L'auteur : antdel3
La course : L'Enfer de l'Aube
Date : 26/6/2015
Lieu : Troyes (Aube)
Affichage : 834 vues
Distance : 183km
Matos : Sac Oxsitis Hydragon 17 l
Lampe frontale Nao
Bâton trois brin Black Diamonds
Objectif : Terminer
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Récit de l'Enfer de l'Aube 2015
Une envie de partager cette belle aventure et j'espère vous donner envie de venir en 2016.
Cette course : 180 km annoncés.
Un truc de fou comme me disent tous les gens de mon entourage.
Mais je voulais marquer cette année de mes 40 ans en réalisant un défi. De plus, ce trail est aux portes de chez moi donc pas de tracas d'organisation et de transport.
L'an dernier, j'ai couru le trail de l'Yonne à Sens (110 Km). Je me disais donc cette année que cela devrait être possible!
J'ai repris un entrainement sérieux de décembre 2014 à mi avril 2015 environ 850 Km parcourus en sorties diverses (fractionné, côtes, rando course, long, gainage, ...). J'ai réalisé quelques courses trail et le marathon de Reims.
Puis, j'ai enchainé fin avril 2015 avec l'Ultra Trail de la Brie des Morins (87 Km) et le 6 juin la Transju'Trail (72 Km et 3 200 D+).
Trois semaines de repos après la Transju, nous voilà sur la ligne de départ de ce défi !
Nous, c'est Thierry, un copain de l'Espérance Trail de Nogent sur Seine, rencontré sur les trails du coin. J'ai fait plusieurs courses avec lui; c'est un gars super sympa, agréable et très humble (CCC, trail du Morbihan, ....).
Nous avons décidé de courir ensemble sur cette course. On plaisante en se disant que nous serons dans le top 20 d'un trail (ben oui, nous ne sommes que 18 partants).
Le départ est donné : il est 20 h 00. Il fait relativement chaud, le soleil est bien présent, nous ne sommes que 18 au départ (un peu dommage).
Je reconnais quelques connaissances des clubs aux alentours et des coureurs du Marathon des Sables. L'ambiance est détendue et agréable. Des amis et connaissances sont présents plus stressés que nous !
Nous traversons Troyes devant les passants surpris de nous voir harnachés de nos sacs, encadrés de la police et de quads. Nous quittons Troyes le long des Viennes avant d'attaquer les premiers chemins. Nous poursuivons sur les chemins puis quelques côtes vers Laines-aux-Bois. Dès les premières côtes, nous sortons les bâtons. On se ménage afin de ne pas partir trop vite. Nous arrivons dans la forêt qui nous emmène vers notre premier ravito. Il nous faut sortir les lampes car la nuit s'invite. La température est encore bien chaude.
Premier ravito : 22 h 45 - Vauchassis 25 km. (2 h 48 de course) Recharge en eau, deux verres de coca et eau, une barre de céréales, un peu de Nok sur les pieds et hop on repart, on s'est arrêté 10 minutes.
Et d'une étape sur 8, plus que 155 km !
La deuxième étape passe bien. Il fait nuit, la température est douce, nous poursuivons sur des chemins blancs. Les odeurs de foin et autres sont très agréables. Nous apercevons un chevreuil à deux mètres de nous, immobile face à nos lampes. Nous poursuivons en emportant ces belles images qui font les courses de nuit. Nous traversons des chemins ou les herbes coupées nous freinent, encore quelques côtes pour apercevoir les antennes de Bercenay en Othe. Nous ne croisons pas grand monde, nous avons doublé quelques coureurs partis un peu vite, je pense. Derrière nous, quelques lueurs de lampes nous aident à maintenir une bonne cadence, on enchaine entre course et marche nordique.
Dans une montée au 37éme Km, Francis RIOS qui suit en quad nous apprend que le premier vient d'abandonner (coup de chaud). Mais il nous annonce aussi qu'il n'y a que deux coureurs devant nous. C'est à partir de ce moment que l'on commence à rêver "Podium". Mais on ne s'emballe pas, il nous reste 140 Km ! Cette annonce joue sur notre motivation d'autant plus que nous rejoignons rapidement un coureur. Donc, plus qu'un devant !!!
2ème ravito : 2 h 31 Nous arrivons à Eaux Puiseaux, 50éme Km (6 h 31 de course). Arrêt flash éclair, le premier n'est qu'à 25 minutes devant. Recharge en eau, deux verres de coca et eau, une barre de céréales, saucissons et hop on repart. Nous savons les autres derrière.
Nous pressons le pas sans trop s'emballer. La nuit, les grands chemins d'herbes sont moins monotones. Nous regardons passer les kilomètres les uns après les autres. La température reste douce. Le jour commence à se lever vers le km 65 : 8 h 40 de course. Nous cherchons une lueur de lampe au loin mais rien !
3ème ravito : 5 h 45 - Nous arrivons à Avreuil, 72éme Km (9 h 45 de course). Recharge en eau, deux verres de coca et eau, une barre de céréales, saucissons. On repart après 8 minutes d'arrêt sous les encouragements des bénévoles et de mon autre binôme Tonio qui a fait le déplacement si matinal. Le premier n'est plus très loin. 17 kilomètres nous séparent de Chaource mi course (90km). Cette étape semble passer vite, nous alternons toujours course et marche nordique. Le soleil commence a chauffé mais nous traversons quelques chemins en forêt. Chaource nous attire, nous y arrivons enfin mais le 4ème ravito nous semble interminable. Enfin, dernier kilomètre.
4ème ravito, 8 h 12 - Chaource, 89 Km mi course. 12 h 12 de course. Le premier est là mais il est mal en point, un petit coup de fatigue ! Nous décidons d'écourter ce ravito. Nous avions prévu massage, change, manger et repos mais ça ne sera que change (en blanc) et repas (Pâtes et jambon). Nous repartons, toujours sous les encouragements de nos amis et autres personnes, après environ 15 minutes de pause. C'est risqué mais le moral est poussé par cette envie de podium !
Dès le départ, la chaleur se fait présente et elle ne va pas arrêter de monter. Nous décidons de marcher mais d'un bon pas. Les premières douleurs apparaissent pieds, releveurs, adducteurs.
C'est là que le mental va nous aider, ne pas penser à la douleur uniquement l'arrivée !
Nous apprenons que Denis Leconte est reparti, il est à 20 minutes derrière. Pression !
Chemins blancs avec côtes jusque Maison les Chaource sous un soleil de plomb. Nous nous arrosons d'eau et buvons régulièrement. Nous nous accrochons. Une portion de 3 Kilomètres de route nous assomme un peu mais le retour dans les chemins nous permet de repartir. Enfin, le dernier kilomètre.
5ème ravito, 11 h 35 - Arrelles 109.5 Km (15 h 35 de course) Nous arrivons encore frais toujours la même motivation. On optimise au maximum le ravito. Recharge en eau, on boit, mange un peu et Nok, Nok, Nok. Les douleurs sont de plus en plus présentes mais bon ! On repart après 12 minutes de pause. La présence de copains et d'amis nous booste le moral et on repart vers Fralignes. Cette étape sera la plus dure 25 kms de chemins blanc au soleil !!! Ah oui, j'oubliai la forêt et ses nuées de taons et moustiques (un enfer dans l'Aube !). J'ai solutionné le problème avec une branche d'arbre en guise de tapette. On passe Polisot, gros coup de chaud dans les vignes, on longe la Seine sans pouvoir y accéder, DUR ! Toujours autant de Taons ! On arrive à Bar sur Seine. Longue traversée, il est 14 h personnes dans les rues ! On croise les 4 x 4 de l'organisation qui nous donne un peu d'eau et on se rafraichit. Ouf !
Nous quittons Bar pour Bourguignons. Là, une sacrée côte nous attend ! On enquille sans réfléchir. Encore des champs, des chemins blancs avec des cailloux que nos ampoules aiment de moins en moins. On aperçoit Fralignes mais il nous faut descendre pour remonter, dur!
Dernier kilomètre, on ne lâche rien. Il fait chaud, très chaud !
6ème ravito, 15 h 50 - Fralignes 134.4 km (19 h 50 de course). L'arrivée est une délivrance. Je me pose, j'ai un coup de chaud ! Je surélève mes jambes, un grand verre de coca et je me remets. Je bois et encore. Je change de chaussettes, de chaussures. Vincent, le kiné de la course, me fait un strap sous les pieds car j'ai les ampoules qui éclairent de plus en plus ! Les releveurs sont douloureux, un peu de pommade. Je me prépare. Thierry m'attend. L'arrêt est un peu plus long mais on a un challenge à accomplir donc on ne plie pas !
On repart après 17 minutes
La reprise se fait difficile pour moi un peu raide mais ça revient et on repart en marche nordique d'un bon pas. Thierry m'apporte un vrai soutien à ce moment là. Le poursuivant est annoncé à 25 minutes, il nous met la pression.
On retourne dans nos chemins, nous croisons les premières moissons. L'été est bien là. Courtenot, Fouchères, Chappes, Villemoyenne, on enchaine tant bien que mal, la chaleur toujours le soleil de plomb ! Au dernier ravito, on nous annonçait 20 km et toujours pas de Clérey. Il nous faudra encore marcher 5 kilomètres avant d'y parvenir. Dur, mais on s'accroche. Une dernière traversée de forêt avant d'arrivée à Fresnoy le Château. Rouages de tracteur et boue, les moustiques sont affamés. Notre odeur ne les repousse même pas !
Avant d'arriver, une belle descente nous casse les jambes mais on sait le ravito près.
7ème ravito et dernière étape, plus que 20 km. 20 h 21 - Clérey 159 km (24 h 21de course)
Nous nous arrêtons 9 minutes de quoi recharger en eau et boire, préparer la Frontale pour la deuxième nuit. Changement de maillot, grignotage et on repart. Le rythme est plutôt cool, on marche à 5/6 km/h. Mais un SMS va nous faire douter de la victoire qui peut encore s'échapper. En effet, Denis Lecomte vient de quitter le ravito 25 minutes après nous. Il est en compagnie de Francis Francart qui le fait en étape (90 Km) donc beaucoup plus frais et les deux compères avancent d'un pas décidé ! La peur de tout perdre s'empare de moi. J'augmente donc le pas. Un pas de marche nordique décidé aussi, 6/7 Km/h. Thierry suit derrière. Le mental inhibe mes douleurs (heureusement que l'on ne s'est pas arrêté plus à Clérey, sinon à froid les muscles ne seraient pas repartis). Nous passons l'autoroute, plus que 16 km. Chemins vers Montaulin. Je suis en terrain connu. Nous avançons repère par repère. Traversée de Montaulin, les bâtons grattent le bitume, les chiens aboient. Nous passons la voie de chemin de fer juste avant un train. Ouf, pas d'attente ! Un grand chemin blanc interminable nous amène à mon point fétiche, le pont de la Vélovoie, je suis chez moi !
Dès cet instant, ne sachant combien de temps nous sépare des suivants, je me remets à courir sur le chemin qui longe le canal (10 km/heure), le mental plus fort que la douleur. Je trouve la force d'avancer. Je ressens chaque caillou s'enfoncer dans les ampoules mais il faut aller au bout et ne pas tout perdre. Thierry suit derrière, il court aussi. Arrivé au pont de la rocade, nous avons au moins 45 minutes sur les suivants, je ralentis et attends Thierry. J'arrive enfin à la fin de la vélovoie à Saint Julien. Un vrai comité d'accueil est présent 4X4, quad, ambulance, applaudissements mais ce n'est pas encore fini.
Je décide d'attendre Thierry. Nous avons commencé ensemble, nous finirons ensemble. Le rêve devient réalité ! J'ai 177.5 km à ma montre mais je vais déchanter car on nous annonce encore 5 kilomètres.
Thierry arrive et nous repartons immédiatement escortés par l'organisation, les gyrophares et klaxons, la classe !!!! Tout ça pour nous. Nous ne réalisons pas.
S'en suit la traversée de Saint Julien, le Boulevard Jules Guesde: interminable ! Le rond point.
Passage devant Running 3, Thierry se repère enfin !
On traverse le Boulevard du 14 juillet et enfin la Rue Raymond Poincaré qui nous amène vers la mairie de Troyes : La DÉLIVRANCE! 00 h 34
Nous arrivons main dans la main après 28 h 34 de course, 183 Km, 1 800 D+, 1800 D-
et finissons cette course premier ex aequo. Quelle immense joie !
11 200 Calories, 15 litres d'eau au minimum chacun, 8 barres de céréales, 12 gels, 14 tranches de saucissons, 2 dattes, une assiette de pâte et une tranche de jambon plus tard.
Seulement 1 h 15 d'arrêt sur toute la course.
Il m'était difficile de penser pouvoir gagner une course un jour, surtout un 180 km. Je ne suis pas un grand trailer mais la motivation, un mental de plomb et courir avec Thierry nous ont emmené au bout !
On ne s'emballe pas pour autant, nous ne sommes pas des champions.
J'encourage tous ceux qui liront ce récit à tenter l'Enfer de l'Aube en 2016 (en fonction de leur capacité) soit en équipe (2X 90) ou complet. On en ressort plus fort.
Belle course pour se mesurer à une grande distance sans difficultés particulières si ce n'est la distance et la chaleur.
Encore un grand merci à Francis RIOS, organisateur, son équipe de bénévoles dévouées, Éric PETERS, le mécène, et nos amis qui nous ont encouragés et suivi tout long de se périple.
Mention spéciale pour Sandrine !
Cela semble toujours impossible jusqu'a ce qu'on le fasse (N. Mandela)
L'impossible nous ne l'atteignons pas mais il nous sert de lanterne (René Char)
2 commentaires
Commentaire de arnauddetroyes posté le 01-07-2015 à 12:07:52
Genial ,moi qui pensait que personne dans l aube ne saurait jamais stucturer un ultra digne de ce nom ,je crois que c est réussi cette fois!
Félicitation pour ta course,ta gestion,votre solidarité de coureur,le podium est encore plus jolie comme ça!
Grand Bravo
Commentaire de Thierry G posté le 08-07-2015 à 21:22:23
Quelle expérience et joie d'avoir uni nos efforts pour réussir ce que nous pensions impensables...Merci pour ton récit . à bientôt Antoine, pour d'autres aventures humaines.
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