Récit de la course : Trail du Lac d'Annecy - Marathon Race 2014, par _tibo_

L'auteur : _tibo_

La course : Trail du Lac d'Annecy - Marathon Race

Date : 1/6/2014

Lieu : Doussard (Haute-Savoie)

Affichage : 3845 vues

Distance : 43km

Objectif : Se défoncer

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Marathon Race 2014

Contexte


J'arrive sur cette Marathon Race sans réellement connaître mon état de forme. Après avoir couru le 48km du Ventoux en mars, j'ai stoppé complètement l'entraînement trail. Deux semaines de coupure par manque de temps, puis entraînement en VTT uniquement pour préparer le Raid Centrale Paris fin avril. Une semaine de récup et un autre raid qui arrive une semaine plus tard, ça ne laisse pas le temps de caler de grosses séances. J'arrive donc en forme, mais à court de kilomètres et de dénivelé. Ça me permet d'aborder la course sereinement en terme d'objectif : pour une fois, pas d'objectif de place ni de temps, mais juste celui de se faire plaisir ! Et au vu du parcours, il y a de quoi !



La course


Départ :

Ce matin, direction Doussard à l'autre bout du lac d'Annecy pour prendre le départ au milieu de 1300 coureurs. Au départ, des pancartes avec les temps de course estimés permettent de se placer correctement sur la ligne. Je pars avec Simon, un copain avec qui on fait pas mal de courses. On se met devant la pancarte moins de 5h. À ce moment, je pense faire la course en moins de 6h, mais je préfère être bien placé sur la ligne. Le départ est donné à 8h. Les trois premiers kilomètres sont plats, ça court à 14 km/h et le cardio ne monte pas haut, c'est plutôt bon signe. Par contre dès les premières pentes, je sens que les jambes ne vont pas au mieux. Je les sens lourdes, et dès le bas de la première côte ça fait un peu cogiter. Est-ce que c'est les 8h de train de la veille avec deux sacs de 20kg, est-ce que c'est le manque de séances de côtes depuis deux mois ? Peu importe, ça n'est pas le moment de se poser toutes ces questions, mais il faudra être lucide et conscient que la course est longue. Dans les single tracks de la première montée, je me sens un peu en surrégime, mais tant pis je suis la file ininterrompue de coureurs. Après 7,5 km de course, première petite descente qui permet de souffler, manger un peu et se détendre les jambes. Puis la montée reprend vers le premier point de contrôle.

Montée vers Chalet de l'Aulps : 12,2km et 1125m D+ depuis le départ, 1h20 de course, 91e

Après une deuxième petite descente, nous attaquons la dernière partie de la montée. Ça monte de plus en plus raide, avec des passages à plus de 40%. Ça commence à vraiment chauffer les jambes, et c'est avec pas mal de soulagement que l'on peut attaquer la descente.

Pas de l'Aulps : 15,7km et 1507m D+ depuis le départ, 2h00 de course, 87e

La descente vers le ravitaillement est longue est raide. Je l'avais lu sur différents comptes-rendus et ça se confirme sur le terrain. Je pars donc prudemment car je ne suis pas vraiment bon descendeur, et il faut en garder pour la suite. Je m'étais d'ailleurs dit au départ qu'il faudrait arriver "frais" au ravitaillement au kilomètre 27. À ce moment de la course, je suis revenu dans le paquet des coureurs de la XL Race, qui sont partis 1h avant nous de Doussard. Je double donc beaucoup de coureurs, sans savoir à quelle course ils appartiennent. La descente chauffe vraiment les cuisses, et il faut en plus prendre des risques dans les cailloux pour pouvoir doubler. Dans le bas de la descente, je commence à avoir des ampoules sous les talons qui me font vraiment mal. À la mi-course. Ça craint, et ça annonce une deuxième partie de course difficile. À Villard-dessus, il y a une rampe d'eau où je recharge mon Camelbak.

Villard-dessus : 22,3km et 1707m de D+ depuis le départ, 2h29 de course, 67e

La fin de la descente vers le ravitaillement fait un peu montagnes russes. Il y a pas mal de relances, plus ou moins raides, et je me force à courir dès que je peux. J'ai vraiment mal sous les talons maintenant, et j'ai hâte d'arriver au pied de la deuxième montée pour pouvoir marcher à nouveau. Et soulager ces quadriceps qui ont vraiment travaillé pendant la descente. Au ravitaillement, je recharge à nouveau mon Camelbak car c'est le dernier point d'eau avant l'arrivée. Un verre de coca, un peu de chocolat, quelques Tucs, et c'est reparti !

Menthon Saint Bernard (Ravitaillement) : 27,7km et 1879m de D+ depuis le départ, 3h03 de course, 67e

En sortant du ravitaillement, je croise Léa, la copine de Simon. Elle m'annonce que je suis 67e, ce qui me remotive énormément. Moi qui abordait cette course sans aucune ambition, je commence à me dire que le top 50 est jouable ! Mais je ne suis pas aussi bien que je l'espérais au départ. Les jambes sont déjà bien entamées, et j'ai surtout ces ampoules qui me font mal à chaque foulée en descente. Mais peu importe, je pense à ces places que je dois maintenant gagner ! À ce moment de la course, j'ai cette phrase d'une amie qui tourne en boucle dans ma tête : "La douleur n'est qu'une information". Elle est présente, elle me dit d'arrêter, mais elle ne m'empêche pas de courir donc il faut l'oublier. Au début de la montée je rattrape Simon. Il me dit qu'il n'est pas bien, qu'une inflammation au tendon d'Achille est réapparue et que ça lui fait vraiment mal. Pour lui non plus cette course n'était pas un objectif principal, et il me dit qu'il va sans doute abandonner car ça ne sert à rien d'empirer la blessure, l'objectif numéro 1 de sa saison étant dans un mois. Ça m'embête vraiment pour lui, mais je lui dis que c'est la décision la plus sage. Il fait donc demi-tour et je continue seul. Physiquement, je fais une bonne première partie de montée. Je double plusieurs coureurs, de ma course et de la XL Race. Aux deux tiers de la montée, je suis dans le dur. La fin est très raide, parfois glissante, et il fait vraiment chaud. Mais on commence à apercevoir le lac en bas, et la vue est magnifique ! Physiquement je suis mal, mais pourtant je suis heureux d'être là à faire ce que je fais ! C'est pour des paysages comme ça que l'on coure.


Mont Baron : 37,4km et 2733m D+ depuis le départ, 4h38 de course, 51e

Au sommet, je me dis que je m'arrêterais bien pour prendre une photo, pour profiter de la vue et pour me poser 5 minutes. Mais si je m'arrête, j'aurai beaucoup de mal à repartir. Et puis à ce moment, je ne connais pas ma place mais je sais que j'ai fait une bonne montée. Le top 50 est symbolique, il n'a pas signification particulière surtout sur une course où je n'avais pas d'objectif, mais maintenant j'ai envie de tout donner pour y rentrer. Pour ça il va falloir serrer les dents, oublier que j'ai mal, et avaler ces derniers 800m de D- le plus vite possible. Mais qu'est-ce que j'aimerai que la course s'arrête maintenant ! La descente est assez technique par endroits, avec pas mal de racines et de cailloux. Avec les quadriceps qui ne répondent plus correctement, il faut vraiment être lucide. Si l'on tape un cailloux ou une racine à ce moment là, c'est le vol plané assuré. Un coureur qui me double en fait l'expérience juste devant moi. Dès que je peux lever les yeux du sol, je regarde ma montre. Et je compte les kilomètres. 38 kilomètres de course, le dernier est plat, il en reste donc 3 de descente. Puis 2. Puis 1. Qu'est-ce que ça va doucement ! Parfois dans la descente on entend le bruit du speaker à l'arrivée, mais le lac semble encore loin à travers les arbres. Puis d'un coup, le soulagement, on voit la route et lae lac en bas, à quelques dizaines de mètres. Le bord du lac est plein de touristes qui nous prennent probablement pour des fous. Il reste un kilomètre, c'est tout plat, et je me dis que je vais prendre chaque place qui est prenable. Le coureur à côté de moi se dit la même chose, alors on va se tirer la bourre comme des débiles à plus de 13km/h jusqu'à la ligne.

Arrivée : 42km et 2798m de D+ depuis le départ, 5h18 de course, 52e



Finalement je termine 52e, à deux places de ce top 50 symbolique. C'est ce qui m'a permis de garder la motivation au plus haut pendant la course, mais ça n'est bien sûr pas échec. C'est une immense satisfaction ! Je n'aurais jamais pensé finir à cette place avant la course, et elle me satisfait pleinement. D'autant plus que cette course n'était pas un objectif et que je l'avais peu préparée. C'est ma meilleure place sur une course avec autant de partants. Après deux ans de pratique du trail, je progresse à chaque course et cela me motive beaucoup pour la suite car ça ouvre des perspectives intéressantes.

Dans un peu moins de deux mois je serai au départ de la 6000D. L'année dernière c'était ma première course longue après seulement un an de trail. J'avais fini 452e. Aujourd'hui je pense que je peux viser beaucoup plus haut.

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