L'auteur : _tibo_
La course : Les Templiers
Date : 26/10/2014
Lieu : Millau (Aveyron)
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Distance : 73km
Objectif : Objectif majeur
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Contexte
Cette année, deuxième participation aux Templiers après avoir découvert la course l'année dernière. Une super organisation, des paysages magnifiques, des bénévoles sympas et un plateau de haut niveau sont tous les ingrédients qui m'ont motivé à revenir sur cette course mythique. J'en avais même fait l'objectif principal de ma saison. L'année dernière, j'avais terminé 320e en 10h33. Cette année, l'objectif est de terminer en moins de 9h, avec un top 100 dans un coin de la tête.
Après une 6000D un peu décevante fin Juillet et une entorse de la cheville début Août, j'ai repris l'entraînement début Septembre. En deux mois, j'ai parcouru 550 km pour 19.000m de dénivelé à pied, et 300 km pour 5.500m de dénivelé en VTT. Parmi ces kilomètres, la reconnaissance intégrale du parcours fin Septembre.
J'arrive donc en forme à Millau, avec une cheville qui n'est pas encore entièrement consolidée mais qui ne devrait pas poser de problème à moins d'une grosse torsion. Le moral est au beau fixe, et j'ai hâte d'en découdre.
J-1 : Encourager les copains
Nous sommes une quinzaine de mon groupe d'entraînement à avoir fait le déplacement à Millau depuis Toulouse. Dimanche matin nous serons quatre à courir, et tous les autres courent le samedi. Je passe donc la journée à me promener sur l'aire de départ, entre la ligne de départ et les derniers mètres avant l'arrivée. Malgré l'envie d'aller voir tout le monde partout, j'essaie de ne pas trop courir à droite à gauche et de garder de l'énergie pour le lendemain. Au retour à la maison le soir, la pression commence sacrément à monter. Maintenant je n'ai plus qu'une envie : prendre le départ que j'ai attendu depuis des mois !
Jour J : La course
Couché à 23h pour un réveil programmé à 3h, la nuit va être courte, même si l'on gagne une heure avec le passage à l'heure d'hiver. Pour une fois, je dors bien et je ne suis pas en train de me tourner dans tous les sens lorsque le réveil sonne. Ça y est, c'est le grand jour ! Je m'habille machinalement avec les affaires que j'ai préparé la veille, et descends déjeuner. Tout le monde se lève petit à petit : aujourd'hui c'est les copains qui nous suivent et qui viennent nous encourager.
Arrivés à Millau, nous nous dirigeons vers la ligne de départ en marchant. En voyant tous ces coureurs converger vers le départ, je pense aux personnes qui m'ont dit « Tu vas courir 75 km !? Mais t'es complètement taré ! ». Ici au milieu de 2900 autres coureurs, j'ai juste l'impression d'être à ma place avec d'autres gens qui partagent la même passion.
De gauche à droite : Manon, moi, Benoît et Romain
Nous sommes quatre à prendre le départ. Romain doit partir SAS élite car il a un dossard humanitaire. Je dois partir SAS 1 grâce à mon temps de l'année dernière, et Benoît et Manon doivent partir SAS 2. Nous décidons de tous partir du SAS 1 car nous comptons courir ensemble le plus longtemps possible. L'entrée du SAS est blindée et il faut passer au dessus des barrières pour trouver une petite place. Nous ne sommes pas en avance et nous sommes en place seulement cinq minutes avant le départ. Il fait plutôt froid mais je décide d'enlever la veste car je pense qu'il ne va pas falloir longtemps avant de se réchauffer. Après quelques minutes d'attente, c'est le départ. Ameno à fond, fumigènes au bord de la route et public nombreux, ça donne la chair de poule. On a attendu ce moment pendant des mois, et ça y est, on y est !
On commence par 2,5 kilomètres à plat sur la route. C'est parfait pour s'échauffer. Avec les deux autres garçons, nous essayons de remonter assez rapidement. Nous avons dû partir au delà de la 500e place au milieu du SAS 1, et c'est trop loin si l'on ne veut pas bouchonner dans la première montée. Nous ironisons sur les personnes qui s'arrêtent maintenant pour faire pipi : à environ 300 places la pause pipi, il vaut mieux avoir vraiment envie ! Et juste après le départ, c'est de toute façon surtout dû au stress. Nous courons jusqu'au départ du chemin en haut de Carbassas, puis ensuite c'est randonnée à la queue leu-leu jusqu'en haut. Au milieu de la côte, Romain nous annonce que l'on est parti depuis déjà 30 minutes. Le temps est passé tellement vite ! Une fois sur le plateau, nous continuons de gagner pas mal de places. Vu notre bon rythme, je rappelle quand même à mes deux compères qu'il faut arriver « frais » à la Roque Saint Marguerite. C'est surtout théorique, car on n'est jamais si frais après 45 km de course. Et quoi qu'il en soit, il faut arriver sans le moindre signe de fatigue à Peyreleau car à ce moment la course a à peine commencé. Tout le monde en est conscient et a l'air de bien aller, donc on continue de remonter des places. À ce moment tout se passe bien, on rigole, on discute avec les gens, Romain raconte pas mal de conneries. On a vraiment de la chance d'être ici et on prend un maximum de plaisir ! Arrive ensuite la descente sur Peyreleau qui se passe sans encombre, et nous arrivons à Peyreleau où nous attendent les copains.
Peyreleau – Km 21 – 298e en 2h03
On retrouve effectivement les copains venus faire l'assistance au milieu de la foule. On lâche la frontale, le buff, les gants et la veste, et on récupère la casquette et un peu à manger. Pas besoin de remplir les Camelbags à ce moment là, donc on traverse le ravitaillement quasiment sans s'arrêter. Un verre de coca, une pâte de fruit, et c'est reparti ! J'avais calculé les temps de passage qu'il nous faudrait respecter pour terminer en 9h. Il fallait passer à Peyreleau en 2h. Trois minutes de retard à ce moment de la course, on ne peut même pas appeler ça du retard ! On est dans les temps, physiquement et moralement tout va bien, c'est la belle vie.
Dans la montée suivante, nous sommes à nouveau à la queue leu-leu car la course est encore assez dense. À la fin d'un groupe d'une quinzaine de coureurs, on se fait doubler par des mecs qui n'hésitent pas à mettre des coups d'épaule pour passer sur cette monotrace. J'ai vraiment du mal à comprendre et ça m'énerve ! On va tous au même rythme et on ne peut pas doubler, alors on patiente : la course est longue et il reste plus de 50 kilomètres pour doubler, alors inutile d'aller prendre des risques pour se retrouver de toute façon bloqué en plein milieu du groupe. Et profitons de ce moment coup de gueule pour dire un mot sur tous les gels vides qui jonchent le chemin. Les déchets, ça se garde dans les poches ! Un traileur est censé traverser la nature sans laisser de traces, sinon il faut aller courir sur route ! Bref on trouve de plus en plus de gens irrespectueux sur les trails et c'est bien dommage. Vers la fin de la montée, on double un coureur en sandalettes. Nous n'avons pas eu l'occasion de discuter mais je lui tire mon chapeau : 75 km pieds nus dans des sandalettes minimalistes, c'est impressionnant ! En haut de la côte, on retrouve des chemins larges jusqu'à la Chapelle de Saint Jean des Balmes. Nous continuons de remonter tranquillement des places. Au niveau de la Chapelle, nous retrouvons la famille de Benoît qui est montée en voiture. Puis quelques centaines de mètres après, d'autres copains déguisés en Templiers au bord du chemin. Ça fait plaisir de voir du monde ici alors que nous ne sommes pas sur un ravitaillement !
Quelques uns de nos "suiveurs" !
À quelques kilomètres de Saint André de Vézines, Romain me demande en combien de temps nous sommes censés arriver au ravitaillement pour coller aux prévisions. Je lui réponds 3h10 mais nous sommes en retard. Depuis quelques kilomètres je suis en train de me dire qu'il faudrait accélérer un peu, et Romain trouve que les prévisions sont un peu trop optimistes. C'est donc le moment de se séparer. Une fois quitté la monotrace pour arriver sur un chemin plus large, nous relançons fort avec Benoît et Romain ne nous suit pas. Après trois heures de course géniales, nous poursuivons à deux avec Benoît. Juste avant le ravitaillement, on retrouve toute l'assistance au bord du chemin. Cette fois-ci je récupère de la boisson énergétique pour recharger le Camelbag, un bon stock de pâtes d'amande et de pâtes de fruit, et les bâtons. C'est la dernière fois que nous les voyons sur un ravitaillement, les prochaines fois l'assistance sera interdite (La Roque et Massebiau).
Saint André de Vézines – Km 33 – 236e en 3h20
Dans le ravitaillement, je recharge le Camelbag, bois un peu de coca et je repars. À la sortie, je ne trouve pas Benoît. Je ne sais pas s'il est devant ou derrière ! Je repars tout doucement en regardant derrière moi, pas de signe de Benoît. Mince, ça serait trop bête d'être séparé maintenant parce qu'on ne s'est pas attendu. Puis je vois une amie au bord du chemin qui me dit que Benoît est juste devant. Ouf, j'accélère et je le retrouve un peu plus loin. La prochaine fois il faudra vraiment s'attendre à la sortie du ravitaillement. Les sensations sont toujours extra mais je commence à avoir de bonnes ampoules. Nous avons 10 minutes de retard au ravitaillement. Ça n'est pas encore mort pour l'objectif des 9h, mais il va falloir penser à les récupérer à un moment donné. À ce moment de la course, il est 8h30 et les rayons du soleil commencent à chauffer un petit peu. Les conditions sont vraiment idéales. Un peu plus loin sur le causse, nous passons devant le photographe officiel de la course. Il a placé un appareil photo au bord du chemin avec un déclencheur automatique, et l'appareil prend des photos tout seul dès qu'un coureur passe devant. À dix balles la photo, je me dis que photographe sur un grand trail ça doit quand même être vachement lucratif ! En vérité tout ce qui gravite autours du trail est devenu un business, mais on ne va pas rentrer dans le débat. Plus loin, nous traversons un petit village en pierres niché au milieu de nulle part. Heureusement que nous avons fait la reconnaissance un mois avant pour profiter de tous les paysages magnifiques, car il y a des endroits où, lorsque l'on court en descente, on ne peut pas décoller les yeux du sol. Et on loupe un peu ce qui nous entoure...
Sur le Causse après Saint André
Le village que l'on traverse sans vraiment s'en rendre compte (photo de la reconnaissance)
Nous décidons avec Benoît de faire la dernière montée avant la Roque Saint Marguerite tranquillement. Il commence vraiment à faire chaud donc j'enlève les manchettes que j'avais depuis le début de la course et les glisse au fond du sac. Cette portion de course est nouvelle sur les Templiers, et il y a pas mal de coureurs qui s'en étonnent. Nous, nous la connaissons donc nous gérons tranquillement. Au sommet, nous passons à un endroit mythique des Templiers, à travers les gros champignons rocheux. Dans la descente, nous nous faisons doubler par un coureur qui nous a doublé dans chaque descente depuis le début de la course, et que nous avons à chaque fois rattrapé. Et le mec double un peu à l'arrache, frôle les coureurs ou coupe les virages. Vraiment tout ce que j'aime ! Une fois à la Roque Sainte Marguerite, nous retrouvons la famille de Benoît. Pas de ravitaillement, mais des encouragements qui nous motivent bien avant la montée vers Pierrefiche. Nous en sommes à 4h30 de course pour 42km et environ 1300m de dénivelé. Nous l'avions annoncé depuis le départ, c'est ici que la course commence ! À partir de maintenant, une succession infernale de montées et de descentes jusqu'à l'arrivée. Et « arriver frais à la Roque » c'est tout de même assez théorique : j'ai des ampoules qui me font maintenant vraiment mal et les jambes commencent tout de même à être un peu lourdes. En bas de la montée, je sors les bâtons pour la première fois.
La Roque Sainte Margueritte : maintenant, fini de rire !
Dans la montée, Benoît avance fort et je dois m'accrocher pour le suivre. Je sais que l'on prend du retard sur nos prévisions depuis le début, mais j'ai quand même envie de tenter les 9h. Je savais depuis le début que c'était optimiste, mais si l'on veut y arriver, il faut prendre des risques maintenant. Donc je m'accroche, mais je ne suis plus très bavard. La montée est assez longue, et je suis content d'en terminer. Une fois en haut, il faut relancer car il reste un ou deux kilomètres roulants pour arriver au ravitaillement. Cette fois-ci pas d'assistance car il fallait faire un grand détour par la route. Les copains nous attendront en bas à Massebiau. Au ravitaillement, on recharge les Camelbags. Je n'ai pas de boisson énergétique à rajouter dans ma poche à eau et il n'y en a pas au ravitaillement. La prochaine section, très longue, se fera donc sans boisson énergétique. Sur le moment, je me dis que ça passera mieux avec la chaleur. Mais on aura l'occasion d'en reparler.
Pierrefiche – Km 46 – 151e en 5h00
Toujours dix minutes de retard, je ne sais pas quand on les reprendra mais on est toujours plus ou moins dans les temps. Cette fois-ci nous nous attendons bien à la sortie du ravitaillement, et c'est reparti avec Benoît. Je sens qu'il est un peu plus à l'aise que moi sur cette section, surtout dès que les chemins s'élèvent. Après avoir fait un peu les montagnes russes, nous arrivons au point que j'avais repéré pour ranger mes bâtons. À partir de là, c'est très étroit, ça monte et ça descend sans arrêt, et je serai plus à l'aise avec les mains libres. Je marche un peu pour mettre les bâtons sur le sac, et Benoît part devant. J'ai quand même bon espoir de le revoir d'ici la fin de la course, mais en ce moment je ne suis pas au mieux et je vais avancer à mon rythme le temps de sortir de cette mauvaise passe. Quelques dizaines de minutes plus tard, je le rattrape. Il a du mal à s'alimenter et il n'est pas au top non plus. On échange deux mots mais on est loin des grandes discussions du début de course. Sans l'avoir formulé clairement, on a compris que maintenant c'est un peu « chacun pour soi ». Jusqu'à la fin de la course, on aura forcément des coups de barre, et il vaut mieux les gérer chacun à notre rythme. Je l'encourage donc puis je passe devant. Il me rattrapera à nouveau quelques dizaines de minutes plus tard. Nous redescendons jusque dans la vallée, avant de remonter sur un causse avant Massebiau. Lors de la reconnaissance, nous nous étions trompés et avions longé la rivière sans jamais remonter. L'année dernière, et sur le profil, la côté montait en une fois sur le causse. Sauf qu'en réalité, on prend un nouveau chemin que je ne connais pas du tout. Il est super raide, avec des passages à plus de 40 %. Et contrairement à ce qu'indique le profil, une fois aux deux tiers de la montée, nous redescendrons tout en bas pour remonter par le chemin de l'année dernière. À ce moment là je prends un gros coup au moral car physiquement je suis dans le dur. Je commence à être très fatigué, je suis toujours dans le groupe de Benoît mais on avance chacun à notre rythme sans se préoccuper l'un de l'autre. En haut de la montée, nous débouchons sur le causse et je suis incapable de relancer. Je me force, je trottine, mais c'est vraiment dur. C'est un peu inquiétant car on est loin de la fin.
La descente marquera vraiment la bascule de ma course. À la moitié de la descente, je n'ai plus la force de courir. Je me résigne à marcher et je commence à perdre des places. Benoît disparaît mais je ne pense même pas à le suivre, j'en suis incapable. Après cinq minutes à marcher, je ne peux même plus poser un pied devant l'autre. Tout un tas de pensées négatives me traversent l'esprit. Je sais qu'après un passage à vide la forme revient, mais je suis tellement mal que je n'arrive pas à m'en convaincre. Finalement c'est trop dur, je suis obligé de m’asseoir au bord du chemin, pris de tremblements. Je n'avais jamais connu cette sensation en trail mais je sais exactement ce qui m'arrive : je suis en pleine fringale, vidé, et je n'ai plus d'énergie. À ce moment là je fais une croix sur l'objectif des 9h. L'objectif sera de rejoindre l'arrivée, quel que soit le temps. Et même ça me paraît insurmontable tant la fin est redoutable. Toujours assis, je mange tout ce que j'ai dans mon sac : deux pâtes d'amande, deux pâtes de fruit, un gel. Je sors mes écouteurs pour mettre de la musique, en espérant pouvoir continuer en mode « pilote automatique » sans penser à rien. Après dix minutes assis au bord du chemin, et des dizaines de places perdues, je me lève pour repartir en marchant. Cent mètres plus loin je dois m’asseoir à nouveau. Il faut le temps que ce que j'ai mangé commence à être digéré. La fin de la descente jusqu'à Massebiau sera un long chemin de croix. Une fois au bord de la rivière, je marche les bras ballants, les bâtons à la main. À l'entrée de village, je passe au pointage, et je me demande si ça ne sera pas le dernier.
Massebiau – Km 63 – 167e en 7h36
Fin de la traversée de Massebiau : un long calvaire...
Dans Massebiau, il y a des centaines de personnes qui encouragent les coureurs par leur prénom, et ça remonte un peu le moral. Je marche un peu avec un des copains qui nous a suivi, puis j'arrive au début du chemin du Cade, où je retrouve tout le groupe. Je récupère de quoi manger dans mon sac d'assistance car je n'ai plus rien, je discute cinq minutes et j'essaie de me convaincre que ça va mieux. Dans la montée, je vais effectivement un peu mieux. La fin du parcours est en plein cagnard et les gens tombent comme des mouches dans cette montée. À chaque virage il y a quelqu'un arrêté, parfois allongé au bord du chemin. J'arrive à monter sur un rythme correct, ce qui est surprenant compte tenu de l'état dans lequel j'étais 45 minutes plus tôt. En haut du chemin, je dois encore m'arrêter car je n'arrive pas à relancer. Je m'arrête une minute, puis je trottine jusqu'à la ferme du Cade et je sens cette fois-ci une réelle amélioration de mon état de forme.
Ferme du Cade – Km 67 – 162e en 8h23
Cette fois-ci je prends mon temps au ravitaillement. J'ai 33 minutes de retard sur mes prévisions, et l'objectif des 9h est oublié. Mais c'est déjà un miracle que je sois arrivé ici après la mauvaise passe de Massebiau. En sortant du ravitaillement, je suis complètement refait. Je suis évidemment bien fatigué, mais j'ai l'impression que je pourrais repartir pour des heures. J'avais prévu 1h10 pour aller du Cade à l'arrivée, et c'est finalement la seule section que j'aurai fait plus rapidement. Dans la dernière montée vers la Puncho d'Agast, je suis euphorique et je dépose tous les coureurs que je rattrape. Je me dis que c'est vraiment incroyable comme le corps peut repartir de l'avant après avoir été à la limite de l'abandon. En haut de la Puncho d'Agast, je rattrape Benoît qui est à l'agonie et d'autres coureurs avec qui j'étais avant ma fringale. Dans la dernière descente, je repense à l'année dernière. À cet endroit j'avais envie de pleurer tellement j'avais mal, et aujourd'hui, je descends avec le sourire ! Je vais finir, dans un temps honorable, alors que je suis passé à la limite de l'abandon. J'essaie de profiter un maximum, et je suis heureux d'arriver dans les derniers mètres où tous les gens sont là pour nous encourager. Je passe la ligne dans la douleur, mais content de la course que je viens de réaliser !
Arrivée – Km 75 – 133e en 9h34
Benoît arrivera 155e en 9h44 (2e espoir), Romain 200e en 10h01 (4e espoir) et Manon 615e en 11h42 (32e féminine).
Bilan
Au final nous avons passé un super week-end du côté de Millau. Je suis satisfait de ma course, même si j'ai quelques regrets concernant l'hypoglycémie que j'ai faite à Massebiau. Je n'ai pas calculé que courir des heures sans boisson énergétique et sans manger plus que d'habitude risquait de poser problème. Je le saurai pour la prochaine course. C'est dans les courses comme ça que l'on apprend, car quand une course se passe bien du début à la fin, on n'apprend pas grand chose sur soi-même et sur comment gérer une course. Cette (mauvaise) expérience me sera donc bénéfique pour la suite !
Je pense que je reviendrai l'année prochaine. J'ai encore une bonne marge de progression sur des courses de cette distance, et j'essairai de passer sous les 9h l'année prochaine. Cette année peut-être que c'était jouable, mais peu importe, c'est inutile de refaire sa course avec des "Si..." !
À l'heure où j'écris ce compte rendu, trois jours après la course, je n'ai plus mal aux jambes. J'ai toujours les pieds abimés (ampoules, ongles sautés) mais je pourrais reprendre l'entraînement rapidement. Mais je vais quand même couper un peu ces deux prochains mois : deux entraînements par semaine et quelques cross pour travailler la vitesse. Et escalade, ski de fond ou VTT pour changer un peu et repartir de plus belle en 2015. Objectif Maxi Race (86km) et CCC (101km), et pourquoi pas les Templiers pour boucler la saison ?
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