L'auteur : Gromonal
La course : Trail du Lac d'Annecy - Technica Maxi Race
Date : 28/5/2016
Lieu : Annecy (Haute-Savoie)
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Distance : 86km
Matos : Brooks Cascadia (RAS, fidèles à leur réputation)
Leki télescopiques (merci à celui qui les a "retrouvés" à l'arrivée de se faire connaître)
Sac Oxytis (super produit !)
Objectif : Terminer
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Témoignage d'un coureur du dimanche qui se frotte un coup de temps en temps à un objectif ambitieux. Pourra peut-être s'avérer utile pour ceux qui se retrouvent dans ce descriptif...
Ma préparation
Courrant habituellement env. 2 heures par semaine sur du plat / valonné (collines de Bourgoin Jallieu), j'ai commencé à me préparer et à hausser le rythme en décembre.
Première question qu'on ne se pose pas longtemps : il faut des bâtons, sans hésiter. Le coup vient très vite et on ne s'en passe plus. Mon choix s'est porté sur des Leki pour leur gantelet si pratique et je ne l'ai pas regretté.
Question "volume d'entrainement", je suis passé à env. 3h/sem. sur dec., janv., puis 4h sur février mars et 5h minimum sur avril, avant de baisser sur mai. J'ai un peu varié les durées (jamais plus que 3h30 ou 4h00) et les profils, j'ai essayé de mettre un maximum de dénivellé compte tenu de mon environnement (style A/R sur une petite côte mais rarement plus de 800m D+ sur une sortie), j'ai fait un peu de fractionné et j'ai même fait un peu de gainage et pas mal de pompes (4 fois 25 à la fin ! un record pour moi) parce que je partais de loin en puissance bras et épaules .
Que du classique mais vraiment pas très structuré : toujours selon le temps dispo et l'envie du moment. Pas d'objectifs intermédiaire ni de compétition de préparaiton. Juste deux grosses semaines à plus de 8 heures pour m'assurer que ça passait bien.
Je me suis quand même fait conseillé par un coach (Mickael Passero, que je recommande en toute confiance) lors d'un "stage de 3 jours" en Chartreuse. Je ne regrette pas, ses conseils sur la descente m'ont été super utiles et j'ai passé un très bon moment (l'échange avec les participants est très sympa avant un tel défi, même pour un coureur individualiste comme moi).
Première fois aussi : je me suis fait faire des semelles sur mesure car mes Brooks Cascadia me chauffent un peu la voute plantaire au delà de 2h30. A l'arrivée, c'est 70€de plus, pas mal de poids en plus mais un confort appréciable même si je ressens une petite pression sur l'extérieur du pieds sur les sorties longues ; un moindre mal par rapport à l'échauffement de la voute pensais-je...
Pas de régime alimentaire à proprement parler et je m'abstiendrai de tout conseil là dessus !
Pas de reconnaissance, hormis une petite promenade familiale sur la fin du parcours pour appréhender le mon Barron et la dernière descente assez technique (que je risque de faire de nuit et que je suis certain de faire complétement épuisé).
Ma course
Je pars avec un objectif annoncé de 15 ou 16h00 et un rêve secret à 13 ou 14h00 (je ne sais pas à quoi je m'attaque).
Première partie de rêve : on est nombreux (je suis parti dans la gros de la troupe), ça marche dès le début des côtes mais ça marche à un bon rythme, le départ à la frontal a des airs de Sainté, on est un peu frustrés de ne pas profiter des paysages mais le lever du jour est toujours magique. Je m'applique bien dans les descentes : bien en avant, petites foulées dynamique sur la plate du pied, regard au loin, etc... Quelques "quasi-chuttes" mais j'ai fière allure et je tiens un bon rythme. A l'arrivée au Semnoz au bout de 3h00 environ, tout va bien et je suis aux anges : je suis dans mes meilleurs repère horaires !
Ensuite, une petite descente sympa puis le col de Cochette qui commence déjà à tirer. Je me ménage dans la montée (c'était prévu) et j'attaque la descente toujours appliqué ... Mais les cuisses commencent déjà à râler et très vite à pleurer ! Je suis obligé de ralentir et de modifier la posture (pas bien !).
S'ensuit une période hyper difficile : à chaque fois que je tente de relancer, ça veut plus. Et une panne dans le petit bout de plat avant le ravito de Doussard m'achève : si je continue à ralentir comme ça je ne vais pas passer les barrière horaires ! Regonflé par le ravito, les encouragements des proches, un T shirt et des chaussettes propres (tient, j'ai un peu mal sur l'extérieur du pied droit...), je repars avec la peur au ventre.
La suite n'est pas simple à gérer mais magnifique : j'ai le sentiment de mieux gérer mon allure, j'assume de m'économiser dans les descentes mais ma douleur au pied (un ampoule, c'est sûr) est de plus en plus présente. Avantage : j'en oulie les autres douleurs et je me concentre sur le souffle. ... Et il en faut pour la Forclaz et Lancrenaz ! Le passage que je trouve le plus magique, moi qui ne suis pas de la montagne. Je souffre, la descente après Lancrenaz est interminnable et désagréable (glissante) mais j'avance et je commence à me dire que les barrières ne seront pas un problème.
Arrivée au ravito de Menthon St Bernard, je prends carrément 30 minutes de pause : mon temps sera pourri mais je terminerai et sans frontale ! Ca sent déjà bon. Changement de chaussures (merci ma chérie !) et je comprends pourquoi je souffre : mon ampoule est énorme et la chair est à vif sur plus de 10 cm. Je n'ose pas solliciter les podologues de peur qu'ils ne m'interdisent de repartir (une erreur sans aucun doute !) et je repars. ... Et là, le plaisir revient ! C'est toujours aussi dur, j'en discute avec des plus costauds que moi qui souffrent aussi, mais je SAIS que je vais aller au bout ! L'émotion monte déjà et la douleur se calme un peu...
La dernière partie ne fait pas de cadeau mais on commence a être habitués. Et je découvre le charme de la course dans la dernirèe partie du peloton : on se fait des politesses aux points d'eau, on se parle plus, on souffre ensemble quoi ! Je double même un peu sur le plat et dans les faux-plats (ça faisait longtemps que ça ne m'arrivait plus !) et puis un bénévole nous annonce : "plus que 300 m" (de D+) ! Super ! Une tour eiffel et je suis au bout ! Une paille .
Petite photo depuis le Mont Barron puis descente. ... Et là, je déchante : plus moyen de courir, je m'écarte dès que j'entends quelqu'un pour le laisser passer, je mets deux fois plus de temps que prévu pour descendre, mais ça sent la fin. Je connais le passage et je m'économise pour avoir belle allure à l'arrivée. Et ce n'est pas difficile : même à plus de 20h30 c'est la foule sur le dernier km, ça encourage, ça applaudit et c'est impossible de ne pas courir. Je ne sais pas où je trouve le jus mais je le trouve et je prends un pied phénoménal !
A l'arrivée : 17h30 ! 1h30 de plus que mon scénario du pire. ... Mais je suis 636 sur env. 1000 arrivés et 1500 inscrits ! ... Et je suis allé au bout !
... Plus qu'au bout d'ailleurs puisque j'ai fait quelques malaises pendant la nuit suivante : baisse de tension inoffensive mais de quoi effrayer un peu les proches...
Conclusions
Le foncier était là malgré un entrainement pas très structuré et assez léger.
... Par contre, je n'étais pas du tout prêt pour un tel dénivelé ! 5.000m ça se prépare ... et ça se prépare à la montagne ! Si vous êtes un homme de la plaine, ne négligez pas cet aspect. Trouvez-vous de vraies côtes, longues et techniques et bossez-les.
Ne négligez pas non plus le moindre petit signal, la moindre petite douleur à l'entrainement : une semelle qui fait un tout petit peu trop pression a bien failli me ruiner l'épreuve de l'année.
6 mois plus tard restent le souvenir d'une MAGNIFIQUE course, extrémement bien organisée par des bénévoles tous adorables, et le plaisir d'avoir emprunté le terrain de jeu des vrais costauds. Mais il reste aussi la certitude que je vas idevoir changer mon mode d'entrainement pour tenter à nouveau un maxi trail. Du coup, le prochain objectif sera sur du plat...
Bravo à ceux qui seront allés au bout de ce que je croyais être un petit post : c'est déjà une belle preuve d'endurance !
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