Récit de la course : Marathon de Colmar 2015, par Pierre qui court

L'auteur : Pierre qui court

La course : Marathon de Colmar

Date : 13/9/2015

Lieu : Colmar (Haut-Rhin)

Affichage : 1245 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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mon 6ième marathon dans ma ville natale pour mes 40 ans



2015... année de mon entrée parmi les "sages"... les Vétérans... V1, eh oui... 40 ans

2015... 13 septembre, ça fait presque 2 ans que j'ai coché cette date dans mon agenda, et pour cause :

1er MARATHON de COLMAR.



COLMAR, ma ville natale, mon enfance, ma jeunesse, ma famille...




Quelle belle idée, quelle belle surprise : lorsque les organisateurs (mille bravos à eux pour tout) ont mis l'an dernier le tracé en ligne, voilà que je découvre que le marathon passe à 100 mètres de chez ma mère, à 300 mètres de chez mon père, tout près de chez un de mes oncles et de la belle famille de mon frère.



En mai 2015, de passage à Colmar pour raisons familiales, j'en profite évidemment pour tester le tracé, aller courir chacun des deux semi de la "bretzel" !  

Un marathon pas plat du tout... avec 5 ou 6 ponts (des montées/descentes de plusieurs dizaines de mètres), des côtes dans les vignes, des villages avec des rues qui montent et descendent, serpentent sur des pavés, et puis la fameuse succession de côtes entre les 25ièmes et 30ièmes kilos dans les vignes entre Ingersheim, Niedermorschwihr, Kathzenthal et Ammerschwihr.



Dans de telles conditions, je n'ai donc pas de réel objectif niveau chrono... un marathon autour des 3h30 m'irait très bien.

Le plus important ce sera le partage, les émotions sur ces routes, chemins, rues que je connais par coeur... qui m'ont vu gamin faire mes 1ères balades à vélo.

Semaine d'avant marathon en famille à COLMAR : temps estival, chaud et ensoleillé. Une sortie mercredi, une autre jeudi, et samedi en fin de matinée, juste 20 minutes et quelques lignes droites près du domaine viticole de la Ville de Colmar sur la piste cyclable. Vendredi, plein soleil à l'ouverture du village du marathon place Rapp, où je récupère mon pack coureur en moins de 5 minutes !

Dimanche 13, réveil 5h45 : ciel bouché, tout gris, il pleut.

Petit déj du marathonien. Douche. Puis repos jusqu'à 8h45. Sur ma tenue légère de coureur, j'enfile un vieux pull, un poncho, et allez hopla une fois (yooo, je suis pas alsacien pour rien net !), quand faut y aller, faut y aller !

Petites foulées sur la route d'Ingersheim (j'y re-passerai dans quelques heures, à moins de 2 km de l'arrivée...).

Au croisement, bises à ma soeur et mon beau-frère qui sont signaleurs bénévoles, et sur le pont depuis 7 heures du mat' eux !

(GRAND MERCI A TOUS LES TRES NOMBREUX BENEVOLES SUR CE 1ER MARATHON DE COLMAR D'UNE QUALITE EXCEPTIONNELLE).

J'arrive place Rapp au moment où s'élance le Semi. On est dans l'ambiance. Je rencontre un copain d'enfance qui est de service aussi pour l'occasion. Quelques étirements, et déjà 9h20, on nous appelle sur la ligne de départ. J'enlève le poncho et le pull... la chair de poule me prend tout d'un coup... la fraîcheur matinale (alors que depuis 3 mois sur Perpignan, on a rarement eu moins de 25° C, même la nuit...), et aussi l'émotion qui m'assaille... Bon, on se reprend, on canalise tout ça, on pourra se lâcher une fois la ligne d'arrivée franchie si tout se passe bien !



9h30, top départ, avec pom'pom girls, méga son, et tout et tout... (on se croirait à Paris presque !). Mais l'avantage (je suis placé assez à l'avant en fait), ça ne se bouscule quasiment pas, on part sur une large avenue, avant de bifurquer dans la vieille ville (pavés, rues moins larges).

Rue Turenne déjà j'entends des "Allez Pierre", et en tournant la tête je vois une de mes soeurs, avec son mari et ses 2 filles, qui se sont levés tôt et se sont déplacés pour m'encourager. Ils vont me suivre ainsi sur tout le tracé, en allant avec leur voiture aux différents postes accessibles : 6 fois successivement ainsi ils seront au bord de la route pour m'encourager ! Trop sympa et super d'avoir réussi à se déplacer aussi vite !



On sort du centre ville, direction le Sud, quartier Ste-Marie. Montée du pont SNCF, redescente vers l'INRA. Emotion dans mon quartier natal.


Emotion aussi et respect en doublant les vaillants coureurs non voyants.

Déjà WETTOLSHEIM : grosse ambiance, une autre partie de ma famille m'y attend. Ma soeur jumelle crie fort pour m'encourager. Mon père m'acclame, j'ai l'impression qu'il pleure même... Je suis dans les 30 premiers apparemment. Je sais que je suis parti vite, mais sans difficultés, j'arrive encore à discuter, à blaguer avec certains. Ma préparation a été faite dans des fortes conditions de chaleur à Perpignan, donc là avec cette météo automnale ce dimanche à Colmar, c'est tout bénéf ! Je suis malgré tout surpris de ne pas avoir été rattrapé encore par le meneur d'allure de 3h15 !


Montée dans les vignes direction EGUISHEIM : mon tonton et ma tata ne me voient pas, c'est moi qui doit les appeler et leur faire signe !! Grosse ambiance aussi, avec les animations musicales, les nombreux supporters ! On rejoint déjà de nombreux coureurs du semi : dans les petites rues aux pavés glissants des remparts d'Eguisheim, il faut rester prudent, pas possible de doubler... patience donc.

Sortie d'Eguisheim, la route s'élargit, on double plein de semi-marathoniens. Belle convivialité.

J'ai tout près de moi Flavie qui finira 1ère féminine. Je la passe sur les chemins le long de la Lauch. Je dois user de ma voix pour demander aux coureurs du semi de nous faire de la place pour pouvoir les passer sans bousculades... Ca se passe dans une bonne ambiance, même si c'est pas toujours évident car certains en sont à leur toute 1ère expérience sur une course, ça se voit.

Entrée dans le quartier des maraîchers à Colmar : surprise à nouveau, y revoir ma soeur et sa famille qui m'encouragent encore.

Déjà la fin de la 1ère boucle, bye bye les semi-marathoniens, bonjour les escadrilles !

La 1ère féminime me passe... je lui dis gentillement : "tu accélères toi, non ?", elle me dit, "non je suis sur mon rythme"... donc c'est moi qui ralentit un peu probablement, mais c'est mieux pour moi, vu ce qui nous attend après le 25ième kilo... et comme je n'ai pas d'ambition de record perso, inutile de forcer à ce moment là.

Montée du pont de Gaulle, redescente vers St-Joseph, Logelbach.  Encore ma famille. Mais aussi un vieux pote de musique de l'armée qui m'a reconnu... trop marrant, dommage que je n'aie pu m'arrêter pour taper la discute !

INGERSHEIM, le pont d'accès est encore en travaux, on doit donc descendre une pente raide, prendre une passerelle étroite, refaire une montée de pente, puis la rue principale. Encore de la famille et des amis qui m'encouragent, comme plus haut, je vois mon frère et sa famille, ma filleule,  une amie du Sud, puis encore ma moyenne soeur et toute sa famille (j'ai 3 soeurs et 1 frère !!).

Sortie d'Ingersheim, direction Niedermorschwihr. 

Alors que je cours tout seul depuis que Flavie m'a passé vers le 20ième, j'ai la lucidité de décider de me caler avec des gars pour les difficultés qui arrivent : je détecte un duo orange qui a l'air bien (l'escadrille Les Lévriers, merci à eux et bravo pour leur course !). On fait ainsi un bon bout de chemin ensemble. Très sympa, on se motive mutuellement. Le coureur expérimenté qui a commencé au semi encourage le plus jeune, me propose même un anti crampes et de l'eau, comme si j'étais dans sa team alors que je suis un coureur individuel. Les montées descentes se succèdent.





KATZENTHAL, AMMERSCHWIHR (le "Kaefferkopf", colline des grands crus, où, jeune étudiant, j'avais fait les vendanges... ) : on attend impatiemment le ravito car (petit bémol pour les organisateurs), depuis Ingersheim pas de ravito, or du 25ième au 30ième on a eu les montées, faux plats, descentes, bref ce qui pompe le plus... et sans eau.

Dans les descentes les plus raides, certains déboulent de derrière comme des fous ! MDR, des trailers probablement ! Humour... Tant mieux pour eux s'ils arrivent à faire ça sans se faire mal. Perso, j'ai appris et j'essaye de m'y tenir, que sur un marathon, on évite les accélérations brutales, même en descente.

En tout cas, le meneur d'allure de 3h15 lui aussi tient à assurer son chrono : alors que je ne l'ai pas vu depuis le départ, il me double dans Ammerschwihr (30 ième kilo environ). Mais je ne vois qu'un seul coureur qui le suit ! 

(Monsieur Dominique Chauvelier, meneur d'allure sur 3 heures, finira quant à lui 6ième au scratch, en 2h58.)


KIENTHZEIM (pavés, musiques), SIGOLSHEIM... les sons d'un groupe de rock me motivent, je les applaudis au passage, chapeau à eux d'être sorti pour jouer malgré la grisaille, l'humidité... jamais bonne pour les instruments de musique (j'en sais quelque chose, je suis aussi musicien amateur). Chapeau aussi pour les musiques d'harmonie locales et tous ceux qui ont animé le beau parcours.

Enfin, après Sigolsheim, au niveau de la Pommeraie, on entre dans la  plaine de la "Waldeslust" et de la forêt de la Fecht : un terrain d'entraînement pour moi lorsque je reviens sur Colmar en été.

Dans ma tête, je me dis : "allez, maintenant on rentre chez Maman" ! Eh oui, souvent, quand je viens revoir ma mère, je fais une sortie dans ce coin, vers le Pont de la Fecht, et ça fait 5 ou 6 kilomètres jusqu'à où elle habite.

Avec les difficultés du second semi, mes mollets ont pris... j'ai peur d'un claquage... Je dois donc encore bien penser à m'hydrater. Heureusement encore un poste d'épongeage (je m'arrose les jambes d'eau fraîche), puis le dernier ravito, je m'y arrête carrément 1 minute ou 2 pour bien boire encore, car il reste 2km195, les + longs !! Un anonyme hyper sympa me motive de loin déjà et quand j'arrive à son niveau, avec des paroles fortes et claires : "allez gars, ça va le faire, ça doit le faire, jusqu'au bout tu tiens, allez" (merci à lui !).


On passe sous la route nationale devenue départementale, petite pente à monter... rue droite, croisement après le siège du Domaine Viticole de la Ville de Colmar puis j'arrive enfin en vue de la rue de ma Maman, vers le collège Pfeffel : je fais des grands signes à l'entrée de la ligne droite pour qu'elle sache que c'est moi. Avec ma tante qui est près d'elle et des voisins, elle est soulagée de me voir ("enfin"... mais bon, je ne suis pas si loin que ça du 1er... 30 minutes environ seulement !) et de voir que je suis relativement "bien" encore, comparé à d'autres qui vont passer jusqu'à vers 15h30 à ce endroit, ou à certains que j'ai moi-même doublé et qui étaient à l'arrêt dans les derniers kilos.

Du monde dans le virage, avec crecelles et sirènes... Un peu plus haut, même des "tzikatzaka" entonnés par une supportrice très motivée à l'heure de l'apéro... (les alsaciens comprendront !).

Je retrouve la longue route d'Ingersheim... sous le pont SNCF encore une petite descente et une remontée... qui font mal aux mollets (mes cuisses vont très bien par contre, bizarrement...). Et là, tout un groupe de ma grande famille, avec ma soeur et mon beauf bénévoles : ils crient, me filment, me prennent en photos... Mais ce n'est pas terminé : à droite, direction centre ville, il faut remonter toute la rue, puis encore à gauche, oups, on dirait que ça monte encore... enfin la place Rapp en vue, sauf qu'il faut aller tout au bout de l'avenue, contourner la place vers la Préfecture pour remonter une allée dans le Champ de Mars jusqu'à la ligne d'arrivée.




Il faut dire que je cours seul, tout seul, et ce depuis le 31ième vers Niedemorschwihr car la très sympathique escadrille des Lévriers a manifestement ralenti (les 2 gars ont été rejoints par une jeune fille à la sortie d'Ammerschwihr et ils ont baissé de rythme pour pouvoir bien finir les 3 ensembles).

Sur le boulevard du champ de mars qu'il remonte en marchant, un finisher me lance : "allez gars, bien droit et profite, c'est pour toi ! "...

400 mètres...

Voilà, l'arrivée est en vue, je me redresse, je suis tout seul, j'accèlere le rythme, il y a vraiment une foule importante des deux côtés des barrières, à croire que c'est une arrivée du Tour de France... et non, c'est pour un petit coureur amateur occasionnel comme moi... (mais pas que évidemment !!).

Tout d'un coup, un cri, "hey Pierre", et une main qui sort de la foule : c'est mon père, je lui tape dans le plat de la main en courant mes derniers mètres après ces 42.150 déjà parcourus depuis 9h30 ce matin...

Tout sourire, je lève les deux pouces en guise de remerciements pour tous les gens qui applaudissent, et je franchis la ligne d'arrivée. Là, de suite, grande surprise : je tombe dans les bras de Monsieur le Maire, qui me remet la médaille de finisher. Accolades, bises... Un grand honneur en supplément de tout le reste !

Et puis, ouf, la tête qui tourne (émotions, contre-coup de l'accélération finale probablement...), heureusement, un bénévole de la Croix Rouge vient à mon secours, je lui demande un coca, je me pose sur le banc encore vide (peu de coureurs sont arrivés...ah bon... eh ben, je suis dans les 50 alors ? carrément... !!??). Là, encore une séquence émotion puisque ma soeur jumelle qui m'a encouragé vers  10 heures ce matin au bord de la route à Wettolsheim est là aussi  : elle me rejoint pour m'embrasser et me porter réconfort et attentions. Merci à elle, et aux bénévoles encore.

J'échange avec plusieurs autres finishers, dont, au bout de quelques minutes, les gars en orange de la sympathique escadrille qui m'a aidé sur plusieurs bornes dans le passage le plus ardu.

Voilà, c'était mon 6ième marathon depuis ces quelques années que je cours, et je l'ai couru en 3h22. Sur le diplôme officiel, ils m'ont classé 48ième et 19ième V1 !

Le 1er a fini en 2h49. Il n'y a pas d'argent à la clé, sauf pour les associations caritatives auxquelles sont reversés les bénéf. et c'est tant mieux comme ça, pourvu que ça dure !

Au delà du sport, ce fut un plaisir et de grandes émotions pour moi de revenir dans de telles conditions dans cette magnifique région, dans ma chère belle ville natale de COLMAR, que je vous recommande à tous pour du tourisme et pourquoi pas la prochaine édition de son Marathon, tant la 1ère a été un succès sur tous les plans. Franchement une organisation de main de maîtres pour ce coup d'essai.

Bravo et mille merci encore à tous.

 

 

 

 

 

2 commentaires

Commentaire de Tosq59 posté le 26-03-2016 à 18:46:24

Salut Pierre,
tout d'abord félicitations pour ton excellent récit de course et ta non moins belle perf, sur tes propres terres qui plus est, ce qui n'a pas manqué de te rendre encore un peu plus fier et ému je me doute.
Ayant couru moi même mon 1er marathon l'année dernière pour mes 40 ans à Vannes, je recherchais depuis quelque temps l'endroit de mon second.
je pense que ton récit a su faire pencher encore un peu plus la balance du coté de Colmar. Il y a tout ce que je recherche : ambiance conviviale, pas de course à la prime mais un but caritatif et certainement une magnifique région à découvrir rien qu'en voyant les quelques photos.
c'est décidé, je vais découvrir les vignobles alsaciens autrement qu'à travers leurs boissons ( qui n'en est pas moins agréable soit dit en passant !!! )
Au plaisir

Commentaire de Pierre qui court posté le 29-03-2016 à 13:10:32

Salut "Tosq59". Merci pour ton commentaire. Tu fais un très bon choix en décidant de venir découvrir COLMAR et son MARATHON. Leur site Internet est très bien fait, tu y trouveras beaucoup d'informations. Bonne continuation à toi. Pour ma part, je vais rester dans le Sud cette année pour mon marathon d'automne, très probablement TOULOUSE au programme. Sportivement

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