L'auteur : Coureur du 34
La course : La Larzac - Dourbie
Date : 1/11/2014
Lieu : Nant (Aveyron)
Affichage : 1514 vues
Distance : 30km
Objectif : Pas d'objectif
Partager : Tweet
Pour ma 2nde participation à ce superbe trail Larzac Dourbie, j'arrive un peu mieux entraîné et sans la boule au ventre de l'an dernier. Faut dire que quelques trails ont coulé sous mes jambes depuis, et que ce format, distance comme dénivelé, me convient plutôt bien.
Ce 1er novembre, j'ai grignoté un gros petit (n'ayons pas peur des contradictions) déj' vers 10 heures du mat' soit 3 tartines de miel, purée d'amandes blanches et graines de chia avec une banane, arrosé d'un litre de Badoit pour faire glisser le tout dans l'estomac.
Je me sens bien. La météo semblable à l'an dernier est couverte et douce avec des éclaircies au fur et à mesure de l'après-midi pour donner au final un grand ciel bleu. J'ai fait l'erreur de me couvrir un poil trop avec des manches longues, ce qui me fera suer à grosses gouttes tout le long du trail.
Une autre erreur, plus grave, est la balade de 4 heures en forêt cévenole faite le vendredi avec un pote. C'était sympa certes mais la veille d'un 30 kms exigeant, hum hum, faut se respecter quand même, no comment.
Bon, malgré tout, je suis motivé et c'est à 14 heures que les rues de Nant s'ouvrent à nos foulées.
Comme on n'arrête pas le progrès, je pars équipé d'une GoPro Hero 3+ fièrement "montée" sur mon front grâce à un bandeau spécial. C'est le cadeau d'anniversaire offert par ma femme, merci ma chérie! Je l'ai juste testé 6 jours avant en sortie courte.
Mon camelback est au taquet d'Hydrixir avec un seul gel comme en-cas. Le pote me refile 3 pistaches pour apporter une touche salée: manque plus que les olives et le pastis.
Côté GoPro, je filmerai par petites séquences d'une minute environ, au gré des variations de décors. Ca se passera sans gêne aucune. Il faudra que je monte un de ces jours les images glanées pour les partager ensuite.
Je revis les premiers kilomètres exactement comme l'an passé, le long faux plat pour sortir du village puis la montée qui se corse jusqu'à marcher et la reprise de la course quand nous arrivons enfin sur le plateau. Je ne regarde pas une seule fois la montre car je cours 100% aux sensations en restant à l'aise et en profitant du décor que je savoure.
Ceci dit, j'ai vaguement l'impression que le peloton court plus vite qu'en 2013 car je me fais doubler de temps à autre.
Que dire de plus, je pourrais copier-coller le compte-rendu de l'édition précédente: la traversée du hameau des Liquisses, les couloirs de buis, les prairies, les nombreux champignons en sous-bois, la traversée de la bergerie après un petit doute sur le balisage... Finalement c'est au 1er ravitaillo de l'Oulette que je jette un premier coup d'oeil sur la montre soit 1h05'37'' (contre 1h05'18'' en 2013): quand je vous dis que c'est une copie conforme de l'an dernier! Les sensations sont bonnes, ni plus ni moins.
Passés le Puech, nous abordons alors la longue descente, piste d'abord monotrace en sous-bois ensuite jusqu'à St Sauveur du Larzac et son petit mur. C'est là que j'apprends que je suis juste derrière les 5ème et 6ème féminines comptées par un bénévole. Voilà qui confirme que ça va plus vite que l'an dernier : au même endroit, nous suivions la 3ème féminine en 2013!
Cela me booste pour rester dans leurs foulées lors de la grande descente dans la vallée de la Dourbie. Leur rythme est assez rapide et je maintiens l'écart péniblement. Cette descente un chouïa technique, accumulée avec la précédente, fait des dégâts terribles sur la fibre musculaire et je ressens un départ de crampe au mollet dès le plat tout en bas (Les Moulinets), exactement comme l'an dernier: l'histoire se répète, c'est hallucinant.
Je décroche alors des féminines que je ne reverrai plus d'autant que je coince un peu dans les relances de cette longue partie de rive gauche de la Dourbie. A partir de là, je commence à sentir la fatigue s'installer et je me cale prudemment derrière des coureurs un peu à la peine comme moi. C'est dommage car c'est souvent roulant, tant pis pour moi, la fatigue de la balade de la veille fait surface.
Cantobre apparaît enfin, magnifique au détour de la sente, si proche qu'on semblerait pouvoir la toucher en tendant la main et pourtant si loin. Car pour y parvenir, il faut d'abord contourner la falaise voûtée puis plonger par une sente très joueuse à son pied, traverser une passerelle sur la rivière et ensuite, s'attaquer à la grosse montée sous le rocher de Cantobre. Les quadriceps brûlent, les crampes se prennent pour un 14 juillet en explosant dans les mollets à chaque appui et le compte-tours cardiaque s'emballe. Je suis dans le dur tout comme en 2013, décidément, ça n'augure rien de bon pour le final. Après un dernier effort avec l'aide d'une corde (j'aurai mieux fait de m'y pendre!), je bascule en haut de la falaise parmi le public toujours aussi chaleureux, une constante sur ce trail Larzac Dourbie. Et en quelques centaines de mètres et au moins 10 nouveaux départs de crampe, j'arrive dans la salle du 2nd ravitaillement. Le second coup d'oeil au chrono m'indique 2h27'39'' (contre 2h32'17'' en 2013). Bizarrement, j'ai gagné du temps mais je sais que ce trail Larzac Dourbie démarre vraiment maintenant à partir de Cantobre.
Je repars alors super prudemment car si la grimpette sur Cantobre est un calvaire, celle du Roc Nantais s'apparente à un enfer. Je descends dans le ru moussu traversé à moitié en marchant, à moitié en trottinant pour en sortir sous le pont avec encore une foule nombreuse et encourageante.
Et puis, péniblement, nous nous engageons sur la rampe en hauteur de route suivie du mur en sous-bois qui monte direct vers les falaises du Causse Bégon. Je sens les crampes qui me lancent à chaque foulée appuyée, ça pétille, mes mollets sont des bouteilles de Perrier, c'est fou! Je gère à la limite du déclenchement comme je peux.
La première nouveauté arrive avec la proue de la falaise face à nous: l'an dernier, le Larzac Dourbie nous amenait à sa droite alors que là, nous rentrons dans une faille rocheuse pour en ressortir quelques mètres plus loin côté gauche: c'est original et surprenant, bravo aux organisateurs!
Nous poursuivons au pied de la falaise avec des cavités ici et là et ça continue de monter, mon Dieu que ça monte. Lors du franchissement d'une marche plus haute que les autres, mon mollet droit se contracte si violemment que je suis saisi net et que je couche au sol en me tordant de douleur, tel un footballeur italien à la recherche du penalty (bouh le mauvais cliché). Cette crampe va me clouer là plusieurs minutes jusqu'à ce qu'un trailer plus compatissant que les autres me saisisse la jambe et m'en soulage. Gloire à toi, trailer inconnu, ma reconnaissance éternelle! C'est la première fois qu'une crampe me fait aussi mal et m'empêche littéralement d'avancer. J'ai vraiment la haine car j'ai perdu de longues minutes.
Je repars encore plus prudemment (si, si, c'est possible) et je récupère le groupe du coureur salvateur. Il me demande si ça va mieux et je réponds que les crampes picotent encore mais au moins, je peux marcher. D'ailleurs, la pente s'est adoucie et la piste élargie. J'essaie de courir (trottiner, restons modeste) tant bien que mal, surtout mal en fait.
Une centaine de mètres plus loin, du béton à prise rapide envahit brutalement mes cuisses: je suis arrêté par une double crampe aux quadriceps cette fois-ci! Je gueule comme un charretier et je me mets en bord de piste impuissant à regarder les trailers me repasser devant. Cette fois-ci, rien à faire pour soulager les maudites crampes: si je plie la cuisse, ça part de plus belle dans les isquios. La cata, je suis désespéré, je veux arrêter le trail et me mettre au tricot à moins que je commence à regarder Questions pour un Champion. On dit que le trail, c'est que du bonheur mais j'en prends plein les gencives sur le moment, et le plaisir est à des années-lumières à cet instant. Et combien de temps les crampes vont-elles s'accrocher à mes cuissots?
La vie, ce n'est pas attendre que l'orage passe mais c'est apprendre à danser sous la pluie.
Alors, je prends la décision de courir au détriment de la douleur: qui c'est qui commande, hein, c'est bibi!! Alors les jambes, vous reprenez du service. God Save mes Quilles, qui se remettent à avancer! Et sans trop savoir comment c'est possible, je claudique et accélère jusqu'à un gros 7 km/h à faire palir Usain Bolt. Mes cuisses brûlent toujours à combustion lente et je doute que le corps apprécie mais il se plie à ma volonté pour une fois.
Je rattrape une nouvelle fois le même groupe et je m'accroche comme je peux derrière. Pas le moment de faire le malin en passant devant.
Et puis, le Roc Nantais apparaît avec le coucher de soleil en arrière-plan sur le causse du Larzac: c'est beau comme une carte postale, que je signerais "amour, crampes et sentiers"! Et ça donne des ailes, tout du moins quelques plumes pour rejoindre la ligne d'arrivée dans l'ombre naissante.
La seconde nouveauté de cette édition Larzac Dourbie 2014 se découvre dans la descente: nous innovons par une sente très meuble et souple dans un gros dévers, tracée à mon avis exclusivement pour les besoins du trail. Je suis au ralenti car les jambes sont endolories. Je me fais inexorablement distancé mais ça fait un bout de temps que j'ai rangé mon amour propre tout au fond du camelback. Je pense que les pluies violentes d'automne ont rendu l'ancienne descente impraticable.
La sono résonne tout en bas et la voix de l'animateur sonne comme un doux Alléluïa à mes oreilles. J'arrive enfin dans Nant, franchis le petit pont (et paf, la batterie de la GoPro qui me lâche, c'est la déveine) et bis repetita, je marche, ultime crampe oblige, dans la ruelle montant jusqu'à l'arche libératrice. Je vous salis, ma rue.
Un trailer déboule derrière et je remets une dernière couche pour franchir la ligne devant, non mais!
Au passage, je lève un regard sur le chrono géant qui affiche, 3h42'02'' soit plus de 3 minutes de mieux qu'en 2013. Je suis amer malgré tout, tant de douleur pour quelques 200 secondes.
Côté classement, je suis 110ème, tout comme en 2013. Dingue comme cette course a été une copie de la précédente à bien des titres!
Ce trail Larzac Dourbie reste un régal pour ses décors et la chaleur des organisateurs.
Et puis, une course ratée, c'est une course qui ne nous apprend rien. En l'occurence, j'ai quelques leçons à tirer de celle-ci: il faut vraiment, non mais vraiment, que je travaille spécifiquement les montées et descentes sur du terrain de trail, pour casser de la fibre et me renforcer les cannes. Mieux vaut avoir un peu froid au départ plutôt que chaud plus tard. Et les randos la veille de course, c'est à ranger aux oubliettes définitivement mais ça, je le savais déjà.
Peut-être le retour de la revanche sur le trail Larzac Dourbie 2015?
Aucun commentaire
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.