L'auteur : zen77140
La course : The Trail Sens - 110 km
Date : 7/5/2016
Lieu : Sens (Yonne)
Affichage : 2985 vues
Distance : 110km
Matos : Hoka Huaka
Sac Salomon
Fraises Tagada
Objectif : Terminer
Partager : Tweet
C’est à la fin de l’année 2015 que j’avais créé l’évènement, sur la page Facebook des TIF’s (Traileurs d’Ile-de-France), un groupe très sympa de passionnés pour lesquels les rencontres sont plus importantes que le virtuel.
Création d’un évènement « THE TRAIL », en Mai 2016, avec un petit commentaire du style « Ce sera peut-être mon premier plus de 100 kilomètres ! »
Un commentaire qui de mémoire avait fait réagir, certains m’invitant gentiment à attendre un peu avant d’aller « m’essayer » sur une telle distance…
Avec un premier trail couru en Février 2015, et la 6D Lacs (27 kms, 1600 D+) pour seule « référence », comment aurais-je pu leur en vouloir ? Sans parler de mon arrêt sur les Templiers en Octobre, certes après 67 kms parcourus, certes pour raisons médicales, mais arrêt quand même.
Pour être très honnête, je m’étais rangé à l’avis général. Pour résumer, « continue à t’entraîner et le monde de l’Ultra s’ouvrira à toi, mais plus tard » !
C’est fin Avril sur la page Facebook de la marque Thyo (de supers produits en passant !) que tout s’est ensuite remis en route :
« Deux dossards à gagner pour "The Trail", à Sens, début Mai, sur la distance de votre choix, tirage au sort dimanche soir ». Tiens donc, ça me rappelle quelque chose cette course.
Plus par réflexe qu’autre chose, j’avais laissé un commentaire, me rendant « éligible » au tirage…
En même temps, qu’irais-je faire sur un trail à Sens une semaine plus tard, 5 semaines après le marathon de Paris et 4 semaines après ma course de 24 heures, la No Finish Line ?
Je me souviens être allé me promener sur leur page, ce fameux dimanche soir, pour constater que, pour cette fois, la chance n'avait pas été au rendez-vous. « Pour cette fois », car j'ai été plutôt chanceux depuis quelques mois, avec pas mal de dossards gagnés sur différentes courses.
Et puis, lundi matin, au boulot, petit passage par FB, avec un message (version courte, dans l'idée : « Suite au désistement d'un gagnant, c'est vous qui avez été tiré au sort... »).
Comment dire ? Bah cool comme début de semaine...
Au passage, j’ouvre une parenthèse, à l'attention des gens qui gèrent ça, tout « Là-Haut » : la chance pour les dossards c'est bien, mais si vous avez la possibilité de faire la même chose côté cœur et finances, je suis preneur ! Je referme cette parenthèse qui n'aura peut-être pas intéressé grand monde, encore que...
Mais au fait, avoir gagné mon inscription, c’est bien, mais sur quelle distance allais-je m'aligner ?
J'ai le droit à quelques heures pour donner ma réponse ? Oui. Super, merci, à tout à l'heure.
Le temps d’un petit sondage sur ma page FB : mes amis, je fais quoi ?
« Go go go sur le 110, sans hésitation » !
« Le 40, pas plus, tu n'es pas prêt pour une plus longue distance » !
Pour être très sincère, je crois que j'avais en fait déjà pris ma décision.
Au-delà du tarif (une centaine d'euros quand même d'économisés sur l'inscription), c'était là l'opportunité pour moi d'entrer dans le monde magique des Ultra-Traileurs, l’année de mes 50 ans. Puisque, pour des raisons personnelles, mon rêve d’aller courir The Great Wall Marathon (sur la Muraille de Chine) ne pourrait pas voir le jour cette année, il me fallait un autre challenge, un truc qui marque, une histoire sympa à raconter à mes petits-enfants…
C’est vrai quoi, on n’a pas tous les jours 50 ans !
Bien sûr, je me suis rapidement rendu à l'évidence qu’il me serait très difficile de relever ce gros défi, malgré ma forme du moment plutôt excellente, principalement à cause de l'absence de préparation dédiée : en effet, qui dit « Trail » dit « D+ », et du D+, bah je n'en n'ai pas beaucoup « mangé » en ce début d’année 2016 !
Les dés étant cependant jetés, mon inscription confirmée et validée, mon seul et unique objectif allait donc être de finir, en marchant, en rampant, ou même à cloche pieds s’il le faut !
Etre « Finisher » sur cette première expérience au-delà des 100 kilomètres.
Après avoir comme d’habitude passé de nombreuses heures à préparer mon sac de course, je n’avais plus qu’une seule interrogation, deux heures avant le départ : mon choix de chaussures ! Hoka bien sûr, mais les Huaka ou les Speedgoat ? J’ai finalement opté pour le modèle « route » puisqu'il n'y avait apriori pas de pluie annoncée...
L’heure fut ensuite aux retrouvailles, avec Stéphane tout d’abord, puis avec Régis et Valérie (avec lesquels j’avais partagé un super week-end à Millau fin Octobre sur les Templiers), puis avec le groupe des TIF's. Comme prévu, Saby, Laurianne, David et Gilles seront de la fiesta, sur différentes distances.
Papotages, photos, photos, papotages, et puis, parce qu'on n'est pas venu pour simplement papoter ou faire des photos, le départ, devant la superbe cathédrale de Sens. Je me dois d'évoquer le petit bisou tout amical d'une amie qui m'aura permis de courir pendant au moins deux kilomètres avec, selon l'expression consacrée, un sourire jusque-là !
Suis-je le seul à n'avoir pas vraiment souffert de la chaleur ? Dès les premiers hectomètres, et même avant d'ailleurs, j’entends beaucoup de « plaintes » dues au soleil... Personnellement, je suis dans mon élément avec un thermomètre à pas loin de 30°.
Les paysages sont magnifiques, et moi qui adore le jaune, je suis servi avec du colza à perte de vue.
Très rapidement, dès la première grimpette, je crois comprendre que les 110 kilomètres et 2600 D+ annoncés ne seront qu’une longue suite de longues montées et de longues descentes. Aucune partie « technique », pas d’escalade comme sur les fameuses 25 bosses, pas de « mur », et pas beaucoup de parties plates… Cette impression sera par la suite confirmée.
Je gère mon début de course tout en tranquillité, les sensations sont excellentes. En mode « marche plutôt rapide » dans les montées, alternée avec des parties « courses » également à un bon rythme. Pourvu que ça dure ! Je reconnais parmi les photographes des bénévoles qui étaient présents aux remises de dossards. Non seulement ils sont sympas, mais en plus "multicartes" ! Je prends moi-même le temps de faire quelques clichés, je suis tout en conscience de la chance que j’ai d’être là…
Contrairement au vécu de courses précédentes, je pense à bien m’hydrater (il faut apprendre de ses erreurs). Dans le même temps, je surprends certains traileurs avec mon régime alimentaire de base (les barres Ovomaltine, « c’est de la dynamite », et les fraises Tagada, c’est mon dada !). Heureusement, les deux premiers ravitaillements sont plutôt pas mal (les autres le seront tout autant), et il y a de quoi recharger les batteries avec d’autres produits quelque peu plus « sains ».
Entre le second et le troisième ravitaillement, pas moins de 25 kilomètres sont annoncés, et il semblerait que cela en fasse flipper plus d’un autour de moi ! Si de ne jamais avoir faim et très peu soif (je suis comme ça, je n’y peux rien, il y a des choses plus graves dans la vie n’est-ce pas !), bref si ça devait me « servir » un jour, c’est maintenant !
Il fait tout à coup un peu moins chaud, les barbecues sont de sortie dans les jardins, on se demande d’ailleurs avec deux compagnons de route si on ne va pas aller se faire offrir l’apéro. On ne l’aura pas fait.
Je vais bien, tout va bien, la vie est belle.
Vers 20h30, 21h00, seule appréhension de toute la course, avec l’arrivée de la nuit annoncée par trois concurrents qui déjà s’équipent avec leur frontale. Appréhension car c’est vraiment ma seule hantise, réelle et non dissimulée : me paumer dans la nuit ! Je sais que j’en suis capable, au regard de mon sens de l’orientation particulièrement… peu développé ! Mes craintes seront très rapidement dissipées, le balisage étant d’une qualité vraiment exceptionnelle.
Même pas eu le temps d’avoir peur !
A l'arrivée au 3ème ravito à Passy, à presque mi-course, je constate qu’il y a eu des dégâts. J’ai un peu l’impression d’être un « imposteur » à me sentir aussi bien en étant si peu entraîné, si peu préparé à cet effort, par rapport à certains qui semblent tellement affutés et qui sont (déjà) contraints à l’abandon. Mais bon, je n’ai pas volé ma place.
Je décide par contre de suite de ne pas prendre le risque d'un soudain coup de froid, ayant encore bien en tête ma malheureuse expérience sur la No Finish Line (5 heures en totale hypothermie).
Certains se changent en mettant juste un tee-shirt propre, mais pour moi, ce sera le collant en bas, trois épaisseurs manches longues en haut (plus le coup- vent, mieux vaut prévenir que guérir), et la nuit sera parfaite.
Elle le sera d'autant plus que c'est à ce moment que j’ai pris la décision de ne pas repartir seul, mais en compagnie de Régis, un peu moins bien que moi aux dires de sa (future) femme Valérie, qui aura assuré d’une vraie main de Maître toute l’assistance.
Je ne vise aucun chrono, alors si je peux aider un peu, ce sera juste magique.
Après avoir mis à mon menu (pour une fois équilibré) deux bols d’une soupe de légumes bien chaude, soupe servie à table s’il vous plait par de jeunes bénévoles vraiment plus adorables les uns que les autres, attentifs à ce que les coureurs puissent bénéficier d’un réel repos pendant leur arrêt aux ravitaillements (je l’ai déjà dit mais je le répète, merci à vous !), il est temps de repartir…
Le slogan de « The Trail » étant « Irez-vous au bout de la nuit ? », c'est donc ensemble avec Régis que nous essaierons de répondre par la positive. Il nous reste moins de 60 bornes à parcourir. Je sers un peu de locomotive dans les montées, il arrive à se faire violence et à suivre, on s’encourage, on se remémore notre parcours sur les Templiers en Octobre l’an dernier, on évoque nos futurs objectifs, on refait le monde…
Bref, de superbes moments partagés !
Le seul réel point noir de cette aventure aura été la soudaine apparition d’une « DNISLPGQFSM » (Douleur Non Identifiée Sous Le Pied Gauche Qui Fait Super Mal), douleur qui m'obligera à marcher un peu plus que prévu sur le 3ème tiers de la course...
Merci à Régis de m'avoir, dans ces moments-là, attendu à son tour.
Ayant été tranquillisés depuis pas mal de temps sur nos temps de passage par rapport aux barrières horaires, on profite vraiment de ces instants, n’ayant plus aucune pression. Nous savons que nous serons Finishers, sauf bien sûr (autre) pépin physique imprévu.
Nous remercions tous les bénévoles encore présents à ces heures avancées de la nuit, que ce soit sur les ravitaillements (où l’on ne stoppe plus que pour faire le plein de liquide) ou sur les routes, à assurer nos traversées et à nous orienter.
Sincèrement, une nouvelle fois mille mercis, vous avez été géniaux !
On apprend au petit matin via Facebook l’excellent résultat de Stéphane, 13ème au scratch, ainsi que le malheureux abandon de David pour raisons médicales dès la mi-course. Préparé comme il l’était, il doit être vraiment super frustré !
Puis arrive le dernier ravitaillement.
Celui où tu n’as pas forcément envie de trop « traîner », trop impatient d’en terminer.
La fatigue est pourtant là, bien présente. La fatigue ? Quelle fatigue ? Même pas mal ! Go !
Et puis arrive… le dernier kilomètre.
Celui où tu sais que plus rien ne pourra t'arriver.
Celui où tu as l’impression de voler.
Celui où tu as les nerfs qui lâchent.
Celui où j'ai pleuré. Pas comme un enfant, mais comme un homme tout simplement heureux d’avoir été au bout de l’un de ses rêves.
Celui où tu te retrouves dans une forme physique anormalement exceptionnelle pour quelqu’un qui vient « juste » de parcourir 109 kilomètres.
Celui où tu sprintes sur les escaliers sur ta route, comme si tu étais à l'arrivée d'un 10 kilomètres...
Celui où tu te retournes pour encourager tes potes...
On y est les amis, on va le faire, plus que 500 mètres, 300, 80, 10, et puis, et puis...
« ON L'A FAIT ! »
Moins de 19 heures au compteur, mais cela aurait été 16 ou 20 que cela n’aurait rien changé !
« ON L'A FAIT ! »
Il y a ensuite ces quelques minutes, qui passent trop vite, durant lesquelles on déambule d’un endroit à un autre dans l’aire d’arrivée, avec un sourire sans doute béat mais qu’importe ! Le sentiment du devoir accompli. L’instant présent dans toute sa splendeur. Trop tôt pour revenir sur sa course, trop tôt pour se projeter dans l’avenir.
Un simple « Ici et maintenant », le kiff !
Dans le gymnase à l’arrivée, je croise Saby, qui semble être dans une super forme, en dépit de sa course de 90 kilomètres. Un état de fraîcheur sans doute lié au fait qu’elle a réalisé ce qui était une blague la veille au départ : monter sur le podium ! Très heureux pour toi, c’est vraiment génial !
J’apprends également que Laurianne à quant à elle bouclé son 60 kilomètres en à peine plus de 10 heures : pas mal du tout pour une auto proclamée « escargot » !
C’est après avoir pris une bonne douche, et en étant allongé sur une table de massage entre les mains (pas encore expertes) d’un jeune podologue, que je réalise, comme ça, d’un seul coup, que je viens de « gagner » les premiers petits points qui me permettront (peut-être) de tenter l'aventure du tirage au sort sur l'une des courses du côté de Chamonix en 2017... Et oui, déjà dans de futurs rêves, mais chaque chose en son temps !
Je devine déjà certains commentaires et certains sourires, moi aussi je vous aime !
Nous apprenons qu’il y a eu 30 % d’abandons ou arrêts médicaux sur ce « 110 », un chiffre vraiment élevé pour une course soi-disant « roulane » !
Nous pouvons quand même être fiers d’ "être allé au bout de la nuit".
Quelques jours après la fin de cette belle et longue épreuve, je n’ai toujours pas recouru, et sans doute vais-je devoir stopper un peu. Rendez-vous est pris chez mon podologue car il va falloir très clairement identifier la DNISLPGQFSM, malheureusement toujours bien présente, ainsi que le « réveil » de la douleur qui m’avait un peu handicapé sur la fin de la No Finish Line à Paris, sur l’autre pied.
Je ne prendrai aucun risque, il y a trop de belles échéances à venir.
Bien évidemment, impossible de terminer mon compte-rendu sans passer par la case « remerciements », et je le fais avec un plaisir non dissimulé !
En tout premier lieu 110 000 mercis, comme autant de mètres parcourus (j’ai arrondi), à mon poto Regis. J’espère sincèrement que nous aurons l’occasion de vadrouiller à nouveau ensemble, que ce soit sur le MMB (si jamais je devais de nouveau gagner un dossard, lol), ou ailleurs. Ce fut un réel plaisir de partager ces longues heures en ta compagnie. Tu es un super mec, et tu vivras à nouveau de bien belles choses dans le monde de l’Ultra Trail, j’en suis certain. Big merci of course à Valérie pour l’aide logistique apportée.
Mercis également pour vos encouragements et messages à tous mes amis, traileurs ou pas, pongistes ou pas, que ce soit via Facebook ou par SMS, que ce soit dans le monde virtuel et/ou dans la vraie vie. Leur lecture apporte une aide autrement plus importante que ce qu’on peut imaginer.
Nouveaux remerciements bien sûr aussi aux TIF’s croisés sur place (Saby, Laurianne, Stef, Stephane, David, Gilles) pour votre joie de vivre communicative. On se revoit très vite les amis
émoticône wink
Merci à Apostolos pour m’avoir permis de constater que tout allait (à peu près) bien pour moi à la fin au niveau physique, avec la faveur d’une petite dédicace « Special Monkey ».
Et même si je ne fais pas partie d’une quelconque Team, je remercie également :
- Magalie pour l’énergie communicative qu’elle met dans la gestion de son Team Saint-Yorre (c’est une vraie source de motivation pour beaucoup de voir Olivier et Cécile, entre autres, progresser aussi vite) ;
- Ré Mi pour les échantillons de produits Baume du Tigre, bien efficaces ;
- Hoka One One, pour leurs chaussons.
Pour finir, puisque cela m’a été demandé, les seules courses inscrites à ce jour à mon programme sont :
- les 100 kilomètres de Millau, en Septembre (objectif moins de 12 heures) ;
- le Grand Trail des Templiers, à Millau encore (objectif moins de 13 heures), fin Octobre ;
- la No Finish Line (24 heures), à Monaco (objectif 170 kilomètres), fin Novembre.
Il y aura d’autres dates avant, j’en suis quasi certain.
A très bientôt donc, pour de nouvelles aventures
2 commentaires
Commentaire de Lapins Runners posté le 14-05-2016 à 18:42:50
Bravo à toi ! J'étais aussi sur le 110, et je suis presque sûre qu'on a discuté sur le début de la course, n'est-ce pas ?
En tout cas, un coup du destin ce dossard gagné sur un désistement. Bienvenu chez les ultras :)
A plus !
Carole
Commentaire de zen77140 posté le 14-05-2016 à 20:25:58
Hello Carole,
Yes, nous avons un peu papoté :-)
Grand bravo à toi également pour ton superbe podium.
@ très bientôt,
Patrick.
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.