L'auteur : coeurgan
La course : Triathlon International de Dijon (Av., LD)
Date : 4/7/2010
Lieu : Dijon (Côte-d'Or)
Affichage : 1173 vues
Distance : 114km
Objectif : Terminer
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Plus qu'un récit, voici un souvenir, le souvenir d'un triathlon un peu particulier. Mon dernier triathlon. C'était en juillet 2010, mon adorable petite fille devait naître deux mois plus tard. Je pense qu'il y aura un prochain triathlon, cette année peut-être, ou une autre année. Mais quoi qu'il en soit celui-là c'est le dernier que j'ai fait avant la petite, même si elle commençait déjà à prendre une place certaine dans notre vie.
Ça s'est passé à Dijon, où d'autre ? C'est là que j'ai grandi, là que j'ai appris à faire du vélo, que j'ai bu mes premières tasses, que j'ai couru mon premier cross avec la prof d'athlétisme. Bref c'est ma ville. Une belle ville, idéale pour un triathlon avec son lac pour nager, ses coteaux pour pédaler et le tour du lac pour finir en beauté.
C'est un triathlon qui avait mal commencé. On partait depuis la plage (Dijon Plage !) pour deux tours de 1500 mètres. Il y avait une sortie à l'Australienne, pour que les spectateurs puissent se rendre compte de l'évolution de la course. Bref pour moi tout a commencé quand j'ai enfilé ma combi. Je l'avais acheté longtemps auparaant, quand j'étais jeune, beau, … et mince. J'ai réussi à la fermer mais de justesse. Serré quoi, enserré même, mais bon je pensais que ça pourrait aller. Quelques minutes plus tard j'ai cassé l'attache nasale de mes lunettes. La poisse mais bon, un petit tour à la buvette m'avait permis de récupérer un vieux bout de ficelle marron, j'avais fait un petit nœud et ni vu ni connu. J'aime bien les problèmes qui se règlent facilement. Après le départ, j'avais malheureusement été confronté à un véritable problème. Non seulement ma combi me serrait, mais en plus elle me gênait et m'empêchait de bien respirer. J'avais vite compris que ça n'allait pas se passer comme je l'avais imaginé et j'avais passé 1500 mètres à me demander si je n'allais pas enlever ma combinaison lors de ma sortie à la moitié. Je n'arrive pas vraiment à comprendre pourquoi je ne l'ai pas fait en fin de compte mais je sais que j'étais dans les derniers au moment du passage sur la plage. Après encore 1500 mètres à batailler j'étais même avant-dernier. Et comme finalement je suis plein d'optimisme je me disais qu'avant dernier ça pouvait encore aller. En repartant en vélo je me disais même que tout allait bien se passer. Evidemment c'est là que le type m'avait doublé. Et évidemment ce n'était pas le genre de dépassement qui pouvait me laisser de l'espoir. Le gars avait nagé aussi mal que moi ça c'était sûr, mais ce qui était tout aussi sûr c'est que lui et moi on ne pédalait pas du tout dans la même catégorie. Bref comme je disais, c'est un triathlon qui avait mal commencé.
Je ne me souviens pas très bien de mon parcours vélo. Les seules images marquantes sont celles de cette voiture qui venait régulièrement à ma hauteur, avec à l'intérieur un homme et une jeune fille qui me demandait si tout allait bien. Sur un triathlon, c'était la première fois qu'on se préoccupait de mon bien-être avec autant de zèle. Comme tout allait bien je le leur disais dans un sourire, mais toujours ils revenaient. Je ne pouvais pas leur dire que pour moi finalement, dernier, c'était déjà pas si mal. Une autre image dont je me rappelle, c'est la moto qui est venu me filmer. Ils sont passés devant moi dans une petite montée, ils se sont arrêtés et ils m'ont filmé. Là encore je ne comprenais pas très bien pourquoi de prime abord, mais j'ai vite compris quand deux avions me sont passés devant, les deux premiers cyclistes, qui avaient donc quand même 40 km d'avance sur moi. Je n'ai jamais vu la vidéo montée mais je suis peut-être dessus qui sait? Voilà, mes souvenirs de la partie vélo. Ah si il y a aussi eu le moment où je me suis fait doublé dans la côte de Lantenay, le passage le plus pentu du parcours. Les gars roulaient en meute, mais finalement je voyais bien qu'ils galéraient autant que moi même s'ils allaient plus vite. C'était plutôt rassurant en fin de compte.
Pour la course à pieds j'étais serein. Je me doutais bien ça allait être difficile mais je n'étais pas trop inquiet. Je savais que le seul vrai problème serait la chaleur, et aussi que l'organisation fournirait de l'eau en conséquence. Je suis parti tranquillement, à mon rythme. Un truc que je n'ai pas dit c'est qu'à ce moment de la course je n'étais plus dernier. Je ne suis plus trop sûr mais il me semble qu'il y avait quelqu'un derrière mois, que j'avais doublé à la faveur d'une crevaison je crois. Je sais c'est pas très glorieux. Pendant quelques kilomètres donc je n'étais pas le dernier, mais ce que je voyais du dernier coureur me faisait craindre le pire, et évidemment le pire arriva, et le coureur avait été contraint d'abandonner. Dernier donc. Et vous savez comment je le sais ? J'ai été rattrapé par la jeune fille de la voiture. Celle qui s'inquiétait tant pour ma santé. Elle pilotait cette fois ci un superbe VTT agrémenté d'une jolie pancarte. Sur la pancarte il y avait écrit “DERNIER COUREUR”. Juste comme ça. Je courais donc désormais suivi par une jeune fille qui criait (silencieusement) ma honte à tout Dijon, à toute ma ville donc. Bon j'avoue que j'exagère, dernier ça m'allait bien en fait, j'étais pas vraiment fier non plus faut pas exagérer mais au moins j'étais encore là, je courais encore et j'étais à peu près sûr d'arriver. Nous avons parlé un peu, surtout moi finalement, même si elle m'en a dit assez pour que devine que c'était une triathlète, une vraie, une qui court vite et qui n'est pas trop serrée dans sa combinaison. Je lui ai un peu raconté ma vie et le temps a passé. A la fin elle me coachait presque, m'interdisant de m'arrêter pour boire aux fontaines quand je venais juste de le faire, essayant tant bien que mal de me motiver pour finir. Ça m'a bien aidé, j'aurais certainement fini quand même mais avec cette accompagnatrice de luxe les 20 kms ont été bien plus agréables. Je me disais même que dernier, finalement, c'était pas si mal. Histoire de dire j'ai quand même accéléré sur le dernier kilomètre. Je pense que mon accompagnatrice s'est un peu sentie arnaqué, elle croyait être au chevet d'un mourant mais le mourant cachait son jeu. J'ai même failli rattraper un coureur. Il m'arrive encore souvent de penser à lui, car ce coureur qui est arrivé juste avant moi était parti dans une autre vague, une minute avant moi je crois. Bref au classement et malgré un parcours quasi sans faute, ce n'est pas moi le dernier mais ce coureur qui ne saura jamais ce qu'il a manqué.
Voilà, c'est tout ce dont je me souviens de mon dernier triathlon.
PS: Comme un goujat je n'ai même jamais remercié ma si prévenante accompagnatrice. C'est un de mes regrets et j'espère que la publication même tardive de ce souvenir me rachètera un peu.
1 commentaire
Commentaire de Benman posté le 21-05-2014 à 22:43:20
Je tiens à être le premier à poster sur ce récit qui n'est pas le dernier des moins bons!
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