L'auteur : Prokofiev
La course : Les Foulées du 12ème
Date : 22/6/2014
Lieu : Paris 12 (Paris)
Affichage : 983 vues
Distance : 10km
Objectif : Pas d'objectif
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Départ 7h30 ce dimanche matin 22 juin avec un ami coureur pour cette course qui se court dans le bois de Vincennes. Les rues sont désertes. Laurent, avec qui je vais courir pour la première fois, se trouve être mon voisin du dessus. Cheveux gris en brosse, grands yeux bleus, il est léger, sec et entraîné. Il a 6 années d’expérience et ne joue pas dans la même catégorie que moi. Il a le format kényan et moi le format chauffeur de taxi (le bidon de la cinquantaine qui ne veut pas partir). Il a un record personnel de 38 minutes et il me met 10 minutes dans la vue. C’est sûr il ne va pas me tenir la main. Mais on ne part pas pour ça.
Le temps est agréable, le ciel dégagé, un peu de fraîcheur, franchement tout s’annonce bien.
Le lac Daumesnil
Ma première course date d’il y a un an déjà. C’était les 10km de l’Equipe 2013. Je ne suis plus débutant, pas encore un vieux de la vieille.
C’est ma première « petite course » et ma neuvième en tout. Un petit millier de personnes seulement. Pas de superflu, pas de maillot, pas de médaille souvenir, juste l’essentiel de la course et une promesse de bons moments partagés.
ça c'est du sourire qui donne envie de s'inscrire ! photo Fred Bougrain
Pendant que Laurent se tartine les cuisses, j’admire cette tribune du Vélodrome Jacques Anquetil, tout droit sortie de la fin du XIXème siècle, avec ses poutrelles métalliques à la Gustave Eiffel. Son histoire est remarquable : construit en 1896 pour les jeux olympiques de 1900 sous le nom de « Cipale » pour « Vélodrome Municipal de Vincennes », il est classé aux monuments historiques. Il est complètement « dans son jus ». Beaucoup de charme. La course à pied, c’est aussi le plaisir de la découverte de nouveaux lieux insoupçonnés. Merci aux organisateurs.
Encore dans son jus, un siècle après!
Mon objectif : battre ces 48 minutes et 3 secondes acquises aux foulées de Vincennes en février. Je ne sais pas pourquoi, je ne le sens pas. L’atmosphère printanière ? La douceur ambiante ? Je n’ai plus les dents qui rayent le parquet.
Partis tôt, Laurent aime faire un tour du parcours avant la course. Grosso modo, ce parcours est constitué de deux boucles et demie autour du Lac Daumesnil et du vélodrome Jacques Anquetil. Le tracé est loin d’être simple malgré les balisages au sol. J'arrête mon échauffement à mi-parcours de la boucle pour ne pas entamer mon énergie et donne rendez-vous à Laurent au départ. Quelques minutes plus tard, je le revois piaffer dans le sas préférentiel pendant que je vais me placer sagement dans le troupeau, avec les autres, derrière.
9h45. Top départ au son de tambours super motivants !
La ligne de départ n’est pas équipée n’un tapis, je passe la ligne 20 ou 30 secondes après le coup de pistolet. Je ne compterai que sur ma montre chrono pour avoir mon temps réel.
Le peloton est très hétérogène et on zigzague sur plusieurs centaines de mètres, on passe à droite et à gauche. Rhaaa !…. Heureusement nous ne sommes pas aussi nombreux que dans les courses de masse et, rapidement, le peloton s'étire et les zigzags cessent. Premier virage à gauche, pas de bousculade, nous longeons la rive sud du Lac pour notre premier tour de lac.
Je cale l’affichage de ma montre sur le cardio, c’est lui que je vais surveiller. Avec l’allure, bien sûr. Je dois me caler sur 4:50 au km (ou mieux). Tout va bien sur les deux premiers kilomètres.
Coup d’œil au cardio après un tour du lac : 167 battements par minute. Déjà. Pas top.
Au fil des kilomètres je ressens la chaleur du soleil et les quelques passages ombragés ne suffisent pas à me rafraîchir. Quelque chose me dit que le record ne sera pas au rendez-vous. Si je continue comme ça je vais exploser avant la ligne.
Avant même le 5ème kilomètre me ne résous à relentir : 5 minutes au kilo, mais pas plus. Barrière symbolique, pour l’honneur. Et je sens déjà que ça va pas être de la tarte.
A plusieurs endroits, on croise les meilleurs à contre-sens, je ne vois pas Laurent. Les bénévoles qui balisent l’itinéraire encouragent. Sympa ! Ils encouragent par leur prénom les membres du club local, SAM Paris 12, reconnaissables à leur maillot blanc à quatre bandes horizontales et rouges.
Membres du club Photo SAM paris 12
Les spectateurs, eux, ne sont pas très nombreux, ni enthousiastes. Je commence déjà à regarder le bout de mes chaussures, signe que je pioche.
Le ravitaillement du kilomètre 5 approche et, alors que je n’avais pas prévu, je saisis une bouteille tendue et je jette un mot de remerciement. Je bois deux gorgées et je verse le reste sur la tête. Je regrette de n’avoir pas pris de casquette, ça tape fort.
non, là c'est pas moi. photo Fred Bougrain
Nous faisons notre deuxième tour du lac, j’essaye de me cramponner aux coureurs qui me précèdent. J’en dépasse certains. Toujours un coup d’œil à l’allure, tantôt au dessus de 5 minutes tantôt en dessous. Si je continue comme ça j’accrocherai un temps sous les 50 minutes et je m’en contenterai.
Le 9ème kilomètre tarde à venir. Il est là. J’avise deux coureurs qui me serviront de lièvre sur les derniers hectomètres.
Le virage à droite vers l’arrivée le vélodrome, enfin ! Je n’ose pas regarder mon cardio qui doit s’affoler grave (au dessus de 190, en fait). Je serre les dents. Nous entrons sur le vélodrome et l’arrivée se profile enfin. J’accélère (On va pas dire « sprinte », je n’ai plus grand-chose à donner) et sème mes lièvres.
je vais mourriiiiir ! photo Fred Bougrain
Top chrono. 49 minutes et 57 secondes ! Wow, il s’en est fallu de 3 secondes, mais mon objectif « plan B » est atteint ! Pour une fois je ne bats pas de record perso.
Première urgence : à boââââââre ! Je saisis une bouteille d’eau et trois tranches de pain d’épice. Ravito simple mais sans chichi. Pas besoin d’autre chose.
Je retrouve un Laurent, un peu dépité, qui n’aura pas passé le mur des 38 minutes, comme il l'espérait, victime de la chaleur lui aussi.
Je m’assois dans les tribunes avec vue sur l’arrivée des concurrents. Il y a de tout : des jeunes, très jeunes même, en poussette carrément, poussés par leur papa (hum, pas très sûr que ce soit recommandable, ça…). Un fauteuil roulant, poussé par un coureur qui passe la ligne sur les roues arrière. Et un très vieux aussi : sous les applaudissements et avec un chrono honorable de 1heure 05, le doyen de la course, 81 ans, passe à son tour la ligne. Chapeau bas monsieur! Je vais le féliciter.
Bref, je ne suis pas déçu, j’ai donné ce que je pouvais. J’ai découvert des lieux que je connaissais mal ou pas du tout. Une organisation sans couac, sympathique et entraînante (merci les bénévoles !). Je me suis lié d’amitié avec un voisin qui partage la même passion. Tout ça pour une belle matinée de juin, avec un bon poulet-frites qui m’attend à la maison. Que demander de mieux ?
Un circuit complexe....pourquoi faire simple ?
Cramponné à 5 minutes au kilomètre....
Une belle dérive cardiaque comme on n'en trouve que dans les manuels...Quand ça veut pas plafonner, ça veut pas....
2 commentaires
Commentaire de LongJohnSilver posté le 24-06-2014 à 17:12:54
Ah la chaleur des dimanches de Juin! :) Pourtant le parcours de cette course est relativement plat et propice aux records! En tout cas, très bon récit et très vivant, merci.
Commentaire de nouvion posté le 27-06-2014 à 22:02:39
Récit sympathique et bien illustré. Je vois que je n'ai pas été le seul à souffrir de la température.
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