Récit de la course : Le Grand Trail des Templiers 2016, par zen77140

L'auteur : zen77140

La course : Le Grand Trail des Templiers

Date : 23/10/2016

Lieu : Millau (Aveyron)

Affichage : 4507 vues

Distance : 74.6km

Matos : Hoka Challenger ATR2

Objectif : Faire un temps

1 commentaire

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Grand Trail des Templiers 2016, mon compte-rendu.

« On s'inscrit, on s'entraîne, on doute, on se rassure, on se projette, et puis arrive le jour J, celui de la vérité du moment... »
Aujourd’hui, j’ai kiffé !


En guise de préparation pour ce premier gros rendez-vous de ma fin d’année 2016, pas grand-chose en D+ depuis la 6000D fin Juillet. J’ai juste beaucoup de kilomètres au compteur, sur des terrains aussi variés que possible.

Je sais être en forme, pas blessé, et les très bons ressentis début Octobre sur l’Odyssea (10 kms) puis sur les 20 kms de Paris (merci Magalie, Manager du Team St-Yorre Running, pour les dossards) m’ont conforté dans cette idée…
De plus, j’ai pris début Septembre la première licence de ma vie dans un club d’athlétisme, le PNRT (Pays de Nemours Running Trail), avec des entrainements qui, je le sais, vont déjà porter leurs fruits !

Quinze jours avant la course, j’ai lancé auprès de mes amis Facebook un petit jeu les invitant à « deviner » mon chrono final, avec à gagner un resto (et un bouddha). De 10 heures pour le plus optimiste à un abandon au 50ème km pour le plus pessimiste, la palette des paris aura été large !
Et ce n’est que 48 heures avant le départ pour Millau que j’ai affiché mon « ambition », avec un tableau de mes temps de passage estimatifs, et une arrivée prévue en… 13h09 ! Ça c’est être précis !

Je suis tout de même très conscient que c’est loin d’être gagné : les Templiers, ça pique, un peu ! Beaucoup. Mais d’avoir passé avec succès le test de la 6000D en Juillet me rassure. Le profil à Millau va mieux me convenir. Oui d’accord, mais bon, j’appréhende quand même !
Un peu. Beaucoup.

J’avais décidé de prendre la route au moins 3 jours avant la course, histoire déjà de baigner dans l’ambiance des Templiers (14 courses au programme, avec de nombreux amis à rencontrer sur place) mais surtout d’avoir le temps de faire une petite reconnaissance au moins de la première difficulté de la journée du dimanche. Et c’est donc dès le jeudi en début d’après-midi que nous débarquâmes à Millau avec Laurianne, ma partenaire assistante sur la course.
En quelques (longues, très longues) minutes, la tente était en place.
Tente ? Camping ? Froid ! Patrick au camping, fin Octobre ?
Bah oui, mais bien équipé, avec le chauffage électrique qui va bien :-)

Après une nuit (comme d’habitude) très courte avant ce type de rendez-vous, j’étais (je crois) déjà debout à 04h45 quand mon réveil sonna. Tout étant déjà prêt depuis la veille, mise en jambes quelques minutes plus tard vers l’arche de départ située à un petit kilomètre de notre camping. Retrouvailles avec Magalie, Nathanaël et Bertrand (qui feront toute la course ensemble, un peu derrière moi), Laurent, et Nico (qui fera mon assistance avec Laurianne).

« 10, 9, 8, … », bon ça, c’est presque partout pareil…
Mais le départ des Templiers, c’est quelque chose d’à part, de magique, de quasi surnaturel.
Au-delà de l’ambiance topissime, les premiers mètres, avec le morceau « Ameno » du groupe ERA, et les fumigènes rouges tenus par des bénévoles, c’est un truc qui donnerait presque envie de pleurer, un sentiment jouissif qui redonne des frissons rien que d’y repenser des jours, voire des semaines, plus tard !

Alors oui bien sûr, je me suis de suite rendu compte d’un truc pas forcément cool au niveau du bide… Les pâtes de la veille ? Mais dans le même temps, les sensations étaient bonnes, et dans la première partie plane, et dans la première montée (que j’avais eu la réelle bonne idée d’aller reconnaître). Pris dans le gros du peloton des coureurs, je suis passé en 1179ème place au premier intermédiaire, et j’espérais bien pouvoir aller gratter quelques places sur la partie la plus simple, ou plutôt la moins compliquée de la journée, à savoir une grosse quinzaine de kilomètres plus ou moins plats finissant par une grosse descente vers Peyreleau, premier ravitaillement de la journée. C’était sans compter sans mes problèmes gastriques, qui m’auront fait « perdre » une bonne trentaine de minutes, planqué derrière les bosquets !

J’ai eu la grande chance de pouvoir bénéficier d’une assistance tout au long de la journée, c'est-à-dire d’avoir à chacune de mes arrivées sur un ravitaillement mes boissons et choix alimentaires déjà préparés, avec également la possibilité de changer de tee-shirt ! Ce fut un réel luxe, au sens propre du terme, gage d’une vraie sérénité durant ces moments qui peuvent d’habitude être un peu stressants. Je ne remercierai jamais assez Laurianne et Nicolas, qui ont vraiment été d’une aide et d’un support total pendant les très courts moments où je les croisés !

Mes petits « soucis » ont perduré jusqu’au second ravito, à Saint-André-de-Vézines, où je suis passé en… 1640ème place ! Vraiment dommage car comme déjà indiqué, je me suis pourtant senti très « en jambes » dès le départ. Ainsi va la vie d’une course, avec ses aléas pas toujours maitrisables le Jour J !
Malgré cela, je me suis retrouvé un peu en avance sur mon prévisionnel, d’ailleurs à ma grande surprise (prévu d’y être à 11h26, il était 11h01 lorsque j’y suis passé !).

Après ce second ravito, miracle, mal de bide disparu !
L’effet d’un bon choix de produits ? J’aime à penser que oui, même si certains feront sans doute des bonds : Pom’Potes, Pom’Potes, et Pom’Potes, barres Ovomaltine, et bien sûr quelques fraises Tagada, et en boissons, St-Yorre / Coca et St-Yorre / sirop de fraise (préparation à l’avance pour enlever le gaz) : une « équipe » qui fonctionnera ensuite toute la journée, du moins pour moi !

Les 32 kilomètres suivants furent géniaux, avec plus de 500 places gagnées (pointage en 1136ème place à Massebiau) ! Géniaux ? Non. Pas que. En fait, magiques, sublimes, incroyables, avec l’impression d’être sur un escalator dès que ça grimpait (aucune difficulté à suivre ceux devant moi), et de littéralement voler dans les descentes (en jouant malgré tout très souvent, trop souvent même, au cascadeur, pour pouvoir doubler) !
Une deuxième partie de course dont je me souviendrai longtemps, de celles qui donnent envie d’aller explorer d’autres horizons ! Je souhaite sincèrement à tous les traileurs et plus généralement à tous les sportifs, coureurs ou non, de ressentir ce que j’ai pu ressentir durant ces quelques heures.

L’arrivée à Massebiau, je l’attendais. Depuis un an. Depuis cet arrêt sur blessure sur l’édition 2015 des Templiers, en ayant pourtant passé la dernière barrière horaire. Un arrêt toujours pas digéré.
Avais-je bien fait, avais-je eu tort ? Combien de fois en un an me suis-je posé des questions ?
J’ai eu ma réponse, de suite, en débutant la montée vers Le Cade, l’avant-dernière difficulté de la journée. Ce qui m’a semblé être un mur. De suite, j’ai compris que ma décision d’arrêter, un an plus tôt, avait été la bonne ! Je n’aurais pas pu grimper, j’avais trop mal, j’aurais été stupide, je n’aurais qu’aggravé ma blessure !
Ce « dossier » est donc pour moi réglé, et mine de rien, ça allège !

A peine sous-entendu précédemment, les dix kilomètres finaux furent disons plus compliqués que la partie précédente, avec une « grimpette » vers Le Cade bien sévère, beaucoup plus que prévu en tous cas, un arrêt d’une dizaine de minutes au seul ravito de la journée sans assistance (soit à peu de choses près autant que sur tous les autres de la journée réunis !), avant un court moment de répit (plat et descente), puis un nouveau mur, que j’avais un peu oublié, vers la Pouncho d’Agast. Cette grosse difficulté, la dernière, fut juste infernale, avec des parties pures et dures d’escalade. Enfin, une descente très frustrante vers l’arrivée, à la frontale avec la nuit de retour, en n’ayant pas d’autre choix que d’attendre derrière le troupeau (un peu, beaucoup, à la folie, de quoi devenir barjot en fait), un troupeau pas trop à l’aise sur cette dernière portion ! Pour le coup, quasi impossible de doubler sur ces derniers hectomètres ! Frustrant est vraiment le mot qui convient, surtout quand on pense avoir encore les jambes pour (en) finir au plus vite !

A 800 mètres de la ligne d’arrivée, ma course a failli prendre fin suite à la méga glissade d’un coureur derrière moi, qui a tout emmené sur son passage, moi y compris ! Après plusieurs chutes sans gravité tout au long de la journée (j’ai renoué avec mes mauvaises habitudes), celle-ci a vraiment été flippante ! Je me suis retrouvé assis en tailleur à côté des deux secouristes du dernier poste de secours, avec ma frontale à 3 mètres, et une grosse douleur au pied droit. Fragilisée, c’est ma cheville qui a failli lâcher dès que je suis reparti. Même si « plus de peur que de mal », et bien que me sentant relativement frais, il était quand même temps que ça se termine !

De n’avoir perdu qu’une trentaine de place sur cette dernière partie me laisse tout de même à penser que nous étions en fait finalement presque tous dans la difficulté !

Au final, un temps (plutôt satisfaisant) de 13h45’, mais surtout une journée magnifique passée dans le cadre tout à fait grandiose qu’offre la région de Millau !

A noter que pour la première fois, j’avais décidé avant le départ de ne pas partir en mode « touriste », en affichant même l’ « ambition » auprès de certains de passer sous les 13 heures, c'est-à-dire un peu en dessous mon estimatif.

Je pense, je sais en fait, que c’était un mauvais choix, une erreur !

A mon petit niveau, et sur des épreuves aussi longues, il doit pouvoir être possible de concilier « performance » et plaisir. La prochaine fois, je (re)prendrai le temps de m’arrêter pour prendre des photos, et tant pis pour les secondes laissées en route. Raconter une course, c’est également pouvoir montrer au travers de photos les paysages rencontrés.

J’ai d’ailleurs fait une « entorse » à ma décision en prenant deux clichés :

Un autre de mes choix avait été de partir sans bâtons. Je ne regrette pas celui-là !
Je me suis plus d’une fois dans les montées imaginé en train d’en baver sur la Diagonale des Fous, là où les bâtons sont interdis.
Là où je serai en… 2017, dans un an, décision ferme et définitive actée.

Pour être complet, deux points « négatifs » à retenir (ou pas) sur ce beau rendez-vous :
- pour le « descendeur » que je suis (encore une fois, à mon petit niveau), grosse frustration sur de nombreux singles, avec l’impossibilité de doubler !
- et également le constat, pas forcément lié aux Templiers d’ailleurs, qu’il faudrait faire passer un permis de « port de bâtons » à beaucoup de traileurs ! Genre je suis au milieu du chemin, et je fais l’avion avec mes bâtons, et je veux pas qu’on me double, et je vous entends pas parce que j’ai mes écouteurs, ou encore je me mets en position tout schuss (no comment) dans une montée… Sans doute les mêmes qui roulent à gauche sur l’autoroute, même lorsqu’ils sont seuls !

Bouh les gars (et les filles), vous m’avez énervé (allez, juste un peu) !

Alors certes, j’ai chuté, plusieurs fois. J’ai eu mal au bide, longtemps. Mais le bilan de ce séjour
à Millau, restera tout de même on ne peut plus positif : une forme optimale, un terrain de jeu grandiose, une ambiance géniale sur la course, des amis, la rencontre des amis d’amis, bref, quelques jours plus tard, un sourire grand comme ça juste en y repensant !

Et parce que je relirai sans doute ce compte-rendu dans quelques années, je ne peux pas terminer sans les personnes à remercier, pour ne surtout pas (les) oublier :

Laurianne bien sûr, qui, la première, avait proposé d’assurer mon assistance, et Nicolas, qui l’aura accompagné toute la journée : je l’ai déjà dit, je (vous) le répète : VOUS AVEZ ASSURE !!! ;
Magalie, Nathanaël, Laurent et Bertrand, pour les bons et beaux moments partagés ;
Daphnée, pour tes bruyants et rayonnants encouragements, et ta maman Elisabeth pour ses mots toujours très touchants à mon égard ;
Stef (qui au passage a gagné mon petit jeu de pronostic), juste parce que… Je t’expliquerai… ;
Thierry Poitevin (www.lecolorshop.com) pour le flocage de mes maillots ;
Magalie et tout le Team Saint-Yorre Running (dont certains rencontrés pour la première fois) pour vos encouragements et précieux conseils ;
Les TIFs pour vos nombreux messages à distance ;
Merci aussi bien sûr aux bénévoles, tous plus souriants et impliqués les uns que les autres et sans lesquels ces manifestations ne pourraient pas être organisées ;
Merci également aux licenciés du club du PNRT pour vos messages de support qui font toujours très plaisir, tout comme ceux de mes amis pongistes de Ping-Nemours, de mes autres amis, de ma famille, et même de mes clients professionnels (Bruno, Jocelyne, Sonie) !

Une grosse pensée également pour mon pote Régis, mon partenaire de galère l’an dernier, qui lui était allé au bout. De très nombreuses fois je me suis revu là où nous étions passés ensemble, là où je marchais, là où j’ai cette fois couru ou marché, sans m’arrêter. Je te l’avais dit que je reviendrais et que je passerais moi aussi sous l’arche des Templiers !

Je me suis surpris à reprendre plusieurs fois une position correcte en courant, suivant en cela (et à distance) les conseils de nos entraîneurs au PNRT : merci, merci, et mille fois merci, je sais que je continuerai à progresser grâce à vous !

Prochaines échéances pour moi en cette fin d’année 2016 :

- la « No Finish Line » à Monaco le 19 Novembre, une course sur circuit de 24 heures durant laquelle j’espère parcourir au moins 160 kilomètres,

- puis la mythique « SaintéLyon » début Décembre (72 kilomètres entre Saint-Etienne et Lyon, avec un départ à minuit !)…

A très bientôt pour de nouvelles aventures.


Epilogue :
en dépit des chutes et soucis rencontrés durant la course, mon « prévisionnel » n’était finalement pas trop éloigné de la réalité, et il se trouve être très conforme à mon ressenti !

1 commentaire

Commentaire de Bert' posté le 31-10-2016 à 17:48:30

Bravo encore !! et content d'avoir partagé ce défi ;-)

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