L'auteur : wakayama
La course : Morvan Oxygene Trail - 80 km
Date : 8/7/2017
Lieu : Château Chinon Ville (Nièvre)
Affichage : 2639 vues
Distance : 80km
Matos : Hoka One One Mafate Speed
Batons Guidetti Diag des Cimes
Short/t-shirt/chaussetes Kalenji
Objectif : Terminer
Partager : Tweet
Un peu avant de faire la Marathon Race, j'avais prévu de continuer avec un ou deux trails.
Je ne sais plus très bien comment je l'ai vu, mais je prends connaissance de l'existence d'un trail dans le Morvan.
Originaire de Saône-et-Loire, cela m'interesse et je regarde. D'abord interessé par le 30km, je vois que c'est la première année qu'ils feront un 80km.
Le parcours du 80km est pas mal, bien mieux à mon avis que le 30km car il passe par les sommets du Mont Beuvray et du Haut Folin.
Je m'interroge, poste un message sur le forum pour recueillir des avis : certains m'encouragent d'autres me recommandent la prudence...
Je me dis que l'on verra après la Marathon Race.
Sur cette course, je finis moyennement, ayant subit la chaleur. Pendant 2 ou 3 jours, je me pose les mêmes questions et je tranche : j'y vais.
Je fais un mois de Juin sérieux avec des trails dans le Beaujolais comme sorties longues et j'arrive donc dans la semaine avant-course avec un petit capital.
Je me préserve pas mal cette dernière semaine, je fais attention (un peu plus que d'habitude) à mon alimentation, je dors plutôt bien malgré la chaleur.
J-1 après une journée de boulot, je pars un peu plus tôt, prends mes affaires et direction le Morvan.
Arrivée 2h30 plus tard, je vais directement retirer mon dossard avec mon cadeau (sweat capuche). 2 jeunes femmes très sympas m'avertissent sur la chaleur prévue et me souhaitent bon courage pour le lendemain. Sympa.
Je m'étais renseigné avec Crabe sur ce forum et un gymnase est ouvert pour les coureurs n'ayant pas d'hébergement.
Je rentre dans ce gymnase et il n'y a qu'une personne ! On fait connaissance pendant que je m'installe.
D'autres coureurs arrivent ensuite et la nuit tombante, je m'endors assez facilement.
Le matin, les premiers se réveillent vers 5h et je suis le mouvement. Préparation rapide, j'avais tout bien rangé la veille, prêt à l'emploi. On discute et je passe un bon moment à échanger avec les coureurs présents. C'est la première fois que je parle autant avec d'autres coureurs... est-ce parce que c'est un ultra ? En tout cas, je suis ravi de partager quelques instants avant la course.
La plupart sont rodés sur la distance et ont quelques références, moi cela sera le 1er.
Lorsque je demande les objectifs en temps, je sens une prudence (ou modestie pour certains), pas mal redoutent la chaleur et un parcours pas si évident que cela.
Moi, j'ai fait un roadbook en me basant entre mes allures sur 35/40km et les barrières horaires, qui sont larges ici. Cela me donne une arrivée en 14h30.
Comme c'est la première fois sur la distance et vu le temps annoncé, prudence, prudence...
On se dirige à 7h45 vers le départ à moins d'un kilomètre pour assister au briefing. On nous annonce 77 participants, ce qui promet quelques moments de solitude sur le parcours. On nous annonce aussi des ponits d'eau intermédiaire, ce qui me rassure pas mal.
La (petite) attente passe très vite et le départ est donné par le maire de Chateau-Chinon (je crois car j'étais un peu concentré sur le départ).
On part à un rythme très moyen, ce qui me va super bien car je redoutais un départ trop rapide.
On sort rapidement de Chateau-Chinon pour rentrer dans les bois où des sentiers plutôt agréables nous attendent.
Les premiers kilomètres se passent très bien, je reste à mon avis dans le milieu.
Un bon raidillon me fait reculer un peu, je décide de lever le pied.
Au 8ème kilomètre, je me retrouve avec un coureur réunionnais avec qui je vais courir très souvent sur cette course.
On discute un peu et ... on se trompe. On a du perdre sans doute 1km pour revenir sur le tracé. Pas trop grave, c'est mieux au début qu'à la fin, non ?
Je continue ensuite seul en alternant marche dans les côtes et course dans les descentes... il n'y a jamais de plat. Cela ressemble pas mal au Beaujolais vert.
Je double un coureur, voit au loin d'autres groupes sans pouvoir les rattraper.
J'arrive à La Gravelle à mon rythme, peut-être un peu trop cool mais bon, j'aurai plus de réserves. Il fait bon, je suis bien physiquement, je suis content d'être là.
La Gravelle, 2h38 pour 19km, 587mD+ cumulé.
J'ai environ 25 minutes d'avance sur mon roadbook en étant resté bien prudent.
Je sais maintenant qu'il y a pratiquement que de la descente jusqu'au ravito mais j'ai un peu de mal à me relancer après cette dernière montée.
Je vais pas aussi vite que je le pensais mais j'arrive à rattraper un coureur avant le village quand même.
Villapourçon, 3h27 pour 24km, 601mD+ cumulé
On arrive ensemble au ravito où quelques coureurs finissent et d'autres arrivent derrière nous. J'ai 30 minutes d'avance sur mon roadbook.
Je reste un petit moment pour bien faire le plein en eau et on repart à 4.
Je rentre maintenant dans la partie que je crains le plus.
Je mène la première montée mais je sens que je faiblis et deux coureurs passent devant mois. Je ne vois plus le 4ème derrière moi et je ne le reverrai plus.
Je suis donc seul jusqu'au barrage de Rangère où je passe un coureur à l'arrêt qui a rejoint ses accompagnateurs mais qui semble avoir des crampes.
Rangère, 4h05 pour 27km, 847mD+
Je fais ensuite toute la partie jusqu'au pied du Mont Beuvray seul et cela me semble assez long. Je sens que je perds mon avance sur le roadbook petit à petit.
Le passage près d'une cascade me donne des envies de douche mais il faudra attendre un peu ...
Au 37ème km, l'organisation a disposé des bouteilles d'eau (1 par coureur) dans le lit d'un cours d'eau. Top ! J'en profite pour boire et recharger mes gourdes avant l'ascension.
Environ 5km de montée pour 500m de denivelé: ça pique un peu à ce moment. Je mets 1h20 pour monter, toujours prudent, c'est un peu plus que ce que j'avais prévu.
Samedi sur l'Ultra du Morvan #ultratrail pic.twitter.com/z0eqVpZ7ud
— Fabrice Fourel (@fabrice_fourel) 10 juillet 2017
Mont Beuvray, 7h11 pour 43km, 1750m+ cumulé
Arrivée au Mont Beuvray, j'avais décidé de m'arrêter un bon moment.
Je commence par bien boire, un peu manger et je passe chez la jeune podologue pour une petite révision.
J'ai une douleur au talon gauche qui remonte au tendon et je la sens bien dans les descentes. Elle me masse aussi les deux mollets : cool, cela ne pourra pas me faire de mal. Merci.
Je vois du coin de l'oeil quelques coureurs qui ne vont pas repartir : je sais que c'est contagieux et après 25 minutes d'arrêt, je repars seul. Je suis maintenant dans les temps de mon roadbook. Petite foulée dans les descentes boisées sans difficultés en passant près du musée de Bibracte.
Et j'arrive au carrefour de l'Echenault au 47ème : et là, sur quelques centaines de mètres de goudron, je prends un gros coup de chaud.
Je bois mais c'est très compliqué jusqu'au Mont Preneley.
Mont Preneley, 9h23 pour 51km, 1750mD+ cumulé
J'arrive au sommet (ou tout près) pas au top de ma forme. S'il y avait eu un ravito ici, je pense que j'aurai pu m'arrêter.
Je vois un coureur arrêté qui ne peut plus boire et qui va stopper sa course. Je l'accompagne un peu et je pars dans une descente, direction le Haut Folin.
Après la tourbière, je fais un bout de chemin avec un coureur qui va me distancer en marche, bien plus habitué que moi à faire ces distances.
Prochaine étape, le Haut Folin, le sommet de cette course (environ 900m altitude).
Après avoir suivi des gros chemins coupant la forêt et vu la pancarte du Haut-Folin, je crois que je suis arrivé car ça redescend mais non, je me souviens que la vraie montée est derrière.
La montée du Haut Folin est brève mais assez pentue et le chemin est fait de gros cailloux qui roulent sous les pieds. J'en bave un peu à ce moment.
Haut Folin, 11h12 pour 60km, 2262mD+ cumulé
L'antenne apparait et cela marque bien sûr l'arrivée au sommet. Ouf !
Le plus gros est fait en denivélé mais il reste tout de même 20 km pour rentrer à Chateau-Chinon.
Descente tranquille, je fais attention aux racines et cailloux pour ne pas chuter bêtement.
Je pense que cela descend jusqu'au dernier ravito à Voucoux au 68ème mais je me trompe : ça remonte (un peu) au 65ème et là on rejoint les coureurs du 30km. Vraiment l'impression depuis le début que ça monte même dans les descentes (d'où le titre du récit).
Avant d'arriver au ravito, un coureur du 30 me regarde, me demande si ça va, je lui dit que c'est bon, il insiste en me disant que ça a pas l'air et je lui répond que j'ai juste 50km de plus que lui au compteur. Je ne sais pas s'il avait vu que l'on n'avait pas le même dossard.
Désolé si tu lis mais ça m'a un peu énervé sur le coup ton insistance car elle pouvait me couper le moral. Certains comprendront sans doute.
Voucoux, 12h50 pour 68km, 2333m D+ cumulé
Dernier ravito, je rigole avec les bénévoles, je m'asseois 5 minutes et je regarde défiler les coureurs du 30.
Je décide de repartir quand même car il reste 12km. Cela parait rien du tout mais au bout de 68km, cela me semble énorme, surout à l'allure où je suis depuis les derniers kilomètres.
Je repars, j'ai 30 minutes de retard sur mon roadbook donc je vais arriver à la nuit vers 22h sans doute.
Les organisateurs sont blagueurs car un mur se dresse au 70ème dans le bois pour arriver au rocher. Je monte mais vraiment en serrant les dents.
Ca m'a pris sans doute les dernières réserves que j'avais, je me sens vidé ... et il reste 10km. Je calcule et j'arrive en estimant à 2h, ce qui me fout un coup sur la tête.
Il me reste 6km à parcourir, l'orage arrive. Au début, le ciel s'assombrit, le vent se lève et fait bouger les arbres et ça tombe ensuite très vite droit et dense. Même pas eu le temps de mettre la veste imperméable : je suis trempé, je vais rester comme cela jusqu'au bout.
Je me dis que c'est pas possible et au bout de quelques mètres, j'arrive à relancer, à aller plus vite en marche et même à courir dans la dernière montée.
Les sentiers sont bien humides voire boueux et je tombe sur le dos à 2km de l'arrivée. Plus de peur que de mal mais cela freine un peu mon élan.
J'en ai un peu marre et j'accélère le mouvement en distançant les 2 coureurs qui étaient avec moi depuis le début de l'orage. C'était pas volontaire mais l'odeur de la fin m'a donné des forces.
Je vois alors les lumières de Chateau-Chinon et je dois avoir le sourire : je suis en train de le faire ! Un bénévole me dit que l'on peut couper et éviter la montée du calvaire car la foudre y est tombée. Pas de souci, cela ne va pas me manquer à cet instant !
Je redescends sur le centre-ville, hésite un peu sur le chemin à suivre à un moment, je demande même à quelqu'un et le son de l'arrivée me guide sur la fin.
Je ne vois pas la ligne d'arrivée, je demande "c'est là ?" et les bénévoles me disent "oui" ! C'est fini, j'ai fini, je suis finisher de mon 1er 80km. C'est énorme pour moi après 1 an 1/2 de trail (j'ai commencé la Cap en 2015 et le trail en 2016).
Chateau-Chinon - Arrivée, 15h31 pour 80km, 2786mD+
Je suis super heureux et très fier. Quelques personnes m'applaudissent, je les remercie.
Je suis aussi soulagé d'en avoir fini quand même; on va pas se mentir. Je bois et mange et je discute avec un coureur du 80 qui est arrivé 6h avant moi : bravo à toi encore une fois !
Moi je suis 50ème sur 56 finishers (77 partants).
C'était long, la bonne difficulté pour mon 1er 80, dur parfois, j'en ai bien profité.
J'ai passé une super journée où j'ai beaucoup appris, je pense, sur moi, sur ce que je devais travailler pour confirmer ou prétendre à plus ou mieux.
Voilà, je vous recommande vivement cette course car les organisateurs/bénévoles sont tops, tout a été parfait et ce, malgré des condtions pas évidentes pour tous (les bénévoles attendant sous la pluie ou au milieu d'un bois toute la journée - merci à vous).
Je ne sais pas si je reviendrais l'an prochain car j'aime bien découvrir de nouveaux endroits mais je referais certainement un tour dans le Morvan.
2 commentaires
Commentaire de jeremtrailrunner posté le 14-07-2017 à 15:21:18
Récit très sympa, c'est "cool" de lire les sensations d'un coureur qui à vécu l'orage de l'intérieur. Je te félicite encore une fois, car c'est moi qui patientais au ravito final pour prendre des news des coureurs qui arrivaient. J’espère que tu as bien récupéré et te laisse lire mon récit si tu veux. Je te dis peut être à bientôt sur les sentiers d'un autre trail. Ciao l'ami.
Commentaire de wakayama posté le 14-07-2017 à 15:32:29
Merci. On se reverra mais à un depart car tu vas trop vite pour moi
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.