L'auteur : _tibo_
La course : Saint-Lary Patou Trail - Skymarathon
Date : 28/6/2015
Lieu : St Lary Soulan (Hautes-Pyrénées)
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Distance : 47km
Objectif : Se défoncer
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Le profil de l'édition 2015
Contexte
Ce Patou Trail édition 2015 est la première de mes deux courses de préparation pour le gros objectif de l’année : la TDS (120km – 7500m D+) fin Août. J’ai été blessé tout l’hiver, de novembre à avril, et je n’ai recommencé à courir que début mai. Après un mois de mai plutôt tranquille pour la reprise, je me suis fait un gros mois d’entraînement en juin :
220 kilomètres et 8000m de dénivelé à pieds
300 kilomètres et 3500m de dénivelé en VTT
Cette course marque aussi la reprise des courses « montagneuses ». Le but sera de tester la forme et de faire des kilomètres en compétition. Côté objectif, j’aimerais courir sous les 6h30, et je pense finir quelque part entre 6 et 7h. Moins de 6h ça serait monstrueux, et plus de 7h je serais vraiment déçu.
J’arrive la veille de la course à Saint Lary. Je dormirai chez Grégoire, un ami Toulousain qui a une maison à quelques mètres du départ. Après avoir passé l’après-midi dehors à regarder les arrivées du trail du Mouscades, nous rentrons à la maison. Un bon repas au soleil sur la terrasse puis au dodo pas trop tard !
Posé dehors au soleil, il fait encore bien chaud
La course
Sur la ligne juste avant le départ
Le départ est donné à 7h. Je me place bien sur la ligne de départ, car on commence par 2,5 kilomètres de plat sur la route et je n’ai pas envie de jouer des coudes au départ. Si ça part trop vite, il sera toujours temps de ralentir un peu plus loin. Et comme je m’y attendais, ça part très vite. Je coure à 15km/h et il y a une bonne vingtaine de coureurs devant moi. Le ton est donné, il y a du monde, et les mecs ne sont pas venus pour enfiler des perles ! Côté stratégie, je compte arriver frais à Tramezaïgues (Km 25) pour faire une belle 2eme montée. Donc lorsque nous attaquons la première bosse, je reste tranquille et je fais abstraction des autres coureurs. Je me cale derrière la première féminine qui monte à un rythme régulier, et j’arrive sans forcer au premier ravitaillement. Après 5km et 730m de dénivelé je n’ai ni faim, ni soif, donc je ne m’arrête pas au ravitaillement. J’attrape un verre d’eau en passant, et c’est tout. Quelques mètres au-dessus du ravitaillement, la vue derrière nous est magnifique. Je m’arrête pour prendre une photo. Ce sont peut-être dix secondes de perdues, mais sur une course de cette distance c’est négligeable.
Dans la première montée
Au dessus du premier ravitaillement
Nous arrivons alors sur les crêtes, où nous trouvons des chemins un peu plus roulants. Il y a moyen de courir, donc je trottine lorsque je le peux sans me fatiguer. Il y a de nombreux coureurs devant moi, mais je les doublerai plus tard. Pour l’instant le but est de courir à l’économie. Nous traversons un troupeau de vaches Casta, une race très locale qu’on ne retrouve plus que dans quelques vallées des Pyrénées.
Les vaches qui ne semblent pas dérangées par notre présence
Au kilomètre 11, nous en sommes à 1300m de dénivelé positif, et nous attaquons un petit bout de descente. C’est roulant, sur une large piste et ça permet de dégourdir les jambes. En bas de la descente se trouve un petit ravitaillement. Il commence vraiment à faire chaud donc je recharge mes deux flasques avec de l’eau plate. Toujours sur une piste de ski, nous remontons 200m de dénivelé pour atteindre le haut de pla d’Adet. Il y aurait moyen de courir sur cette piste, d’ailleurs les gens autour de moi courent. Moi je marche dès que la pente s’élève. Puis voyant que ça coure autour de moi, je me dis « Ok, courir à l’économie c’est bien mais à un moment donné il va quand même falloir se bouger ! ». Donc je suis le mouvement, et je double plusieurs coureurs. À partir de là-haut, on enchainera 1200m de dénivelé négatif d’une seule traite. Le haut est sur une piste de ski, noire, jusqu’à Pla d’Adet. C’est raide, et celui qui le veut peut se flinguer les quadriceps en un rien de temps. Je démarre la descente prudemment puis je déroule de plus en plus. Tout en bas de la descente, je sens que les cuisses ont bien chauffé. Dans les quelques passages un peu techniques, je marche car j’ai l’impression que si je saute au-dessus des cailloux j’ai une chance non-négligeable de me planter. Donc je ne prends pas de risque.
La première partie de la course est passée. Nous en sommes à 23 km pour environ 1500m de dénivelé positif, et autant de négatif. Il y a maintenant 3 kilomètres en fond de vallée pour rejoindre Tramezaïgues. J’étais vraiment au top avant la descente, mais la descente m’a fait mal. Je dois me forcer pour les relances et pour ne pas perdre de temps. Je n’ai vu personne de toute la descente ni sur le plat. Il commence à y avoir de gros écarts entre les coureurs. Au ravitaillement, je pointe à la 11eme position en 2h49. À la mi-course. Je ne veux pas trop calculer, mais je me dis que je suis sur les bases de 6h. Ça serait tellement incroyable !
Dans Tramezaïges juste avant le ravitaillement
Nous avons quelques kilomètres avant d’attaquer la deuxième grosse difficulté, 1200m de dénivelé en moins de 5 kilomètres. Sur le profil elle parait redoutable. Dans mon plan de course c’est là que je comptais accélérer si les jambes le permettaient. Et effectivement dès les premières pentes, ça pique. J’avance doucement, et moi qui m’imaginais pousser fort sur les bâtons et accélérer dans la côte, je suis un peu déçu. C’est beaucoup trop raide pour ça ! Je réalise tout de même un bon début de montée puisque je double le 10e, puis le 9e et enfin le 8e que j’avais perdu de vue depuis longtemps. Je suis bien, et je me prends à rêver d’une super place. Nous sommes maintenant en plein soleil, il n’y a plus un arbre autour de nous, et la chaleur devient écrasante. Je commence à avoir du mal avec ma boisson énergétique ; c’est trop sucré et ça ne passe plus. Il me reste de l’eau plate dans les flasques, mais elle descend beaucoup trop vite. J’ai soif, j’ai envie de tout vider d’une traite, mais je ne peux pas sachant qu’on ne retrouvera pas d’eau avant le sommet. Petit à petit, je faiblis. Je me fait doubler par un coureur, chose qui ne m’était pas arrivée depuis le début de la course. Puis par un deuxième, et un troisième. Oups, je suis vraiment en train de coincer. Il y a du monde au-dessus de nous, mais ils sont très loin. On monte donc si haut ? Le moral commence à en prendre un coup, et je me sens arrêté.
Un des névés traversés à la montée
J’arrive au lac dans la douleur. Une fois là-haut, il faut faire le tour du lac, passer devant un bénévole qui nous donne un élastique pour attester que nous sommes bien montés jusqu’en haut (les derniers kilomètres avant le lac se font en aller-retour sur le même chemin). Un stock de bouteilles d’eau a été héliporté, mais il n’y en a pas énormément. Le bénévole nous dit « ¼ de litre par personne ». Toute la fin de la montée, je me suis dit que je pourrai enfin boire et remplir mes gourdes au sommet, et finalement non. Et le prochain ravitaillement est très loin. Je sais qu’il y a des centaines de coureurs derrière moi, qui passeront encore plus de temps que moi au soleil et ça serait malhonnête de prendre plus d’eau et qu’ils n’en aient plus. Donc je remplis une demie flasque, je mets les bâtons sur le sac car je n’en ai plus besoin, et je file.
Il ne me reste plus qu’une descente pour rejoindre Saint Lary. J’en suis à 5h de course, j’ai des ampoules qui me font mal, les jambes en bois, je n’ai plus beaucoup d’eau plate et ma boisson énergétique ne passe toujours pas. Ca annonce une belle descente en perspective ! En plus je ne suis plus très lucide, le chemin est technique et les possibilités d’entorse sont multiples. Ça me fait peur. Je descends crispé, ce qui me fatigue encore plus, et je commence à comprendre que maintenant, le seul objectif sera de rejoindre Saint Lary sur mes deux pieds. Je vais passer du temps dans cette descente et le chrono sera surement mauvais. Je vais surement perdre des dizaines de places. Alors je vais prendre mon temps, et ne pas prendre de risques.
Au moment de changer de vallée, je m’arrête à nouveau pour prendre une photo. Le bénévole qui est présent me demande si je veux qu’il me prenne. « Pourquoi pas, de toute façon au point où j’en suis… ». Il me dit que je suis sûrement dans les 20 premiers et que je ne peux pas vraiment dire ça.
Au dernier col avant de basculer définitivement dans la descente
La suite est longue est difficile. Je n’avance plus. Je suis incapable de courir en continu et je marche sans arrêt. Je vais alors assister à un défilé de coureurs qui vont me doubler. Chaque coureur qui me double me met un écart hallucinant en quelques minutes, et disparait au loin. J’ai abandonné toute notion de classement, et subir la course de cette façon n’aide pas à garder le moral. Au bout d’un moment je m’assois à l’ombre sous un arbre. La descente est en plein soleil et je suis maintenant bien déshydraté. Je reste là 5 minutes, je mange une pâte de fruit qui manque de ressortir, je finis mon eau, et je me dis que maintenant on verra bien. Je repars, et en passant sous un arbre, je me cogne le front dans une branche. Super, elle a dû sortir de nulle part parce que je ne l’avais pas vue. Deux minutes après je me cogne à nouveau une branche. Vive la lucidité ! J’arrive au dernier ravitaillement à Ens en marchant. Enfin de l’eau ! Je m’arrête pour remplir mes flasques, et alors que je n’ai fait aucun effort violent, je suis en train d’hyper-ventiler comme si je venais de terminer un 800m. Sensation étrange, je me dis « Toi mon coco tu vas finir par tomber dans les pommes et ça va être vite réglé ! ». À partir de là, nous entrons dans les quatre derniers kilomètres avec beaucoup de route. Je me force à courir. Dès que je suis tenté de marcher, je me mets un coup de pied au cul et je me demande si j’ai une bonne raison de ne pas courir. La réponse est non, alors je coure. Jusqu’à l’arche d’arrivée. Puis je me trouve un coin à l’ombre et je m’assoie là 5 minutes, complétement hagard. Au final je termine 33e en 6h50.
Les derniers mètres...
Bilan
D’un point de vue chronométrique, je suis à peu près dans les temps que je m’étais fixé. À 20 minutes près je passais sous les 6h30, temps pour lequel j’aurais signé avant de partir. Mais je suis déçu de ma course et je ne peux pas m’en satisfaire. J’ai complétement subi la fin de course, alors même que j’ai géré toute la première moitié. Il y a sûrement plusieurs explications, notamment la chaleur et probablement un manque d’alimentation. D’une manière générale je n’ai pas tenu la distance, et cela vient aussi sûrement d’un manque de caisse lié à un manque d’entraînement. J’ai repris il y a seulement deux mois après cinq mois d’inactivité. Si j’en doutais encore, cela me montre que les deux mois qui arrivent vont être déterminants pour préparer la TDS, et aujourd’hui je suis loin d’être prêt. Mais je ne suis pas inquiet non plus, car je n’ai pas de retard en terme de préparation. La prochaine course sera le trail des 3 pics fin juillet (52km – 3500m D+) et cette course sera déjà un peu plus riche d’enseignements. La motivation n’est pas atteinte, et je vais repartir à l’entrainement dès que la récupération sera terminée !
Ma course sur Strava : https://www.strava.com/activities/335100451
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