L'auteur : aragorn23
La course : Marathon du Mont-Blanc
Date : 25/6/2017
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 3501 vues
Distance : 85km
Matos : Vieux bâtons Leki ayant l'avantage d'être très solides.
Les Sportiva Akasha
Un sac Marco Olmo de 20 L.
Objectif : Terminer
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Chamonix et moi c'est une longue histoire :
Ayant privilégié un tirage au sort groupé nous nous retrouvons à 5 amis Toulousains (Philippe, Gilles dit Piton Textor, Momo et son mari Ali) sur ce 85 km avec ses 6000 m de D+. Piton textor et moi sommes accompagnés de nos compagnes respectives Ginou et Sonia qui ne manqueront pas de nous encourager le long du parcours.
Il est est prévu de retrouver un couple d'amis coureurs en provenance de Normandie Sabine et Laurent. Seule Sabine étant alignée sur le 85 km. Laurent est sur le km vertical et ils doivent faire tous les 2 le duo étoilé. Enchaîner le 85 km avec le duo étoilé sacré challenge.
Le profil de la course.
Ma préparation fut très montagneuse, comme d'habitude, avec de nombreuses sorties dans les Pyrénées y compris le week-end précédent la course ce qui n'est pas forcément recommandé.
Deux contre-temps dans ma préparation : une entorse bénigne à la cheville 3 semaines avant le Jour J et un gros orteil bien amoché suite à une chute dans une descente en courant sur un terrain glissant.
Un tour chez l'ostéhopathe, de la glace et du cliptol pour guérir un minimum tout cela et me permettre de prendre le départ.
Concernant le parcours, je le connais en grande partie du départ au Buet, du Col des Posettes au Bois et la descente du plan de l'aiguille à Chamonix.
Mon gros souci, comme pour chacun de mes ultras, concerne les barrières horaires et celles-ci à priori laissent peu de temps à la contemplation du magnifique paysage proposé.
Je fais mon tableau prévisionnel de temps de passage, comme à chaque fois, mais cette fois un peu au dernier moment et ce tableau me confirme qu'il ne va pas falloir traîner.
Mercredi 21 juin 2017 :
Arrivée à Chamonix en fin d'après-midi sous une chaleur accablante.
On passe devant le fameux magasin de charcuterie et de fromage locaux ainsi que devant le non moins célèbre marchand de glaces en plein centre avec juste un regard en se promettant d' y revenir dimanche pour ne pas faire de la figuration.
Lors du repas typiquement de coureurs à base de pâtes on s'occtroie tout de même une bonne bière histoire de ne pas se déshydrater.
Jeudi 22 juin 2017 :
Retrait des dossards et visite du village consacré au trail. On ne manque pas de faire quelques dépenses et nous avons la joie de voir Dawa Sherpah qui se remet petit à petit à courir et tient un stand UCPA avec sa femme Annie.
Je prends des nouvelles de Dawa Sherpah.
Au village j'achète des pastilles de sel au vu de la météo caniculaire annoncée : une première pour moi qui carbure toujours à l'eau claire.
L'après-midi une petite sieste et une petite visite dans Chamonix pour faire de nouvelles dépenses et refaire un tour au village à la rencontre de Ludo : The Voice. Tout cela se termine par un petit sprint sur la piste d'athlétisme.
Retrait des dossards
Une sacré confrontation en prévision fin début septembre à l'UTMB entre François et Killian.
Interdiction formelle de m'inscrire à l'UTMB.
C'est pour après la course.
Idem :
Avec Ludo "The Voice" au salon du trail.
Un petit échauffement la veille de la course avec les chaussures de trail adaptées.
Seul écart autorisé.
Vendredi 23 juin 2017 :
Nous avons la chance de loger en plein centre de Chamonix à 5 minutes du départ et en profitons pour nous réveiller seulement une heure avant le départ de la course.
A 03h45 nous sommes sur la fameuse place du triangle de l'amitié rendue célèbre par l'UTMB.
Nous y retrouvons Momo et nous nous positionnons en fin de peloton.
Ludo "The Voice" met l'ambiance comme à son habitude en faisant faire la Ola à tous les trailers.
Le départ est donné au son de Hell's Bells d'AC/DC et nous nous élançons pour un peu moins de 24h00 à l'assaut de le montagne autour de Chamonix. La course commence par une boucle dans Chamonix histoire d'étirer le peloton des 1100 coureurs. Au bout de 2 km nous attaquons enfin les chemins et la montée vers le Brévent.
Avec Momo et Philippe nous sommes en fin de peloton. La prudence est de mise.
Malheureusement au bout de quelques minutes des bouchons se forment. Cela me rappelle la Diagonale des Fous, pourtant ce n'est pas du tout le même terrain et le chemin est large. En fait il suffit d'un léger rétrecissement. Il en va ainsi sur les premiers Kilomètres avec 4 à 5 stops de quelques minutes. Au total, c'est difficile à estimer, mais on a dû perdre une quinzaine de minutes en espérant que cela ne soit pas trop pénalisant par la suite.
Il faudrait que les organisateurs limitent plus le nombre de coureurs pour éviter ces problèmes qui se présentent de plus en plus surtout sur les courses très populaires. Mais cela représente un manque à gagner. Autre solution essayer d'étirer plus le peloton au départ : pas toujours évident non plus.
Il y a qu'à voir à la Réunion.
Une spectatrice anglaise très enthousiaste, qui encourage les coureurs à tue-tête,
au niveau du refuge de Bel-Achat.
La longue file des coureurs à l'assaut du Brévent.
Le lever du soleil sur le Mont-Blanc.
Sommet du Brévent, les visages sont marqués par ces 1400 m de D+ de début de course. Ascension réalisée en 3 heures.
Un peu plus que prévu à cause des ralentissements.
400 m de D- en direction de Planpraz.
Piton Textor dans la descente vers Planpraz qui bien que roulante demande un minimum de concentration.
Ravitaillement à Planpraz où je ne m'éterniserai pas, 5 minutes maximum, et direction la Flégère sur un sentier en balcon qui est emprunté dans l'autre sens par le marathon. Avec un petit passage d'escaliers.
La Flégère : première barrière horaire à 08H45 où nous arrivons tous les trois avec environ 30 minutes d'avance.
Direction la tête aux vents par un sentier en balcon mais avec 300 m de D+
Un bouquetin pour touristes. Le massif des aiguilles rouges en est plein. Il y aura pourtant des coureurs qui ne les verront pas. C'est dommage de ne pas lever la tête pendant la course.
La tête aux vents avec Philippe. Passage mythique de l'UTMB (dans le sens de la montée) que je n'ai pu emprunté en 2011 suite à une modification du parcours à cause de la météo. Je l'ai fait 2 fois en entraînement et j'en connais la technicité et la pente.
Dans la descente je prends un peu de distance avec Philippe qui ménage son genou. Piton est un peu plus loin derrière.
Je me lâche dans la descente et je rattrape Sabine. Dans le bas de la descente au col des Montets on retrouve notre fan club : Sonia, Ginou et Laurent.
Je demande des nouvelles de Momo : elle est passée juste à la barrière horaire de La Flégère.
Direction Le Buet, à 2 kilomètre du col, pour le deuxième ravitaillement complet.
Nous y arrivons ensemble avec Sabine suivi de peu par Philippe avec 45 minutes d'avance sur la barrière horaire.
Pas plus de 10 minutes avant d'attaquer les 700 m de montée vers Loriaz.
Il fait de plus en plus chaud. Sabine part en même temps que nous mais s'arrête au niveau de Laurent.
Avec Sabine
Ali dans la descente vers le col des Montets.
Philippe
Piton
Momo
Encore un beau chantier en perspective.
J'attaque une partie que je connais pas et le début, le long d'un torrent et dans la forêt est magnifique.
Philippe me distance dès que la pente commence à s'accentuer. Je me trempe à chaque fois que je le peux dans le torrent, comme à mon habitude, vu la chaleur.
J'ai un peu de difficulté dans cette montée de 700 m de D+ vers Loriaz et me fait doubler par de nombreux coureurs. Je ne me suis pas trop économisé dans les 2 descentes du début de course et je suis peut-être en train de le payer. Il nous reste quand même un peu moins de 60 km.
Fontaine à Loriaz
A la sortie de la forêt on se retrouve dans une partie vraiment sauvage. Une dernière montée et j'aperçois le ravitaillement en eau sous forme d'une fontaine qui est la bienvenue. On est beaucoup à se désaltérer et à nous asperger. Le coin est sympathique avec un refuge avec une terrasse pleine de randonneurs : je m'arrêterai bien pour une bonne bière mais je n'ai pas assez de temps. Je vois un coureur allongé en train de se faire une petite sieste : le premier d'une longue série.
La descente est assez roulante et j'en profite pour rattraper le temps perdu dans la montée.
Dans le bas de la descente je ne manque pas de jardiner entraînant derrière moi 4 à 5 coureurs. Mais je m'en aperçois rapidement me retrouvant dans un champ avec une clôture électrique. Demi-tour. J'apprendrai par la suite que je ne fus pas le seul à faire la même erreur, le balisage étant positionné de façon ambigûe à cet endroit.
Ce fut bien la seule fois car il n'y a rien à redire sur le balisage.
Arrivé au Molard km 37, accueilli par Sonia, Ginou et Momo qui est arrivée hors-délai au Buet, avec uniquement 18 minutes d'avance sur la barrière horaire. Mon avance des 35 minutes du Buet est divisée par 2.
Le Molard joli petit village de montagne avec de beaux jardins et de belles fontaines.
Arrivée au Molard pour Philippe un peu marqué par l'effort.
Mon arrivée au Molard
J'arrive au juge de paix : la montée vers le barrage d'Emosson. Ludo et un bénévole à l'inscrition nous ont prévenus c'est dans la montée d'Emosson qu'il y a eu le plus de dégats l'année dernière sous les mêmes conditions de chaleur.
Ludo nous a même dit de garder de la réserve pour cette partie. Avec 18 minutes d'avance c'est pas gagné.
Au programme 730 m de D+ suivi de 800 m de D- à parcourir en 3 heures pour une distance de 8 km.
A priori sur le papier c'est faisable.
Le début n'est pas trop raide et je tombe sur un panneau Emosson 2H30. Pour une montée et une descente à faire en 3H00 ce panneau n'est pas franchement encourageant même si le temps annoncé est pour les randonneurs.
Le pente devient de plus en plus raide et j'aperçois le barrage tout la haut sur ma droite : un sacré chantier en perspective avec la chaleur qui s'accentue.
Je croise beaucoup de coureurs à la dérive et un certain nombre qui s'arrêtent en bord de sentier et même qui s'allongent.
Je décide de m'octroyer quelque sminutes d'arrêt pour me ravitailler. Au Molard il n'y avait que de l'eau et donc rien de solide.
Après cette petite pause bien salutaire je décide de ne pas m'arrêter jusqu'au sommet selon ma technique habituelle.
Je dépasse d'autres coureurs, un bon point, dont un atteint de nombreux vomissements. Dur ! Dur !
Devant moi une partie d'escalade au milieu de blocs de rochers.
Une coureuse indique qu'elle doit s'arrêter sous peine de d'évanouissement.
Avec un coureur on lui conseille fortement de s'arrêter sous peine de faire une belle chute.
J'aperçois enfin le col du Passet mais les derniers mètres sont très raides au milieu de cailloux dans un terrain plutôt instable.
Arrivé au col, je me dis que le plus dur est fait. On voit le lac d'Emosson et le barrage qu'il faut traverser.
Des supporters sont en bas du col au bord du lac pour encourager les coureurs et les prévenir d'une partie glissante.
Je les gratifie d'un saut des plus élégants au vu de ma souplesse.
Je me mets en mode course sur cette partie plate jusqu'au bout du barrage où nous avons la joie de voir un magnifique escalier à gravir suivi d'une belle dernière petite côté.
Une partie que je négocie pas trop mal pour arriver enfin au ravitaillement du barrage.
J'ai mis 2 heures pour faire ces 5 km et 730 m de D+ : franchement pas terrible.
Je retrouve Philippe qui a apprécié autant que moi cette grimpette.
On se ravitaille bien et on en profite pour s'asseoir quelques minutes sur une chaise.
Il est 14H40 et nous en sommes à 10H40 de course.
La montée vers le barrage d'Emosson : bien raide.
Le lac d'Emosson
L'escalier au bout du barrage.
Pause bien méritée au ravitaillement d'Emosson.
Le passage délicat avec câbles.
Après un bon ravitaillement et une bonne pause on se lance dans la descente vers Le Chatelard qui commence par une montée et un contrôle des sacs et du matériel obligatoire : téléphone, couverture de survie et sifflet.
On attaque le début de la descente avec un coureur coiffé d'un bob Cochonou.
Il ne restera pas longtemps avec nous, le temps d'aiguiller une concurrente sur la bonne trace.
Il nous reste un peu plus d'une heure avant la prochaine barrière horaire pour 800 m de D- pas de quoi s'éterniser surtout que le début de la descente est très technique avec de la pente et des passages instables avec des cailloux.On se retrouve même devant un passage de rochers avec des chaînes pour s'aider. Comme dans les descentes précédentes je mène le train quelques mètres devant Philippe.
Qaund tout à coup j'entends derrière moi un coureur qui me dépasse à fond : à ma grande surprise c'est Philippe qui passe en m'indiquant qu'il fallait rattraper le temps perdu au passage de chaînes sous peine d' élimination.
Jusqu'au Chatelard nous menons bon train et bien nous en a pris car nous arrivons avec uniquement 7 minutes d'avance sur la barrière horaire avec la présence d'une bénévole pas très commode qui n'a dû faire aucun cadeau aux coureurs arrivés trop tard.
Il y a plusieurs fontaines à cet endroit et on en profite pour bien nous désaltérer et nous rafraîchir voir pour se tremper complétement pour Philippe.
Sonia, Ginou, Momo et Piton qui a été arrêté au Molard sont présents.
Prochaine étape Le Tour dans 15 km, à faire en 04h30 avec presque 1200 m de D+ et 900 m de D- en passant par Catogne et le col de Balme haut lieu de l'UTMB qui en 2011 avait été escamoté suite à des éboulements.
Un coureur me double en me demandant si je suis Maître Yoda eut égard à ma mascotte qui m'accompagne sur tous mes trails.
Je lui réponds que oui et il me répond "Génial". Sympa.
Comme pour les deux précédentes montées je n'arrive pas à suivre le rythme de Philippe malgrè une pente pas trop raide.
Nous arrivons aux Jeurs pour un ravitaillement liquide. Je m'arrête très peu contrairement à Philippe. Je sais que de toute façon il me rattrapera un peu plus haut. Je m'accroche à un groupe qui mène un bon train. Et comme prévu Philippe me rattrape.
Le coin, que je ne connais pas, est magnifique. Nous arrivons à un pointage au bord d'un névé avec un "bienvenue à Catogne".
Je suis en admiration du paysage et aussi du col en haut à droite au dessus de nos têtes : notre prochaine destination.
Il est 18H00. Nous avons gravi 900 m de D+ en 2 heures. Il nous reste un peu moins de 300 m de D+ pour atteindre la tête de l'Arolette. Philippe est loin devant et je monte à mon petit rythme : il faut vraiment que je m'entraine mieux pour pouvoir être plus efficace en montées.
Deux longues traversées pour arriver enfin au col et là surprise sur ma droite une belle crête à gravir : la Tête de l'Arolette.
Je trouvais bizarre sur le relief de la course la présence d'une petite pointe. Je comprends mieux maintenant. En fait elle est plus impressionante que difficile. Au sommet point de vue grandiose. J'en profite pour m'asseoir à côté d'une autre coureur pour contempler le paysage avec en point de mire le barrage d'Emosson. Je suis trop bien et j'y reste bien 5 minutes et j'en profite pour me sustenter. La course n'est pas finie il faut repartir. Une crête à longer et direction le col des Posettes pour une partie que je connais.
Un coureur au repos dans la montée vers Catogne.
La vue de Catogne avec le col de Balme en haut en face
L'arrivée au col de Balme
La crête de l'Arollete avec les coureurs qui la gravissent.
La croix de l'Arolette
La montée vers l'Arolette
Le barrage d'Emosson en face et le bassin d'eau des Jeurs en bas.
La descente vers le col des Posettes est très roulante et j'en profite comme d'habitude pour rattraper le temps perdu en montée.
Arrivé au col un pointage. Un premier bénévole m'encourage : "Génial belle course", quelques mètres plus loin une autre bénévole : "il faudrait vous dépêcher il vous reste 5 km". Il faudrait savoir.
J'opte pour la remarque de la 2ème bénévole. On ne passe pas par l'Aiguille des Posettes : parcours du marathon mais par un sentier en balcon.
Balcon oui mais balcon montant.
Environ 2 km plus loin on croise le sentier qui descend de l'Aiguille et qui continue vers Le Tour. J'ai un bon souvenir de cette partie et je peux recourir. Je rattrape Philippe qui ménage son genou. Nous soutenons tout de même un bon rythme.
Arrivés en bas de la descente on retrouve notre fan club : Ginou, Sonia, Momo et Piton.
Il est 20:03 km 60, nous avons repris du temps sur la barrière. Pause de 5 minutes le temps de recharger les batteries et direction les Bois sur une partie moins difficile. Un bénévole nous dit qu'il nous reste environ 15 minutes avant la barrière.
Nous avons un petit moment de doute, le pointage ne serait-il pas un peu plus loin ? Ce serait surprenant et bien la première fois qu'un pointage serait situé après le ravitaillement. Un coureur nous rassure rapidement.
Notre fan club : Sonia, Ginou, Piton et Momo.
Le tour.
La portion entre la Tour et les Bois et très roulante avec peu de dénivellé positif. Je reconnais le chemin que j'ai emprunté à plusieurs reprises à VTT. Mon GPS donne des signes de fatigue et comme mon smartphone n' a presque plus de batterie je ne vais pas tarder à me retrouver sans aucune indication d'heure : ce qui serait très pénalisant.
Je passe donc un coup de fil à Sonia qui est route pour Chamonix pour qu'elle fasse demi-tour et pour me fournir une montre.
Rendez-vous est pris au Lavancher lieu d'hébergement de Momo. Avec Philippe on se dit qu'on y prendrait bien une bonne bière.
Au Lavancher on récupère la montre et nos accompagnateurs nous apprennent qu'Ali est à une dizaine de minutes devant nous.
Il y a des magnifiques hôtels de luxe à cet endroit et on se dit que si on s'y pointait dans cette tenue et avec cette odeur on n'y serait pas forcément bien reçu.
Traversée d'un bois avant Le Lavancher.
La nuit commence à tomber et on arrive aux bois à 22H10 pour une barrière à 22h45.
On a droit à un nouveau contrôle du matériel obligatoire.
35 minutes d'avance sur la barrière horaire, c'est Bizance, alors qu'il ne reste que 15 km de course à parcourir mais avec une belle grimpette de 900 m jusqu'au Montenvers et ensuite de 300 m jusqu'au plan de l'Aiguille.
Pendant le ravitaillement nous assistons à la remotivation d'un coureur par sa mère, à priori, avec toute la pshycologie qui va bien avec. Je ne sais pas s'il est reparti mais ce qui est certain c'est que cela n'en donnait pas envie.
On part donc pour notre dernière montée avec Philippe. Je mène le rythme, j'ai retrouvé la forme et nous doublons pas mal de coureurs. Notre allure est très régulière sur le chemin qui devient plus technqiue avec de gros blocs de pierre à passer.
Un peu avant le Montenvers j'entends un "Patrick". Je me retrourne et vois Ali arrêté avec un autre coureur.
Je lui demande de ses nouvelles. Visiblement il manque un peu de lucidité et ne sait pas combien il lui reste de D+ à effectuer.
Je le renseigne et lui demande s'il ne veut pas venir avec nous.
Je continue le chemin avec Philippe jusqu'au Montenvert.
A l'arrivée au ravitaillement, à 00h09, je vois arriver Ali juste derrière Philippe.
Nous avons environ 1H10 d'avance maintenant sur la Barrière Horaire : montée au Montenvers bien négociée.
Maintenant sauf accident c'est dans la poche il ne reste que 10 km.
On part, tous les trois, après quelques minutes de pause et de ravitaillement.
Je mène devant Ali et Phlippe. On arrive à un passage un peu délicat avec main courante. Je laisse passer Ali.
Il y a un certain nombre de passages de ce type avant que le chemin ne s'éloigne du vide.
La vue sur Chamonix de nuit avec toutes ces lumières est grandiose.
Il est 2 heures du matin, je suis à 2000 m d'altitude en course et me dis que pendnat ce temps il y a en a qui sont en boîte de nuit à Chamonix. Je n'échangerai pas ma place.
Petit à petit je distance Philippe sur ce chemin en balcon montant.
Croisement avec 2 bénévoles qui indiquent le plan de l'Aiguille dans 2 km.
Ces 2 km sont vraiment très, très longs.
A 2:00 du matin arrivée au plan de l'Aiguille où je retrouve Ali.
Nous avons 45 minutes d'avance sur la barrière horaire.
Il nous reste 2 heures pour descendre 1143 m de D-.
Les bénévoles sont supers tout comme au Montenvers et d'ailleurs à tous les ravitaillements et le long du parcours.
On reste à peine 5 minutes le temps de boire un coup.
Ali me demande si on n'attend pas Philippe ?
Je lui dit que non au vu de la barrière finale à Chamonix et étant donné qu'avec son problème de genou la descente risque d'être longue pour lui.
Ali part devant dans la descente. Je croise un coureur qui me demande si je connais cette partie et je lui réponds que pour l'avoir faite une fois de jour que ce n'était pas du tout technique et qu'on pouvait lacher les chevaux.
Soit j'avais pris un chemin différent, soit je me souvenais mal et que juste la descente de jour sans avoir fait 80 km auparavant la rendait très facile. En tout cas je suis très loin de ce que j'imaginais.
Un peu à l'image de cet ultra trail avec peu de parties faciles.
Ludo "The Voice" nous avait bien prévenu : ne pas sous-estimer la dernière descente du Plan de l'Aiguille ce n'est pas encore Chamonix : bien vu.
En résumé une descente bien longue et difficile que j'ai effectué en grande partie accroché à un groupe en me retournant assez régulièrement espérant voir Philippe.
Après 1H30 environ on atteind le but, il est 3h30 je suis au pied du départ du téléphérique de l'aiguille je vais être finisher.
J'avance doucement dans Chamonix en me disant que je vais attendre Philippe jusqu'à environ 03H55 pour franchir la ligne d'arrivée avec lui.
A ma grande surprise et grande joie je vois ma fille qui m'attends à 500 m de la ligne d'arrivée. Je pensais qu'elle n'aurait pas la force de m'attendre alors qu'elle était à Chamonix depuis 21H30 en provenance de Grenoble. Et pour tout dire ce n'est pas une grande fan de ce genre de sport. C'est la première fois qu'un de mes enfants m'attends à l'arrivée d'une course depuis de très nombreuses années.
Ma femme, Sonia, est aussi là. Bon elle c'est une grande habituée qui commence à saturer grave.
Je lui demande d'appeler Philippe pour voir s'il n'est pas trop loin de l'arrivée.
Son genou le faisant souffrir il n'est vraiment pas certain d'être là à 04H00.
Je franchis donc la ligne d'arrivée à 03H45 du matin où je retrouve Momo et Ali arrivé 15 minutes avant moi.
Photo de famille
Je reçois mes cadeaux de finisher : une médaille et une casquette ajourée avec marqué finisher.
En attendant Philippe je vais me ravitailler. Un super ravitaillement avec soupe, salade, flan , yaourt, bière (franchement pas bonne car trop amère).
Quelques minutes avant 04H00 je vois un bénévole plier le tapis de pointage.
Je le questionne et il m'indique que tous les coureurs ayant franchi le Plan de l'AIguille dans les temps sont attendus et seront classés : une très bonne nouvelle.
Philippe arrive à 04H13 la genou en vrac mais finisher : super.
Les 3 finisher du groupe
Place aux photos sous l'arche d'arrivée, et ensuite une bonne douche, une bonne bière et au lit.
Au réveil on compte les blessures : genou pour Philippe, rien à signaler pour Ali et pour moi une grosse ampoule sous la plante des pieds gauche : pour marcher on fait nettement mieux. Heureusement j'ai mon infirmière spécialiste du traitement de ce genre de bobos : Sonia.
Samedi en début d'après-midi je retrouve Sabine et Laurent pour une bonne bière. Ils sont accompagnés dun couple qui a fait le 80 km. Je leur demande si la course c'était bien passée. Lui a terminé en 16H00 et elle en 20H00. Je lui dit qu'elle a terminé dans les temps de la seule V3 qui est arrivée. En fait c'est elle et son mari est premier V3 : sacré couple. Il faut dire qu'ils ont un palmarés impressionnant : PTL ,Tor des Géants, UTMB etc...
Il me reste à planifier dans les années à venir le Trail des Aiguilles rouges afin de boucler les trails de Chamonix.
En conclusion :
Points négatifs :
Points positifs :
Statistiques sur les abandons :
4 commentaires
Commentaire de Renard Luxo posté le 11-07-2017 à 21:20:02
Bravo pour ta course ! Ce qui frappe dans ton récit, c'est qu'en dépit de BH parfois (très) proches tu sembles conserver une sorte de "zénitude", comme si finalement chaque nouvelle section était un cadeau. Merci pour les superbes photos, qui rendent très fidèlement toute l'exigence et la beauté de ce 80 MB.
Commentaire de aragorn23 posté le 14-07-2017 à 21:47:10
Depuis que je me suis mis à l'ULTRA il ne se passe pratiquement pas une course sans que je ne frôle les Barrières Horaires. J'en suis devenu un spécialiste d'où ma "zénitude". Par-contre je m'en passerai bien. Je pourrai gagner du temps en ne faisant plus de photos et en ne plus admirer le paysage mais je ne conçois pas le rail de cette façon.
Commentaire de Yo CAM posté le 12-07-2017 à 10:22:56
Bravo pour la course et merci pour le CR.
le coureur allongé en train de dormir à la fontaine de la Loriaz .. c'était moi. J'essayais de faire partir cette sensation de vraiment pas bien qui me plombait depuis le départ du Buet, et qui m'a quitté en haut de Emosson, en rendant mon dossard / BH. Surement un coup de chaud que je n'ai pas vu vernir et par réussi à faire partir. le bain en entier dans la fontaine comme toi aurait peut être été une meilleur solution.
Commentaire de aragorn23 posté le 14-07-2017 à 21:48:52
Quel coïncidence. Désolé pour toi. Mais c'est vrai qu'il y a eu beaucoup de dégâts et la chaleur n'a rien arrangée.
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