L'auteur : LutetienND
La course : Trail du Gypaète - 41 km
Date : 7/6/2014
Lieu : Thyez (Haute-Savoie)
Affichage : 3532 vues
Distance : 41km
Objectif : Pas d'objectif
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41 km LE CHINAILLON-MARNAZ (2670m D+ et 3460m D-)
ce CR a été rédigé à quatre mains...
celles de LutetienND (maillot noir texte noir) et celle de DKféeinée (maillot violet... texte violet)
[LutetienND] Le trail du Gypaete, c’est ma sœur DKféeinée qui en avait eu l’idée… Je me disais que c’était une bien belle idée pour un long WE de Pentecôte alors que je roulais à Très Grande Vitesse (en TGV… pas en voiture), ce Vendredi 6 Juin, vers la gare de la Part-Dieu. Ca faisais longtemps que je ne m’étais plus élancé pour un trail de montagne un peu sérieux.
L’an dernier, j’avais vraiment trop réduit mon entraînement pour me lancer dans ce genre de choses. Mais depuis l’été, je m’y suis remis progressivement. Surtout grâce à l’enthousiasme de mon fils GDtrailmusique. Il m’avait entraîné sur son premier 35km (le trail du Josas), puis nous nous sommes tiré la bourre sur deux trails du challenge vert de l’Essonne (le trail des Sangliers, puis le trail des Carrières). Bref, la dose d’entraînement est redevenue raisonnable et l’envie est revenue avec de recourir en montagne.
Donc quand DKféeinée m’a proposé son projet, je me suis lancé. Pour elle c’est une première vraie expérience en montagne. Et pour moi, le plaisir d’y revenir. Le plaisir a commencé la semaine dernière dans la préparation : scruter les CRs des années précédentes, étudier la carte (IGN 25000 bien sûr) plastifiée que je prépare à chaque trail un peu sérieux, ressortir mon vieux gilet Eider, retrouver le matériel (mais bon sang, où sont donc passés mon siffle et ma couverture de survie ?), loger mes fidèles bâtons dans leur housse, préparer les ravitaillement, supputer sur un temps de course envisageable, essayer d’imaginer les difficultés et les paysages à partir de la carte … C’est déjà courir dans sa tête, et c’est bien agréable.
On se retrouve à la Part-Dieu. Comme d’habitude, DKféeinée a tout planifié aux petits oignons. La voiture est chargée des vivres indispensables et nous voilà parti vers Marnaz, notre première étape. DKféeinée a dit : « on y sera pour 5 heures ». Nous y arrivons à 4h58 et le retrait des dossards se fait très rapidement dans un grand gymnase. A cette heure, il y a plus de bénévoles que de coureurs. Une petit tour à la boulangerie pour le petit déjeuner de demain : il fait chaud (28°) malgré un ciel un peu chargé.
[DKféeinée] 6 juin 2014 : En ce jour de commémorations, je débarque à Marnaz avec mon LutetienND de frère arrivé à Lyon de Paris après avoir écourté son séminaire de boulot (pas bien !). Dossards retirés en fin d’après midi au Gymnase de l’école des sages de Marnaz, en cadeau un tube de crème solaire protection 50+ qui nous sera bien utile… soleil de plomb et grosse chaleur annoncés.
[LutetienND] en route vers l’appartement que DKféeinée a réservé « au Reposoir », à environ 15mn de route vers le col de la Colombière. C’est la vallée que prendra le 70 km demain. A mesure que nous nous élevons, la montagne se fait plus présente. Arrivés au Reposoir, la vue est splendide sur les sommets enneigés. On a bien fait de ne pas dormir dans la vallée. Prendre nos quartiers est une affaire de quelques minutes (super accueil de notre hôtesse) et nous avons le temps de faire une petite ballade pour découvrir la Chartreuse, que nous visitons en quelques minutes, avant qu’une religieuse austère ne ferme la porte : la Chartreuse ferme à 18h30.
La chartreuse du Reposoir
Le repas du soir est vite avalé (pâtes-jambon… du classique de chez classique), le petit dej. est préparé, le réveil mis pour 6h, les yeux se ferment… et il est déjà 6 heures du matin. Petit dej. de luxe : DKféeinée m’a préparé du Muesli maison super bon, avec plein de fruits et de fruits secs. Il fait encore frais ce matin à 1500m, mais le ciel donne tous les signes d’une journée chaude et ensoleillée.
Rescente à Marnaz. DKféeinée a dit : « on y sera pour 7 heures 30». Nous y arrivons à 7h28. Il fait déjà chaud sur le parking. Derniers choix d’équipement : vu le beau temps, pas besoin d’embarquer nos polaires. On décide de ne pas prendre que nos sacs de course (l’organisation prévoit qu’on puisse déposer un sac au Départ, sac qui sera rescendu dans la journée pour vous attendre à l’arrivée). Attente de la navette. Premiers échanges avec d’autres trailer.
Carte postal de Marnaz : l'attente de la navette
Deux bus embarquent tout le monde à 8h et nous déposent vers 9h au Chinaillon. Encore 1heure à attendre le départ… et le soleil commence vraiment à taper ! C’est le moment de protéger bras et jambes avec la crème solaire Haute Protection qui était dans le sac remis par les organisateurs.
L’attente est un peu longue, mais on voit arriver les 3 premiers du 70km, avec aussi quelques coureurs de relais qui se passent … Toute la foule les encourage. On profite de l’attente et du ravito pour manger un peu de bananes et boire déjà pas mal. Finalement, on est appelés dans l’aire de départ. Je me sens tellement heureux d’être là avec ma sœur ! Elle a un petit problème au genou, alors j’espère à cet instant qu’elle fera la course de ses rêves et qu’elle ira au bout.
[DKféeinée] La navette nous emmène au Chinaillon, point de départ du Trail du Gypaète, reliant Le Chinaillon à Marnaz en 41 km sur un parcours assez technique, de mon point de vue en tout cas. J’ai égaré mon amulette de confiance avec une rotule droite fâchée depuis une méga chute en caddy sur un parking de supermarché fin avril. Alors évidemment je doute un peu sur ma capacité à encaisser les 2670D+ mais surtout les 3460D- annoncés. Vais-je finir ce trail ? (Il y aura 38 abandons sur 192 partants). Dans le cas contraire je serai très déçue, car c’est mon premier trail de montagne, j’en rêve depuis un moment… et nous allons partager cette nouvelle expérience entre frère et sœur (LutetienND a quand même bien plus d’expérience que moi et sa présence me rassure).
Dans l’attente du départ, je fais connaissance avec Rachele qui a le profil d’une traileuse fort sérieuse vu l’expérience et ses 1,50m de jambes (Arrivée 4ème F et 1ère V1 dans sa ville natale de Marnaz). Y’a également du lyonnais au départ dont une cinquantaine de traileurs de « Saône Mont d’Or Nature ».
Dans l'aire de départ
Le Chinaillon (km0 / 1270m / 0h00)
[LutetienND] C'est Dawa Sherpa qui donne le départ. Nous nous élançons presque en queue de peloton à travers le vieux Chinaillon. Quelques centaines de mètres après la sortie, on tourne à droite dans une prairie et on rejoint rapidement un sentier étroit et en lacets. Ca bouchonne un peu. Il y en a qui essayent de doubler, d’autres qui râlent, d’autres qui montent sagement : on encore loin de l’arrivée, et mieux vaut être un peu en dessous de son rythme de croisière…
DKféeinée monte d’un bon pas. Dès que le chemin le permet, elle commence à dépasser quelques coureurs. Je me cale à quelques mètres derrière, et je la suis. Cette première montée se passe bien malgré la chaleur qui monte. Chaque abreuvoir et chaque source attirent déjà les coureur pour se rafraîchir, mouiller la casquette ou le buf… il en sera ainsi pendant toute la course.
Montée vers l'aiguille verte... un moment de répit
Montée vers l'aiguille verte... là, ça grimpe plus sec!
[DKféeinée] le départ est enfin donné, un peu tard de l’avis de nombre de coureurs, car cette année il va vraiment faire très chaud. Nous traversons le village de Marnaz avec LutetienND tous deux dans le dernier 1/3 du peloton. 1ère montée, le ton est donné. Nous atteignons l’aiguille verte qui culmine à 1980 m et parcourons la crête en contournant le lac de Lessy. Je regarde en bas Le Chinaillon, les montagnes environnantes où la neige est encore présente par endroit, ce lac d’un bleu particulier, je ressens comme une présence, le souffle frais d’une réalité minérale et végétale qui s’impose à moi. C’est magique, une petite larme s’échappe de son canal lacrymal pour venir s’écraser sur mes godasses poussiéreuses, je suis véritablement envahie d’émotions, c’est ici que je voulais être… un jour… et j’y suis.
L’aiguille verte (km4 / 1960m / 1h15 de course)
[LutetienND] Nous parvenons enfin sur l’arrête sous l’aiguille verte et découvrons le paysage de l’autre côté vers le lac de Lessy et le reste de la course. Comme le dit un bénévole « c’est ici qu’on change de papier peint ». Cette arrête est splendide avec sa vue sur la vallée du Chinaillon à droite et le lac de Lessy en contrebas à gauche. Nous la parcourons en trottinant et en en prenant plein les yeux à chaque pas.
Au bout de l’arrête, on bascule tout d’un coup a droite, dans un raidillon boueux. Après la montée depuis le Chinaillons (orientée plein sud, et donc très sèche), nous voilà dans une face nord, ou le sentier souvent boueux en raison des fontes de névés est coupé à plusieurs reprises par des névés qu’il faut descendre … sans trop glisser. Chacun y va de son style : avec bâton / sans bâtons, pas à pas précautionneux sur la trace ou grosse cavalcade en dehors de la trace. Des glissades, des éclats de rire. Certains ont glissé dans la boue et sont déjà très décorés.
Lac de Lessy (km5 / 1730m / 1h30 de course)
Le sentier traverse horizontalement un pierrier et rejoint le lac et les chalets de Lessy. Puis ça repart en montée vers le col de Sosay. Un groupe de trois coureuses vêtues de bleu nous suit en marchant d’un bon pas. Elle me font penser aux schtroumpf qui ont hanté ma dernière course… et nous plaisantons un instant avec ces trois schtroumpfettes.
LutetienND au col de Sosay. Vue vers le plateau de Cenise (c) Art Un Galles
Vue du col de Sosay vers l'aiguille verte (c) Art Un Galles
Col de Sosay (km7 / 1950m / 1h50 de course)
Nouvelle descente sur une face nord, cette fois avec un long passage de névé. Les bénévoles ont bien préparé la trace, mais ça n’empêche pas quelques glissades.
Descente dans le névé depuis le col de Sosay (c) Art Un Galles
Col de Cenise (km10 / 1720m / 2h14 de course / 146ème position)
Descente vers le plateau de Cenise. Une dernier coup d'oeil en arrière, sur la partie la plus montagnarde de l'itinéraire...
Vue du col de Sosay en se dirigeant vers le plateau de Cenise (c) Art Un Galles
Après le replat, nous voilà quelques dizaines de mètres dans un ressaut rocheux pas si facile à négocier
C'est pas de la varappe, mais ça descend bien ! (c) Art Un Galles
Arrivée au plateau de Cenise (c) Art Un Galles
On arrive au plateau de Cenise. En petit coup d'oeil sur le côté : un bénévole met une bouteille de rosé mise au frais dans une plaque de neige, juste avant le premier point de contrôle. Passage à la badgeuse du point de contrôle, puis nous rechargeons en eau et attaquons les premiers Tucs de la journée. Les Schtroumpfettes repartent avant nous en trottant et nous les voyons s’éloigner. La course repart sur un très beau chemin roulant avec de magnifiques paysages à droite.
Descente depuis le plateau de Cenise (c) Art Un Galles
DKféeinée en pleine action
Descente depuis le plateau de Cenise (c) Art Un Galles
Nous retrouvons avec plaisir l’ombre de la forêt pour une belle descente jusqu’à la Torche, et nous passons sans hésiter un seul instant ... le point de non retour (bifurcation du 29km).
Point de non retour (c) Art Un Galles
La Torche (km15 / 1320m / 3h00 de course)
Dans ce hameau, comme dans tous les hameaux et villages traversés par la course, des spectateurs nous encouragent et les habitants ont sorti tables et parasols et profitent d’un copieux déjeuner en encourageant les coureurs. Nous verrons ainsi moultes bouteilles de vins rouges et de bière fraîches, quantité de pizzas et salades, et nous humerons bien des odeurs alléchantes de barbecues. Bref, c’est bombance alors que nous faisons maigre pitance avec nos barres et nos gels, arrosés d’eau tiède. C’est un peu l’ile de la tentation pour trailer montant en température.
Nous sommes redescendus assez bas, il est près de 14 heures et le soleil se fait vraiment très très chaud. La remontée vers Solaison se fait donc en plein soleil, sous une chaleur étouffante.
Solaison (km17 / 1500m / 3h26 de course / 138ème position)
Nous arrivons au ravitaillement : tient, les schtroumpfettes sont là ! Ravitaillement express, où nous remplissons les bidons, faisons le plein de Tucs et de bananes (sel et magnésium : par cette chaleur, ça s’impose) et profitons abondamment d’une lance d’arrosage qui asperge les coureurs. Nous voilà repartis quelques secondes après nos 3 schtroumpfettes vers la seconde vraie difficulté de la journée : la montée vers la pointe d’Andey.
On fait un petit kilomètre sur une route bien plate, qui nous laisse amplement le temps de voir la montée –bien raide- sur laquelle les trailers semblent monter vraiment lentement. Un coup d’œil à droite de la pointe nous permet de voir aussi la piste de rescente depuis la pointe, avec quelques coureurs dessus. A la descente aussi, ça a l’air bien pentu !
DKféeinée est partie à fond : tête baissée, elle grimpe avec légèreté en poussant sur ses bâtons. Dès le bas de la montée, je sens des crampes monter sur mes quadris. Aïe aïe : la spécialité maison est de retour, et on n’est pas à la mi-course ! Du coup, je baisse un peu le régime et me laisse décramponner par DKfeinée. Il reste encore des heures à courir, et JE NE VEUX PAS ABANDONNER cette course dans laquelle je me fais tant plaisir.
Après 250m de montée, nous parvenons à un col qui donne sur la vallée. Tout en bas, de l’autre côté c’est l’autoroute. Je jette un œil sur la droite : DKféeinée est en pleine discussion avec 2 spectateurs. Je me dis « sympa, elle m’a attendue ». En fait, elle vient de rertouver son coach et sa copine : ils ont fait le voyage depuis Lyon pour l’encourager. Quelle surprise de le retrouver là, à mi-pente. DKféeinée n’en revient pas. On discute quelques minutes, puis c’est reparti. Et DKféeinée repart à fond pour les 100m de dénivelé qui nous restent
[DKféeinée] LutetienND est aux petits soins depuis le départ, m’arrose la tête te temps à autre, vérifie que je m’hydrate bien… un vrai grand frère quoi ! Nous attaquons la pointe d’Andey, face au sud, plein soleil, pas un arbre, lorsqu’à mi-pente, une vraie surprise m’attend : le « coach » Lionel et ma bichette de course Sylvie sont là accompagnés de Hope le chien. Venus sur le parcours pour m’encourager, ils cuisent depuis 2 heures déjà à attendre notre passage. Je passerai à 50 cm d’une panneau d’encouragement préparé à mon intention, sans le voir, toute à mon effort. On s’accorde une courte pause avant de rejoindre la vierge à la pointe d’Andey, j’ai encore le sourire aux lèvres de les avoir trouvés là au milieu de la montagne.
La bichette de course de DKféeinée... et Hope le chien ! (c) Lionel M.
LutetienND et DKféeinée... au mileu de la montée d'Andey (c) Lionel M.
Pointe d’Andey (km18 / 1877m / 4h15 de course)
[LutetienND] Je rejoins DKféeinée à la vierge qui est sur la pointe. Nous faisons une petite pause pour admirer le panorama à 360°. On peut voir le Mont Blanc dans la brume. Mes jambes sont vraiment dures après cette montée, alors je laisse DKféeinée partir dans la descente et je me pose 5mn, le temps de me ravitailler et de récupérer un peu. Quelques mots échangés avec les bénévoles, et je me rends compte que DKféeinée est déjà presque en bas de la descente. Diantre ! Je repars et essaye d’attaquer un peu dans la descente, que je trouve très pentue. Ca tape bien sur les quadris. 900m de descente, et nous voilà à Brizon que nous traversons pour parvenir au ravito
Brizon (km24 / 970m / 4h53 de course)
Bananes et Tucs… et c’est reparti pour la montée vers Mont Saxonneix. Point positif : on est à l’ombre. Point négatif : ça monte très raide. Je prends un rythme régulier et j’ai le plaisir de remonter quelques coureurs au train. DKféeinée recommence à faire le trou dans la montée. Décidément, elle monte mieux que moi aujourd’hui. Je dois être trop vieux, ou trop lourd, ou les deux à la fois ! 2km de montée, et près de 250m de dénivelle plus loin, on bascule sur une descente qui nous ramène à Mont Saxonneix. La traversée du village est assez longue, et je vois DKféeinée, que j’ai presque rattrapée dans la descente. Elle n’est pas trop loin devant moi et on se retrouve au ravito.
Mont Saxonneix (km28 / 960m / 5h55 de course / 102ème position)
Passage au point de contrôle. Nous repartons vers le Lac Bénit. Montée pas trop violente au début, single track récemment défrichée dans un bois très agréable, passage d’un torrent… Nous parvenons (km 32) à l’Altipik, sorte de campement/lodge de toile blanche (tentes, tipis…). Un petit peu de route en descente et ça repart sur la droite, dans un chemin forestier en lacets très serrés. Et là, ça monte DUR DUR. Avec la chaleur et le dénivelle déjà encaissé, je me sens vraiment fatigué sur cette section. Il me faut toute ma volonté pour ne pas m’arrêter à chaque virage. Je me rassure en constatant que les quelques autres trailers en vue tirent la langue, mais je me demande combien de temps je vais mettre pour parvenir au lac Bénit ? DKféeinée a disparu de ma vue au bout de 3 virages. Je me dis qu’au rythme ou je suis, elle va me mettre 20mn (au moins !) au sommet. La chaleur accumulée pendant la journée commence à se faire vraiment sentir. Je continue à m’hydrater du mieux que je peux.
Après pas loin de 500m de cette montée que j’ai trouvée interminable, le lac Bénit ce profile au pied d’une belle muraille verticale de pierre grise que constitue la Chaîne du Bargy. Pour être honnête, je ne l’ai pas vraiment regardé ce lac Bénit. Ca fait pas loin de 18km que je gère mes crampes au mieux que je peux : à cet instant, je sais que je vais terminer… si je fais attention pendant la descente.
[DKféeinée] A l’issue d’une ascension difficile, LutetienND est juste derrière moi, il souffre de crampes, la paroi du Bargy se dresse devant moi…ça calme : 2ème moment d’intense émotion à la faveur d’une fatigue qui commence à se faire sentir. Désormais je sais que je vais finir, il s’agit de rouler jusqu’à Marnaz. Nous nous tiendrons LutetienND et moi jusqu’à l’arrivée. Le dernier km sur le bitume dans Marnaz se fera en mode « neurones en stand-by ».
Lac Bénit (km35 / 1450m / 7h27 de course)
La descente vers Marnaz sera longue. Près de 1000m de D- à avaler, principalement dans une grande forêt, ou la single track alterne entre zones sèches couvertes de racines, et zone assez boueuses et très glissante. Dès la première zone de racines, je trébuche et je m’étale lourdement. Evidemment, ça déclenche une méga-crampe au mollet droit. J’ai tellement mal que je n’arrive pas à saisir mon pied pour étirer le muscle. Il me faudra 2/3mn à me tordre de douleur pour enfin parvenir à étirer correctement ce satané mollet et à me remettre debout. Un coureur du 70km me rattrape à cet instant… trop tard pour m’aider à m’étirer. Il me demande si ça va. Lui aussi est en train de gérer ses crampes et il me propose 2 comprimés de « stop crampes ». Je les accepte avec plaisir. C’est toujours aussi génial la solidarité dans le milieu du trail. Je repars et je parviens à suivre ce coureur qui descend vraiment bien pendant un bon moment.
Plusieurs franchissements de torrents me permettent de laver à grande eau mes chaussures, que je replonge dans la boue un peu plus loin. Je dépasse un/deux coureurs qui font la descente en marchant. A deux reprises, un petit coup de cul nous fait remonter une dizaine de mètres. Enfin, on sort du bois. Retour sur le bitume et c’est parti pour la traversée de Marnaz. Il fait vraiment super chaud à cette altitude et je trouve la traversée vraiment longue et étouffante. A deux reprises, je me surprends à marcher … sur du plat ! Allez, on n’est pas loin de l’arrivée : je me donne mentalement un coup de pied au c.. et je me relance comme je peux. Le gymnase est en vue. Dernière difficulté : deux volées d’escalier. Je fais gaffe : avec tous ces spectateurs qui nous encouragent, ce serait un peu ridicule de se planter à 10m de l’arrivée.
Je vois du coin de l’œil DKféeinée toute souriante derrière les barrières, et je passe la ligne d’arrivée ! Il m’aura fallu tout juste une heure pour avaler ces derniers 1000m de dénivelé depuis le lac Bénit. DKféeinée avait dit "on mettra entre 8h et 8h30), et... on a mis tout les deux entre 8h et 8h30. Sachez le, DKféeinée a toujour raison !
Arrivée (km42 / 480m / 8h29 de course / 101ème position sur 154 arrivants et 179 partants)
Passé la ligne, je vais dénicher un coin d’ombre le long du gymnase et je m’allonge 10mn dans l’herbe. Je crois que j’ai dormi quelques secondes. Un quart d’heure et une petite bière fraîche plus tard, je commence à émerger. Je suis super content pour DKféeinée (qui m’a mis un peu plus de 10mn dans la vue) et aussi pour moi.
LutetienND et DKféeinée... brandissent leurs trophés (c) Lionel M.
Le trail du Gypaete est vraiment très varié dans les terrains traversés, très beau par ses paysages, et nettement plus exigeant que ce que j’avais imaginé d’après le profil.Et comme toujours, les grands espaces de la montagne et la vérité d’un effort dur, mais plein de sérénité, ont constitués une parenthèse dans ma vie un peu trop speed. Je me sens bien.
Promis, je vais refaire ce genre de truc dès que possible. Rendez vous cet été pour le trail des Montagnes Noires.
[DKféeinée] BRAVO à l’organisation d’avoir su fédérer autant de villages et pour un parcours, une logistique et une météo « sans faute ». MERCI à tous les bénévoles d’avoir contribué à ce que cette journée soit une vraie fête. Tout au long du parcours, nous avons été encouragés, soutenus, accueillis sur des ravitos bien garnis. Une organisation « pro » pour un trail « sans prétention ».
3 commentaires
Commentaire de DKféeinée posté le 13-06-2014 à 06:42:13
Mais oui c'est bien ça... Merci pour ce super CR toujours aussi complet et précis au niveau topo. La blonde oublie vite tous ces détails techniques et ne se souvient en général que des émotions vécues. À bientôt (et achète le stop crampes !)!
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 14-06-2014 à 17:58:10
Bravo pour le récit polyphonique et merci pour les paysages.
Commentaire de Arclusaz posté le 15-06-2014 à 19:26:01
merci pour ce magnifique CR. Les photos m'ont décidé à y aller l'année prochaine, c'est pas loin de ma région d'origine mais dans un coin que je connais mal : donc, c'est parfait !
Et bien sur, encore une fois, très très envieux de votre pratique familiale du sport.
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