L'auteur : nanard7th
La course : Le Tour des Glaciers de la Vanoise
Date : 6/7/2014
Lieu : Pralognan La Vanoise (Savoie)
Affichage : 2072 vues
Distance : 72km
Objectif : Terminer
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A une semaine du TGV 2015 et à la lecture de ce sujet dans le forum, je me suis décidé à exhumer les quelques notes que je n'avais jamais eu le courage de publier sur mon UTV 2014 ....
Merci aussi a Bubulle qui m'a remis un peu le parcours en tête ... alors qu'il ne l'a jamais fait ...
TGV 2014
Un de mes deux objectifs de cette année 2014 (avec l'UTV que je vais enfin tenter de terminer après trois tentatives infructueuses ...).
Comme d'habitude, je me suis préparé avec la Nivollet Revard en Mai suivi de quelques trails Isérois en Juin.
J'arrive la veille à Pralognan et je m'installe au Camping (Parc Isertan) de Pralognan qui propose un package emplacement/souper/petit-dejeuner assez intéressant.
L'après midi, il fait beau et chaud lorsque j'assiste au briefing d'avant-course.
Le message est clair, le TGV, ce n'est pas pour les Mickeys ! On va en baver et sutout, c'est de la haute montagne !!!
A priori les orages annoncés devraient nous épargner, pourtant par mesure de précaution, le départ est avancé d'une heure (4h du mat quand même) ..
Tout ça fait un peu flipper, mais je me sens prêt.
J'avais mis le réveil à 2h30, mais je ne ferme pas l'oeil de la nuit (ça j'ai l'habitude avant une course) mais le froid et surtout l'humidité qui est tombée après 23h m'affectent, sans compter un matelas qui se dégonfle .. quelle galère ...
Donc 3h, petit déjeuner et du coup à 3h30, je me retrouve au départ, plus vraiment confiant et un peu barbouillé ...
Section 1: Pralognan- Lac des Vaches - Refuge Jean Collet
4h00 : les frontales s'allument et enfin le départ est donné ... Comme d'habitude, je pars dans les dernier ... On débute par une longue montée plutôt raide à travers les pistes de la station de ski de Pralognan. Une montée bien tranquille pour moi, dans ma bulle, même si je sais qu'il ne faut pas trainer, vu la BH de 2h.
Au bout de quelques temps, le parcours atteint un vallon qui remonte au travers d'alpages qu'on distingue à peine, avec une pente moins prononcée qu'au départ, ensuite une section un peu plus raide nous amène au fameux Lac des Vaches, qui se traverse à gué en sautant de pierres en pierres. C'est magique d'autant que le jour est sur le point de se lever ... Un dernier coup de cul dans un pierrier assez raide (ou je prends le temps de regarder les derniers coureurs traverser le lac) et me voici au Col de la Vanoise et au refuge Jean Collet. J'arrive seulement 10' avant la barrière horaire (à peu près dans les temps prévus), je ne traine donc pas au ravitaillement.
Km 8 - 1h51 - 1100m de D+
Section 2 : Jean Collet - Refuge de l'Arpont
Un ami m'avait prévenu : attention, le début de cette portion est roulant mais surtout ne t'emballe pas !!!
Et c'est vrai, que pendant 4 à 5 km, on peut vraiment envoyer !
Sauf que .... depuis le départ du refuge, j'ai de gros problèmes gastriques, et bientôt, malgré une descente assez douce, je ne peux plus avancer ... je décide de me soulager à l'abri des regards derrière une grosse pierre. Je prends mon temps et lorsque je repars, ça va beaucoup mieux, mais là, je suis vraiment dans les derniers !
On progresse dans un paysage très minéral en direction du Vallon de la Leisse.
Au bout de 4-5km on abandonne le sentier descendant qui plonge dans la vallée pour partir sur la droite et aborder une section en balcon au dessus de la vallée D'Entre-Deux-Eaux, sur le flanc Est de la Dent Parrachée, alors que le soleil commence tout doucement à nous réchauffer.
Mais Dieu que c'est dur !
Je n'ai pas l'habitude de telles altitudes (cette section reste constamment entre 2100 et 2500m d'altitude) et j'ai l'impression d'être anormalement essoufflé mais surtout le sentier est très technique. Névés, ruisseaux et surtout pierriers se succèdent. Chaque montée est laborieuse et chaque descente est terriblement éprouvante.
Moi qui suis d'habitude très à l'aise en descente, je suis littéralement scotché sur place. Et puis je commence à être très seul et plus d'une fois j'hésite sur la direction à prendre ....
Par contre, les paysages sont somptueux : Avec au-dessus de nos têtes, le dôme de Chasseforêt et le Glacier de la Vanoise. En dessous, la sauvage vallée d'Entre-Deux-Eaux, qui descend vers Termignon et la vallée de la Maurienne.
Malgré le faible dénivelé de cette section, je prends beaucoup de retard sur mes prévisions (30' au km 16 : j'avais clairement sous estimé la difficulté du parcours). Heureusement une longue descente à flanc de montagne (et enfin comme je les aime) permet de rattraper un peu du temps perdu et j'arrive au refuge de l'Arpont en 4h35 soit encore une fois à 10' de la BH.
Là un bénévole, fait comprendre au petit groupe encore présent qu'on devrait vite y aller ... j'ai donc tout juste le temps de remplir mon Camel Bag qu'il faut déjà repartir. Je ne me suis pas vraiment reposé !!!
Km 21 - 4h35
Section 3 : Refuge de l'Arpont - Refuge de Plan Sec
La descente qui suit le refuge de l'Arpont toujours à flanc de montagne est vraiment superbe, je ne vais pas très vite mais je me refais un peu la santé. Je cours régulièrement sur ce passage. On redescend à 2100m jusqu'à l'alpage de Montafia, au km 25, puis on remonte de nouveau. En dessous, tout au fond de la vallée, Termignon, Sollières et Bramans.
Je rattrape puis je dépasse un groupe de randonneurs mais 2/3 jeunes m'emboitent le pas pendant un moment puis me dépassent. Je suis très, très, agacé ... Mais bon, c'est vrai que je n'avance plus très vite!
On rentre bientôt dans un cirque ou on voit au loin de petites taches de couleur ... les coureurs ...c'est assez déprimant ...
La traversée d'un ruisseau suit celle d'un large névé, dans un environnement très sauvage. On était prévenu : la Montagne avec un grand M.
.... La question de la barrière horaire commence vraiment à se poser mais il n'est pas question d'arrêter la course si tôt. Avec un autre coureur nous entamons la longue descente qui mêne au refuge de Plan sec. Nous descendons à "tombeau ouvert" pendant 2 kms ... puis on continue ensuite de courir, sur un long faux plat montant, on traverse les remontées mécaniques de la station de ski d'Aussois qui se trouve juste en dessous de nous, et enfin après une dernière montée (courte, mais que je maudis puisque je cours toujours l'oeil rivé au chrono) j'arrive au refuge de Plan Sec : 8h01 de course ... C'était chaud : BH à 8h !!!
Seul un autre coureur arrivé derrière moi repartira ...
Km 39 - 8h01
Section 4 : Refuge de Plan Sec - Refuge de l'Orgière
Oui mais voilà, les serres files sont sur le départ, et je n'ai encore que le temps de remplir le Camel bag qu'il faut déjà repartir. Impossible de se reposer ...
Trop, c'est trop ... Avec le groupe de coureurs reparti en dernier nous décidons de nous arrêter seulement quelques centaines de mêtres après le départ et là, les serres files sont bien obligés de nous attendre !!!
Après une dizaine de minute de repos (bien mérité) nous repartons tranquillement sur un large sentier en descente ... Je suis dernier de la course ... Les 3 serres-files me suivent en papotant ...
(photo empruntée à Gibus qui me précédait à ce moment là ....) . Son récit (très illustré) :
http://www.kikourou.net/recits/recit-16281-le_tour_des_glaciers_de_la_vanoise-2014-par-gibus.html
Il reste 13 km à faire en 2h40 .... sur une partie difficile de ce TGV. Un beau challenge, mais malgré la fatigue, j'y crois encore ...
On va faire un grand tour en U pour contourner les deux barrages de Plan d'Amont et Plan d'Aval. Le pont de la Seteria marque le début de la première montée de cette section (220mD+). Elle est vraiment éprouvante d'autant que je commence à avoir mal à un genou ... les serres-files sont restés en arrière pour aider un coureur en difficulté ... je me décide à prendre un Ibuprofène qui va heureusement très rapidement me soulager ...
Mais je n'ai plus de force, je suis pratiquement à l'arrêt. Une des serre-files me rejoint, on commence à discuter ensemble et là je retrouve un peu d'énergie et sur la portion plus facile qui suit, je dépasse même des coureurs en souffrance. On passe le col du Barbier puis un faut plat (pas très long) me semble durer une éternité ...
Arrivée au sommet, je me pose un moment. Rapide calcul mental : il me reste 50' et un peu moins de 5km avant l'Orgière ...si je fais une belle descente, j'arriverais à accrocher la barrière horaire ...
Mais là encore, pas de repos possible, il faudra attaquer immédiatement les 800m de D+ sur 8km vers le col de Chavrière... et puis la longue descente vers Pralognan risque d'être épouvantable si je suis trop éprouvé .. Je prends du temps à me décider, je mange une barre de céréale, et je repars après 10' de pause. La décision est prise : pas de risques ... autant me préserver pour le futur (j'ai un UTV à terminer dans deux mois ....).
Je descends donc lentement sans me presser vers l'Orgière, la descente en partie en forêt est longue mais agréable (sauf le dernier coup de cul), j'ai l'esprit libéré, et même, je sens même pointer une regain de forme ... On débouche dans une large prairie en vue du refuge de l'Orgère, une dernière montée et ça y est, mon TGV se termine là après 11h15 de course (BH 11h). Les serres files qui vont accompagner les coureurs jusqu'à Pralognan sont partis depuis une dizaine de minutes. Je n'ai aucun regret ... même si la l'impressionante montée vers Chavrière, face à nous, me nargue ...
Km 51 - 11h15 - 2810D+
Je récupère en attendant l'arrivée des derniers coureurs puis des serres files qui arrivent une demi-heure plus tard ...
Un long retour en bus attend maintenant la quinzaine coureurs qui ont abandonné à ce niveau.
Heureusement, je vais dormir et je ne verrais pas la traversée de Modane, ni de celle de St jean de Maurienne, Albertville ou Moutier
Arrivé au camping, à chaque passage de coureur (le tracé longe le camping), j'ai un pincement au coeur ...
Je repars rapidement vers Grenoble, déçu mais avec la ferme intention de revenir et de boucler la boucle cette fois.
Au final, après avoir digéré la déception de l'abandon, reste des souvenirs de paysages merveilleux et sauvages, traversés des heures durant en solitaire. J'avais largement sous-estimé la difficulté de la course (non, entre Jean Collet et l'Orgière ce n'est pas tout plat !!!) et notamment l'altitude ... 200mD+ à 2500m, c'est très différent de 200m de D+ à 1000m.
Les chemins empruntés sont somptueux mais souvent assez techniques ... pas facile de rattraper le temps perdu ...
Et les BH, ahhhh ces p#Yù$**# de BH !!!
Mais il faut admettre qu'elles sont finalement assez équilibrées et bien dosées sur ce TGV ... elles evitent sourtout à des coureurs inconscients de prendre des risques pour leur santé ....
Post Scriptum : 2 mois plus tard, après avoir bien récupéré, je finirais enfin l'UTV et ses 91km ...
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