L'auteur : Bricinsa
La course : GRP Hivernal - 30 km
Date : 13/3/2016
Lieu : St Lary Soulan (Hautes-Pyrénées)
Affichage : 803 vues
Distance : 30km
Objectif : Pas d'objectif
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Eté 2015 : tout commence par quelques rumeurs qui prédisent une version hivernale du célèbre GRP, pour Grand Raid des Pyrénées. Et puis cela se confirme quand une banderole fait son apparition à Saint Lary, à quelques jours du GRP été du mois d’août. Mais pour le moment, pas plus de détails, si ce n’est qu’il y aura trois formats : 10, 20 et 30 km.
La fameuse banderole
Les inscriptions ouvrent finalement en octobre mais pas plus d’informations sur le parcours, il est gardé secret pour éviter qu’il n’y ait des reconnaissances sur la station de ski. C’est compréhensible. On nous donne quand même les dénivelés des trois courses : 700, 1400 et 2000 m, ça commence à faire. Se pose alors la question du format à choisir puisqu’il n’y a aucun doute sur le reste : j’ai envie de participer ! 10 km ? Non, c’est court donc ce sera rapide et je n’aime pas trop ça, il n’y a pas le temps de rentrer dans la course qu’elle est déjà finie… Après quelques hésitations et discussions avec les copains qui feront aussi la course, on opte pour le 30 km, quitte à participer à la première édition, autant choisir le parcours le plus long ! On n’est alors qu’en octobre mais les places vont vite partir et les courses seront complètes dès la fin de l’année. Début 2016, on participe à la Romeufontaine à Font Romeu (pour la troisième fois, mais toujours aussi agréable, et avec de bonnes conditions cette année) et à un trail aux environs de Toulouse (Forest Trail). En parallèle, les sorties hebdomadaires se poursuivent, rien de spécifique pour le GRP mais du dénivelé quand même en alternant trail et ski de randonnée. Et puis un peu de course dans la neige, sans vraiment la chercher mais quand elle est là. Pour ce qui est du parcours, et même si je connais plutôt bien l’endroit, pas de reconnaissance possible à pied mais plusieurs passages en ski de randonnée.
Finalement, et même si ça paraissait loin quand on s’est inscrits, on se retrouve assez rapidement au week end du 13 mars. Les copains sont venus passer le week end à l’appartement à Saint Lary, donc on profite du samedi pour ne pas faire grand chose et se reposer (devant le biathlon à la télé, parfait !). Dernier repas à 19h00 et au lit à 22h00, le lendemain le réveil est programmé à 5h00. Finalement la nuit est bonne (c’est loin d’être tout le temps le cas les veilles de course), on reprend nos rituels d’avant course : déjeuner tranquille, fin de préparation des sacs, dernières vérifications et direction le départ. Le départ est au Pla d’Adet, à la station de ski. On a fait le choix de prendre la voiture mais le trajet en télécabine est compris avec l’inscription. En arrivant là haut, on se demande toujours pourquoi on a eu cette idée : il fait encore nuit, la voiture annonce -4°C et il y a du brouillard. A 10 minutes du départ il faut bien s’y résoudre : il va falloir sortir de la voiture. Donc on se fait violence pour retirer la doudoune, commencer un brin d’échauffement puis direction la ligne de départ.
07h00 – Pla d’Adet :
A 7h00 tout pile le départ est lancé, c’est une motoneige qui nous ouvre le parcours pour les premières centaines de mètres, et le gyrophare orange n’est pas de trop pour fendre le brouillard. Ca part rapidement mais sans plus pour la seule et bonne raison qu’on part quasiment droit dans la pente ! Donc on passe de la course à la marche au bout de quelques mètres et c’est parti pour la première ascension jusqu’à Soum de Matte. Comme la station est encore fermée, on monte pour le moment sur du damé (une piste bleue de ski) et c’est très bien pour l’échauffement. Petit à petit le peloton s’étire et le brouillard se fait de moins en moins épais. C’est alors que la vue se dégage, et quelle vue : les sommets enneigés se hissent au dessus d’une mer de nuage parfaitement plate, et le soleil se lève ! J’ai beau être habitué à ce genre de paysage, là c’est quand même grandiose. Du coup on arrive au sommet sans trop s’en rendre compte mais après s’être retourné plusieurs fois parce que le plus beau est derrière nous. Petit sourire (manqué) au photographe et c’est parti pour la première descente.
En arrivant en haut de Soum de Matte - Image Photossports.com
07h35 - Soum de Matte :
Et l’on est tout de suite dans l’ambiance : fini la piste damée et rendez-vous dans 50 à 60 cm de neige à peine tracée, qui plus est sur une pente de piste noire. Mais on est venus pour ça et c’est un régal ! C’est malheureusement trop court et l’on revient sur le chemin qui fait la liaison à ski entre les deux domaines de la station. On rejoint peu de temps après les coureurs du 20 km qui sont partis 15 minutes plus tard mais ne sont pas montés jusqu’à Soum de Matte. On sera avec eux pour plusieurs kilomètres. La piste est très roulante, en faux plat descendant, les jambes répondent très bien donc j’en profite pour accélérer un peu, même si je reste prudent en me remémorant le reste du parcours, avec la grosse inconnue pour moi : dans quel état sera le chemin qui fait le tour du lac de l’Oule ? Si la neige est tassée et qu’il est facile d’y courir, ce sera réglé en 45 minutes, sinon ça risque d’être très long. Donc je reste quand même un peu sur la réserve et je me remets en mode marche quand le chemin redevient montant. On passe devant le restaurant des Trois Guides avant de rejoindre pour quelques mètres la piste du col du Portet. A partir de ce moment là, la piste se redresse et l’on enchaine 3 jolis raidillons. On n’entend plus personne parler, chacun est dans son effort. Les bâtons sont vraiment un plus dans ces pentes là, ils aident à avancer en soulageant (un peu) les jambes, donnent des appuis supplémentaires et permettent de redresser le corps pour ne pas se retrouver à brouter la neige. Au final on baisse la tête, on « vise » les traces de pied de ceux qui sont passés avant et on arrive en haut. Encore une fois la vue est magnifique !
8h24 – Soumaye :
A partir de là, on comprend très vite que l’on va quitter la neige damée pour un bon moment. On part sur la droite sur un single à peine marqué par les quelques coureurs qui viennent de passer. On alterne montées et descentes en pente douce, les appuis sont fuyants mais les bâtons aident à garder l’équilibre. Ca devient par contre beaucoup plus difficile de doubler, surtout que l’on est mélangés avec les coureurs du 20 km. A chaque fois il faut faire un détour par la droite ou la gauche, et donc s’enfoncer dans la neige jusqu’au genou ! Au niveau physique tout va bien, pas de douleur aux jambes, le souffle est bon et j’essaie de maintenir un rythme constant sans trop forcer. Je profite de ces moments pas trop intenses pour manger et surtout boire correctement parce que je crains d’avoir des crampes, c’est souvent ce qui m’arrive en fin de ces courses « courtes » (les derniers kilomètres de la Romeufontaine sont tous les ans une torture à cause de ça !). Et puis j’ai toujours en tête ce tour du lac de l’Oule : dans quel état sera le chemin ? Du coup, je reste prudent sur cette partie. On commence par arriver en haut du téléski des Glaciers (le point haut de la course, 2500 m), avant de redescendre au pied d’un joli mur permettant de remonter en haut du téléski de Corne Blanque. Ca monte fort, le tracé forme quelques « zig-zag », il faut appuyer fort sur les bâtons mais j'y suis bien donc je prends plaisir.
Le single vers le haut du téléski des Glaciers - Image Photossport.com
L'arrivée en haut de Corne Blanque - Image Photossport.com
9h07 – Corne Blanque :
Maintenant ça descend et là encore, ça sent la poudreuse ! La piste damée n’est pas loin mais on la longe sur la droite. On est encore avec les coureurs du 20 km mais plus pour très longtemps puisque le Merlans n’est pas très loin et c’est là bas que nos chemins se séparent : eux remontent directement vers le col de Terre Nère alors que nous faisons un petit détour par le lac de l’Oule. Une dernière traversée de piste, une petite remontée et c’est la bifurcation vers l’Oule. A ce moment là, je vois que le 6ème du 30 km n’est pas très loin devant et ça me motive pour garder un bon rythme. Depuis le début de la course je sais que je suis dans les 10 premiers et je m’en satisfais, mais je me dis que toute place gagnée est « bonus ». Mais à ce moment là, comment ne pas penser à faire un peu mieux et rentrer dans les cinq ? Bref, je continue à descendre, on empreinte la piste 4x4 d’été mais avec la neige tout semble différent, remodelé. Arrivée au bord du lac, encouragements d’un groupe de randonneurs très motivés et c’est déjà le refuge qui est en ligne de mire. Je n’ai pas prévu de m’arrêter pour manger (j’ai ce qu’il faut avec moi), donc j’entame un petit encas sur le replat et je me pose la question du remplissage de la poche à eau : est-ce que je fais le plein ici ou aux Merlans ? Comme je sais qu’il va falloir courir tout le tour du lac, je me dis que moins j’en aurais dans le dos, mieux ce sera. Donc pas d’arrêt au ravitaillement d’où je repars avec le 6ème qui s’était arrêté quelques instants.
Le lac de l'Oule en hiver
9h26 – Refuge de l’Oule :
A peine le ravitaillement passé, je suis déjà dans le doute : j’ai peur de ne pas avoir assez d’eau pour arriver jusqu’au Merlans. Mais je décide de ne pas me restreindre, je bois normalement, et je finirai finalement la poche quelques minutes avec le ravitaillement, donc rien de grave ! Après le refuge, on commence par descendre au pied du barrage où l’on traverse le ruisseau avant de remonter au niveau du lac par la piste venant d’Artiguse. Je prends quelques mètres d’avance sur le coureur que j’avais rattrapé au refuge, et l’écart restera identique pendant un petit moment. En arrivant au barrage, je suis rassuré : le tour du Lac est bien tracé par les raquettes et il est facile d’y courir : c’est beau, très beau, j’y suis quasiment seul, c’est du plaisir ! J’aperçois au loin un autre coureur, ça doit être le cinquième donc ça me motive encore un peu plus. Je reste quand même sur mon rythme, je sais que la remontée au Merlans ne va pas être simple. Finalement, on se rejoint juste avant le départ du « chemin » tracé dans la forêt au dessus du barrage. C’est raide, étroit, mais au moins on reprend vite de l’altitude ! Là encore, je bénis mes bâtons. Et puis on se retrouve sur le replat menant au ravitaillement où l’on rejoint ceux du 20 km. Mais je comprends qu’il va falloir être patient : ce n’est qu’un single track dans la poudreuse et leur rythme est assez différent du notre. Je peste un peu intérieurement, je double 3 ou 4 petits groupes au prix d’un effort un peu trop important à mon goût. Du coup je me résous à rester tranquille, la fin du single n’est plus trop loin, et j’en profite pour manger une barre tranquillement. Arrivée au ravitaillement, cette fois il me faut vraiment de l’eau, donc demi-plein de la poche à eau et c’est reparti.
10h18 – Le Merlans :
Les premières centaines de mètres après le ravitaillement sont plutôt faciles, c’est en faux plat montant, donc on en profite pour récupérer un peu avant un gros morceau qui se présente devant nous : la remontée de la piste rouge des isards. En ski alpin, ce n’est rien, quelques virages et l’on est déjà en bas. Mais là, c’est dur. A une moindre échelle, ça me fait penser au col du Tricot sur la TDS : une montée bien raide en fin de course. Donc j’adopte la même stratégie. J’essaie de prendre un rythme, je baisse les yeux et je cherche les meilleurs appuis dans les pas de ceux qui me précédent. Petit à petit, le col se rapproche, un petit coucou à des amies qui ont profité de cette belle journée pour skier et voilà le col. Fini les montées, maintenant c’est descente et faux plat pour rentrer au Pla d’Adet.
10h37 – Col de Terre Nère:
En attaquant la descente, je sais que j’ai assez d’avance sur le suivant et que la cinquième place semble assurée, sauf si les crampes s’invitent pour la dernière partie plane. Mais avant, il y a une jolie descente : une piste noire, damée. Et qui dit damée dit glissante ! Beaucoup descendent sur les fesses, donc un joli couloir bien lisse est tracé au milieu de la piste. Il y a tellement de pente que j’ai peur de perdre tout contrôle sur les fesses et je préfère rester debout. Une jambe en avant bien tendue, une autre derrière pour (essayer de) contrôler et freiner et c’est parti. Tout se passe bien mais les crampes ne sont pas loin avec cette jambe maintenue tendue ! On arrive rapidement au niveau du dernier mur où l’on retrouve de la poudreuse, petite chute en arrière mais rien de bien méchant et on termine la descente en direction du parking d’Espiaube. On traverse la piste, maintenant les skieurs ont pris possession de la station, mais les bénévoles sont présents pour faire la circulation et la cohabitation se passe très bien. Il reste alors un peu plus de trois kilomètres de faux plat successivement montant ou descendant (mais plutôt montant !). Je me fais violence pour continuer à courir mais l’arrivée approche et la motivation est là. Le décor est toujours sympa, après une grande partie de la course « à découvert », on se retrouve maintenant dans une forêt bien enneigée.
Dans la forêt nous ramenant au Pla d'Adet - Image Photossport.com
Et puis c’est l’arrivée au bas du nouveau télésiège des Bouleaux, je pensais remonter par la piste mais j’avais oublié que les skieurs avaient aussi le droit de profiter du domaine ! On remonte donc quelques centaines de mètres le long de la route, ça sent vraiment la fin et j’essaye d’en profiter au maximum. Quelques marches à gravir et puis c’est l’arche d’arrivée. Je termine finalement 5ème sur 250 coureurs au départ (dont 70 qui seront finalement déviés pour des raisons de barrière horaire), j’ai vraiment pris plaisir sur cette course, la « crainte » du tour du lac de l’Oule m’a permis de rester prudent sur la première moitié du parcours, j’ai donc pu finir en forme et profiter de ce superbe parcours, avec une météo vraiment idéale !
11h07 – Pla d’Adet :
Je terminerai par les classiques remerciements à toute l’équipe organisatrice et les bénévoles qui ont réussi à faire de cette première édition un superbe événement, et à la famille et les amis présents le long du parcours ou à l’arrivée !
1 commentaire
Commentaire de philippe.u posté le 27-03-2016 à 20:37:12
Sacré performance, bravo !
Les photos donnent sacrément envie, surtout la première qui est magnifique
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