L'auteur : marathon-Yann
La course : La Route du Louvre - Marathon
Date : 17/4/2016
Lieu : Lille (Nord)
Affichage : 1963 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Pas d'objectif
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« Il y a deux chemins, poursuivit-il, l'un est court et droit, mais il ne mène nulle part, l'autre est long et tortueux et on ne sait pas où il mène, mais en attendant, on sait au moins qu'on marche. »
Je ne peux m’empêcher de penser à cette phrase d’Imre Kertesz quand je regarde mon planning de courses pour 2016. Lille-Lens avant un trail à Metz et Nice-Cannes, il ne me manquera qu’une course en Bretagne pour avoir visité les quatre coins de l’Hexagone (merci à ceux qui considèrent qu’un hexagone a plus de 4 coins de contacter mon banquier, mon épouse et mes enfants, les renforts sont les bienvenus !).
Les enfants étant chez leurs grand-parents, nous profitons du weekend pour visiter Lille avec mon épouse, une ville où nous ne serions a priori pas allés en vacances. A tort d’ailleurs, la ville est magnifique, animée, et très intéressante. Nous faisons aussi connaissance avec la gastronomie locale, en particulier le welsh (chedlar fondu dans la bière, avec un peu de pain et de lard pour alléger), avant d’aller retirer mon dossard. C’est la première épreuve. Il n’y a pas de village départ, il faut aller au Décathlon de Villeneuve d’Asq, que nous rejoignons sans trop de mal en métro. Là, le vendeur nous annonce que les dossards sont à retirer dans l’autre Décathlon de Villeneuve d’Asq, beaucoup plus difficile à rejoindre en transports. Heureusement, l’hospitalité des gens du Nord est contagieuse, un parisien qui subit la même mésaventure que nous nous conduit en voiture. Arrivés au centre commercial, c’est la deuxième épreuve. La bénévole m’assure que mon certificat médical de 2015 n’est plus valide. Après un instant de doute, je lui explique qu’entre décembre 2015 et avril 2016 il y a eu moins d’un an, nous comptons les mois ensemble et elle me remet le précieux sésame. Soulagement. Nous pouvons retourner au centre-ville et y flâner pendant quelques heures agréables.
Le soleil se lève dimanche sur nos ambitions. Comme souvent, il y a pas mal d’improvisation de mon côté : je décide au dernier moment de ma tenue, j’ai un mal de chien à trouver la consigne pour y déposer mon sac (mais là, ce n’est pas de ma faute, il n’y a aucun fléchage pour nous aider), et je constate sur la ligne de départ que la mémoire de ma montre-GPS est complète et qu’il faudra m’en passer (sans conséquence heureusement, le chronomètre fonctionne, et les kilomètres seront joliment indiqués sur tout le parcours). Aucun contrôle à l’entrée du sas, aucune barrière non plus, ce qui fait gagner en fluidité. Nous sommes 2500 inscrits, sans compter les relais, cela fait un beau peloton qui s’ébroue à 9h30.
Je suis pris dans le trafic dans les premiers kilomètres, sans paniquer : je sais qu’en 42 km nous aurons largement le temps de nous exprimer. Mon objectif du jour est assez vague : faire mieux que 3h30. Pour cela, deux stratégies sont possibles : rester avec le meneur d’allure 3h30 et le dépasser dans les derniers kilomètres, ou le dépasser dès le début et courir à la sensation. Je choisi cette deuxième option, un peu plus risquée mais combien plus agréable !
Nous sortons rapidement de Lille, et découvrons les villages et la campagne environnant. C’est un paysage que je découvre, avec de jolies maisons en briques, de la verdure, des petites routes de campagnes et d’autres passages plus urbains. Surtout, je découvre l’incroyable chaleur du public. Dans chaque village, les gens nous encouragent avec une ferveur incroyable, j’ai l’impression d’être un joueur du RC Lens ! Les orchestres sont nombreux, les géants sont de sortie, les enfants nous tendent la main, et les parents nous remercient quand nous tapons dedans, sans se rendre compte que c’est nous qui en retirons de la force. Dans de nombreuses courses, j’ai pu voir des coureurs déguisés, mais là c’est le public qui s’est déguisé pour nous, qui une perruque, qui une armure de chevalier, qui un uniforme de poilu, qui une tenue de mineur. Incroyable.
Pour rendre hommage au public : quelques photos trouvées sur le site de la course.
Porté par la foule, mon début de course est rapide, si bien qu’à la faveur d’un pont au 14ème km, je vois les meneurs d’allure 3h15 quelques centaines de mètres devant moi. J’hésite un peu : tenter de les rejoindre pour accrocher mon record ? ralentir pour assurer les « mieux que 3h30 » ? Je décide de continuer quelques km au même rythme, ce qui s’avèrera une sage décision, les meneurs d’allures s’éloignant inexorablement.
Sur les chemins, tout va bien !
Je continue au même rythme assez soutenu pour moi (4’45 /km environ), me sentant en forme. Le parcours nous fait emprunter un chemin de halage, ce qui me permet de dépasser une péniche, ca ne m’est pas arrivé souvent en course ! Il y a des ravitaillements très réguliers, tous les 2.5 km, les km passent rapidement. Au Km 20, un speaker nous annonce au public : « Allez, je veux vous entendre ! Pour Yann ! Pour Hervé ! Pour Laurent ! », et le public répond. Dans les villages traversés, les maisons sont décorées de ballons, comme pour un anniversaire.
Je me sens un peu moins léger après le 25ème km, mais continue à un bon rythme. Certains coureurs commencent à être en difficulté, je les encourage, ils me remercient (la gentillesse du public est communicative, c’est un peu le monde des bisounours : « allez courage ! » « merci, et bravo à toi »). Une pancarte me fait rire : « Pense au welsh !»
Loos in translation
Nous voyons au loin les terrils au pied desquels sera jugée l’arrivée. Ils sont impressionnants, par leur taille, par ce qu’ils représentent. J’ai un peu l’impression de m’approcher de la cathédrale de Chartres chère à Péguy, avec un respect infini, d’autant que les randonneurs convergent maintenant de toute part. Il nous reste quelques kilomètres à parcourir, ils passent assez vite. Arrivés à Loos-en-Grohelle, nous passons sous la flamme rouge 1 800 m avant l’arrivée me semble-t-il, elle doit concerner les randonneurs ou les coureurs du 10 km. Ou alors elle est là pour nous signaler le début de la seule difficulté du jour, une montée finale qui fait mal. Les plaisanteries fusent « normal que ça monte, c’est la côte à Loos » (humour ch’ti). Un coureur marche, je lui tape sur l’épaule, le public l’encourage et l’acclame quand il se remet à courir (chaleur ch’ti). Derniers virages, j’aperçois mon épouse, cela me donne un supplément de force pour les derniers mètres. Je franchis l’arrivée en 3h22, heureux. Mine de rien, je fais mon deuxième temps en 12 marathons. Mine de rien, j’ai découvert une magnifique course à 1h de Paris, dans une région particulièrement attachante.
La mine réjouie
6 commentaires
Commentaire de Laurent V posté le 18-04-2016 à 17:26:53
Bravo pour ce beau récit et pour cette très belle performance, qui plus est, et tu as oublié de le dire (modeste, va) seulement 4 semaines après l'écotrail 80 km ! Bravo, champion. Et en plus; tu m'as appris que Charles Péguy courrait le marathon à Chartres, ce que j'ignorais ;-)
Commentaire de marathon-Yann posté le 19-04-2016 à 13:41:55
Péguy, le marathon de Chartres, n'importe quoi !
C'est un semi, à Chartres ! (début mars)
Commentaire de benlacrampe posté le 18-04-2016 à 22:44:33
Félicitation pour ton temps et merci pour ce bel hommage à la région et à cette course populaire.
Commentaire de marathon-Yann posté le 19-04-2016 à 13:53:05
Merci benlacrampe. C'est effectivement une belle et intéressante région (et encore, je n'ai pas parlé des gaufres dans le récit)
Commentaire de The Breizh Runner posté le 19-04-2016 à 08:42:52
Bravo et merci pour ton récit, il a l'air bien sympa ce Marathon :) Bonne récup !
Commentaire de marathon-Yann posté le 19-04-2016 à 13:55:12
C'est un marathon sympa, effectivement. Le public n'est pas forcément très nombreux mais vraiment enthousiaste. Il manque juste -selon moi- un plan du départ (dépôt sacs, départ navettes) et de l'arrivée (récupération lots, pasta party, navette) pour que ce soit parfait, pas grand-chose en fait.
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