Récit de la course : Trail de la Vallée des Lacs - 90 km 2015, par Greg136

L'auteur : Greg136

La course : Trail de la Vallée des Lacs - 90 km

Date : 20/6/2015

Lieu : Gerardmer (Vosges)

Affichage : 2648 vues

Distance : 85km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Une grande course qui n’a rien à envier aux très grandes

 

Vosgien exilé à la capitale, je suis toujours retourné avec beaucoup de plaisir sur ces petites montagnes. Aussi quand les impératifs de mon calendrier ne me laisse que jusqu’au mois de Juillet pour faire un ultra cette année, j’ai dit bingo pour le trail de la vallée des lacs : 88 km et 5000 m de D+ avec un temps limite de 18h30. Course organisée par un Kikoureur : Randoaski.

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Me voici donc ce 20 juin à 4H du matin sur la ligne de départ avec environ 400 courageux. La météo annoncée est fraiche avec quelques averses, ce qui me convient bien. Néanmoins lorsqu’il commence à pleuvoir à 3H55, je me dis « welcome back to the Vosges ». Pas grave, j’ai une bonne collection d’ultra réalisés sous la pluie (voir la neige)… Je commence à être rodé.

Petit speech de l’orga « si vous n’arrivez pas frais à Mittlach, vous avez peu de chance de finir cet ultra », « j’ai trouvé un nouveau sentier : le petit sentier des roches… Evitez d’y courir, vous risquez de vous faire très mal si vous tombez » « faites vous plaisir ». On pourra pas dire qu’on n’était pas prévenu.

Comme d’habitude, je pars vers la fin du peloton (je suis un coureur de milieu de peloton) et je vise environ 16H (calculé avec mes tableaux magiques).

 

Le départ se fait dans les rues de Gérardmer, avec les encouragements des « clubbers » des boîtes de nuit, puis nous attaquons un petit sentier raide qui nous emmène jusqu’à la Moselaine. Le rythme est sage dans le milieu du peloton, 600m de D+ max. Pour l’instant personne n’est trop bavard.

On emprunte ensuite les pistes de ski, puis un petit single très sympa. Il fait encore nuit et je vois une concurrente devant moi qui court à bon rythme sans frontale. Elle me demande de passer devant pour éclairer le chemin. Elle m’explique qu’elle n’a pas pris de lampe car ça ne sert à rien, car il va bientôt faire jour…. Je suis toujours surpris par ceux qui font la course au poids au détriment de la sécurité…

On arrive ainsi aux pistes de ski de fond. Je suis en phase avec mon plan de marche, je prends beaucoup de plaisir, mais ça n’est que le début. On attaque la montée pour atteindre les chaumes, le rythme reste d’un bon niveau mais raisonnable. Arrivés sur les chaumes on est dans une ambiance très mystique perdu dans les nappes de brouillard. C’est superbe !

On attaque la descente sur la Bresse, sur un beau single bien roulant très sympa. Le rythme est bon, même si je fais bien attention d’en garder sous le pied. Arrivés à un point bas on attaque la remontée vers les pre-Jacquot. Je vois les tennis de la Vertbruche, et je me dis qu’on est bientôt au ravito. Mais nous ferons moultes détours avant d’arriver au ravitaillement (mais avec de très beaux points de vue).

Premier Ravito : 3h12 (prévu 2H45)

Là Randoaski nous annonce qu’à cause de la mauvaise météo, le parcours est légèrement modifié car un des sentiers aériens ne peut être atteint en hélicoptères aujourd’hui (dans le cas d’un accident). J’avoue qu’à ce moment ce qui me perturbe c’est que j’ai 40 min de retard sur mon plan de marche et seulement 15 min d’avance sur la BH. Je me demande comment j’ai pu me tromper autant, surtout que j’ai la sensation d’avoir bien couru, et qu’il y a encore beaucoup de monde derrière moi.

Ce dernier constat (il y a du monde derrière moi) me rassure, et je me dis que ça ne sert à rien de trop stresser pour un plan de marche et qu’on verra bien.

Nous attaquons maintenant la partie vers le lac des corbeaux… Superbe lac dans lequel nous nous baignions et faisions des soirées au coin du feu lorsque j’étais plus jeune. Je n’y suis pas retourné depuis presque 20 ans donc je me dis que je l’ai peut-être enjolivé dans mes mémoires. Mais non c’est encore plus beau que dans mes souvenirs. Et clou du spectacle, après une raide montée nous arrivons sur un promontoire rocheux où nous surplombons tout le lac, c’est vraiment super.

 

Pour ne rien gacher la pluie s’arrête et quelques éclaircies… youhou c’est top.

Jusqu’au prochain ravito, nous alternons large chemin et petit single track très sympa. Je suis sur un rythme rapide en montée (je double beaucoup de monde) mais plus lent que le peloton moyen en descente. J’essaie de conserver ce rythme lent en descente car je sais que c’est à qu’on se « brûle » les cuisses.

Je discute avec de nombreux concurrents, nous partageons nos histoires de guerres (en général tous ceux qui étaient à Chamonix en 2012 sur la TDS ou la CCC en garde un souvenir poignant de cette lutte face à la pluie et la neige)

Tout cela m’emmène au ravitaillement de Blanchemer en 5h12, où je n’ai plus que 10 min de retard sur la BH. Je suis agréablement surpris, d’autant plus que je n’ai pas la sensation d’avoir accéléré.

Nous attaquons maintenant une grosse section : 15 km et 500 m de D+ vers Mittlach.

La montée se passe bien, je continue de doubler de nombreux concurrents sans avoir l’impression de forcer. Quelques bons raidillards comme après le lac Blanchemer : tout droit sur 400 m de D+.

 

Lorsque nous arrivons sur la crête, le ciel s’est dégagé et nous profitons d’une belle vue et de quelques rayons de soleil.

 

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La descente sur le lac Altenweiher est un long single track avec de nombreux rochers. Je suis surpris de voir à quelle allure les autres coureures descendent. Je joue l’économie car je sens mes jambes durcirent un peu et j’alterne petit trot et marche rapide (avec ma spéciale technique en descente).

Après le lac, nous empruntons un long chemin pour remonter de 400m de D+. Mon rythme en montée est toujours très bon (je double de nombreux concurrents qui m’ont laissé sur place dans la descente).

Mais dans la descente sur Mitllach, mes jambes sont très dures et je n’arrive pas à courir de façon légère. De plus le soleil tape et j’ai chaud. Je me rends compte que j’ai un coup de mou… Rien de grave, ça arrive toujours, je suis seulement surpris que ça soit aussi tôt. C’est pas grave, ça passera.

Avec tout ça me voici au ravito de Mittlach, point bas de l’aventure. Le ravito est dans un coin très bucolique, je me vois assis dans l’herbe avec de la soupe et des sandwichs, lorsqu’une averse orageuse ruine tous mes espoirs. Je repars donc très rapidement pour le gros morceau de la journée : l’ascension vers le Honneck. Et je dois avouer que l’orga nous a gâte : 800m de D+ dré dans le pentu. Même si c’est dur, je prends bcp de plaisir dans cette ascension que j’avale d’une traite. Pour sortir sur les crêtes.

Là la météo est moins clémente : le vent est frigorifiant, la pluie à l’horizontale. Je perds un peu de ma motivation pour relancer en courant, et je m’achemine en marche rapide vers le Honneck. Le temps se gâte d’avantage et je vois même des flocons (pas mal pour un 20 juin). Je suis seul, aucun concurrent devant en vue, et ceux de derrière sont à 1 km. Bizarrement, mis à part le froid, je suis assez content d’être là à braver les éléments. Voici le Honneck (personne, aucun touriste) puis la descente sur le chalet du Sotré (atteint en 10h05) qui apparait rapidement et je savoure la soupe chaude avant d’attaquer la descente sur les pistes de ski de la Bresse.

 

Là je retrouve une bon rythme et cours dans la descente, surtout que ma femme m’attend plus bas. J’arrive pile dans les temps de mon plan de marche (en 11H20). Encouragements et c’est la partie du petit sentier des roches…. Qui sera la partie galère de l’aventure….

En effet, c’est difficile de courir sur cette partie, de nombreux passages où il est nécessaire de s’aider des mains, surtout que les roches sont détrempées et glissantes.

Je suis seul dans cette partie (deux concurrents m’ont doublé en tout et pour tout), et je vois le temps qui tourne (je mettrai 1H de plus que prévu sur cette portion)… Je commence à me dire que ça va être juste pour finir dans les délais… Mais rien que je ne puisse faire pour accélérer donc je reste philosophe et me dit que je verrai bien.

Arrivé au tremplin du Lispach, je me fais rattraper par Maxime avec qui j’avais discuté un peu plus tôt. Il me dit que lui aussi est surpris de la difficulté du passage. Il ne peut plus trop courir et va finir en marche rapide. Comme j’ai laissé quelques plumes dans le sentier (j’ai les jambes qui souffrent en descente), je me dis que c’est une bonne idée et nous voici en binôme d’infortune jusque Longemer. Là je me rends compte que ça va être compliqué pour la BH et je finis en trottinant jusqu’au ravito en 14h10 où ma femme m’attend. Avant d’avoir parlé, elle me dit que « oui c’était super dur. Tout le monde arrive en râlant sur la section ». Ca me remonte le moral, surtout que j’entends Randoaski remotiver un concurrent qui voulait abandonner en expliquant que la fin est beaucoup plus facile.

J’ai 3H30 pour faire 15KM et 500m de D+. Ça devrait le faire J

On repart avec Maxime : on est sceptique sur le début qui est extrêmement raide droit dans la pente, rendu glissant par les nombreux concurrents précédents. Je me retrouve à plat ventre entrain de glisser. Finalement on arrive sur le replat et là c’est tout plat. Je pense que je pourrais courir, mais je reste avec Maxime. Ça fait 4-5 H qu’on discute et ça serait dommage de stopper cette belle discussion.

On me demande de quoi on discute pendant des heures dans la montagne…. Et ben c’est comme sur le forum Kikourou de tout : la météo, les chaussures, les courses, les enfants, les vacances, la grossesse de madame, etc … J

Voici Grouvelin, puis le lac en fond… Ca y est on arrive…. Sauf qu’il y a une derrière surprise : 100m de D+. Enfin la dernière descente et l’arrivée en 17H45. A l’image du reste de la journée un grand sourire des bénévoles.

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Au final, je suis très fier de moi, même si c’est ma plus mauvaise performance vis-à-vis des BHs (15 min de rab !!!!). Mais avec un peu plus de recul, en comparant à d’autres courses, je pense que j’étais bien à mon niveau et que les BH sont vraiment serrées.

Dans tous les cas je suis très content d’avoir rencontré Maxime, et je suis encore plus heureux de le retrouver l’année prochaine à l’UTMB (on est tous les deux garantis d’y participer). C’est ça aussi le trail, beaucoup de belles rencontres.

Sinon le parcours est vraiment top avec une organisation parfaite. A faire et refaire !

2 commentaires

Commentaire de arnauddetroyes posté le 13-09-2015 à 17:18:06

C est en cherchant des courses pour juin 2016 que je viens de lire ton CR.
Bravo pour ta course et ta place de finisher car visiblement les bh semblent pas large .

Commentaire de Greg136 posté le 13-09-2015 à 18:46:12

Merci! c'est une belle course. Pour t'aider à calibrer je suis en general dans les 40 à 50% des pelotons.

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