Récit de la course : Raid du Golfe du Morbihan - 87 km 2014, par lapuce92

L'auteur : lapuce92

La course : Raid du Golfe du Morbihan - 87 km

Date : 28/6/2014

Lieu : Vannes (Morbihan)

Affichage : 3627 vues

Distance : 87km

Objectif : Terminer

4 commentaires

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Mes 56kms du grand raid du Morbihan

Vendredi 27 juin

 

Maman et moi arrivons à Vannes vers 15 heures. Le temps de s'installer à l'hôtel et nous partons tranquillement à pied vers le port. Sur place nous retrouvons Eric, Ronald, fin prêts pour le 177kms, Valdès, Nath et sa fille, Dorothée et son mari. En attendant le départ du 177kms à 17h, je vais retirer mon dossard. On croise Babou et son mari, qui cherchent le reste de la bande. Les formalités accomplies c'est avec le précieux sésame, un très joli buff et surtout une GROOOOOOSSSSE boite de palets bretons que je reviens vers la ligne de départ. Les autres ont tous disparus dans la foule. Maman et moi nous mettons en place pour encourager les valeureux. Le départ est donné. C'est toujours la même émotion. Certains partent pour 40 heures d'effort : un autre monde! Eric et Ronald semblent déjà dans leur bulle. Après une  visite plus détaillée du village expo on recroise Babou, avec laquelle on échange nos derniers doutes et interrogations pour le lendemain. On retrouve ensuite Nath et sa fille avec qui on passera un très bon moment en terrasse. Nath a son éternel sourire éblouissant, même si elle a du renoncer au 56kms à cause d'une vilaine entorse. Un petit tour dans Vannes, et on revient à l'hôtel pour une soirée calme.

 

Samedi 28 juin

 

Au réveil il pleut des cordes! Je pense immédiatement aux courageux du 177, et à ceux du 87 qui prendront le départ à 9h30. De mon côté je sens la tension monter petit à petit. Le départ du 56 est à 15h . Je m'occupe comme je peux en vérifiant, revérifiant, rerevérifiant mon sac, en bouquinant, en regardant la télé... .

Vers 11h15 on part vers la ville départ, Sarzeau. Arrivées sur place nous trouvons tout de suite le gymnase, point de ravitaillement/pointage pour les deux grandes distances. Un cerbère nous hurle dessus et nous interdit l'entrée. D'ailleurs c'est bien simple il engueule tout le monde aux alentours! Quand on ose lui demander s'il sait où se trouve le départ du 56kms, il répond qu'il n'en sait rien, et que de toutes façons il n'a pas entendu la question! LOL Je comprends parfaitement qu'il ait reçu des consignes et qu'il les applique, mais s'il n'est pas content d'être là personne ne l'obligeait à être bénévole! La pluie tombe toujours à sceaux, et comme il ne fait pas chaud nous allons nous mettre à l'abri dans une brasserie juste à côté du départ (on a eu l'info entre temps par une autre personne!). Maman en profite pour manger un morceau, et moi boire un café. Derniers préparatifs, et vers 14h40, on rejoint Babou, son mari, et Calou sur la ligne de départ; Je suis super heureuse de faire connaissance avec Calou!! Quelques photos et on se met en place. On papote, on plaisante avec nos voisines de sas. L'excitation monte à mesure que le trac disparait.

Les fauves sont lâchés. Babou, surexcitée, part comme une balle. On passe devant nos 3 supporters de choc puis je la perds de vue très rapidement. Je prends mon petit rythme : surtout ne pas se laisser entrainer par la meute! La pluie s'est arrêtée. Ne subsiste qu'un petit crachin breton très agréable. Maman m'attend vers le 4ème km. un petit coucou et je repars..pas pour aller très loin. Quelques centaines de mètres plus loin ça bouchonne au passage d'un tunnel souterrain. Ca chambre, ca plaisante entre coureurs ("Eh les gars, vous gardez les mains dans vos poches hein?!" "Toi le grand là tu passeras pas, c'est pas possible!"). Il fait nuit noir là dedans, je ne vois rien mais c'est plutôt rigolo, d'autant que ça ne dure pas très longtemps. Quelques kilomètres plus loin, c'est le drame! On arrive au premier poste de pointage. Plus de 500 coureurs attendent, agglutinés. Une bénévole poiçonne les dossards mais précise que si on ne passe pas aussi devant le système informatique, on prendra une pénalité d'une heure. Sauf que le système informatique est en panne, et qu'il n'y a une seule personne pour s'en occuper de toutes façons. On attend 15-20'. Ca râle, la tension monte, les esprits s'échauffent, jusqu'au moment où on nous dit qu'on peut repartir, que nous ne serons pas pénalisés. Je reprends ma route sans demander mon reste, passablement énervée par la mésaventure. Un kilomètre plus loin on voit un hélico arriver. Une fille à côté de moi me dit en plaisantant que c'est problablement pour éviter un lynchage en place publique à cette pauvre bénévole!! LOL

Jusqu'au premier ravitaillement au 21ème, rien de spécial à signaler. On se prend une grosse averse mais je positive en me disant que c'est l'occasion de tester grandeur nature ma veste Salomon Bonatti et que je suis en pleine forme! Maman m'attend au ravito. Un peu d'eau, quelques mots et je trace. Peu après une fille me double et me dévisage : "Mia? C'est Gygy!" Aaaahhh Gygy!!! Trop bien de faire sa connaissance en vrai! On papote, mais elle part vite devant. Je suis vraiment impressionnée par son allure : elle est sur le 87kms! Quelques temps après je la redouble. Elle me lance un clin d'oeil de killeuse et me lance "c'est bien Mia!", qui me redonne des ailes! Oui, parfaitement, un clin d'oeil peu donner des ailes! Merci gygy!!

Quelques anecdotes en vrac car je ne me souviens plus très bien à quel moment ça s'est produit :

 

- J'ai adoré l'ambiance entre coureurs sur cette course. Un petit papy avec qui je jouais à "tu me doubles je te double" depuis un moment me fait "c'est bien ma grande!". Un groupe de nana super sympas qui me doublent en chantant à tue-tête "le petit vin blanc" : délirant!

- A un endroit nous devons passer les pieds dans l'eau. Je m'apprète à foncer droit dans le tas, comme d'hab'. Mais trois minettes devant s'arrêtent et prennent le temps de mettre des sacs en plastique autour de leurs runnings. Presque immédiatement elles s'écrient dépitées "Oh, ben on a quand même les pieds mouillés!" SANS DECONNER??!!! On a de la flotte jusqu'aux chevilles et tu pensais ne pas avoir les pieds mouillés avec tes pauvres sacs plastiques, nan mais allo quoi!!! Je me marre toute seule! Un peu trop peut être. Je me retrouve à l'insu de mon plein gré dans l'eau, les 4 fers en l'air dans une très belle imitation du saut de la baleine (spéciale dédicace Mél, j'ai essayé d'être à la hauteur!). Je suis trempée, c'est pas grave : show must go on.

- Dans les derniers kilomètres une coureuse me dit qu'elle est vraiment dans le dur, qu'elle a mal partout. Moi : "Oui, j'ai deux bouts de bois à la place des jambes". Elle, yeux exhorbités "Alors là, chapeau!!". J'éclate de rire quand je finis par percuter : non non, je n'ai pas été amputée et je ne porte pas de prothèses! LOL

 

J'ai beaucoup aimé le parcours, les paysages, la lumière. Petits sentiers douaniers, passages en bord de mer (voire dans  l'eau), sous bois, sentiers : c'était splendide. Peut être un peu trop plat pour moi malgré tout, mais c'est tout. Tout a été parfait au niveau hydratation/alimentation. Je n'ai pas eu de nausées, de coup de fatigue, tout est bien passé (2 gels et 2 barres sur l'ensemble du trajet). Il faudra simplement que j'ajuste un peu mon alimentation pour y inclure du salé : j'ai ressenti un gros dégout du sucre sur la fin. Je me suis jetée sur les TUCS à l'arrivée (les meilleurs amis des coureurs, dixit mon kiné!! LOL). Côté sensations ca a été très très dur physiquement à partir de 6 heures de course.Je pense qu'avec 2-3 sorties longues de plus (que j'aurais faites sans mon genou douloureux) ce serait beaucoup mieux passé. Le genou, par contre, s'est très bien comporté, aucune douleur à déplorer pendant ou après la course.

Mentalement la fin a été très difficile : maman m'attend au 51ème. Elle fait quelques mètres avec moi. On passe devant la voiture. J'ai vraiment du prendre sur moi pour ne pas monter dedans à ce moment là. La nuit tombe très rapidement après ça. Je fais les derniers kilomètres partagée entre la douleur que je ressens partout dans mes jambes, l'impatience d'arriver, un immense ras le bol, mais aussi l'envie de faire durer encore et encore le moment. Que d'émotions mêlées! J'aperçois enfin le port de Vannes et les arches d'arrivée. Il reste 500m. Un spectacteur me félicite et me lance "Profitez, profitez, prenez, tout ça c'est pour vous maintenant". Les larmes montent. Je suis dans un état second. Des promeneurs arpentent les quais. C'est si difficile de les éviter, de dévier de ma ligne droite! Chaque pas de côté me coute. Un virage à gauche et c'est la dernière ligne droite. Je passe l'arche hébétée, un peu à l'ouest, mais immensément fière d'avoir relevé le défi. Maman est là comme pendant tout le reste de la journée. Juste, merci!

A J+2 au moment où j'écris le genou va toujours aussi bien (à suivre mon livre "comment soigner sa TFL à coup de trails de 56kms!" LOL), et les courbatures sont vraiment minimes. J'ai encore la tête dans les étoiles, tout là haut sur mon petit nuage, et une seule envie : RECOMMENCER!!!

4 commentaires

Commentaire de o[Bob] posté le 04-07-2014 à 15:59:11

Du bien écrit, du sans chichi -et du termini !-, bravo, et beau récit !

Commentaire de lapuce92 posté le 04-07-2014 à 20:13:23

Un grand merci!! ;)

Commentaire de Japhy posté le 06-07-2014 à 08:13:47

Holala on se fait toujours avoir par la technique, quelle histoire ce pointage!
Bravo pour ta course Mia, petit à petit l'oiseau fait son nid n'empêche! Je trouve ta stratégie très bien en fait, augmenter les distances petit à petit, et ça marche!
(la prochaine fois, dis à ta maman de venir à pied ou à vélo sans porte-bagage, tu ne seras pas tentée par la voiture)

Commentaire de lapuce92 posté le 07-07-2014 à 07:33:13

Merci pour ton petit mot Japhy! :) Pour maman elle m'a bien dit ensuite que si j'avais ne serait ce que tenté de mettre un pied dans la voiture elle m'en aurait dissuadé tout de suite! ;)

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