L'auteur : Zorglub74
La course : Trail du Lac d'Annecy - Technica Maxi Race
Date : 30/5/2015
Lieu : Annecy (Haute-Savoie)
Affichage : 3573 vues
Distance : 86km
Matos : XTWings 2
short tshirt manchons
sac skin avec veste décathlon
battons pliables leki carbone
3 soft-flasques de 0.5l
quelques gels
tél + couv survie + buff
Objectif : Faire un temps
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Un tour du Lac d'Annecy par les sommets mais sans trop de vue.
Les deux reconnaissances effectuées durant le WE précédant m'avaient bien faits prendre conscience que l'essentiel de la course serait en sous-bois. La raison à cela ? Un parcours autour du lac sur les crêtes les plus proches et donc nécessairement pas très hautes. Donc aucune récrimination à avoir la dessus j'étais prévenu. Je comprends les nombreuses remarques faites à ce sujet sur kikourou, mais en même temps on se rend bien compte en regardant la carte qu'il y a plus de vert que de blanc... les organisateur sont obliger de faire en fonction du terrain de jeu proche.
Le vendredi soir après le boulot après avoir mangé à la maison je passe récupérer mon dossard chez mon oncle et ma tante qui habitent à deux pas de la ligne de départ (merci à eux) puis je vais me coucher dans le VW sur le parking en face du départ. Ambiance un peu glauque , car les pompiers sont juste à côté pour secourir quelqu'un qui vient de se faire faucher sur le passage piéton (nuit plus pluie plus scooter plus). Bref cela me fait tout drôle de préparer tout mon matos alors que quelqu'un est sur le carreau pas loin.
Dodo vers 23h et réveil à 3h20 juste pour voir le départ de la course élite. Cela part fort devant mais par contre je sens que je n'aurai aucun mal à récupérer les derniers Coréens...
Je déjeune ensuite mon traditionnel thé + musli + tartine tout en préparant mes affaires.
Le matos embarqué sera : salomon Xtwings 2 (plus confort que les bushido et un peu plus longues que les cascadia les orteils apprécient), short tout simple, tshirt et manchons, buff, sac skin salomon avec une veste queshua à l'intérieur et les bâtons que je ne sortirai qu'à partir de la deuxième montée, quelques gels de divers marques, 1/2 d'eau et deux flasques salomon de réserve avec déjà de la poudre, une mini-frontale juste pour respecter le règlement mais que je n'utiliserai pas.
Sur la ligne de départ je suis presque tout devant très proche de la 60aines de coureurs VIP. Nos dossards sont numérotés en fonction de notre "cote" ITRA sensée refléter un peu notre niveau en trail même s'il y a des divergences entre des points obtenus sur trails courts et notre niveau réel sur ultra. Je sais donc que je suis peu ou prou au même niveau que les meilleurs femmes qui sont dans le box juste devant, le but de la première montée est donc de rester au contact sans trop en faire pour passer devant à tout prix
5h00 le départ est donné sans aucun échauffement préalable, sur les premiers hectomètres je prends déjà un grain de sable dans l'oeil qui jheureusement ne me gêne pas longtemps, un coucou au passage à Badgone que je reconnais au bord du lac puis nous filons à près de 14 km/h jusqu'au pied du Semnoz alors que le jour un peu nuageux se lève. J'espérai un peu plus de luminosité mais je sais le chemin large et sans trop de racines au début, donc pas de soucis.
Je me fait distancer dans les premières rampes par Carine Semo puis m'accroche un moment derrière Mélanie Rousset qui me distance un peu puis avec qui je jouerai au yoyo jusqu'au sommet aidé en cela par un V2 (Jean-Claude Mathieu ?) qui avait une belle avance avec ses bâtons sans jamais de temps mort.
A l'avant de la course nous n'avons pas de problème de cohue, chacun peu monter à son rythme et doubler ou se laisser doubler sans que cela n'engendre la moindre tension, le jour se lève, il fait bon, les petites douleurs ressenties ses derniers jours ne se réveillent pas trop, je suis zen et la course part sous de bons hospices.
Avant le sommet nous doublons les fameux coréens de la course du championnat du monde qui ne sont pas au bout de leurs peines puis nous basculons sur le premier ravitaillement où je rempli rapidement une flasque d'eau + poudre et une autre de coca+ eau.
Dans la longue descente vers St Eustache également reconnue le WE précédent je gère en allongeant bien tout en évitant de sursolliciter les quadri et en buvant régulièrement.
A St Eustache, je fais le plein d'eau prends un gel, sors les bâtons et parcours les montagnes russes jusqu'au-dessus de Doussard en doublant régulièrement du monde (même un concurrent en chaussettes !!!) certains passages sont bien boueux et je me félicite d'avoir pris les bâtons sur cette première partie, cela m'évite de perdre de l'influ à essayer de garder l'équilibre.
La dernière crête avant la descente sur Doussard me parait très longue, heureusement j'ai quelqu'un en point de mire qui m'oblige à relancer et j'évite ainsi de tomber dans un faux rythme.
Il commence à faire chaud et j'arrive à Doussard presque dans les 5h00 prévues en ayant encore de très bonnes sensations sur les quelques km de plat avant le ravito.
Je suis donc confiant pour la suite et prend le temps de beaucoup boire et bien manger (cahouètes, abricots, citron...) et je rempli mes deux flasques de 0.5 l à la réserve de boisson énergétique mise à disposition à la sortie (merci à l'organisation d'avoir prévu cela pour les coureurs ne bénéficiant pas d'un team ou dont les familles n'ont pas forcément envie de passer leurs WE à les suivre sur des courses pour le voir 2mn par là et 3 mn par ci...).
Je repars donc en trottant vers la deuxième moitié du parcours en doublant maintenant régulièrement des concurrents avec des dossards jaunes.
Je trouvais dommage a priori de faire partir "l'élite" avant la course "populaire" un peu pour les mêmes raisons que François d'Haene. Cela nous enlevait quelque part la possibilité de nous frotter en direct avec les futurs champions du monde. Mais après coup j'ai trouvé extra de doubler tous ces coureurs venus par amour de la course à pied dans notre petit coin de France et de leur glisser (pas à tous mais à beaucoup, et surtout aux très nombreuses femmes...) un petit mot d'encouragment au moment où je les doublai.
Dans la montée fort heureusement ombragée en direction du col de la Forclaz je passe un premier petit moment de doute en ressentant des prémisses de crampes aux mollets , je lève le pied donc, mais moins haut, ce qui ne m'empêche pas de rattraper Carine Semo alors première femme avant de me faire doubler à mon tour par les avions de chasses des deux premières équipes de relais à 4.
A la rampe à eau précédant la montée sur le chalet d'Aulps je double une concurrente britannique de la course du championnat du monde rencontrée au sommet de Semnoz la semaine précédente, on cause un moment tout en remplissant nos gourdes et je lui souhaite bon courage pour la suite qui va être beaucoup plus exposée au soleil.
Moins de 2h30 après avoir quitté Doussard je me retrouve au deuxième point haut de la course avec un petit passage à vide et un ventre un peu balloné sur les derniers mètres de montée; mais en ayant doublé quelques concurrents pas loin de la perdition. Je sais qu'une longue et pénible descente m'attend, je prends donc le temps de ranger les bâtons dans le sac, de bien souffler sur les premiers hectomètres sans m'inquiéter outre mesure des descendeurs plus rapides qui me distancent rapidement.
Début de la descente vers Villard une semaine avant vue depuis le pied des Dents de Lanfon
Bonne tactique, je me sens mieux à la fin de cette piste 4x4 infame qu'au début. Je suis surpris et attristé de rattraper Juliette Bénédicto à la fin de cette descente qui accompagnée de sa famille en termine et va abandonner la course avant Menthon. Décidemment le tour du lac d'Annecy ne lui réussi pas... pas grave on se retrouvera dans les montées nocturnes en hiver et elle sera encore devant moi...
Un rapide remplissage d'eau à Villard dessus, quelques gels avalés tout en buvant sur les chemins plus roulant qui me mènent à Menthon St Bernard.
Je sais à ce moment que le rêve fou de finir en moins de 10h15 (temps de Caroline Chaverot première femme l'année dernière) ne sera pas atteignable, mais tant pis je suis déjà très content de ma course et profite pleinement du bon moment passé au soleil sous une chaleur pas trop accablante.
Au ravito de Menthon je croise Sylvère Pruvost qui est avec son équipe de relai à 4, ces encouragements à l'entrée puis la sortie me boostent le moral. J'ai bien bu et refait le plein d'eau (1l) sachant que le final sera chaud. Dans la remontée en direction du Mont Baron les concurrents du championnat du monde que je double ne sont pas tous très frais, alors qu'il me semble avancer encore à bonne allure. Une dernière petite descente où le genou gauche commence à montrer des signes de faiblesses, puis la remontée de la petite route vers le col des Contrebandier où j'arrive à bien courir, pas vite certes mais courir tout de même.
Je rattrape ici Benoit Dupraz qui m'annonce que nous sommes dans les 25 premiers et avec qui on va se motiver pour ne rien lâcher jusqu'au sommet où enfin après près de 80 km de course on découvre une vrai vue plongeante sur le lac et l'arrivée.
Les photos ont été prises le lundi de Pentecôte lors de la reconnaissance.
Tout ça pour cela tout de même.
La crête un peu piégeuse que je redoutai passe plutôt bien et j'entame la dernière descente bien raide avec un peu d'avance sur Benoit, sachant que plus jeune, plus frais et moins cagneux des genoux il me passera avant la fin.
Malgré tout une fois doublé je me force à suivre son rythme à distance afin de n'avoir aucun regret si toutefois quelqu'un me reprennait dans le final.
Enfin le lac, les badaux et l'envie d'en finir, il reste un peu plus d'un km où l'émotion peut remonter en profitant des derniers hectomètres avec le sentiment d'avoir fait sinon la course parfaite en tout cas une très belle performance. Avant le bout de la longue ligne droite je me suis quand même retourné une fois pour être bien sûr de ne pas être suivi de trop près et pouvoir savourer le final.
A l'arrivée je retrouve mon oncle et ma tante complètement étrangés à ce monde de fous et très impressionnés par l'état de certains coureurs à l'arrivée. Pour ma part je suis quand même bien atteint et ai un peu de mal à récupérer.
Moins de 10 mn après moi arrive la première femme de la Maxi-Race Mélanie Rousset, quasiment dans l'indifférence générale. Dommage car même si elle n'était pas sur la course des championnats du monde elle a signé une jolie performance.
Un petit tour dans le lac pour resserrer les vaisseaux sanguins, quelques congratulations aux concurrents croisés sur la deuxième moitié du parcours et je suis allé mangé tranquillement chez mon oncle et ma tante à deux pas de là. Je n'ai pas eu de problème de douche donc.
Après je suis juste revenu sur le site pour assister à la remise des trophées des championnats du monde. Bravo à tous nos champions et particulièrement à Caroline Chaverot et Juliette Benedicto que j'ai le plaisir de croiser sur les montagnes proches de chez moi (Salève Môle et Andey...)
Je ne pensais pas écrire un compte rendu mais faire cette course cette année me tenait à coeur car même avec un petit décalage de 1h30 elle m'a permis (simple coureur du dimanche) de me confronter à l'élite mondiale présente à Annecy ce jour là et c'était une expérience vraiment sympa. Je suis donc sur l'ensemble des coureurs ayant fait la maxi-race pas très loin des 100 premiers en ayant pris beaucoup de plaisir à rattraper et encourager une partie des nombreux étrangers venus tourner autour de ce magnifique plan d'eau.
Je ne reviendrai certainement pas l'année prochaine car si 2015 est une année de courses très populaires (Maxi-Race, 80 km de Cham, UTMB) j'imagine déjà 2016 placée sous le signe de trails plus confidentiels mais offrant des parcours somptueux juste à côté de la maison (Salève, Brevon, Crêtes du Chablais, Montagn'Hard, Glières...).
Je remercie l'organisation et les nombreux bénévoles présents tout le long du parcours et aux ravitaillements. Certes il y avait de nombreuses parties en sous-bois, elles nous ont protégé du soleil et permis de mieux apprécier encore les rares points de vues sur le lac . Je ne serai pas aussi critique que certain contient d'habiter une magnifique région au terrain de jeu varié. Tous les parcours ne peuvent pas offrir des points de vues splendides je sélectionne les parcours que je fais un peu en fonction de cela, ce n'était pas le cas ici même si la vue depuis les sommets sur le lac d'Annecy n'est franchement pas si pire.
Les temps de passages pour m'en souvenir plus tard et le temps de Caroline Chaverot en 2014
D41 montée vers le Semnoz : 0h47 (67e)
Sommet du Semnoz : 2h10 (71e) (Caro 2h08)
Col de la Cochette : 3h53 (58e)
Doussard : 5h03 (45e) 5 mn d'arrêt (Caro 4h57 1mn d'arrêt)
Montée au chalet d'Aulps : 6h36 (37e) (Caro 6h21)
Pas de l'Aulps : 7h22 (32e) (Caro 7h04)
Villard Dessus : 7h55 (34e) (Caro 7h35)
Menthon St Bernard : 8h31 (29e) 5mn d'arrêt (Caro 8h11 1 mn d'arrêt)
Mont Barron : 10h07 (22e) (Caro 9h43)
Arrivée : 10h44 (23e) (Caro 10h15)
P.S. les comparaisons avec les temps de Caroline ne sont pas faites par esprit sexiste, mais je suis juste impressioné par cette femme qui semble se battre toujours jusqu'au bout, qui a donc une très grosse régularité du début à la fin de ses courses et qui a beaucoup progressé dernièrement (en gros j'étais devant elle il y a quelques années au trail du Salève et maintenant je suis derrière...)
A bientôt du côté de Chamonix
5 commentaires
Commentaire de JuCB posté le 01-06-2015 à 20:48:47
Je suis impressionné par ton humilité, ton empathie en course et ta performance !
J'ai une conclusion similaire et des envies de parcours identiques.
Pour le confidentiel, je te conseille aussi le trail des Usses à Villy !! ;-)
Commentaire de Philippe8474 posté le 02-06-2015 à 07:56:14
Admiratif de la perf
Admiratif de la façon de la faire et de prendre la course
Chapeau!
Et j'adore ta vision sur le fait d'avoir doublé des concurrents de la World Elite.
Commentaire de Titus73 posté le 02-06-2015 à 16:02:51
Chapeau, très beau récit et félicitation pour le résultat. J'ai vécu cela de l'intérieur et dans le dur pendant plus de 16h et je ressens pourtant les mêmes émotions. La première athlète doublée était Turque sur le point d'eau de St-Eustache puis j'ai vu ces pauvres Coréens et Coréennes souffrir le martyre juste après le col de Cochette et j'ai rattrapé enfin une Ukrainienne dans la descente vers Menthon: sentiment partagés entre fierté à mon modeste niveau et tristesse de les voir ainsi en galère mais aussi admiration de leur envie d'aller au bout malgré la difficulté.
Commentaire de Zorglub74 posté le 03-06-2015 à 06:20:20
Merci les gars, ce qui compte c'est d'être le plus longtemps possible en accord avec soi-même et l'empathie citée par JuCB est un moyen de se faire du bien tout au long du parcours en restant "connecté" avec toutes celles et ceux qui nous entourent.... je n'invente rien, c'est ce qu'applique Dawa Sherpa pour se sentir bien en course. Ce n'est pas qu'une compétition même si à la fin on est content d'être allé vite.
Commentaire de millénium posté le 03-06-2015 à 06:57:11
Quel beau récit ,et bien entendu quelle perf ! Bravo. En espérant te croiser (enfin te voir au départ , parce qu'après....) ; peut-être sur la montagn'hard ;-)
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