Récit de la course : TransLantau 2015, par jujuhrc

L'auteur : jujuhrc

La course : TransLantau

Date : 13/3/2015

Lieu : Hong-kong (Chine)

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Distance : 105km

Objectif : Terminer

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Marche au moral

C'est donc une histoire de marches et de moral que cette édition 2015 de la Translantau.

 

Plantons le décors tout d'abord. Lantau est une île qui se situe sur le territoire de Hong-Kong. Elle est devenu célèbre car elle abrite depuis quelques années le nouvel aéroport de la ville entièrement gagné sur la mer. Le point culminant de l'île est le Lantau peak qui culmine à 934m, nous y passerons d'ailleurs.

Pour cette Translantau 2015 4 distances sont au programme, 15km, 25km, 50km et un 100km en solo ou en duo. Avec Thomas nous décidons de nous aligner en duo sur le 100km et ses 5800m de D+. C'est un gros défi pour nous car Thomas n'avait jamais fait une telle distance et de mon côte j'avais déjà fait 100km mais jamais un tel dénivelé. De plus j'appréhendais énormément le fait de courir à deux sur une telle distance. 

L'entrainement se fera sur 12 semaines à 4 sorties par semaine. On fera 415km pour juste 1300m de D+. La région ou nous habitons est très plate et nous n'avons pas la possibilité de travailler en cote. Ca me semble vraiment trop peu et je suis très inquiet en partant pour Hong-Kong. A défaut on aura bien travaillé notre vitesse.

Après 3 heures de vol j'arrive à destination, je décide de prendre le train pour Central et de profiter du centre ville avant de prendre un bateau pour rejoindre Mui Wo sur l'île de Lantau. Particularité de cette course, un départ sur la plage du village à 23h30. 

On profite donc de l'après-midi pour faire une petite sieste et bien préparer le matériel. Côté matos on va tout les deux opter pour nos speedcross car le temps est humide depuis quelques jours. On va très vite regretter ce choix. Plus le départ approche plus quelque chose me dit que ça va le faire. Nous sommes 600 au départ.

A 23h30 c'est parti pour 100km et 5800m. Les premiers deux KM se font en petit footing mais très vite le pente s'accentue et le peloton se met uniformément à marcher. La première ascension est superbe et la procession de frontale va se mettre en place sur un super single sur fond de village illuminé. On arrive très vite à la première descente qui va être très technique sur un petit chemin ou il sera impossible de courir, on fera les premiers 10km en deux heures! Naturellement de nuit notre attention est pleinement focalisé sur le chemin, même l'aéroport voisin est calme. On attaque le deuxième sommet de la course de par sa hauteur, très vite un fort vent et un brouillard intense vont nous accompagner jusqu’en haut du Sunset peak. Aucune difficulté lors de cette premier grosse montée mais on se dit que ces marches vont rapidement nous fatiguer. Tiens oui au fait des marches! Il y en a depuis presque le début de cette ascension. Elle sont en pierre et bien lisse, il faut dire qu’ici les chemins vont «dré dans le pentu». 

 

Sans fatigue ni lassitude particulière nous arrivons à la descente et là on va comprendre que l’affaire ne va pas être de tout repos. Tout d’abord on va réaliser que notre choix de pneumatique est une très grosse erreur car les speedcross sur rocher mouillé et poli c’est la chute garanti. Un coureur devant nous va y laisser une cheville, puis nous allons chuter tour à tour sans gravité. On change néanmoins notre allure pour sécuriser, mais à 1km du ravito de Pak Hung Au je chute très lourdement. Ma tête va venir heurter de plein fer un rocher (heureusement lisse) au niveau de ma pommette gauche. Je crains le pire mais finalement juste une petite entaille est à signaler. On repart mais je suis quand même un peu secoué.  

 

Après un ravito rapide on poursuit avec une énorme descente faite d’énormes marches. Le moral en prend un coup car les locaux volent littéralement sur ce terrain de jeu qui est le leurs. On verra même un mec nous déposer en «tong» alors que nous enchainons les chutes. Je ne sais pas si ça a un lien mais je n’ai plus de jambes, plus de jus et le moral est au plus bas. Nous ne somme qu’au km 25 et ça ne va pas. La montée vers  Ngong Ping va être un vrai calvaire pour moi. J’ai chaud, j’ai froid et je n’avance plus. Thomas essaye de me remonter le moral mais rien à faire, même mon album préférer n’y fait rien. Je commence à envisager l’abandon voyant que je retarde Thomas. Au ravito ma décision est presque prise......je vais rendre mon dossard! Je ne vois pas comment faire la suite dans cet état, je n’ai plus de jus et nous sommes juste au km 34. Thomas reste pourtant très serein et on décide de faire une grosse pose. Je décide de bien me nourrir avec des soupes de pâtes, des oranges et du coca. Puis je vais faire un petite sieste mais rien n’y fait. Je décide alors de me changer et de prendre un T-shirt sec avec mon coupe vent, viendra ensuite une seconde micro sieste puis deux café bien chaud...........bon ça le café.

Après 30 minutes d’arrêt Thomas décide qu’il faut repartir mais déjà au bout de 500m je constate que rien n’a changé et je fais presque demi tour pour abandonner. Mais Thomas ne veut rien entendre, «on finira à deux» me dit-il. On continu malgré tout, il fait maintenant jour et nous arrivons sur la seule section sur route de la course. En légère descente on décide de courir un peu, 100m, 200, 500.....1km.....je viens de faire 1km en courant! On continu et les jambes tournent encore, on est maintenant sur un sentier facile à flanc de montagne et on alterne course et marche et ça va de mieux en mieux. Notre premier rayon de soleil arrive et je commence à envisager d’arriver au prochain ravito de Kau Ling Chung. Ca n’est quand même pas la grande forme et je suis convaincu que je n’irai pas bien loin. On arrive au ravito ou je décide d’appliquer les même remède qu’au précédant, soupe de pâtes, orange, coca, café. Thomas lui est assez frais et c’est lui qui me soutien moralement et qui me pousse à continuer, il est clairement sur la retenue pour m’accompagner et pourrait dérouler sans souci.

 

La suite commence par un gros 400m de D+ en ligne droite mais sur un bon sentier suivi d’un long chemin à flanc de montagne puis un belle descente vers le joli village de pêcheur de Tai O et son ravito dans une école. On est au km 57! on réalise qu’on est sur le retour et que l’affaire pourrait être jouable d’autant que je suis de mieux en mieux. Nous avons 7h d’avance sur les BH mais avec le gros morceau de la course, le Lantau peak, devant nous. On repart donc tranquille en bord de mer et on décide de ne plus courir car dans 5km se dresse une muraille, 600m de D+ sur 3km! On ne va pas être déçu car le chemin monte direct dans la pente et la progression est infernale au milieu d’une végétation très dense. Les pauses sont fréquentes lors de la montée mais on fini par atteindre le sommet sous un vent très violent. Puis rapidement nous arrivons au ravito N°6.

 

On ne va trop réfléchir et s’attarder ici car le prochain ravito n’est que dans 7km et nous n’avons qu’une hâte c’est de franchir ce Lantau peak. Ca sera chose faite après une montée très dure et nous arrivons afin au ravito du km 73. 

 

La copine de Thomas est là pour nous encouragé et du coup le moral est au beau fixe. Les jambes sont là et on pense tout les deux que le plus dur est fait. On se projette même vers une arrivée en moins de 23h de course. 

 

On repart donc à bonne allure sur un chemin en balcon avec une vue magnifique sur l’archipel de Hong-Kong. Mais le chemin est long.....très long. On rejoindra Marc, un autre Français qu’on avait laissé en hypo au ravito de Ngong Ping. Il va mieux mais le chemin est long et la nuit tombe. Il va falloir attaquer une deuxième nuit dehors. Le chemin continu et semble sans fin, on pense s’être trompé à plusieurs reprises mais non......ça continu encore. Je ne m’en rend pas compte de suite mais Thomas marque le coup et semble usé moralement mais il avance. 

Après un gros coup de cul de 100m de D+ et une descente bien technique nous arrivons enfin au ravito de Chi Ma Wan. Thomas me glisse qu’il va se poser dans un coin, j’ai à peine le temps de prendre ma soupe et de me retourner que Thomas est allongé sur la route et semble dormir. Il en a pris un gros coup derrière la tête et il semble touché physiquement alors que je me sent bien. J’ai le sentiment que je pourrai continuer encore longtemps. C’est certainement le moment de la course ou je vais lui rendre le service qu’il m’a rendu au début en me soutenant moralement. Car il reste encore 17km qui vont être interminable d’autant que, la fatigue aidant, nous interpréterons mal le profil pensant être presque au dernier ravito alors qu’il restait encore 5km d’un chemin infernal. On rentre dans un autre monde, celui du doute, celui du flou, de l’inconnue. On ne pense plus, on avance en espérant voir le ravito derrière la prochaine montagne. On croise des coureurs qui dorment début sur leurs batons, on leurs parle un anglais très approximatif qu’ils ne sont dans tout les cas pas en mesure de comprendre car trop fatigués. Le moindre banc, la moindre bande verte est squatté par des coureurs qui dorment. Nous errons à présent dans la nuit noire et Thomas souffre de plus en plus des genou et peste de plus en plus contre cette course qui semble ne jamais vouloir nous laisser finir. Encore des doutes au croisement d’un sentier, même nos GPS nous ont lâché. Enfin le dernier ravito! Des tentes sont là pour ceux qui veulent dormir et le lieu est desert, il ne nous reste que 5km. On décide de ne pas trainer et d’en finir, la fin se fera sur un sentier facile en béton. La course est presque fini et du coup on commence à décompresser mais peut être un peu trop! Nous sommes tout les deux en train de s’endormir en marchant! Il est grand temps qu’on en finisse. Les lumières du village apparaissent enfin derrière la dernière pente et nous voilà ou bout de la plage avec l’arche d’arrivé en ligne de mire. Nous passons ensemble la ligne d’arrivé après 26h30 de course. 

On est allé au bout comme souvent sur une telle distance. On va nous remettre une médaille de finisher et poser pour la photo officielle. On se pose sur la plage avec une bière bien fraiche à la main. Thomas semble très émus tandis que je n’en reviens pas d’être là après ma première partie très dure. 


Au final ce fut un trail magnifique mais très dur en partie à cause de ses marches. La météo ne fut pas de la partie mais sans pluie. Belle organisation et les ravitos étaient bien fournis, bon balisage. Le gros point positif de cette course reste l'environnement extraordinaire des îles de Hong-Kong. On a toujours l'océan en fond d’écran et l'aménagement de leurs sentiers est très bien fait. La température est idéale à cette période de l’année car ni trop chaud ni trop froid et on peut courir en T-shirt presque tout le temps.



 

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