Récit de la course : Endurance Trail des Templiers 2016, par redgtux

L'auteur : redgtux

La course : Endurance Trail des Templiers

Date : 21/10/2016

Lieu : Millau (Aveyron)

Affichage : 4085 vues

Distance : 100km

Objectif : Se dépenser

1 commentaire

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Les templiers, le retour

Un petit retour en arrière pour commencer : nous sommes fin Août 2016, après mon abandon sur l’Echappée Belle, je suis bien décidé à refaire un trail long avant la fin de l’année histoire de retrouver confiance. Après une rapide recherche, mon choix se porte de nouveau sur l’Endurance Trail des Templiers que j’ai déjà terminé l’an dernier. Cela me laisse 2 mois pour travailler mes points faibles, et pour se rassurer rien ne vaut une course où l’on a déjà ses repères.

Pour résumer l’Endurance Trail en quelques mots, c’est une course de 100km environ et 4900m de D+ sur des chemins très variés (ça va du bitume au monotrace très technique).

L’an dernier la course s’était découpée en deux grandes parties : les 40 premiers kilomètres difficiles (pas de motivation) et la suite de mieux en mieux pour terminer en mode “fusée” la dernière descente. J’espère faire mieux sur la première partie et aussi bien sur la deuxième cette année.

La veille de la course, Manue et moi prenons la route pour Millau. C’est pas la porte à côté, surtout quand on passe son temps derrière des camions, des tracteurs et des camping-cars… Bref on patiente en attendant de pouvoir doubler.

 

Nous finissons quand même par arriver après 6 heures de route… pour attendre de nouveau car il y a un monde fou au retrait des dossards (enfin plus que l’an dernier dans mes souvenirs). Ca pourrait être pire : la personne juste devant moi est refusée car son certificat médical ne porte pas la mention “apte à la course à pied en compétition” (il manque “en compétition”) : du coup il ne peut pas récupérer son dossard après 8 heures de route pour venir… Je l’aurai mauvaise à sa place. Sur la plupart des grosses courses, on peut envoyer son certificat en version électronique à l’avance, ça évite ce genre de désagrément. Pourquoi pas ici aussi ?

Une fois le dossard récupéré, on part refaire la queue pour récupérer les dotations. Comme d’habitude elles sont sympa et nombreuses (ça fait des souvenirs). Par contre il faudra qu’on m’explique l’intérêt du gros livret en papier glacé sur lequel ne figure même pas le programme… OK les photos sont jolies mais ça fait beaucoup d’arbres gâchés pour pas grand chose...

 

Après un peu de shopping pour Manue, retour à l'hôtel (le même que l’an dernier) et préparation des affaires. Comme l’an dernier, je pars avec le minimum : pas de bâtons, pas de compression. Enfin je prends quand même la caméra pour faire un peu de tourisme. Je prépare aussi le sac pour l’assistance pendant (en gros un change complet) et après la course (de quoi se doucher et une tenue “civile”).

Petit dilemme pour les chaussures : les SLAB Sense légères mais peu protectrices ou Saucony Xodus plus protectrices mais aussi plus lourdes… Finalement ce sera les SLAB aux pieds et les Saucony dans le sac d’assistance.

L’objectif pour demain est clair… En fait non pas tant que ça : je suis là pour me faire plaisir (donc y aller cool) mais d’un autre côté je me suis mis en tête de faire mieux que l’an dernier (15 heures 50 de course et 165è place). Bref, on va dire :

Objectif principal : faire mieux que l’an dernier.

Objectif “de repli” : terminer sur de bonnes sensations.

 

Après un repas dans le resto juste à côté de l’hôtel, nous nous couchons vers 22:00 pour une courte nuit. L’hôtel semble plein à craquer de trailers donc il ne devrait pas y avoir beaucoup de bruit cette nuit.

 

Il est 3 heures du matin, le réveil sonne ! J’ai plutôt bien dormi et je me permet même le luxe d’une petite douche. Cela semble plus difficile pour Manue et je dois (pour une fois) presser un peu les choses pour ne pas louper le départ.

Il a l’air de faire assez froid dehors (il y a un peu de givre sur les voitures), je partirai avec une veste au cas où.

Vers 3h45, nous montons en voiture et filons au départ, mais impossible de trouver à se garer. Manue me dépose au plus près du départ une dizaine de minutes avant l’heure fatidique. Heureusement que j’ai mes repères sinon je serai un peu en stress. Je me positionne bien en fin de peloton : pas la peine de jouer des coudes maintenant, j’ai 100km pour remonter des places… En plus cela permet à Manue de me rejoindre in extremis avant le départ. A la réflexion, un meilleur placement au départ m’aurait permis d’aller plus vite sur les premières portions du parcours, mais avec un risque de partir en surrégime.

 

4 heures 15, le départ est lancé ! Il y a plus d’ambiance que l’an dernier je trouve. Je suis partagé entre appréhension et excitation. Je n’ai pas de bobo, pas de douleur et me suis bien entraîné depuis 2 mois. J’espère juste que ce sera suffisant pour terminer. Il y a toujours les fumigènes rouges et la musique d’Era (qui me fait penser aux Visiteurs).

 

Je profite des premiers km sur route pour remonter tranquillement le peloton, ça use un peu d’énergie de slalomer mais cela me permettra d’éviter les bouchons ensuite. J’attaque ensuite la première “grimpette” en courant (comme tous les coureurs, mais cela ne me surprend plus: ici certaines côtes peuvent se courir). La suite de la montée se fait à la queue leu leu et il y a quelques ralentissements, zut j’aurai dû aller plus vite au début ! J’en profite pour discuter avec d’autres coureurs : nous échangeons sur nos expériences de course, l’ambiance est assez détendue.

 

Comme d’habitude je me suis préparé un profil de course avec mes heures de passage.

et2016.bmp

Tout est calé en fonction de mes temps de l’an dernier. Si je veux faire mieux, il faut donc que je passe avant l’heure indiquée sur le profil.

 

J’arrive au premier ravitaillement de Rivière Sur Tarn à 06:34 (contre 06:30 l’an dernier). 4 minutes de retard ce n’est pas bien méchant, surtout que je n’ai pas l’impression de forcer pour le moment, j’ai même plutôt le pied sur le frein. Nous marchons ensemble avec Manue après le ravito, tout va bien pour le moment.

 

La portion suivante nous emmène à Mostuejouls, au km 34. On commence par une sympathique montée assez technique (la plus technique du parcours à mon avis, surtout de nuit). En me retournant je peux voir un long serpentin de lampes frontales, c’est magnifique ! Ensuite, nous suivons un sentier monotrace en crête pendant que le jour se lève. Il y a un peu de brouillard en fond de vallée. Ce serait parfait si seulement il ne faisait pas si froid. Depuis le départ “ça meule” comme dirait Manue ! Même avec la veste c’est un peu juste, surtout dans les descentes. Je continue à discuter à l’occasion avec d’autres coureurs, tout en essayant de courir au maximum seul. En effet, je trouve que sur ce type de parcours assez accidenté, le pire des cas est d’être le dernier d’un groupe de quelques coureurs car on passe son temps à faire “l’élastique” (ce n’est pas valable en montée où on est souvent plus efficace en petits groupes).

 

J’arrive en forme à Mostuejouls à 08:55, toujours avec quelques minutes de retard sur l’an dernier. Je fais une bonne pause et échange quelques équipements avec Manue avant de repartir pour Le Rozier. Une de mes flasques commence à fuir et je n’en ai pas de rechange, tant pis je finirai comme ça. Décidément c’est bien pratique mais aussi bien fragile ces flasques (quelle que soit la marque) !

 

On arrive dans la partie la plus belle de la course (à mon humble avis). En kilométrage il y a déjà ⅓ de fait et le moral est au beau fixe. On commence par une bonne montée (une des plus grosse de la course) puis une toute aussi grosse descente, le tout sur moins de 10km. Je monte sans forcer. J’ai pas mal bossé sur les “images mentales” pendant ma préparation : pendant la plupart des montées, je me visualise en train de faire un truc que j’aime bien ce qui permet de focaliser l’attention sur autre chose. En l’occurrence, je suis aux commandes de l’avion remorqueur que je pilote occasionnellement.

Et cela fonctionne, croyez-le ou non. J’arrive au Rozier à 10:26 soit avec 4 minutes d’avance sur l’an dernier (j’ai aussi gagné 78 places au passage) ! Manue, frigorifiée depuis ce matin, n’arrive pas à me suivre avant le ravitaillement, nous nous verrons après.

 

Je prend le temps d’une bonne pause ici aussi, car le prochain ravito solide est dans 18km. Je récupère pas mal de nourriture car je commence à avoir faim. Ensuite c’est reparti pour une montée et une descente (pour changer) jusqu’au point d’eau du Truel. Les paysages sont magnifiques : certains rochers semblent tenir en équilibre, on dirait des cheminées géantes. Je continue de bien avancer mais je commence à avoir une sensation de faim, pourtant je passe mon temps à manger. Depuis quelques temps, j’essaie de faire plus que simplement m’alimenter : je suis devenu adepte des barres Clif par exemple qui en plus d’être bonnes pour l’effort sont bonnes tout court !

 

Je discute avec un autre coureur dans la descente technique avant le Truel, ainsi que sur la portion de route qui suit. Elle est bien cassante d’ailleurs cette portion routière. Au Truel, je refais le plein d’eau avant d’attaquer la montée vers Saint André de Vezines où m’attend Manue. Les jambes commencent à devenir un peu dures et je commence à peiner un peu dans la montée. J’ai toujours faim et j’ai beau manger rien n’y fait, la sensation ne disparaît pas… Je dois même m’arrêter un peu pour laisser passer quelques coureurs plus rapides. C’est le seul moment de la course où je regrette mes bâtons, au final je reste convaincu qu’ils sont peu utiles sur ce genre de course, sauf si on a la possibilité de les prendre uniquement pour les 3 plus grosses montées et de les rendres ensuite à son assistance.

Malgré tout je continue à bien avancer, en relançant chaque fois que c’est possible. J’arrive à Saint André de Vezines à un bon rythme, d’ailleurs Manue n’est pas encore arrivée. Il est 13:35, je cours depuis un peu plus de 9 heures et j’ai parcouru pour le moment 62km. Tous les voyants sont au vert, sauf cette histoire d’alimentation. J’ai même augmenté mon avance sur l’an dernier : presque 20 minutes ! (ce qui explique pourquoi Manue n’est pas déjà au ravito…)

 

Je repars du ravitaillement en marchant le temps de manger un peu et de papoter avec Manue. Puis c’est reparti pour une portion descendante vers le point d’eau de La Roque Sainte Marguerite. Il y en a pour moins d’une heure et je cours sans interruption.

Ensuite, une rude montée nous attends jusqu’au ravitaillement de Pierrefiche, mais c’est l’avant-dernière du parcours. Elle est dure cette montée, je n’ai toujours pas trop de jus mais je me rattrappe largement sur le plat et en descente. Arrivé à Pierrefiche, je mange tout le salé que je trouve (miam miam la bonne soupe). La portion qui suit est la plus longue de la course en temps (3 heures environ) donc je pars avec pas mal d’eau et de nourriture, et en musique pour faire passer le temps.

Cette portion est une succession de monotraces avec plein de petites côtes, c’est un vrai plaisir si on est frais mais ça doit être un calvaire quand on est à bout de forces. Je me fais doubler dans les côtes, et re-double dès que ça devient plat ou descendant. Je commence à lâcher les freins en descente quand c’est possible car je n’ai pas de douleur particulière.

J’ai toujours de l’avance sur l’an dernier (25 minutes), mais à l’époque j’avais fait une fin de course en mode “fusée” que je ne suis pas certain de pouvoir renouveler cette année.

 

J’arrive à Massebiau à 18:06, soit avec 21 minutes d’avance sur l’an dernier et retrouve une dernière fois Manue avant l’arrivée. Tous les voyants sont au vert, mais j’appréhende quand même la dernière montée qui est une des plus dure du parcours, et vu mes performances en montée aujourd’hui cela ne va pas être simple.

Je repars donc en suivant le rythme d’un autre coureur. Nous sommes un petit groupe de 4-5 à monter à la queue leu leu. Petit à petit, tout le monde décroche et nous finirons à 2. Arrivé en haut, je relance jusqu’au ravitaillement du Cade. J’y arrive à 18:55, il fait encore jour contrairement à l’an dernier, comme quoi 20 minutes ça change tout. Je ne le sais pas à ce moment là mais je suis à la 161 place, soit quasiment ma place à l’arrivée l’an dernier.

 

L’ambiance au Cade est géniale : le lieu est magnifique (une ancienne ferme tout en pierre), il y a même de la musique. Du coup, j’y passe un peu plus de temps que prévu. Avant de repartir, je passe en mode nuit (veste, buff et frontale) puis file pour la dernière descente vers Millau.

Check-list : Jambes, Pieds, Hydratation, Mental, Matériel... : tout est OK et je retente donc une fin en mode “fusée” comme l’an dernier. A la réflexion, j’aurai pu commencer à accélérer bien avant, il me restait pas mal de “réserve” même à l’arrivée.

La nuit tombe peu après mon départ du Cade, j’accélère progressivement (enfin façon de parler, autant qu’on peut accélérer après 93km…), met la musique un peu plus fort et règle la frontale sur la puissance maximum. L’objectif est de ne plus s’arrêter ou marcher avant l’arrivée ce qui va quasiment être le cas.

Je connais presque par coeur les difficultés restantes, le faux-plat au début et la petite montée vers la grotte du hibou qui est bien casse-pattes. Par contre, la descente est plus glissante que l’an dernier et il n’est pas simple d’accélérer sans prendre le risque de faire un joli vol plané. En plus il faut faire un minimum attention aux autres coureurs.

 

Je termine ma course en 15 heures 29, soit 20 minutes de mieux que l’an dernier, à la 145è place. A l’arrivée j’ai droit au cadeau finisher (le même que l’an dernier), à une médaille et à un bon repas. Ensuite direction la douche avant un repos bien mérité. Puis, il faudra déjà songer aux inscriptions aux courses l’année prochaine…

 

Merci à tous pour les messages d'encouragement, c'est toujours un plaisir à lire (mention spéciale à Odette qui envoie des messages même à 3 heures du matin), et à Manue, meilleure accompagnatrice du monde !

1 commentaire

Commentaire de poucet posté le 28-10-2016 à 06:25:14

Bravo pour ta course, belle gestion !!! Nous n'étions pas très loin l'un de l'autre.
Pour ma part j'adore le livret papier glacé, j'adore les photos, j'adore les textes de Gilles Bertrand. Le programme est en dernière page (bon ok, ça fait pas mal de pages à tourner avant !!!). Question dotation je trouve que c'est un peu en retrait de 2015 et je suis réservé sur le repas d’après course ... Ca ne vaut pas l'aligot du Grand Trail.
Bonne récup ....

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