L'auteur : tricky
La course : Trail de Vulcain Ultra - 72 km
Date : 6/3/2016
Lieu : Volvic (Puy-de-Dôme)
Affichage : 5086 vues
Distance : 75km
Objectif : Pas d'objectif
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Plus que 2 semaines avant le Vulcain, Le Grand !
J’ai mal partout, au dos, aux jambes… les plus de 600 km et 15 000 m de dénivelées que je me suis avalé depuis le début de l’année, y sont sûrement pour quelque chose… Le stress aussi…
Il est temps d’aborder la surcompensation en toute sérénité pour arriver le plus frais possible le jour J !
La dernière semaine fut light mais mon dos n’est pas au top… Je m’oblige à faire du gainage tous les jours pour me rassurer… Ça serait idiot d’arriver cassé le jour J après toutes ces semaines de préparations et de sacrifices !!...
Dimanche 6 mars, 4h06 du mat’, un petit message sur kikourou et j’enchaine : jambon, pain de mie complet, thé vert et miel etc… ces gestes maintes fois répétés avant mes rando-courses, tous ces « réglages » alimentaires validés pendant l’entrainement.
Sur la route, j’ai l’impression que tous les véhicules vont à Volvic alors qu’en fait non… :-)
A partir de ce moment-là, je pense, je respire trail !
6h00 approchant, tout le monde s’agglutine devant l’arche, je suis concentré, un gars de la Nièvre me demande de quelle couleur sera le balisage, et finalement on tape la causette, à découvrir tous les 2 que le « Vulcain va nous dépuceler » aujourd’hui .
Ça part sous la douce mélodie d’Angus et ses compères (ACDC), c’est vrai que le sol est glissant !
Et ça surprend de voir ces traileurs marcher sur des œufs dans Volvic encore endormie.
C’est à ce moment-là que je me rends compte que mes bâtons-bambous sont immenses, à l’entrainement je n’avais pas pensé à ce détail… Je fais donc attention à n’embrocher personne, j’aurais tjrs un œil en veille pendant tout le parcours.
Les 2 premiers Puys passent nickel, c’est vrai qu’à l’entrainement j’avais constaté que la montée de Louchadière était plus « roulante » et rejoignait le chemin large en lacet que je faisais à la grande époque avec les Arvernes en VTT.
La descente du Puy était vraiment fun car avec juste ce qu’il fallait de neige pour faire des petites glissades dans le mélange de neige et de feuilles.
Arrivée à Lemptégy, j’ai un bon rythme, je ne sors pas le roadbook mais je sais que suis dans le timing.
Je galère à faire mon bidon avec une pipette récalcitrante, 2-3 trucs bananes et je repars : 2h43 au pointage.
Un choc thermique en sortant du bâtiment et je me remets dans le rythme.
Cette partie jusqu’au pied du PDD est roulante, je la connais, je virevolte avec mes bambous dans le paysage enneigé. Au bout, c’est la montée sur le col de Ceyssat avec le ravito en récompense.
Maryvonne est là, souriante, appareil au poing, vraiment réjouis de la voir, « T’es dans le timing » alors que je dois avoir quelques minutes de retard mais peu importe…
« Karine est en train de se garer », je n’attends pas, je mange qq trucs et je pars affronter le Géant.
Dans la montée, la danse incessante des traileurs rythme le paysage « Bravo les gars ! » « Allez courage !! »
Il fait de plus en plus froid, à chaque lacet, mes forces réduisent, mes yeux ne supportent plus la lumière, la fringale pointe le bout de son nez…
4h32 au pointage en haut du grand, je n’ai qu’une envie redescendre, quitter cet enfer blanc…
Autant dire que la descente a été compliquée, n’ayant pas voulu manger qqchose, je suis affaibli et je dévale les muletiers tel un pantin désarticulé.
Je scande malgré tous des encouragements aux courageux qui arpentent la montée, ça booste à en faire oublier mon état second.
« Chéri, chériiii !!! » Ma femme, les enfants puis Maryvonne sont réjouis de me voir. J’ai soi-disant sale tête, pas surpris, je dévore tout ce qui me passe sous la main.
Ça fait un bien fou de les voir, mon moral et mon physique repart, il reste 37km, quasi la moitié pas le temps de fléchir.
3ème étape, le retour sur Lemptégy, la seule difficulté c’est la remontée sur Le Traversin, je donne du rythme, mes fidèles bambous ne fléchissent pas, je crois que je suis en train de lier une histoire d’amour avec ces bâtons…
Arrivé au rond-point de Vulcania, on nous fait serpenter entre des sapins « Il est où ce ravito ??!!! » Je râle, j’exulte ma fatigue…
Je vois au loin Isabelle et Axel, mon club de supporter s’est agrandi, je rentre la mine réjouis dans Lemptégy :-)
Je peux voir tout le monde derrière la rangée de chaises, 7 personnes sont là pour moi, quel bonheur de partager ça avec eux !!!
Alex avait prévu de faire la course avec moi jusqu’à Gare de Volvic mais finalement il ne pourra pas, ses nouvelles semelles lui font trop mal.
Je me déleste de ma frontale, je changer de bandeau pour le Vulcain « customisé » la veille à coup de ciseaux (j’ai horreur des bonnets !).
Les assiettes sont quasi vides mais je grappille ce qu’il faut pour reprendre des forces et avaler un gel.
Mes suiveurs ont réservé l’Auberge de la Nugère pour le repas, il est 12h37 au moment où je pointe soit 6h37 de course, je sais que le timing est dépassé mais je ne perds pas de tps à vérifier de combien sur le roadbook.
L’enchainement qui arrive n’est pas le plus évident avec la fatigue accumulée : Puy des Gouttes, Chopine, Coquille et Jume.
Les passages sont glissants, après la montée des gouttes, je tombe 3 fois… C’est à ce moment-là que j’aurais dû mettre les chaines… mais par flemme et manque de lucidité, je continue mon chemin sur des appuis fuyants et approximatifs.
Je manque à plusieurs reprises de tomber à nouveau dans Coquille mais je me rattrape par des coups de reins qui ne sont pas au mieux pour mon dos…
Et puis après Jume, juste avant d’amorcer la descente je tombe comme une masse en arrière claquant le dos et la nuque sur la neige dure. C’est la chute de trop, je suis sonné et j’ai du mal à repartir. Après plusieurs minutes, je reprends confiance et j’amorce la descente avec prudence.
Chaque partie du terrain est scrutée, je tâtonne, je privilégie les endroits où la neige semble moins damée, je perds du temps, mais c’est le prix à payer pour ne pas retomber.
Tout est oublié lorsque la boue prédomine la trace, la traversée de la route du Col de la Nugère me rappelle qu’une belle montée m’attend avant le prochaine ravito.
Allez savoir pourquoi, mais à ce moment-là je vénère cette boue noire et collante sous mes pieds !
Gare de Volvic : Tout le monde est là à m’encourager !! Le réconfort avant le saucisson-pâte de fruit-tuc-bananes !!!
Je pose (ou pas) pour les photos mais surtout je dévore. Je suis vraiment heureux d’être là, avec le soutien de ma Femme, mes enfants, mes amis, quoi de mieux pour avoir le mental ??!
9h02 de course, il reste 12 bornes « Allez, il me reste 1h30 à faire »
« Chéri, au mental, au mental !! » me crie Karine, je repars gonflé à bloc.
La remontée au-dessus de Tournoël se fait sur un bon rythme même si je fais le yoyo avec une dizaine de coureurs.
Je connais le parcours, une fois arrivé à l’entrée du chemin du Renard, il n’y aura plus de difficulté sauf la remontée sur Tournoël qui reste un faux-plat « gérable ».
« Aller plus que 3km !! » me lance un bénévole à la bifurcation. Mon gps affiche déjà 72km, un peu de rabe peut être ?
A ce moment-là, je me dis «Plus vite tu vas aller et plus vite tu finiras », et je me mets à accélérer au rythme de mes bambous, encourageant à chaque passage mes compagnons d’infortune.
La tour pointe le bout de son nez, la ville au loin m’appelle, il ne me reste plus qu’à plonger tête baissée vers le dernier chemin qui rejoint Volvic.
Le dernier sprint avec mon grand, que je sers dans mes bras à l’arrivée, et j’en ai fini avec ce Vulcain au bout de 10h39.
Je finirais simplement en disant :
Merci à toi Chérie d’avoir subi mes absences quand je partais plusieurs heures le week-end, de m’avoir supporté pendant ces 9 semaines de préparation.
Merci à mes fils d’avoir compris que Papa n’était pas toujours concentré pour faire les devoirs avec eux !
Merci à Maryvonne d’être toujours là pour m’encourager, toujours présente malgré la distance.
Merci à Alex, Isa, Axel d’avoir été là au nom de l’amitié, ça m’a fait chaud au cœur.
Nota : Une photo de mes bâtons-bambous fait maison avec des poignets de VTT et des embouts en métal, les bambous avaient été acheté y'a très lgtps pour faire des tuteurs (J'ai trouvé des poignets plus légère depuis la photo)
8 commentaires
Commentaire de bubulle posté le 09-03-2016 à 15:07:22
Bravo, belle course ! Nous avons vraiment été dans les mêmes temps jusqu'au 2ème passage à Lemptégy même si après il semble que j'aie (un peu) moins ramé.
Et merci pour les noms de lieux que je ne connaissais pas (le Traversin, notamment, ça faisait un moment que je cherchais comment s'appelait ce col)
Commentaire de Vik posté le 09-03-2016 à 16:14:14
ça c'est un dépucelage rondement mené !
T'es prêt pour la suite, donc, en montagne :)
Ils ont quelle gueule tes bâtons ? C'est du bricolage maison avec du bambou du jardin ?
Commentaire de tricky posté le 09-03-2016 à 21:20:48
J'ai mis une photo des bambous ;)
Merci !
Oui, Bubulle on s'est suivi de prêt, dommage de ne pas s'être salué ;-)
Commentaire de Critobule94 posté le 10-03-2016 à 18:07:04
Beau récit, merci ! On a dû en effet se vautrer au même endroit, et peut-être dans les mêmes minutes. La prochaine fois on essaiera de tomber en coeur, la main dans la main ! Tes bâtons m'inspirent, c'est une belle idée pas coûteuse : je crois que je vais essayer de te copier.
Commentaire de tricky posté le 11-03-2016 à 21:30:19
Merci !! Tu peux me copier !! Je n'ai d'ailleurs rien inventer, je m'étais inspirer d'un article sur internet ;)
Commentaire de valdes posté le 12-03-2016 à 08:15:05
waouh, je suis E.P.A.T.E.E. oups quelle course, quel beau chrono ... Par contre, brrr j'ai froid rien qu'en voyant les photos : tu n'as pas eu froid ? (malgré les bô bâtons)
Bravo en tous les cas.
Commentaire de tricky posté le 12-03-2016 à 14:10:28
Merci Valdes !! :-)
Pas eu froid car je suis un Viking !!! ;-)
Commentaire de Arclusaz posté le 12-03-2016 à 21:10:57
Bravo d'avoir su aussi bien surmonter ton....coup de bambou !
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