Récit de la course : Saintélyon 2014, par niconico

L'auteur : niconico

La course : Saintélyon

Date : 7/12/2014

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 3503 vues

Distance : 72km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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saintélyon : les conseils de tonton nico

Tu veux te lancer à l'assaut de la saintélyon et tu hésites ? Il ne faut pas. C'est la mère de toutes les batailles, c'est l'origine du trail, c'est un monument d'aventures. Le slogan "courir la nuit ça n'a rien à voir" est d'une remarquable justesse. courir à 5 000 n'a rien à voir non plus. Il faut donc absolument prendre un dossard et se lancer un jour dans cette course magnifique. En chemin, n'oublie pas de regarder les cailloux : chacun d'entre eux a porté des milliers de coureurs vers la ligne d'arrivée, vers le bout de leur défi ou vers la fin d'une longue nuit de souffrance.

Car la sainté peut aussi être une grosse galère. Sauf, bien entendu, si tu suis mes conseils avisés.

Tout d'abord, revue du matériel. Je suis parti cette année avec un collant thermique, une première couche thermique à manches longues et une veste imperméable et respirante. bonnet, gants, sac avec bidons déportés sur l'avant, et frontale de bonne qualité car j'en avais marre d'écarquiller les yeux sans arrêt. Aux pieds, des adidas response trail, prsque neuves (pas de chance j'ai dû changer de pompes 15 jours avant) mais qui montreront une bonne accroche sur les chemins et un bon confort dans les parties roulantes. J'avais mis la micro-polaire dans le sac, je l'ai mise dans la première montée après saint-christo parce qu'il y avait du vent, et enlevée au bout de 5 min car je crevais de chaud. Avec des températures de -1 ou -2, deux couches suffisent.

Bon, alors nous y voilà. Tu es fin prêt, tu trépignes dans le parc expo de saint-étienne. Prends ton temps, va doucement sur la ligne de départ, ne sois pas trop ambitieux pour choisir le sas de départ, ce n'est pas là que tu perdras ou gagneras du temps puisque ta puce électronique va se déclencher quand tu passeras la ligne. Et ne t'emballe pas comme un jeune labrador sur les grandes avenues qui mènent à Sorbiers, tu te fatigueras pour rien. Profite de l'ambiance du départ, emplis-toi de "light my way" de U2, regarde la foule autour de toi, les épouses ou les époux plein d'espoirs et d'inquiétude, les enfants qui applaudissent leur champion(ne).

Minuit, ou minuit 10 ou minuit 20 car cette année c'était un départ échelonné, c'est parti. Les 7 premiers km sont roulants, c'est du goudron, c'est plat, tu n'as pas besoin d'allumer la frontale. Si tu avais mis 3 couches, tu vas rapidement avoir chaud et tu vas être obligé de t'arrêter pour enlever le sac, le dossard-chasuble qui est une galère à enlever - un peu moins cette année car il y avait des élastiques au lieu de lacets - , la veste, la 2e couche et ensuite tout remettre pour repartir. Ecoute les gens autour de toi : ça discute, ça parle, ça rigole, ça plaisante. Dans 40 km, tu n'entendras plus que le bruit de vos souffrances.

Tu viens de traverser Sorbiers. La route a commencé à monter, j'espère que tu n'a pas hésité à marcher quand la pente se faisait trop forte. Pour l'instant, il faut écouter ton cardio. Y a pas de honte à marcher, tu doubleras plus loin tous ceux qui courent droit dans la pente. Les derniers lampadaires séloignent, bienvenue à la saintélyon. C'est une première grosse bosse qui t'attend jusqu'à Saint-Christo, pas trop de pente, on peut trottiner, pas trop de gadoue. Si tu vises comme moi la moitié du peloton, tu arriveras au ravito en un peu moins de 2 h, encore frais. Le 2e tronçon est plus difficile : on chemine vers le point culminant du parcours. Il y a souvent du vent sur les sommets, il y avait cette année beaucoup de boue, on voit les premières défaillances, des blessés, le silence commence à se faire, et à l'approche de Ste-Catherine tu te dis que tu commences à avoir mal aux jambes alors que tu n'as pas fait 30 bornes. En chemin, tu n'auras pas oublié de te retourner pour admirer le long serpent des frontales, avec les lumières de St-Etienne à l'arrière-plan. Pas de neige cette année, ça glisse beaucoup moins. Une dernière descente et te voilà à ste-Catherine.

J'ai l'habitude de ne pas trainer aux ravitos. A la Sainté, ils grouillent de monde, on met du temps à atteindre le comptoir, on doit patienter si on a une poche à eau à remplir, et on perd donc de nombreuses minutes en se refroidissant. Un point sur l'alimentation : cette année c'était de l'eau dans les gourdes, et une barre de Gerblé aux figues toutes les heures. Et je me suis laissé tenter par du Gatorade (jamais gouté avant) aux ravito : c'est idiot d'essayer un nouveau truc en course, mais c'est bien passé. c'est pas trop sucré et donc pas trop écoeurant, et j'ai fini avec ça. Ah oui, éteins ta frontale aux ravitos, pense aux yeux des bénévoles.

Le speaker à Saint-Etienne avait dit qu'il y avait de la gadoue jusqu'à Ste-Catherine : c'est un gros menteur. En fait il y e avait tout le long. Déjà il avait menti l'année dernière au sujet du verglas, et l'année d'avant à propos de la neige. Ne l'écoute pas, il est mythomane. Tu vas d'ailleurs t'en rendre compte très vite, puisque la flaque géante de la Sainté t'attend à la sorite de Ste-Catherine. Elle est toujours au même endroit, elle n'a pas bougé depuis l'année dernière, et elle fait chier comme d'habitude. Cett année, on l'a contournée en passant dans le pré en contre-bas, en faisant très attention aux barbelés. Il y avait 15 cm de boue dans ledit pré. Bon, disons que tu as passé l'obstacle sans y laisser un testicule. C'est le moment où je commence à dire merde à mon cardio quand il sonne. C'est aussi le moment où beaucoup de coureurs entrent dans leur bulle. C'est là qu'il faut faire attention, car dans ces moments-là, on a tendance à moins boire, à moins manger.

J'ai été déçu par la descente du bois d'Arfeuille. En 2012 elle était dantesque, en 2013 on l'a faite en montée, et cette année rien de bien extraordinaire. Elle n'est pas si pentue que ça, finalement, bien gadouilleuse certes, mais ça passe. Ca passera pour toi aussi. Il faut serrer les dents jusqu'à Saint-Genoux, quand tu y seras tu auras fait la moitié du parcours. Fais quand même gaffe à la dernière descente avant St-Genoux. Puis le parcours est majoritairement descendant jusqu'à Souccieu. On retrouve la civilisation, des rues éclairées, et un vrai gymnase au km 50. J'y suis arrivé après 6h50 de course. On a de l'espace, on peut s'assoir, prendre un peu plus de temps. Si on est arrivé là on a fait le plus costaud et c'est gérable pour la suite.

Sur les 22 km qui restent, il y a des grands faux-plats descendants, des grandes lignes droites, du goudron, mais aussi de nombreuses petites montées assassines. Ce sont elle qui vont te miner le moral. Prends patience, ne te décourage pas. Regarde autour de toi : tout le monde est fatigué, avec de la boue jusqu'aux genoux. Ne sois pas démoralisé quand un coureur te double : s'il a un dossard rouge et des chaussettes propres, c'est un relayeur.

Tu viens de passer les acqueducs de Beaunant, et tu grimpes l'espèce de truc vertical qui vient juste après. Les organisateurs sont perfides, ils ont changé le parcours et vont te le faire monter en deux fois après avoir traversé un parcours d'accrobranche. Mais après la seconde montée, il n'y aura plus que des faux-plats, et une belle descente d'escaliers en arrivant sur les quais de Saône. Passerelle Raymond Barre, parc de Gerland, un dernier virage à gauche et ça y est, tu es finisher. A toi la gloire, le champagne et les filles faciles.

 

 

2 commentaires

Commentaire de paulotrail posté le 14-12-2014 à 09:43:11

Super récit, super course.
Par contre, pour les filles faciles, faut faire comment ?
Parcque, en ce qui me concerne...

Commentaire de niconico posté le 16-12-2014 à 22:06:25

chuut ! c'est pour inciter les jeunes à s'inscrire.

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