooo les Zanimossss et la Net Team....

Déjà plus d'une semaine que le Mercantour est terminé et toujours ce sentiment frustrant de n'avoir pas été en forme ce jour là pour pouvoir aller jusqu'au bout, objectif impossible à atteindre (20h à 5km/h) je décide donc au km 32 de transformer cette course en une balade sympa, prenant le temps de jouir du paysage et arrêtant cette randonnée au km 54…

Deux nuits à peu dormir ajouté à la chaleur et un problème gastrique ont entamés sérieusement mon physique et le moral dés le départ…

Déjà çà avait mal commencé avec la grève des cheminots et notre train qui arrive à 22h30 à Antibes au lieu des 18h45 prévu, on est gentiment logé chez des amis à Socrate et on discute avec eux tard dans la soirée (on ne pouvait pas arriver là et se coucher de suite), il faut se lever tôt pour prendre le bus de 9h à Nice, ce qui fait déjà une nuit de tronquée.

Je vous passe le trajet Nice / St Martin de Vésubie où j'ai bien cru à plusieurs reprises que c'était ma dernière heure… tellement le chauffeur roulait vite en rasant la falaise et les ravins…

Nous arrivons enfin à St Martin de Vésubie vers 11h et nous nous dirigeons directement vers le camping de St Joseph où les parents du Trailer ont réservé un emplacement, l'endroit est agréable et la gérante sympa même si elle nous considère bizarrement lorsqu'on lui dit que l'on vient faire le grand raid du Mercantour…

Nous sommes les premiers zanimossss arrivés et comme il est l'heure de manger nous partons dans le village à la recherche d'un petit resto, après avoir fait un petit tour à l'arrivée pour sentir l'ambiance et dire un petit bonjour à Thierry Fadini l'organisateur.

De retour au camping nous retrouvons avec plaisir Ray et Gégé que nous n'avions pas revus depuis le GTC.

Une petite sieste plus tard nous sommes réveillés par l'arrivée du gros de la troupe des zanimossss, le trailer et sa famille, l'toutou et l'électron… les retrouvailles sont chaleureuses, faut dire que ça faisait un bon bout de temps que l'on ne s'étaient pas revus.

Une fois tout le monde installé nous partons récupérer nos dossards et nous rencontrons Annick et Gilles, çà y est la ménagerie est au complet la fête va pouvoir commencer… d'ailleurs pour fêter cet événement le ciel nous arrose d'un petit orage rafraîchissant après cette journée caniculaire…

Le soir au campement c'est pasta-party préparé par Dédé le papa du trailer (on se régale…), préparation de sacs et montage de tente dans une ambiante bon enfant, tout le monde à la pèche même si l'on peut commencer à sentir la tension monter doucement…

La nuit sera courte et c'est plongé dans un sommeil profond que je suis réveillé par un "c'est l'heure !!!"…il est 3h…

Part 1: "de St Martin au Pas des Ladres" ou "des débuts difficiles !!"

Le départ d'un trail c'est toujours quelque chose d'émouvant, mais lorsqu'il a lieu en pleine nuit çà amplifie cette sensation, tout ce monde qui s'agite alors que l'on sait que l'on va devoir affronter tout seul ce dont on rêve depuis plusieurs mois… c'est presque irréel…

Les sacs vérifiés… le briefing… 5.4.3.2.1. c'est parti, au bout d'un moment je ne sais plus ou se trouve les zanimossss à part le trailer que je suis en écoutant Francis (un coureur atypique que l'on rencontre sur de nombreux trails…) raconter son Cromagnon (106km et 5000m de D+) réalisé le week-end dernier (il y en a qui ont la santé !!).

Bercé par son récit, je reviens à la réalité lorsque je ne l'entends plus, on vient d'attaquer une montée et le souffle a pris le pas sur la parole, le trailer continue lui comme si c'était plat… je ne le reverrais plus…

Nous attaquons une portion de goudron en légère montée, je suis doublé par de nombreux concurrents car je marche, les sensations ne sont pas bonnes, envie de me coucher et de dormir…

Lorsqu'il commence à faire jour je décide de m'arrêter pour ranger ma frontale, Socrate me rejoint et nous partons ensemble, mais il me distance rapidement et c'est l'Electron qui me rattrape et me dit être content d'avoir pris ses bâtons, il pense que Socrate est encore derrière lui, je le suis un moment mais des ennuis gastriques m'obligent à m'arrêter… je trouve un petit coin pour m'alléger tout en regardant la longue file des coureurs passer… lorsque je repart ça va mieux mais je me retrouve tout seul, bon dernier !!!!

J'attaque la longue ascension vers le Pas des Ladres, c'est magnifique, je suis déjà passé par là il y a 2 ans mais je suis toujours ébloui par le paysage, je double les derniers coureurs, je ne suis pas au mieux mais il y a pire que moi… quelque part ça me rassure…

Enfin la récompense, l'arrivée au sommet c'est toujours jubilatoire, on a franchi une difficulté et l'on sait que l'on va arrêter de souffrir… jusqu'à la prochaine…

Part 2 : du "Pas des Ladres au relais des Merveilles" ou "le bonheur est dans la montagne"

Au Pas des Ladres le contrôleur m'annonce que je suis 300ème, il n'y a pas beaucoup de coureurs derrière moi, je m'élance dans la descente et un coureur m'emboîte le pas en m'expliquant qu'il est guide de montagne (c'est vrai qu'il court avec des chaussures de montagne !).

Pour me rassurer il me dit que je suis dans les temps, 4km/h, mais c'est loin de me satisfaire car un rapide calcul et c'est au bas mot 25h de course, soit toute la nuit à courir… mon objectif c'est 20h soit 5km/h et une arrivée vers minuit ce qui me permettrait de pouvoir enfin dormir un peu, déjà dans ma tête ce sera çà ou l'abandon avant la nuit…

La descente s'effectue sans problème et j'en profite pour remonter quelques coureurs (les bâtons m'aident bien) et j'arrive au 1er ravitaillement à Madone de Fenestre ou je mange quelques biscuits salés.

Ne voyant aucun zanimossss je bois un coca et je repart derrière un petit groupe, direction la Baisse des cinq lacs… 400m de D+ qui s'avalerons sans problème tellement la beauté du paysage efface la souffrance…

Puis de nouveau descente, jusqu'au Relais des Merveilles, 2ème ravitaillement ou je retrouve enfin quelqu'un de la ménagerie, l'Electron, je me réjouis déjà en me disant qu'enfin je ne serais plus seul lorsqu'il m'annonce qu'il abandonne :-(

Pendant quelques secondes cette idée passe aussi par ma tête de linotte, je sais que le plus dur reste à faire… mais aussi le plus beau, cette magnifique vallée des Merveilles que je n'ai jamais vue et dont Thierry à eu tant de mal à avoir l'autorisation de traverser…

Il n'est que 12h, j'ai encore toute l'après midi devant moi et je décide donc de continuer jusqu'au trois communes en me baladant et en oubliant le chrono… j'essaie en vain de convaincre l'Electron de continuer avec moi…

Part 3 : du "Relais des Merveilles au Trois Communes" ou "quand l'enfer côtoie le paradis"

Me voilà donc parti en plein cagnard vers le Pas de L’Arpette (1000m de D+ en 5km), une sacré bavante pour avoir le droit de basculer vers cette fameuse vallée des Merveilles…

Je ne sais plus le temps que j'ai mis, mais ce fut long, très très long, interminable même sur la fin dans cette zone rocheuse, sans ombre, sans eau… les yeux rivés sur le sommet que l'on croit voir mais qui n'est jamais le bon…

De temps en temps un regard sur l'arrière pour voir le chemin parcouru et quelques coureurs souffrant dans cette terrible montée…

Quelques marches en bois pour finir et enfin la délivrance, le sommet et cette magnifique vallée tant convoitée avec ses petits lacs d'argent…

Il faut replier les bâtons et redescendre par un petit sentier, le paysage est fabuleux, j'avance comme dans un rêve, un chamois vient à ma rencontre comme pour me remercier de mon effort, un peu plus bas j'aperçois le refuge des Merveilles et ses petits lacs, j'ai le sentiment qu'une fois arrivé dans cet havre de paix je ne pourrais plus repartir… mais je me trompe, les taons, qui n'avaient peut être jamais vus de linotte, tomberons instantanément amoureux de moi et m'obligerons à continuer ma chevauchée vers l'enfer… la cime du Diable…

Cette cime je la connaissais pour l'avoir franchie il y a 2 ans, et je savais à quoi m'attendre, mais je ne crois pas en la circonstance que ce fut un avantage… bien au contraire…

Mon seul leitmotiv c'est qu'une fois en haut, une vue à 360° me permettrait d'avoir une vue extraordinaire sur la chaîne des Alpes et sur la Méditerranée… malheureusement lorsqu'il fait très beau l'horizon reste voilé… je restais malgré tout une bonne 1/2 d'heure à admirer le paysage et j'en profitais pour envoyer un texto à l'Electron "il est 16h50, je suis en haut de la cime du Diable".

Du petit groupe que nous étions je suis le 1er à repartir, il faut suivre une crête, le début est très technique voire dangereux, je progresse prudemment, une erreur pourrait avoir de graves conséquences ici… Bizarrement c'est à ce moment là que je retrouve de bonnes sensations, je me remets à courir, je distance les coureurs partis derrière moi et j'en remonte même plusieurs autres dans la montée vers l'Authion ou j'arrive vers 19h…

J'hésite encore un peu à abandonner maintenant que çà va un peu mieux mais un rapide calcul et je vois qu'il me reste encore 10h de course, soit une arrivée à l'aube et une nouvelle nuit blanche… je décide donc de rendre mon dossard, avec un pincement au cour, c'est la deuxième fois cette année…

Heureusement le reste n'est que du bonheur, retrouvailles de l'Electron, du Toutou, de Ray et de Gégé à Lucéram, pâtes, bière, douche et surtout quelques heures de sommeil bien méritées…

Le lendemain nous retrouvons le Trailer, Socrate et Gilles qui ont terminés (BRAVO !!!) et çà se termine comme toujours par un AAB dantesque, préparé avec amour par les parents du Trailer que l'on ne remerciera jamais assez, tellement ils ont été disponibles et à nos petits soins durant tout ce week-end… et encore un grand coup de béret zoologique à tous ceux qui ont terminés, il fallait être fort dans sa tête et dans ses jambes pour y arriver…

La linot'

PS : merci aussi à tous les zanimoss pour leur gentillesse et leur simplicité, à Ray toujours attentive au moindre de nos souhaits, à la famille du Trailer sans qui la fête n'aurait pas été totale, aux bénévoles que l'on ne remercie jamais assez, sans eux rien ne serait possible, et au chef d'orchestre Thierry FADINI, en espérant qu'en 2005 il nous remette çà… le Trailer lui a déjà fait un circuit de tous les diables, ce qui n'est déjà pas si mal pour avoir le droit de voir le paradis ;-))

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