L'auteur : Coureur du 34
La course : Duo Trail des Lucioles de la Gardiole
Date : 1/4/2016
Lieu : Frontignan (Hérault)
Affichage : 738 vues
Distance : 15km
Objectif : Pas d'objectif
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Pour la seconde année consécutive, je prends le départ du Trail des Lucioles en duo qui m’avait laissé un excellent souvenir en 2015.
En 2016, le changement c’est maintenant : nouvelle date (12 mars, plus tôt), nouveau parcours (avec 2 boucles de 7 kms bien plus techniques que l'édition précédente) et nouveau partenaire, un avion de chasse de 16 ans mon cadet. C’est promis, je vais en c.ier.
A 19h, entre chien et loup, nous nous élançons sur les pentes de la Gardiole sous les lumières multicolores des organisateurs, dignes d’une super production hollywoodienne.
Comme l’an passé, on emprunte un long DFCI montant qui se transforme en descente. Le ton est donné, on double tout ce qui bouge, et croyez-moi, ça bouge. Nous fondons sur la première féminine, cadrage, débordement et hop, nous passons à la suite.
La nuit se fait doucement, et moi aussi, je me refais doucement dans la descente, rechargeant les poumons en O2 vital.
La suite, c’est bye bye le confortable DFCI (km 3.9, 17’) pour un monotrace qui rapidement prend du pourcentage : welcome to the trail style. C’est la première nouveauté 2016, enfin dans vos bacs. Mon pote, kényan à ses heures, me tracte et l’aiguille de ma jauge cardiaque s’aventure dangereusement sur la droite. Je m’accroche, nous doublons encore même si la course est désormais très étirée.
Nous sortons du monotrace au km 4.8 (23’) sur un nouveau DFCI qui a la bonne idée de grimper aussi. Puis brève descente et nouveau coup de cul jusqu’au point le plus haut du Trail des Lucioles (km 5.5, 27’).
Du fond de la nuit, nous plongeons alors sur l’aire d’arrivée pour la première fois. Technique au début dans des roches en dévers, nous conservons cependant un bon rythme, ce terrain nous avantage clairement, ensuite large piste pour reprendre des forces, puis courte sente raide en sous-bois et surprise du chef, final sur le terrain de moto-cross dans de profondes ornières et à l’assaut de murs courts mais abrupts : cette seconde nouveauté casse les pattes et joue la terreur des chevilles.
Cette première boucle est bouclée en 34’ pour 7.1 kms. Cela n’a pas été facile pour moi mais maintenant que je connais ce qui nous attend, je vais pouvoir mieux gérer. Le pote m’a bien aidé et l’effet lièvre fonctionne à merveille.
Par excès d’enthousiasme peut-être, nous loupons l’entrée de la 2nde boucle en virant un peu large et devons revenir sur le parcours : la première féminine repasse devant ainsi que 2 duos (ça fait 4) et le sosie d’Anton Krupicka, un barbu quoi.
Qu’à cela ne tienne, nous remettons les gaz et dans la montée, tout ce monde repasse dans nos rétroviseurs. J’ai décidément de bonnes sensations mais surtout ne pas s’enflammer, je tiens à éviter l’usage du défibrillateur. Nous courrons seuls en essayant de mettre de la distance avec nos poursuivants. Alors que nous avions avalé la montée en 8’ dans la première boucle, elle nous coûte 8’10’’ au second passage.
Re-longue descente, re-sortie du DFCI pour le re-monotrace en grimpette (km 11.1, 53’) : nous récupérons un duo devant nous, ça faisait longtemps. Pas facile de le doubler dans cette sente étroite et le pourcentage qui s’élève mais v’là-t’y pas que ça revient fort derrière ? Coup de folie, c’est le moment d’affronter le soleil en face : j’enfonce la pédale de droite, grosse accélération, même mon pote serre les dents et nous doublons ce duo en quelques enjambées. Mon cœur est sur le point de hisser le drapeau blanc mais je sais que ça va basculer rapidement en descente. Cette montée vient d’être digérée en 9’20’’ contre 9’10’’ au 1er tour.
J’arrive à récupérer quelques points de vie avant de remettre les bouchées doubles dans les pentes joueuses. C’est vraiment un terrain qui nous convient. Mon pote est toujours aussi facile et a sorti le crochet d’attelage auquel que je m’agrippe comme un morpion.
Et revoici la piste de moto-cross et ses pièges, synonyme de final. Damned, je vois un halo lumineux dans mes pieds, et je comprends qu’un coureur va jouer l’aspi si je le laisse faire. J’oublie les notions de FC Max, de VO2 et d’acide lactique pour donner tout ce qui me reste, mon pote devant moi servant de phare à ne pas perdre des yeux. Au pied de chaque bosse, le spot de lumière revient me taquiner les mollets mais j’arrive à maintenir le faible écart.
L’arche est enfin à portée de jambes, mon pote m’attend et me prend la main pour la franchir ensemble en 1h08’26’’ pour 14.1 kms.
Je suis super heureux de ne pas avoir craqué, et je retrouve rapidement l’aisance respiratoire, tout est nickel.
Et puis surprise, nous sommes annoncés 3ème duo, va falloir monter sur le podium. A mon âge, ce n’est pas raisonnable et nous ressemblons à des peintres à côté de ces fines lames de la course, les premiers et seconds qui ont fini loin, très loin devant nous.
Malgré tout, nous ne nous sommes pas trop mal débrouillés sur ce coup-là et c’est mon tout premier (et probablement dernier) moment de postérité avec la remise des prix et nos quelques mots particulièrement bien trouvés lorsque le speaker nous tend son micro « c’était super, merci les bénévoles, la brasucade était terrible, on reviendra », des paroles à la rencontre de Nietzsche et de Baudelaire, y’a pas à dire.
Mais le plus important dans tout ça, c’est assurément cette délicieuse brasucade au clair de lune arrosée au muscat sec de Frontignan que nous ont offert les gentils organisateurs : le sublime à portée de bouche, un hymne à l’étang de Thau, l’happy hour des moules cuites. Oui, rien que pour ça, on reviendra.
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