Récit de la course : Trail des 3 Pics 2015, par _tibo_

L'auteur : _tibo_

La course : Trail des 3 Pics

Date : 25/7/2015

Lieu : Arbas (Haute-Garonne)

Affichage : 1871 vues

Distance : 52km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Le trail des 3 pics... à 2 pics

 

Avec une semaine de retard, voici un petit compte-rendu rapide du trail des trois pics.

 

Le profil du trail des 3 pics édition 2015... théoriquement


Pour ma dernière course de préparation avant la TDS, j'ai choisi le trail des trois pics (52km – 3400m D+) pour son profil intéressant. On monte trois fois et on descend trois fois, ce qui permet de bien varier les efforts et de travailler un peu tous les compartiments du trail. La date colle bien avec mon plan d'entraînement, ça n'est pas trop loin de la maison, l'organisation reprend après 4 ans d'arrêt donc il n'y aura pas trop de monde. Beaucoup de points positifs sur le papier !


J-1

Vendredi soir, à la sortie du boulot, je rentre rapidement préparer mes affaires. Marine, ma copine, me rejoint vers 17h et nous partons en direction des Pyrénées ! Direction Arbas plus exactement, pour aller récupérer mon dossard. Une particularité de ce trail est qu'il ne fait pas une boucle. Le départ et l'arrivée sont assez éloignés par la route. Une fois le dossard retiré, direction Saint Pé d'Ardet pour aller chercher un coin pour dormir. Nous avons la tente et nous trouverons bien un carré d'herbe pour la poser. Nous nous installons au bord du lac de Saint Pé d'Ardet. Ce soir ça sera pâtes au réchaud, nuit sur le matelas auto-gonflant pas bien épais, et pluie toute la nuit. Je ne ferai pas ça avant chaque course, mais je trouve ça bien de ne pas trop se prendre la tête. Je le fais bien en rando, alors pourquoi pas la veille d'une course ?

 

La course

Il a plu toute la nuit, et à la sortie de la tente à 6h il pleut encore un peu. Obligé de se mettre au sec dans la voiture pour se changer et pour manger. Lorsque le « jour » se lève, les nuages sont très bas. On n'aura pas une belle journée. Je me prépare, le parking se remplit, Marine se lève plus tard et nous allons vers le départ pour 7h30. Je m'échauffe dix minutes mais je ne suis pas trop adepte de l'échauffement avant des courses de cette distance. J'aurai largement le temps de m'échauffer pendant la course.

 

Avant le départ...

 

Côté course, l'objectif est le suivant : préparer la TDS ! Donc la place et le temps, je les regarderai de loin. À la fin de la course, je jugerai en fonction des sensations. Lors de ma dernière course à Saint Lary (45km – 3500m D+), j'avais énormément souffert dans les descentes. Pendant un mois j'ai mis le paquet sur le renforcement des quadriceps, et on verra aujourd'hui si ce travail a porté ses fruits. Je compte faire la première montée et la première descente très tranquillement. Accélérer dans la deuxième montée et faire la deuxième descente rapidement. Arriver bien entamé au pied de la dernière montée, pour faire une dernière montée/descente dans un état de fatigue assez avancé. Dans un mois je cours 120 kilomètres, donc il faut bien que je m'entraîne à courir « pas frais ». Sauf qu'en trail rien ne se passe jamais comme prévu.

 

Au briefing on nous annonce qu'une partie du parcours est d'ores et déjà déviée à cause des conditions météo. Que normalement il ne devrait pas pleuvoir, mais qu'avec les pluies de la nuit certains passages sont extrêmement glissants. Bref, on va s'amuser !


 Pendant le briefing


Avec environ 20 minutes de retard, le départ est donné. On démarre avec 2,5 kilomètres de « plat » ; c'est du moins ce qui est visible sur le profil. En vérité on prend déjà quelques petites côtes casses-pâtes pour sortir de Saint Pé d'Ardet.


Les premiers mètres après le départ


Je pars placé entre la 5eme et la 10eme position sur la première partie roulante. Lorsque nous arrivons au début de la montée, je sens aussitôt que j'ai les jambes lourdes. Nous sommes sur des chemins sur lesquels il est tout à fait possible de courir, mais moi je n'avance pas. Au début j'attends avec impatience les grosses pentes où tout le monde marchera. Car en courant je me sens à la rue, d'entrée de course, et je me fait doubler de tous les côtés. Pendant toute la première montée, je vais me faire doubler. Et je vais déjà commencer à cogiter. Comment ça se fait que j'ai l'impression de me traîner une enclume à chaque pied ? « En plus il pleut ! Et la vue est bouchée de tous les côtés ! ». Bref le moral n'est pas au top. Je n'ai jamais été mal dès le début d'une course. Je connais bien les passages à vide, et je sais que la forme revient toujours après. Mais est-ce que la forme peut arriver en course lorsque ça ne va pas dès le départ ? À vrai dire je n'en sais rien ! Alors je vais avancer. Si ça arrive tant mieux, sinon je vais passer une longue journée galère. Et puis voilà !

 

Dernière photo avant le brouillard


Plus on monte, plus il y de vent. Plus il pleut et plus il y a de brouillard. Les éléments sont contre nous. Lorsque nous arrivons proche du sommet, il y a tellement de vent que je commence à être frigorifié. On a 15 mètres de visibilité. Heureusement le balisage est dense et la progression se fait vraiment d'une rubalise à l'autre. On ne sait pas où on va. Je n'enfile pas ma veste car j'ai peur de congeler sur place si je dois m'arrêter, enlever le sac et le remettre ensuite sachant qu'il est trempé. Donc je me force à courir pour me tirer d'ici au plus vite et basculer dans la descente.

Ma montre aura enregistré 8°C à la fin de la montée. Sachant qu'elle était à mon poignet et que cette température était faussée par la température du corps, j'imagine qu'on a flirté avec les 0°C en température ressentie.

 

Le début de la descente est hyper technique. Le chemin passe à travers des gros blocs de pierre, il y a peu de place pour poser les pieds, on descend avec les mains et il ne faut pas se tromper car les cailloux sont très glissants. Je n'aime pas trop ce passage. Depuis une entorse au mois d'avril et une cheville toujours douloureuse quand elle tord, je crois que je suis devenu un peu trouillard en descente. En tout cas je fais très attention à mes chevilles, et ça me ralentit inévitablement. Mais bon, ça n'est pas le moment de se blesser un mois avant l'objectif de l'année. Donc je descends tranquillement, je m'arrête pour accrocher les bâtons sur le sac car je serai mieux avec les mains libres, et j'avance. Je perds encore des places, c'est une catastrophe, mais peu importe. Sur une crête, on descend « droit dans le pentu » dans la boue. Par endroit c'est genoux pliés, pieds parallèles, et on se laisse glisser. Très artistique j'imagine. Puis ce qui devait arriver arriva, sur une glissade mal contrôlée je tombe sur les fesses et le dos. Même pas mal, je repars aussitôt en pestant un peu parce que maintenant je suis tout sale. Plus tard je me rendrai compte que j'ai déchiré mon short sur 10cm et que j'ai cassé l'écran de mon téléphone qui était dans le sac. Chère gamelle tout de même.

 

Un peu plus bas, nous arrivons sur une piste forestière où l'on peut enfin dérouler la foulée. Ça me plaît. Je descends bien, j'ai l'agréable sensation que malgré la vitesse les jambes ne forcent pas. Je gagne une place, puis deux, puis trois. Ça fait plaisir, parce que ça veut dire que la tendance s'inverse. « Tiens, d'ailleurs je me sens mieux, j'ai du lâcher mes enclumes quelque part dans la descente ». Je suis bien sur cette piste, j'attends maintenant le ravitaillement un peu plus bas. J'y retrouverai Marine, et ça me donnerait presque envie d'accélérer un peu. Mais la course est encore longue donc je ne m'envoie pas trop fort non plus.

 

Au ravitaillement, Marine me dit que je suis sûrement autours de la 20eme place. J'aurais plutôt dit 50, mais il y a des coureurs du relais qui sont intercalés et je me fous un peu de ma place. Je sais juste que je devrais être plus à l'avant mais que la forme en a décidé autrement. Au moins je n'ai jamais pu forcer et donc je suis frais. On nous annonce au ravitaillement que le deuxième pic, le Cagire, est tout simplement annulé à cause des conditions météo. Sept kilomètres et 1000m de dénivelé en moins, nous dit-on. D'un côté je suis un peu déçu car j'étais venu pour trois pics, mais compte tenu des conditions météo en haut du premier, il ne pouvait pas en être autrement. Ça aurait sûrement été inconscient d'y monter, et les organisateurs ne peuvent pas prendre ce risque. À la place, on aura une longue piste forestière qui montera tout de même pas mal.

 

 Le profil réel : 51km et 2500m de D+


Et moi, j'ai enfin récupéré mes jambes ! Ce qui répond à la question existentielle du début : oui la forme peut arriver en course même si les premières heures laissent supposer le contraire. J'arrive à courir tout le long de cette piste, alors que pas mal de coureurs marchent lorsque ça monte. Il y a des gros espaces entre les coureurs maintenant, et je suis souvent un long moment sans voir personne. Mais sur cette section, dès que je vois quelqu'un apparaître au loin, je ne mets généralement pas longtemps pour le rattraper et le doubler. Et puis c'est pas le tout mais moi j'avais dit que je devais arriver bien entamé en bas de la dernière montée ! Là les jambes vont nickel, donc je vais en profiter quitte à me fatiguer un peu trop. Ça n'est clairement pas optimal comme gestion de course, il y aurait mieux à faire, mais c'est comme ça que je voulais me tester. Nous finissons par quitter la piste pour entamer une descente assez roulante. Et je suis surpris de voir comme ça trace ! Aucune douleur aux quadris alors que je suis en train de m'envoyer comme un idiot, je compte bien en profiter. Peu de temps avant le ravitaillement, je tombe sur Marine au bord de la route. Nous nous sommes trompés en regardant la carte hier, et elle est là où nous pensions trouver le ravito. C'est en plein milieu de la descente alors je m'arrête 30 secondes pour lui dire que tout va bien, et je repars toujours un peu euphorique. Dans le dernier raidillon pour arriver au ravitaillement, je rattrape des mecs qui m'avaient déposé dans la toute première montée, et ça finit de me remonter le moral. Whaou quelle section ! J'aurais aimé avoir les temps intermédiaires sur les trois parties, car je pense avoir fait un temps canon. Je ne me suis pas fait doubler une seule fois entre les deux ravitaillements, pas même par un relayeur.

 

D'après ce que j'ai retenu du profil, la dernière montée vers le pic de Paloumère se fait en deux temps. Une première partie plutôt « roulante » puis une deuxième partie raide. Je suis toujours bien physiquement, et ça me surprend quand même pas mal. Quelques kilomètres après le ravitaillement, deux sympathiques bénévoles notent les dossards des coureurs. « Il y a combien de solo devant ? » - « Onze pour l'instant ». Ça veut dire que 1/ J'étais bien plus loin que 20eme au premier ravito et c'est bien ce qu'il me semblait, et 2/ Un top 10 est jouable ! Je n'ai plus trop de souvenirs de la portion jusqu'au col d'Aspet. Simplement que cette fois-ci je me fait doubler par des relayeurs qui sont bien plus frais que moi, et que j'ai doublé un solo ce qui me place théoriquement 10eme. Quelques mètres avant le col, je retrouve à nouveau Marine. Apparemment je suis tout blanc, mais pourtant je me sens bien. Il y a ici un ravitaillement sommaire avant d'attaquer la dernière portion raide. Je bois un peu de coca et j'attaque la dernière montée.

 

L'arrivée au ravitaillement


Et là dès les premiers mètres après le ravito, je me prends un gros coup de bambou. Quasiment instantanément. Je me sens faible, je sens que je n'avance plus trop et un coureur revient sur moi, puis deux. Bon, c'est ce à quoi je me préparais depuis un moment, la dernière montée en étant cuit. Mais après avoir été si bien pendant plus de deux heures, ça fait un drôle d'effet. Je commençais à m'imaginer aller comme ça jusqu'à la fin. Dans la montée je me fais rattraper par plusieurs coureurs. C'est dur, alors je mets la montre sur l'altimètre et je coupe la montée en tranches de 100m. Objectif 1300, puis 1400, et 1500. Si je me rappelle bien du profil, le pic est à 1500 et quelques et il n'y aura pas de 1600. Dans le haut deux coureurs reviennent sur moi et je me dis qu'il faut se forcer à les suivre. Parce que si je les laisse filer eux aussi, je vais complètement abandonner dans la tête. Je ne ferai pas un top 10, et la place m'importe peu, mais ça n'est pas une raison pour ne pas se battre. Alors je me remobilise, je force un peu plus fort, et je passe au sommet avec les deux autres.

 

Juste avant le dernier sommet : ça ne rigole plus trop...


Dans le haut de la descente je relance assez fort. Je suis vraiment surpris que les quadriceps ne me rappellent pas un peu à l'ordre. Le travail de renforcement du dernier mois a fait un sacré effet ! Je n'ai plus beaucoup de souvenirs de la descente, si ce n'est que j'en ai marre. Sur le bas de la descente, on coure sur des chemins où les chevilles peuvent partir à tout moment, et ça n'a pas changé, je n'aime toujours pas. Donc je me fait beaucoup doubler, principalement par des relayeurs. Quand je les entends arriver derrière moi, je m'écarte pour les laisser passer. À un moment, passage devant un panneau indiquant « Arbas : 1h ». Je sais que je vais mettre 15 à 20 minutes, mais le moral prend quand même un petit coup. Je me voyais presque arrivé ! Sur le bas de la descente, j'entends un énième coureur me rattraper. Je m'arrête au bord du chemin sans même me retourner. Puis je ne sais pas pourquoi, quelque chose en moi me dit « Bel esprit, tu t'arrêtes sans même te battre, il est où l'esprit de compétition ? On s'en fout de la place, mais ça n'est pas une raison pour laisser filer comme ça ! ». Je me retourne alors et me rends compte que le coureur qui me rattrape est un coureur solo. Alors je repars en courant et je me dis que je ne le laisserai pas passer. Quitte à s'arracher jusqu'à l'arrivée, qui ne doit plus être si loin maintenant. Et puis ça fera passer la fin plus rapidement. En tout cas c'est un bel électrochoc, je repars de l'avant et je ne traîne pas car derrière il y en a un qui compte bien gagner une place. J'arrive sur la route, et je déroule à 15km/h jusqu'à la ligne d'arrivée.

 

Au final, je termine 15eme en 6h01, bien que ce classement soit anecdotique.

 

Bilan

Il y a un mois, après ma première course de préparation, j'étais très mitigé car j'avais vraiment subi la course. Les jambes avaient tétanisé dès la première descente et la fin de la course avait été une très grosse galère. Cette fois-ci, les jambes ont tenu bon dans les descentes, je n'ai pas eu de grosses douleurs et j'ai pu relancer fort dans la fin de la dernière descente après plus de 45 kilomètres de course. Autre source de satisfaction, je n'ai pas eu la moindre ampoule, malgré des pieds mouillés toute la course. Moi qui attrapait systématiquement des ampoules après 2h de course, je crois que j'ai enfin trouvé la combinaison chaussettes-chaussures qui m'accompagnera sur la TDS fin Août. Pour finir, une toute petite déception de ne pas être monté au deuxième sommet, mais en montagne c'est la météo qui décide, et samedi il n'y avait simplement pas d'autre solution.


Lien Strava de ma course : https://www.strava.com/activities/353815294.

 

2 commentaires

Commentaire de arnauddetroyes posté le 04-08-2015 à 11:35:09

pas mal comme test!Les mauvaises conditions météo et la petite forme du début pour finir aussi bien ,ca réconforte sur la forme générale.
Bravo et "merde " pour la tds car là ca sera le double en tout...
j´attends ton prochain cr !

Commentaire de Les3Pics posté le 21-03-2016 à 15:06:28

Salut Thibault.

Merci pour ce compte rendu que je lis avec intérêt (mais tardivement) puisque j'en suis l'un des organisateurs.
Content que la frustration d'avoir rater le Cagire ne soit pas trop grande et j'espère que la TDS qui s'en ai suivi se soit bien passée.
RV le 24 juillet cette année pour un parcours au complet (en tout cas on fait tout pour !!!)

A bientôt.

Arnauld Dubois

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