L'auteur : Tosq59
La course : Marathon de Colmar
Date : 18/9/2016
Lieu : Colmar (Haut-Rhin)
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Distance : 42.195km
Objectif : Terminer
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Samedi 17 septembre :
Départ à 8h du Nord avec la petite famille en direction de l’Alsace où on arrive vers 14h à l’appartement loué pour l’occasion à Whir-au-Val à 10 minutes de Colmar.
Petit appartement confortable, idéal pour une nuit avec une petite vue forte agréable sur une partie du parc naturel des Vosges …
Se sera mon 2ème marathon après ma première expérience l’année dernière à Vannes.
Une fois nos quartiers pris, en route pour Colmar histoire de repérer la route.
Arrivée au village marathon sur la place Rapp, je commence à me laisser envahir par des émotions un peu plus positives. En effet, depuis la veille, je ne sais pas pourquoi mais un stress inhabituel vient me chatouiller.
Je n’arrive pas moi-même à me l’expliquer. Plus de crainte de l’inconnu grâce à mon expérience de l’année dernière, mais justement je sais à quoi m’attendre maintenant, et c’est peut être ça qui me parasite.
Du coup je m’imprègne au maximum. L’ambiance est chaleureuse, le temps est doux et sec.
Le dossard est retiré : N° 457 avec le sac cadeau et le tee-shirt. Petite séance de photos souvenirs pour immortaliser l’événement.
Je visite les quelques stands, les représentants d’autres marathons ne sont pas présents cette année par rapport à l’année dernière.
J’ai la chance de rencontrer le parrain de ce marathon Guy Rossi et de pouvoir échanger quelques mots avec lui. Extrêmement sympathique.
Une dernière petite reconnaissance du parcours par principe …
Une fois le tour du village effectué, direction Colmar centre avec la petite famille histoire de profiter un peu de cette belle ville.
Très charmant quartier appelé aussi la petite Venise …
Puis pour terminer la journée, direction les petits villages aux alentours et petit arrêt à Riquewihr …
De retour au gîte pour 19h histoire de prendre du temps pour bien reposer les jambes et préparer le matériel pour demain. La pression est redescendue avec ces petites balades en famille.
Certains spécialistes conseillent souvent d’éviter de trop marcher la veille d’une grosse course, histoire de ne pas fatiguer inutilement les muscles des jambes. Certes, je ne vise pas vraiment une perf’, mais j’ai quand même opté pour des chaussettes de contention pour la journée afin de favoriser le retour veineux.
Et puis je pense qu’ils oublient aussi un peu l’aspect bénéfice psychologique que cela peut avoir !
Un petit repas à base de … pâtes (ben oui forcement, vive les sucres lents…), un peu de lecture et direction le dodo à 22h30 pour un réveil prévu à 6h30.
Dimanche 18 septembre :
Ça y est ! On y est enfin, jour de course !
Comme l’année dernière, je m’attendais à une nuit un peu plus difficile que ça mais ça a été malgré tout.
Malheureusement au réveil, premier constat … il pleut ! Et bien même !
J’espère que ce n’est que passager mais au regard de la météo du jour, c’est mal engagé.
Petit déjeuner classique et identique à mes habitudes, on ne change rien.
Ah si quand même un petit complément cette année … un petit pansement intestinal à la fin du petit déjeuner parce que je n’ai vraiment pas envie de subir les mêmes désagréments que l’année dernière.
8h : en route direction Colmar. On se gare facilement, quelques minutes à pied pour rejoindre le village départ. On entend déjà le speaker qui commence à mettre l’ambiance et à faire monter doucement la pression, mais la bonne cette fois !!!
Je me sens détendu et à la fois impatient de ma lancer dans cette nouvelle aventure. Je sais aussi que je suis bien mieux préparé que l’année dernière et aussi un peu plus fort de ma première expérience.
Dans une ambiance extraordinaire malgré la pluie qui ne s’arrête pas de tomber sur la ligne de départ, les 2000 concurrents du semi-marathon s’élancent à 9h.
Un petit quart d’heure et se sera mon tour !
Tout le monde se met en place, je repère le meneur d’allure des 4h que je voudrais suivre une bonne partie du parcours …
L’ambiance devient de plus en plus énorme, le décompte est lancé et me voilà parti au milieu de 800 coureurs !!!
Il y a beaucoup de spectateurs présents au départ malgré le mauvais temps. On serpente tranquillement dans les rues de la ville sur les premières portions.
L’atmosphère est vraiment conviviale dans le peloton, pas de bousculades, chacun trouve son rythme et se place doucement.
Sur le passage d’un pont, une toute petite bosse me permet de me retrouver un peu plus haut que la foule et de me rendre compte de cette marée humaine qui s’étend devant moi. On dirait réellement une sorte de mille-pattes géant qui ondule telle une vague. Je me dis que dans quelques temps, tout ce beau monde sera étiré sur plusieurs kilomètres de long et moi au milieu de tous.
Les 5 premiers kilomètres se passent plutôt tranquillement et je vois déjà arriver le premier ravitaillement.
Je n’ai pas eu beaucoup de mal à trouver ma foulées dans la mesure où je me suis calé bien comme il le fallait dans le groupe des 4h derrière le meneur d’allure. Il y a pas mal de monde qui vise cette tranche horaire. La pluie est toujours présente, je commence doucement à me réchauffer.
Cette année, lors de mes entrainements, je me suis imposé de boire tous les 5km histoire d’en prendre l’habitude. Mais cette année, par rapport à l’année dernière, plus question de me gaver de gels énergétiques de façon systématique à chaque ravitaillement. J’attrape mon verre d’eau sucrée au passage, quelques fruits secs pour l’instant me conviennent très bien.
Le parcours de ce marathon est assez original car, tradition alsacienne oblige, les organisateurs ont essayé de lui donner l’impression de former un bretzel.
Après un passage dans les champs, on arrive vers le premier des 8 villages qui seront traversés tout au long du parcours :
Wettolsheim qui possède la drôle de particularité de posséder une réplique exacte de la grotte de Lourdes devant laquelle nous passons.
Puis nous enchainons très vite vers Eguisheim qui a été élu village préféré des français en 2013. Et quand on le traverse, on comprend vite pourquoi …
Malheureusement, quelques rayons de soleil auraient certainement rendu la traversée bien plus agréable. Le parcours dans le village se fait à travers des petites rues pittoresques tout en pavés, extrêmement jolies mais aussi très glissantes. J’essaie d’être le plus prudent possible.
On ressent toujours cet engouement chaleureux chez les habitants de ces villages qui nous encouragent avec beaucoup de plaisir à chaque fois.
On sort du village, on traverse un peu les champs et on arrive le long de la Lauch, sur un petit sentier le long du cours d’eau qui en temps normal devrait être fort sympathique également mais la pluie battante rend le sol boueux et glissant.
Il y a du monde entre les marathoniens et les semis, chacun essaie de trouver sa place comme il peut.
Nous voilà ensuite de retour dans Colmar et on se rapproche doucement de la mi-course. J’ai l’impression, effectivement fondée un peu plus tard, que le rythme de course est un peu plus rapide que prévu. Je comptais essayer de faire une première partie de course plus lente et tenter d’accélérer sur la deuxième.
Mais en suivant le meneur d’allure, je n’ai pas vraiment eu trop le choix et je m’aperçois au passage du semi que c’est bien le cas : 1h50 ce qui est à peu près mon temps de référence sur semi … mais pas à la mi-course d’un marathon.
En fait, en discutant avec mes collègues qui m’accompagnent dans le groupe des 4h, ils m’expliquent que le meneur d’allure a volontairement effectué une première partie plus rapide en prévision de la seconde partie qui doit normalement s’avérer un peu pus lente dans la mesure où la difficulté majeure du parcours s’y trouvera, histoire d’équilibrer le chrono au final.
Retour à Colmar, c’est enfin la possibilité de croiser ma petite famille venue m’encourager et me soutenir comme toujours. Quelle bouffée d’oxygène, histoire de repartir pour la deuxième boucle plein d’énergie.
Et je suis donc en route pour la deuxième partie de course en prenant la direction du prochain petit village au pied des vignes et juste avant la grosse difficulté de ce marathon.
Nous voilà donc arrivés au km 25 et cette fameuse montée à travers les vignobles alsaciens dont j’ai beaucoup entendu parler, tant au niveau de la beauté du paysage que de sa difficulté assez singulière sur un parcours de marathon.
J’ai pris le temps de bien souffler, de bien récupérer avant et je me décide de faire la montée à mon rythme, sans trop me soucier de celui du meneur d’allure.
Effectivement, il faut avouer que l’ambiance est particulière au milieu de toutes ces vignes. Il y a du monde pour nous encourager, de la musique sur le parcours …
Tout est réuni pour essayer de faire passer ce passage délicat aussi bien que possible.
J’essaie de profiter de tout ça au maximum. J’en oublie un moment le mauvais temps et les cuisses qui chauffent pour m’imprégner émotionnellement le plus possible. Le passage au sommet nous donne la possibilité d’avoir un point de vue magnifique et que dire alors de la descente et de la traversée du village suivant.
Nous arrivons au village de Katzenthal …
… où nous sommes accueillis dans une super ambiance, malgré le mauvais temps toujours persistant, par les habitants du village dont la majorité sont grimés ou déguisés en chat. C’est magique.
On continue à descendre, et soit dit au passage cela fait plutôt du bien aux jambes, vers Ammerschwihr et la visite des magnifiques villages alsaciens se poursuit …
J’en arrive même par instant à oublier que je viens de passer les 30 km.
A ce moment de la course, je me sens plutôt pas mal.
Malgré la sensation effective que j’ai bien 30 bornes dans les pattes, j’ai encore un peu de jus et je suis toujours dans le groupe des 4h avec qui la jonction a été faite tranquillement dans les descentes et au ravitaillement du 30ème.
On enchaine assez rapidement la traversée des deux derniers villages :
Puis enfin
Et nous voilà au 35ème kilomètre.
J’attaque le dur de la course. Mes jambes commencent à se faire de plus en plus lourdes au fur et à mesure du parcours.
Je sais que c’est maintenant que le mental doit prendre le dessus. Le meneur d’allure s’aperçoit qu’il a du retard sur son timing donc il zappe un peu les ravitaillements et accélère la cadence histoire de tenir son temps.
Pour moi, les changements d’allures en cette fin de course risquent d’être délicats à gérer et si je veux terminer avec un peu de jus, je dois rester sur mon rythme et malheureusement le laisser partir, avec très peu de coureurs dans sa foulée d’ailleurs.
Je pense que c’est encore une expérience supplémentaire pour moi car je me dis que la prochaine fois, j’arriverais à gérer ma course seul.
Me voila donc arrivé dans les 5 derniers kilomètres de course.
Malgré l’impression de me trainer, tout au mieux d’avoir plutôt ralenti mon allure de course, j’arrive quand même à rejoindre d’autres coureurs ou coureuses encore plus à la peine que moi en me disant que c’est certainement ce que je vivais l’année dernière au même moment de la course.
J’en profite pour leur lancer un petit mot d’encouragement à mon tour comme je peux en recevoir en échange par ceux et celles qui ont encore la capacité d’accélérer dans ces derniers kilomètres. J’apprécie vraiment cet esprit d’entraide et de solidarité que l’on rencontre dans ces courses malgré le coté individuel de ce sport.
Je me fixe comme ça des points de mire, histoire de me lancer des petits challenges et de me concentrer sur autre chose que les dernières difficultés du parcours.
J’aperçois encore au loin le drapeau du meneur d’allure et je me dis que je ne finirais certainement pas encore cette année en dessous de 4h mais que je m’y rapprocherais un peu plus.
Je vois maintenant les rues de Colmar arriver en même temps que le panneau 40km.
Bizarrement, je commence à ressentir déjà une forme de délivrance. Je vais savourer les deux dernières bornes et les spectateurs qui sont de plus en plus présents sur le bord de la route et qui continuent à m’encourager me font aussi énormément de bien.
J’entends au loin le speaker sur la ligne d’arrivée. J’ai les premiers frissons qui me parcourent le dos.
Dernier kilomètre, dernières portions de route, j’entrevois la place Rapp et la ligne d’arrivée.
Plus de douleurs, plus de gènes, plus de souffrances dans les cuisses … j’abandonne tout ça sur les dernières portions de bitume pour ne laisser place qu’au bonheur, à la légèreté, à une certaine forme d’insouciance.
C’est toujours aussi étrange de se dire qu’on puisse réussir à ressentir ce genre de sensations alors qu’on vient de se taper 4h de course, là pour le coup essentiellement sous la flotte, avec des douleurs et des difficultés.
C’est assez difficile à expliquer et ça peut paraître quelque peu indescriptible pour celui qui n’a jamais vécu ça, mais on pourrait comparer ce sentiment de bien être à ce que l’on peut retrouver quand on vient de réaliser quelque chose qui nous tenait à cœur au point tel d’en éprouver une sensation de douce euphorie.
Il reste à peine une centaine de mètres à parcourir. Il y a énormément de monde de chaque coté de la route derrière les barrières de sécurité.
Je cherche du regard ma petite famille qui doit attendre mon arrivée avec impatience quand au détour du dernier virage, je vois arriver mon fils à mes cotés qui me lance « Bravo papa, je t’accompagne pour les derniers mètres ! »
Me voilà donc avec mon fils à mes cotés pour aller franchir la ligne d’arrivée et un peu plus loin sur la gauche, j’entends ma fille et ma femme qui me félicitent à leur tour en me mitraillant de photos !
Un petit coup d’œil rapide sur le chrono géant pour réaliser que je termine en 4h et 4 minutes !
Une fois passé la ligne, c’est un soulagement encore plus grand mais bien différent de l’année dernière.
Une bénévole me passe autour du coup ma médaille. Je marche un peu jusqu’au ravitaillement. Je suis trempé jusqu’aux os mais peu importe.
Je me sens beaucoup mieux. Déjà beaucoup moins submergé par les émotions qui ne sont plus nouvelles cette fois, je suis aussi dans un état physique bien plus satisfaisant cette fois ci et ça me permet de profiter de ma réussite et de partager mes premières émotions avec ma petite famille toujours aussi fière de moi.
On profite encore de l’ambiance sur cette place d’arrivée et je prolonge cette douce euphorie. Je ne suis plus assailli cette année par les doutes, et les quelques douleurs musculaires qui sont encore présentes ne remettent rien en question cette fois ci.
J’arrive à me dire que ce que je ressens à ce moment là, je ferais tout pour le revivre encore et encore. Je sais, je sens au fond de moi que c’est ce que j’ai envie de ressentir à nouveau et qu’il y en aura d’autres.
Une fois la récupération entamée, on retourne tranquillement à la voiture pour retourner prendre une bonne douche bien chaude et bien salutaire au gîte.
On reprendra la route pour la maison quelques heures plus tard
Je prends un peu de temps pour analyser et débriefer ma course. Je viens quand même de battre de 7 minutes mon premier temps établi l’année dernière, et sur un parcours quelque peu plus délicat cette année. Pourtant, je ne peux pas m’empêcher d’être tirailler entre cette nouvelle satisfaction et le sentiment mitigé qu’à moins de 4 minutes près, je descendais sous la barre des 4h dès mon deuxième essai.
Qu’à cela ne tienne ! Je prends plaisir à savourer les fruits portés de mon travail tout au long de l’année, de toutes ces sorties, quel que soit le temps, la pluie, la chaleur, le vent, le froid, le soleil, … Je sais que j’y arriverais la prochaine fois ...
… je viens de réussir mon 2ème marathon
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