Récit de la course : Les Templiers 2014, par cabalex

L'auteur : cabalex

La course : Les Templiers

Date : 26/10/2014

Lieu : Millau (Aveyron)

Affichage : 4114 vues

Distance : 73km

Objectif : Objectif majeur

1 commentaire

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GRAND TRAIL DES TEMPLIERS : SILENCE ET LUMIERE

Millau, ce dimanche 26 Octobre, il est 5h15 du matin. Avant de s'élancer pour une longue journée de course à pied à travers les grands causses du sud Aveyron, l'organisateur de la course des Templiers, Gilles Bertrand, prend la parole et demande l'attention des 2500 prétendant(es) "Templiers". Silence et lumière, ces deux termes symbolisent selon lui la région que nous allons traversé et que Laurence et moi affectionnons particulièrement : le silence des grands espaces et la lumière qui jaillit à travers bois et qui illumine prairies et horizon.

Le nom de la course des Templiers fait référence à cet ordre religieux à cet ordre religieux qui s'était installé dans le sud Aveyron au Moyen Age, disparut ensuite, laissant trace à de beaux édifices. Cette année, le mment était venu pour moi de préparer ce trail de référence, le sommet de la discipline, dit-on. Je m'y suis attelé de façon régulière, sans excès, avec minutie, trois à quatre sorties hebdomadaires, avec la compagnie de coureurs tels que Renaud Pramayon, Christophe Briot, Gerhard Pirngruber, notamment lors des sorties longues, sans compter les encouragements de Philippe Remy, l'entraineur du club. Je remercie surtout Laurence pour sa bienveillance et sa présence ce matin au moment du grand départ me fait chaud au coeur. Elle va suivre ma progression en voiture, sur le parcours, à chaque point de ravitaillement.

DURER POUR ENDURER

5h15. Le compte à rebours commence, la musique "Ameno" d'Era retentit et vous prend aux tripes, le départ est donné avec des faux de bengale dans le ciel étoilé. Le grand bleu est annoncé pour la journée. Place au silence et à la lumière donc. Lumière des lampes frontales pour aborder notamment la première ascension, après deux kilomètres de bitume, de la côte de Carbassas (2,6km, 473m D+) afin de se hisser sur la causse Noir. Parti dans le sas n°1 derrière les dizaines de coureurs élites (français et internationaux), j'aborder la première difficulté sans avoir à doubler, sur le bon rythme, un oeil de temps à autre sur le cardiofréquencemètre. Les sensations sont bonnes, impossible malgré tout de courir par endroits, la marche rapide en appui des mains sur les genoux est plus économique en énergie. Car il va falloir durer, retarder le plus longtemps possible le seuil de fatigue musculaire et psychologique, afin d'endurer un parcours qui va se durcir progressivement, avec un final redoutable. Ainsi, le silence se fait déjà sentir dans le peloton. Concentration sur les appuis dans le noir et respect de l'autre, au moment de la traversée du Causse Noir, d'ouest en est, à travers de larges pistes forestières.

J'adopte mon allure footing à 12 km/h environ pendant une quinzaine de kilomètres, avant d'aborder la première descente en monotrace pour atteindre le joli village de Peyreleau (km 21), le long du Tarn, premier poste de ravitaillement. Nous profitons d'un beau levé de soleil à l'horizon. Plus besoin de lampe frontale, je la transmets à Laurence, ponctuelle et photographe de qualité. Déjà d'heures d'efforts sans trop forcer. Nouvelle côte casse patte (4km, 450mD+) à la sortie de Peyreleau pour remonter sur le causse Noir. Fini les grandes pistes forestières, les monotraces se succèdent et serpentent dans les bois. Le terrain est humide, les roches glissantes. On croise parfois des spectateurs déguisés en chevalier Templier. Après le passage dans le domaine de la Roujarie, batisses en pierre typique du coin et la chapelle de Saint Jean de Balmes, nous atteignons le village caussenard de Saint André de Vézines (km 33). La lumière étincelante du soleil fait resplendir l'église. Les temps de passage sont respectés et je croise de nouveau l'objectif de l'appareil photo de Laurence au milieu de la foule. Aujourd'hui, c'est un peu ses 100 km de Millau d'assistance. Sa présence me rassure. J'aborde sereinement la mi-course, même si les jambes commencent à être lourdes.

MAJESTUEUX ROQUE ALTES

Terminé les amuses bouches, place au plat de résistance : jusqu'ici assez roulant, le parcours se durcit, la fatigue musculaire apparaît insidieusement, les panoramas de plus en plus spectaculaires. Direction le sud et la montée vers le chaos rocheux de Roque Altès, à travers un plateau qui ondule de vallon en vallon, en point d'orgue le passage sous une grande arche de pierres. C'est majestueux ! Les chemins sont de plus en plus aériens, à flancs de falaises. Les premières défaillances apparaissent. Ici ou là, des coureurs s'arrêtent momentanément pour prendre quelques photos dans un décor de rêve, d'autres pansent leurs plaies suite à des chutes sur des chemins irréguliers et rocailleux. Des bénévoles et spectateurs nous encouragent par notre prénom inscrit sur notre dossard. La descente sur Roque Sainte Marguerite s'avère piègeuse, nerveuse, usante. J'arrive indemme et un sonné en bas de la vallée. 4h30 de course, un marathon dans les jambes et pourtant le plus dur commence. Un bénévole m'annonce autour de la 300ème place. Pas de Laurence à la traversée du village. Les itinéraires de déviation ont changé à la dernière minute, vu l'afflux des suiveurs. Nouvelle ascension, objectif le Larzac, le causse des vautours (1,5km, 346 m D+). la vue plongeante sur Roque Sainte Marguerite est impressionnante. Le terrain accidenté met l'organisme à rude épreuve. La traversée du Larzac d'est en ouest se fait par de belles allées de buis centenaires aux odeurs agréables, en passant par Pierrefiche du Larzac. On aperçoit les gorges de la Dourbie. Mon premier gros coup de pompe intervient autour du 60ème kilomètre dans la descente finale vers le hameau de Massebiau. J'ingurgite un gel énergétique "le speed tonic", celui-là même que mon beau frère et accompagnateur Olivier avait mangé à l'insu de mon plein gré lors des 100 km de Millau en 2012.

K.O. DEBOUT

Au point d'eau de Massebiau, il reste environ 11 km de course. Il est 13h25, on est en plein cagnard. Et voici la première des deux ascensions hors catégorie des Templiers. D'abord, la côte de Massebiau pour atteindre la ferme du Cade (2,8km, 461 m D+) s'apparente à un mini Alpe d'Huez avec une foule digne du Tour de France au pied de la côte et un chemin qui serpente à planc de colline. J'ai beau me ravitailler, rien n'y fait, je suis à la ramasse à cet instant. Laurence redouble d'encouragements et cela me booste. J'avance pas à pas, les autres compagnons de galère ne sont pas au mieux, on s'encourage : j'aime cet esprit trail. Au sommet près du dernier ravitaillement, un replat intervient sur de larges pistes forestières. Je retrouve des sensations oubliées, celles de coureur à pied : allure footing rapide, je me surprend moi-même ! A la ferme du Cade (km 66), je passe en 9h environ. Je me dis que les moins de 10 heures sont possibles. Mais les Templiers se méritent et recellent des surprises au néo traileur que je suis. D'abord, une descente très technique où il faut s'aider de cordes pour ne pas tomber. Puis, la remontée finale sur la montagne emblématique des millavois : la Pouncho d'Agast. Cela commence par des passages aériens et pas très rassurants à flanc de ravin, avec vue panoramique sur Millau et son célèbre viaduc. Enfin, tel un ring de boxe, la Pouncho d'Agast va mettre tout le monde K.O. debout : ascension de 1,5km avec 300m D+, c'est quasiment de l'escalade, à force de bras pour franchir rocher après rocher. Des coureurs autour de moi râlent. On achève bien les traileurs. Au sommet, un chemin nous emmène au pied de la grande antenne télé qui surplombe Millau. A cet endroit, j'aperçois à cinq mètres un parapentiste qui s'élance dans le ciel ! La barrière des 10 heures est dépassée, qu'importe.

BONHEUR PARTAGE

La dernière (bonne) surprise, c'est la belle descente sur Millau. Le clou du spectacle, la traversée de la grotte du Hibou, passage grandiose dans un silence de cathédrale, c'est magique ! Puis un dernier "toboggan" où je lâche les chevaux, cela sent l'écurie, je dépasse pas mal de coureurs. Le stade d'arrivée, au domaine Saint-Estève, est noir de monde, je finis ému au sprint en 10h24 à la 274ème place. Il est 15h45. Le dernier arrivant sera fété par les organisateurs et bénévoles vers 21 heures. Je retrouve Laurence dans la foule, c'est un moment intense de bonheur partagé. La lumière irradie le ciel et nos visages. Le silence, celui des souvenirs de cette course extraordinaire des Templiers, restera longtemps gravé dans ma mémoire.

1 commentaire

Commentaire de razyek posté le 02-11-2014 à 10:50:45

Bravo pour ta course et merci pour ce CR, qui me remet tout un tas de souvenir en mémoire.
J'y étais aussi, ce fut une magnifique journée. Une journée parfaite!
Pour info j'ai fini 281é, 40 secondes derrière toi, je devais donc t'avoir en ligne de mire ;).

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