L'auteur : freerunner21
La course : Grand Trail de Stevenson - 171 km
Date : 11/7/2014
Lieu : Le Monastier Sur Gazeille (Haute-Loire)
Affichage : 3616 vues
Distance : 171km
Objectif : Terminer
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Version avec photo http://runfreerunner.wordpress.com/2014/07/16/mon-premier-ultra-trail/
Version en image et en musique : http://wp.me/P49nvm-1cy
Je l'avais décidé, 2014 serait l'année de mon premier ultra-trail. Ce sera le Grand Trail de Stevenson qui m'a séduit par sa formule à étape nécessitant d'enchaîner 3 trails en 3 jours pour une distance de 171 kms et un peu plus de 7000 m de dénivelé.
C'était aussi un excellent moyen de découvrir les Cévennes et de vivre pendant 4 jours dans une communauté de trailers.
Les préliminaires
Tout commence le vendredi après-midi avec la remise des dossards et le transfert en bus entre Monastier sur Gazeilles et Florac, localisation du premier gymnase-dortoir. au bout de quelques minutes, les discussions sont lancées...tournant à 95% sur notre passion commune : le trail.
La convivialité est bien là et le dîner du soir et la première nuit ne feront que la renforcer. Le briefing sur la première étape fait monter la pression car lorsque le parcours défile sur les cartes projetées sur écran, je prends conscience du trajet à parcourir et de la probabilité de se perdre...
Premier test de mon matelas tout neuf...ouf, il est suffisamment confortable et je passerai une bonne nuit dans un calme étonnant. Chacun a la même envie : dormir vite et bien après avoir bien entendu préparé ses petites affaires pour le lendemain.
Le début de l'aventure
Étape 1 : 57 kms et 3000 m de dénivelé
Samedi matin, lever matinal, petit déjeuner et transfert en bus pour se rendre sur la ligne de départ : Saint Jean du Gard...et il fait beau et pas trop chaud. Juste parfait. Je savoure ce moment tant attendu.
Cerise sur le gateau , ma femme est venue par surprise au départ et elle m'accompagnera sur le premier kilométre.
Il est 6h30 mn et le départ est donné par un coup de sifflet strident. L'objectif théorique du jour est de s'économiser pour préserver ses forces pour l'étape longue du lendemain. Mais, après plusieurs jours sans courir, les jambes sont là et on lâche les chevaux...ça part vite, trop vite...le profil du parcours et la première montée calment assez vite nos ardeurs.
Le parcours se révélera magnifique mais cassant. Ca monte, puis ça descend sans cesse et cette première étape est plus difficile que prévu. Le passage sur les crêtes est magnifique ...et les vues à 360 degrès se succèdent.
Dés la moitié du parcours mes jambes dont déjà très lourdes. Je réduis l'allure et je comprends que pour tenir ces distances, il faut éviter de rester seul. A deux ou plus, on papote, on s'encourage et on oublie un peu que ça pique.
Sur le premier tiers de la course, j'accompagne un coureur parisien qui n'est inscrit que sur cette étape (il est en effet possible de s'inscrire sur chaque étape sans faire la totalité du parcours). Son rythme me convient mais au fur à mesure des kilomètres et notamment en montée il ralentit...je pars donc devant.
J'ai la chance ensuite de rattraper Fabrice, un montpelliéren qui utilise ce trail pour préparer l'UTMB. Nous sommes au diapason sur nos objectifs et nos rythmes sont conciliables. On marche en montée, on court sur le plat et on déroule en descente. Mes jambes sont déjà douloureuses mais il faut bien avancer.
Par manque d'attention, nous ratons une balise et nous nous égarons sur 1,5 kms en fort dénivelé...c'est frustrant car on se retrouve plutôt en fin de peloton et puis vu ce qui nous attend ensuite, il n'est pas nécessaire d'en rajouter. Nous nous perdrons une seconde fois sur près de 800 mètres.
Nous attaquons la dernière descente assez technique et j'opte pour la prudence car ce serait trop bête de se tordre une cheville avant le plat de résistance du lendemain.
Arrivée à Florac sous les applaudissements des habitants et des bénévoles en 8 heures et 30 minutes.
En synthèse, je finis déjà très atteint musculairement et je commence à me demander comment je vais faire demain pour courir 90 kms..allez, on verra demain, pour l'instant place à la récupération, au massage, à l'échange et au dîner. Le briefing du soir sur le parcours du lendemain ne me rassurera pas. Il est temps d'aller se coucher ...il est 8 heure et je peux vous dire que tout le monde dort! Et oui le lever du lendemain est prévu à 2h00 et les corps réclament du repos.
Le moment de vérité
Étape 2 : 90 kms et 3000 m de dénivelé
En ce matin du 13 juillet, je ne suis pas très confiant. La nuit a été bonne mais mes cuisses sont en bois. Nous nous retrouvons à 4h30 mn sur le Pontmontvert, prêt au combat, la frontale bien en place, mais il fait un peu frais et nous sommes pressés de partir. Le parcours commence par l'ascension qui nous ménera au Mont Lozère.
Signe que cela ne va pas fort, je me retrouve en queue de peloton. C'est inédit pour moi et cela m'inquiète. la montée se faisant en marchant, j'essaye simplement de rester dans le groupe des derniers sans me faire décrocher. Je tiendrai ainsi jusqu'au sommet où nous attend une atmosphère irlandaise : un vent glacial et des ruines de pierre qui émergent du brouillard. Moi j'ai adoré ce moment magique. Tout le monde se met à courir pour se réchauffer et la descente se fait assez facilement...car les jambes se sont un peu dérouillées.
Je suis maintenant avec deux compagnons Eric et Denis, ultra-trailers expérimentés. Ils alternent marche et course en me conseillant d'en garder sous le pied.
De toute façon, je ne peux pas aller plus vite. Au premier ravitaillement, nous sommes environ 8 coureurs et nous avons 20 minutes d'avance sur la barrière horaire (un peu juste, si par hasard je m'égarai). Je repars deux minutes après le groupe..ce n'est pas une bonne idée, car je dois daire l'effort pour le rejoindre. Ce début de parcours est de toute beauté et j'en profite mais le rythme ne me convient plus.
Je ressens plus de facilité à alterner course et marche et je décide de partir seul.
J'ai su après que c'était la bonne option. Je rejoins Janick et Martine, une jeune V3. C'est un tournant dans ma course car je suis tombé sur mon clône. Janick et moi marchons et courons à la même vitesse. C'est une vraie chance et nous allons nous relancer chacun à notre tour en fonction des hauts et des bas.
Les kilomètres défilent maintenant et chaque pas est douloureux en marche comme en course. Le mental doit prendre le relais avec un seul objectif : avancer.
Le terme d'ultra prend maintenant tout son sens. Nous évitons de compter les kilomètres et nous nous focalisons sur le ravitaillement suivant en salivant d'avance sur les rondelles de saucisson et les tucs. Au 62 éme kms, nous comprenons que nous finirons cette étape : nous avons 2h30mn d'avance sur la barrière horaire
Il nous faut maintenant serrer les dents et accepter la douleur. Comment vous expliquer cette sensation ? Vous avez très mal aux cuisses et aux pieds (comme à la fin d'un marathon), vous ressentez une grande fatigue et une forte lassitude. Votre cerveau doit dés lors ordonner à votre corps d'avancer malgré tous ces signaux d'alerte. Les mouvements sont peu efficaces et vous avez l'impression de courir sur des oeufs pourlimiter les impacts et les douleurs qui vont avec.
Un des ravitaillement est prévu dans un chateau...qui bien entendu est perché sur les hauteurs. Nos efforts seront récompensés par une soupe chaude et des petites tartines de pâté. La fin du parcours est un peu moins intéressante et les parties de bitume nous saccagent les quadriceps. il nous reste 10 kms et là, Martine (61 ans) prend le large et finit en trombe. Respect et chapeau bas.
Nous arrivons à Florac, main dans la main avec Janick, sous les applaudissements.
Heureux mais très fatigué, nous nous jetons sur le ravitaillement, passons à la douche tiède avant de nous laisser aller sous les mains expertes des masseuses. La confiance a maintenant chasser le doute dans mon esprit mais chacun de nous sait qu'il reste une étape et qu'il faudra encore courir 3 ou 4 heures.
Le 3 ème jour : l'extase
Etape 3 : 24 kms et 1000 m de dénivelé
Au départ de la troisième et dernière étape l'ambiance est à l'euphorie. Les trailers sont en confiance et ne voient pas ce qui pourraient les empêcher de finir cet ultra.
Tous les coureurs sont fatigués et mêmes deux d'entre nous sont blessés avec de jolis straps mais il n'est pas imaginable d'abandonner si prêt du but.
Sur la ligne de départ les organisateurs nous ont gâté avec deux accordéons qui mettent l'ambiance et certains esquissent quelques pas de danse.
Les 24 kms vont être une véritable extase pour moi mais également, je le saurai ensuite, pour la quasi-totalité du peloton. Une météo idéale avec du beau temps et pas trop de chaleur et un parcours magnifique avec quelques passages techniques pour que tout le monde y trouve son bonheur.
Certains passages resteront gravés dans ma mémoire avec notamment le passage dans le chateau et quelques vallées splendides.
Bizzarement, malgré les 90 kms de la veille, je retrouve quelques forces qui me permettront de courir l'essentiel du parcours. J'ai toujours mal aux jambes mais tellement moins qu'hier...la douleur est une sensation relative.
Je courerai tout ce parcours avec mon compagnon Janick et nous finirons ensemble, main dans la main, conscient que chacun de nous devait un peu de sa performance à l'autre.
Contrairement au jour précédent, nous aurions aimé courir quelques kilomètres de plus pour profiter encore un peu de ces moments précieux d'euphorie, récompense de tous nos efforts.
Passé la ligne d'arrivée, je suis un peu déboussolé, presque surpris que ce soit fini. Je suis FINISHER de mon premier ultra-trail et j'ai beaucoup appris pour le prochain.
Mais ce Grand Trail de Stevenson est bien plus qu'un ultra, c'est une véritable aventure humaine et sportive avec une simplicité, une convivialité et un plaisir d'être ensemble.
Pour finir, une douche glacée qui sera l'occasion de cris primitifs et d'une bonne partie de rigolade, une bonne truffade et la remise des récompenses aux champions.
Un coup de chapeau à l'organisation qui nous a offert des conditions de course parfaites et aux bénévoles qui nous ont accompagné avec une grande gentillesse.
Je repars tranquillement quand à la sortie de Monastier sur Gazeille, je m'apercois que j'ai complétement oublié de jeter un oeil sur le classement. Je fais demi-tour pour réparer cet oubli et je prends conscience que cet ultra, c'est beaucoup plus qu'une course, au point d'en oublier de regarder les résultats.
Je suis 22 ème sur 37 (avec 8 abandons) en 25 h 35 mn 38 s
http://runfreerunner.wordpress.com
4 commentaires
Commentaire de sam91 posté le 17-07-2014 à 22:36:14
félicitations le principal était de finir
Récupère bien
Sam
Commentaire de philkikou posté le 18-07-2014 à 06:42:44
"Mais ce Grand Trail de Stevenson est bien plus qu’un ultra, c’est une véritable aventure humaine et sportive avec une simplicité, une convivialité et un plaisir d’être ensemble." => merci de nous avoir fait partager cette aventure humaine, qui rime avec Cévennes quelle veine !!!
Commentaire de freerunner21 posté le 18-07-2014 à 15:18:23
merci les gars ...inscrivez vous! :)
Commentaire de freerunner21 posté le 26-07-2014 à 22:48:58
pour ceux qui souhaiteraient vivre l'aventure en image et en musique : http://wp.me/P49nvm-1cy
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