L'auteur : redgtux
La course : Trail du Lac d'Annecy - Technica Maxi Race
Date : 30/5/2015
Lieu : Annecy (Haute-Savoie)
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Distance : 86km
Objectif : Terminer
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Tout d’abord, un petit retour sur le pourquoi de ma participation à cette course : début 2015, j’ai décidé de terminer un trail de 100km avant la fin de l’année. (finalement j’en ai fini deux : la CCC et les Templiers). Or, je n’avais à l’époque qu’une expérience très limitée des courses en montagne. Je me suis donc mis en quête d’une course préparatoire avec beaucoup de dénivelé et plutôt en début de saison afin de me préparer physiquement et mentalement. J’ai complété cette préparation avec deux “Week-Ends choc”.
La MaXi-Race est idéalement située (fin Mai), avec pas mal de dénivelé (5300 D+) et une distance “raisonnable” (85km) compte tenu de mon niveau, pas encore un ultra mais presque (encore que cela dépend des définitions…). Le parcours a l’air sympa (c’est une boucle) et cerise sur le gâteau, c’est là que se déroulent les championnats du monde de trail cette année !
Nous arrivons sur place 2 jours avant, le temps de visiter un peu le coin (après avoir traversé la France, autant faire un peu de tourisme), de reconnaître un peu le parcours et de se rendre compte que notre hôtel est vraiment juste à côté du départ (bonne nouvelle).
L’ambiance à Annecy fait penser à un village olympique (toutes proportions gardées…) car on croise des délégations de coureurs de tous les pays venus pour les championnats. Après une visite rapide du village, on récupère le dossard et les goodies (en tout petit nombre…).
Sur le dossard, il y a un profil de course imprimé à l’envers. Du coup, il suffit de soulever son dossard pour savoir ce qu’il reste à parcourir. C’est une super idée et je m’en servirai beaucoup pendant la course ! De plus, si j’ai bien compris, les numéros de dossard sont en fonction de l’indice ITRA, ce qui permet en théorie de voir immédiatement le niveau d’un coureur. C’est d’une utilité plus discutable.
Le vendredi, nous nous couchons le plus tôt possible, mais ce n’est pas simple de dormir et la nuit ne sera pas très réparatrice. Le réveil à 03:30 pique un peu les yeux… Nous arrivons tout de même à l’heure pour le départ et je prend place dans mon sas.
Même à cette heure là, je reçois des SMS d’encouragement, ça fait plaisir (en même temps, c’est un jeune papa donc c’est plus facile) !
J’ai lu qu’il pouvait y avoir des bouchons au départ de la montée vers le Semnoz, ma “stratégie” est donc de partir sur un bon rythme pour les éviter au maximum. Ensuite, j’ai un plan de marche mais je compte adapter en fonction des sensations. La première montée et la première descente seront des tests, et l’objectif initial est de rejoindre Doussard (la mi-course) en forme, ensuite on verra.
A 05:00, top départ avec musique et fumigènes, un peu comme aux Templiers; j’aime bien ! Comme prévu j’essaie de partir assez vite sur les bords du lac. Après les premiers kilomètres sur le plat, les choses sérieuses commencent avec la montée au Semnoz. La frontale devient rapidement inutile. Ces 1400 m de D+ sont un premier test qui se révèle concluant : 02:40 pour arriver en haut. Le paysage est très sympa, si on oublie les remontées mécaniques. Je retrouve mon accompagnatrice au sommet puis repart sans tarder après un arrêt express au ravito et une soupe.
La portion suivante, vers le col de la Cochette, est une descente suivie d’une montée assez raide. Dans cette première descente, j’essaie de suivre les conseils des anciens et d’en garder sous le pied… Sauf que mes pieds justement n’en font qu’à leur tête et tapent dans toutes les pierres qui dépassent dès que je me déconcentre. Bilan après la première descente : j’ai les pieds en feu (en fait ce sont les ongles de pieds qui ont souffert le plus). Ca promet pour la suite…
A retenir (erreurs de débutant…) :
se couper les ongles avant un trail
prendre des chaussures de trail plus grandes que les chaussures de course sur route
Il faudra aussi travailler la technique en descente, ça tombe bien j’ai encore plus de 50km pour cela.
Arrivés au col, nous entamons la descente vers Doussard avec un petit coup d'oeil sur le lac quand la végétation le permet :
Je descend touuut doucement histoire d’épargner un peu mes ongles de pieds, et me range pour laisser passer quelques fusées. Le petit passage sur route juste avant d’arriver au ravito est un calvaire : c’est du bitume, il fait chaud et on zigzague sans raison. Par chance un coup de téléphone de mon accompagnatrice me permet d’avoir une excuse pour marcher un peu… J’arrive finalement à Doussard après 06:20 de course, plutôt en phase avec mes prévisions. La moitié de la course est faite, que ce soit en kilométrage ou en dénivelé. Tout va bien ou plutôt tout a l’air d’aller bien : je n’ai de douleur nulle part (sauf aux pieds) mais je me suis très peu alimenté depuis le départ et ne m’en suis pas rendu compte. Je repars de Doussard en n’ayant presque rien avalé.
Je n’arriverai à voir madame que de loin car nous nous sommes loupés à l’entrée au ravito, et les accompagnants ne sont pas admis dans le ravito même.
La suite du parcours est une montée en trois étapes : d’abord vers le col de la Forclaz, puis vers le chalet de l’Aulps et enfin vers le pas de l’Aulps. J’avais lu que c’était une étape difficile et c’est effectivement le cas. Dans les premiers lacets vers le col de la Forclaz, je suis pris d’un gros coup de moins bien, au point de perdre l’équilibre… Je prends un gel, puis un autre 20 minutes après, puis une barre. Petit à petit la forme revient, mais le problème c’est que je n’ai pas prévu grand chose à manger dans le sac, en tout cas pas assez pour faire face à cela (autre erreur de débutant…). De plus, avec un gel, il faut boire et mes réserves d’eau ne sont pas illimitées. Le prochain ravito solide est dans au minimum 20km. Je fais le compte de ce qu’il me reste dans mon sac, en rationnant un peu ça devrait aller, et au pire il me reste un gel “de sécurité” en fond de sac.
Arrivé au col j’ai doit à quelques encouragements de ma compagne, et essaie de faire bonne figure. La tentation est grande de demander de l’eau ou un peu de ravitaillement sauvage mais le règlement c’est le règlement !
Après une petite portion de faux plat, nous attaquons la montée au chalet de l’Aulps, encouragés par les cloches de quelques bénévoles. Le paysage devient progressivement plus montagnard.
C’est une des plus belles portions de la course, mais pas la plus simple. Il y a même un petit reste de névé à passer.
Une fois passé le chalet, il reste une dernière côte vers le pas de l’Aulps. Cette dernière montée, très raide, est particulièrement difficile, en plus il fait très chaud. J’ai l’impression de ne pas avancer et résiste à la tentation de m’arrêter faire une pause (ou une sieste) pour regarder le paysage.
Dans le ciel il y a pas mal de parapentes, et même un planeur. Sur le coup je me dis que j’aimerai bien être à leur place… Au moins, si ils sont en l’air, c’est que la météo devrait rester identique dans les heures à venir.
Après un dernier passage le long des rochers un peu technique (il y a un passage avec une corde mais rien de bien méchant), nous arrivons en haut.
La descente qui suit, vers Villard Dessus est très longue et très pentue, ce qui va être un calvaire pour mes pieds. En montée la douleur était supportable mais en descente, mes ongles tapent dans le bout des chaussures à chaque pas. Je suis incapable d’accélérer et dois me freiner et faire des pauses régulières. Je vais perdre beaucoup d’énergie dans cette descente, et le moral a du mal à suivre lui aussi. Par contre, je finis par doubler quelques coureurs avec une couleur de dossard différente de la mienne : a priori ce sont des coureurs du championnat du monde, partis une heure avant nous le matin; c’est bête mais ça motive ! Je vais en doubler quelques-uns d’ici la fin de course.
Je finis quand même par arriver, un peu à bout de forces, au dernier ravitaillement de Menthon saint Bernard. Comme prévu je sature de la boisson d’effort sucrée, et finirai avec de l’eau plate.
Je décide de faire une bonne pause, d’abord avant le ravitaillement avec ma supportrice, qui me demande si je veux changer de chaussures. Je préfère éviter, j’ai peur de ce que je vais trouver dedans… Ensuite, dans le ravitaillement, je prends le temps de bien (trop) manger. Je vais ainsi passer près de 40 minutes au ravito sans avoir vraiment de souvenirs de ce que j’ai pu y faire.
Je repars bien refroidi, et probablement aussi en pleine digestion. En montant vers le Mont Baron, je réalise que je n’ai jamais couru aussi longtemps mais qu’il me reste encore quelques kilomètres à faire, et surtout une bonne dernière montée.
Et qu’elle est dure cette dernière montée ! Je ne sais pas à quoi c’est dû mais je n’en ai pas de bons souvenirs. Je n’arrive pas à conserver un rythme correct, et à chaque bosse franchie, une autre surgit devant. C’est à devenir dingue. Sur la fin, c’est un peu technique avec quelques passages où l’on peut s’aider des mains. Je finis quand même par arriver en haut et admirer le panorama sur Annecy :
Il n’y a pas à dire, ça vaut le coup ! Mais dire que maintenant il va falloir redescendre tout cela… La dernière descente se passe bien, enfin pas plus mal que les autres. Je retrouve des forces mais il n’est pas simple de doubler. J’ai toujours mes douleurs aux pieds mais comme par hasard, c’est devenu supportable : en fait tout ou presque devient supportable au fur et à mesure que l’arrivée approche.
Après cette dernière descente, il ne reste plus qu’à longer les bords du lac jusqu’à l’arrivée. Toutes mes forces sont revenues et je “fonce” vers l’arrivée un peu (beaucoup) ému pour terminer cette jolie ballade. A l’arrivée, j’en profite pour me gaver de tout ce qui passe à ma portée en attendant madame (qui a fait un périple tout aussi difficile pour me suivre toute la journée). Sauf que je peux l’attendre longtemps : les accompagnants ne sont pas autorisés dans l’espace d’arrivée, quelle drôle d’idée… Tant pis, nous irons fêter l’arrivée au restaurant de l’hôtel. Après une bonne douche, nous regardons les coureurs arriver jusque tard dans la soirée.
Bilan positif donc pour ce premier ultra, mais il me reste pas mal de choses à apprendre et à travailler, notamment ma technique de descente, mon alimentation, et la gestion de la deuxième partie de course qui s’est faite un peu “au radar”.
Si c’était à refaire (et ce sera le cas l’an prochain) :
prendre une petite frontale, on en juste un peu besoin le matin (encore que l’an prochain le départ sera donné plus tôt je crois, donc à nuancer).
avoir une routine pour l’alimentation et varier
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