L'auteur : La Tortue
La course : Raid 28
Date : 18/1/2014
Lieu : Bures Sur Yvette (Essonne)
Affichage : 1820 vues
Distance : 99km
Objectif : Pas d'objectif
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Cr raid28 2014
Le raid 28, c’est comme la galette des rois, ça revient tous les ans en janvier, c’est toujours bon, on ne sait jamais si on va trouver la fève (ou les balises), ça se partage entre ami(e)s et les ingrédients de base sont toujours à peu près les mêmes mais la saveur varie à chaque fois !
Cette année, l’équipe de choc : « ZooTeam Puissance 35 », pourquoi 35 ? et bien comme le nombre de participations cumulées des 5 co-équipiers, tous des zanimos de longues dates, raideurs, traileurs au long court, himalayenne, ironmen, bref que des warriors :
- La souris (virginie)
- Le papy (le papy)
- La libellule (yoyo)
- Ouster (andrew, l’angliche)
- La tortue (votre serviteur)
La zoo team puissance 35 !
35 raids 28 à nous 5, autant vous dire que je n’étais pas inquiet sur nos capacités physiques et mentales pour terminer. Les paramètres que je craignais étaient mon propre niveau physique, au plus bas depuis quelques mois, et des erreurs sur la stratégie globale de la course où malgré notre expérience individuelle, les vicelardises de l’équipe turoom font que chaque année il faut s’adapter à de nouveaux paramètres et que parfois la lucidité peut manquer dans le feu de l’action.
Cette année, départ d’Amaury Lefort. Merci aux turoom pour la navette gare SNCF/gymnase. Retrouvailles avec les bénévoles du team turoom, les kikous et tous les habitués de cette épreuve qui au fil des ans devient de plus en plus mythique. Resto avec l’électron et mme neutron et on arrive un peu court timing pour l’habillage et la préparation finale avant le départ. Je me rends compte qu’il me manque une boucle de ma ceinture ventrale et je vais être enquiquiné toute la course malgré un bricolage avec des épingles de sureté.
On récupère les cartes, et on découvre ce que nous a concocté le traceur, Christian, cette année. Lib et Ouster s’occupe des reports sur cartes IGN et je déchiffre les spéciales avec Papy et la souris. Bonnes nouvelles, il y a des spéciales et de la CO de nuit, ça faisait des années qu’on n’avait pas eu droit à ça.
Après une petite ½ heure, on part doucement. Il ne fait pas froid, pas de vent, pas de pluie, pas de neige…bref, ce n’est pas vraiment une météo de raid28 !!!
D’entrée : une spéciale dans le village avec des photos de bâtiments répartis un peu partout, mais pas vraiment d’indices pour les localiser sur la carte. Comme on a mangé au resto dans le centre du village, on connait un peu les lieux et avec pas mal de bol et un peu de réflexion aussi, on trouve 5 des 6 bleues en moins d’1/2h. Bonne pioche !
En route vers le sud et la forêt de Rambouillet. Un peu grisé par ce départ en fanfare, je loupe ma sortie de village et mon raccordement entre la carte de la spéciale et la carte IGN. Je m’en rends compte au bout de 100m, mais plutôt que de faire ½ tour et de perdre d’emblée la confiance de mes petits camarades, je préfère continuer sur la route choisie. Cela ne nous rallonge pas beaucoup et pour le moral c’est meilleur.
Après à peine 2 km, on attaque une deuxième spéciale : que des mares à trouver. Une carte bizarre comme les turoom savent nous en pondre : pas vraiment de l’IOF, pas vraiment de l’IGN, une échelle peu orthodoxe et le nord…au sud ! 3 fois au moins, j’ai failli me faire avoir avec cette inversion du nord, mais hormis le fait qu’avec ce qu’il a plu ces derniers temps, les mares sont parfois plus grandes que prévues et qu’il faut les contourner pour accéder aux balises, on ramasse les 7 bleues sans coup férir tout en enchainant les vertes de parcours. Je suis hyper concentré sur cette première spéciale car je sais qu’elle peut donner le ton pour tout le reste de la course. Je m’appuie sur des éléments du terrain bien visible sur la carte, j’assure mes erreurs volontaires d’azimut et avec toutes ces petites balises qui défilent, je sens que la nuit va être belle.
J’ai l’impression qu’on vient à peine de commencer la course, et on a déjà 17 balises sur 18 sur le carton. Ne nous enflammons ! On va perdre un peu de temps sur la balise 20, pourtant très facile. C’est un petit poste de chasse aux canards sur le bord d’un étang. C’est une bleue, il faut sortir du GR, mais par une petite sente d’abord qui se perd dans le bois, et à l’azimut ensuite, je vais droit dessus. A 50 m de ce que je pense être la zone de la balise, je vois des lumières bouger et je pense que c’est une équipe qui jardine. Pour sortir du bois plus facilement je dévie de qq degrés vers l’ouest et on se retrouve au bord de l’étang. On se mouille les papates car la balise doit se trouver dans les roseaux, mais pas de balise ? On décide d’aller voir un peu plus à l’est et là on tombe sur la balise au bout de 50m à peine. Les lumières que j’avais vu tout à l’heure, c’est en fait un feu clignotant blanc qui est sur la balise !!! Jamais je n’aurais pu penser qu’au raid28, on verrait un jour une lumière sur une balise pour en faciliter la recherche, et pourtant si on avait mieux lu le road book, il était écrit entre les lignes que cette balise était éclairée ! Bon, pas grave, mais c’est agaçant de perdre du temps bêtement comme ça.
Quelques mètres plus loin, nouvelle subtilité turoomesque cette année : le « géocatching ». Il s’agit, à partir de dates recueillies sur des bâtiments, de reconstituer à partir d’une bête formule mathématique, un azimut et une distance. Avec les gros cerveaux d’informaticiens que j’ai dans mon équipe, je ne me mêle même pas du calcul. J’attends le cap et la distance, et une fois calculé, zou, je fonce. Mais…pas de balise ! C’est alors que la Lib se rend compte qu’on a bien trouvé les 3 bons chiffres qui donnent le cap, mais mes matheux, trop matheux sur ce coup-là ont assez logiquement pensé qu’il fallait les multiplier entre eux car la formule est exprimées en lettres côte à côté, alors qu’il suffisait de positionner les chiffres les uns à côtés des autres. Bon avec le bon cap, c’est plus facile, et zou Ouster trouillotte.
Entre PC1 et PC2, à nouveau une spéciale. Sur une photo aérienne, des balises sont placées sur une sorte de parcours du combattant en pleine forêt. C’est d’une simplicité biblique et zou en quelques minutes, on ramasse encore 6 belles bleues !
Fini la rigolade, on attaque des postes à poste plus longs le long de canaux et d’étangs, et on arrive sur les balises 38 et 39 pour lesquelles on nous a fait fabriquer un carré de report bizarroïde au gymnase avant la course. Je ne cherche même pas à comprendre comment marche ce truc bizarre qui doit être sorti du cerveau fumeux d’un « Gilles le jeu » ou d’un papy turoom goguenard, et je préfère reporter les degrés à la boussole sur la carte. Certes le report est moins précis, mais en plein dans ces parcelles forestières toutes vertes, mon report approximatif m’amène sur les deux seuls points remarquables sur la carte, un croisement ruisseaux/chemin et un croisement de ruisseaux. Comme me l’a toujours dit le Poc, en CO, on ne cherche pas des balises mais des éléments sur le terrain. Comme ce sont les deux seuls éléments cartographiés du secteur et que je commence à bien connaitre l’ami Christian, le traceur du raid28, je fonce vers ces deux points, et bingo, en 5’, on a encore ramassé 2 bleues que je sais que beaucoup d’équipe vont zapper volontairement. A ce moment-là de la course, je me prends à espérer d’une belle performance finale, mais me connaissant aussi, je sais qu’il faut que je sois vigilent car c’est souvent à ce moment-là que je fais une grosse boulette ! Heureusement, jusqu’au prochain PC, ce n’est que du GR, et le risque d’erreur est faible. Ca courotte gentiment, l’équipe est pleine d’entrain, et on arrive à PC5, qui est la jonction avec le semi-raid avec toutes les balises -1. Tout baigne, mais ma frontale un peu trop (un phare Lupine bien puissant), qui du coup à fait un faux contact et je vais devoir terminer les dernières heures de la nuit avec la frontale de secours d’ouster, qui éclaire à moins de 5 m devant moi !
Juste après PC5, comme pour le raid28, le semi-raid, et nous aussi donc, commence par une spéciale CO sur de l’IOF au 1/100000. Miam ! Encore plein de balises à manger. Le seul GROS problème, on se retrouve complètement englué dans le troupeau avec toutes les équipes du semi raid. Moi qui ai horreur de suivre les troupeaux et qui fait souvent des erreurs quand il y a trop de monde autour de moi, je n’aime pas ça. Je choisis volontairement des itinéraires au plus court, coupant les parcelles et évitant ainsi la plupart des équipes qui suivent les chemins. Je me suis d’ailleurs fait la réflexion qu’il ne devait pas y avoir beaucoup d’orienteurs purs car beaucoup d’équipes choisissaient des trajets longs par les chemins alors que l’azimut était beaucoup plus rapide pour cheminer dans cette forêt qui était très propre.
Une petite erreur d’analyse de la végétation nous fait faire un joli tout droit dans le vert foncé avec la Lib, mais on trouve cette balise planquée dans un gros houx situé à la rupture de pente et on file plein est, alors que les autres équipes reviennent sur leurs pas. J’ai décidé d’aller droit sur la balise suivante en suivant le ruisseau alors que les autres prennent le chemin plus long. Bingo, ça s’enchaine bien.
On sort de cette spéciale par le PC 7 qui constitue la première barrière horaire (8h45), on a plus d’ 1 heure d’avance et toujours qu’une seule balise manquante…un rêve !!!
Seul bémol, l’ami Ouster a laissé sa place au poinçonnage à la Lib car il commence à tirer la pâte. Le papy serre file m’a déjà rappelé à l’ordre car je vais trop vite selon lui. Non pas que je cours bien vite, mais les balises s’enchainent tellement bien que c’est vrai que le pauvre poinçonneur n’a pas beaucoup de répit et qu’ouster avec sa grande générosité s’est dévoué corps et âme toute la nuit et au petit matin, il commence à s’éteindre.
A ce moment-là, j’entends très bien la Lib me dire, « prochaine barrière 11h à PC8 » (retenez bien le « 8 »). Ca me parait très cool comme délais car le PC est à 10 km environ, on a presque 3 h pour les faire et ce n’est que du GR. Mais nous allons manger de nombreuses minutes de notre précieux capital sur une connerie que je n’avais encore jamais faite (on en apprend à chaque sortie !). Il faut prendre un azimut depuis une cote sur la carte. Au gymnase, j’avais parfaitement repéré le point d’attaque, mais quelques heures plus tard, moins lucide je vais me tromper de point d’attaque. Au lieu d’attaquer de la cote 156, je vais attaquer depuis la cote 158 qui se ressemble beaucoup sur la carte et avec ma vue qui baisse de plus en plus, je ne me suis absolument pas rendu compte de ma méprise, confondant le 6 et le8 ! On refait 2 fois l’azimut car je suis sûr de moi, mais rien. Normal, je suis sur le bon azimut mais je ne pars pas du bon point d’attaque. Bon, on finit par se résigner à abandonner la balise et 200 m plus loin, on voit 2 équipiers partir hors du chemin alors que le reste de l’équipe continue sur le GR ??? Je me demande ce qu’ils peuvent bien aller faire par-là, et c’est à ce moment-là que l’on réalise qu’on est parti de la mauvaise côte. Du coup, avec la bonne côte, on trouve cette fichue 70 très vite, ce qui nous permet de rattraper un peu le temps perdu en temps compensé mais la montre a tourné pendant ce temps et notre marge de manœuvre est encore bonne mais elle s’est amoindrie. Avec le papy, on se regarde, on sent bien que sur ce coup-là, on vient de perdre pas mal de place au final !
Bon, allez, haut les cœurs, le fait d’avoir trouvé la balise malgré le jardinage préalable et le jour qui est là et la pluie de la nuit qui a cessée font que le moral des troupes n’est pas entamé, et on s’accorde donc une petite pause à « Bandeville » à côté de St Cyr / dourdan pour ranger les frontales, prendre le petit dej (saucisson / cacahuètes, miam ; il ne manque juste que la gourdasse bleue que j’ai bêtement oubliée). J’ai grand besoin de manger car pris par les balises et l’orientation qui a été assez technique toute la nuit avec toutes ces spéciales qui s’enchainaient, je ne me suis pas beaucoup alimenté et j’ai un petit coup de barre.
Après cette petite pause bien méritée, la troupe se remet en route joyeusement et alors que je pensais qu’on allait arriver à PC8 rapidement, on arrive encore sur une nouvelle spéciale. Sur chaque balise il y a une parcelle dessinée schématiquement avec une balise placée sur le schéma, il faut localiser la parcelle sur la carte IGN et trouver l’élément sur la carte. Et à chaque balise, on refait la même manœuvre. Fastoche ! Un rapide coup d’œil à la montre me dit qu’on a largement le temps de faire la spéciale parcelles d’après moi, mais à 1 km de PC8, j’entends la lib qui stressouille à l’arrière car la barrière de 11h se rapproche. Moi je ne stresse absolument pas car je sais qu’on est presque à PC8, mais j’apprends à ce moment-là que la barrière n’est pas à PC8, mais à PC9. Manque de communication ou mon oreille qui m’a fait défaut (pour ceux qui ne le savent pas, je suis malentendant), toujours est-il que la marge de manœuvre s’est encore raccourcie. Cependant, il n’y a pas le feu non plus. Entre les deux PC, il y a à peine 2 bornes et j’estime qu’on a même le temps de finir les parcelles. Pour gagner un peu de temps, je cours un peu plus vite pour arriver avant l’équipe aux balises afin de repérer la parcelle et placer la balise sur l’IGN et j’enchaine les dernières balises. De toute façon courir droit sur PC8 ou passer par les balises ne rallonge pas le parcours. Ca va passer côté timing, j’en suis certain, inutile de zapper des balises bleues faciles. Toutefois mes petits camarades qui n’ont pas la carte sous les yeux craignent pour la barrière horaire et commencent à stresser légitimement. Ce petit stress est communicatif et je vais faire une véritable erreur d’orientation en ratant une sortie de balise. La forêt est pleine de chemin qui ne figurent pas sur l’IGN, des marcheuses nordiques me perturbent dans mon raisonnement et j’attaque la dernière balise de la spéciale, une parcelle trop tôt. Je me rends vite compte de ma méprise, mais je préfère ne pas revenir sur mes pas et foncer sur PC9 en laissant à grand regret cette dernière balise qui est pourtant à moins de 100 m.
10h57, après une petite accélération sur le dernier km, on arrive au PC9 de 11h. 3’ d’avance, on était large les copains ;-)
Bon je vois à l’œil noir de la souris et au souffle court d’Ouster que je n’ai pas intérêt à recommencer ce genre de plaisanterie si je ne veux pas qu’ils me jettent dans le premier étang venu ;-)
On ne le sait pas encore, mais en fait à ce moment-là, la chasse aux balises est « terminée ». On a fait joujou presque tout le temps avec les spéciales et les balises depuis le départ, mais là c’est fini. Jusqu’à Bures ce ne sera plus que de longs postes à postes sans grand intérêt sur des chemins devenus complètement impraticables par la pluie et le passage de toutes les équipes avant nous. En effet, il ne nous manque que 2 balises certes, mais nous sommes forcément dans les derniers à passer.
La vitesse de progression va considérablement se ralentir. Pourtant ce n’est que du GR, il faudrait essayer d’aller un peu plus vite, mais Ouster est définitivement HS. Mais je connais bien l’animal : le rugbyman anglais a de la volonté, et à aucun moment, je ne doute qu’il ne continuera pas.
Une option fumeuse pour couper à travers champ va nous amener 50m trop bas par rapport à la 87. Je me doute qu’on n’est pas loin mais je ne sais pas si elle est en haut ou en bas. Je demande à un grand gars de l’équipe 3 (ou 4) si la balise est plus haut, il me répond en baissant les yeux qu’il n’a pas vu la balise. Faisant confiance, à tort, à l’esprit sportif et à la nature humaine, on descend la pente qui est assez raide et super glissante à cause de la glaise. Arrivée en bas, comme je le pressentais bien, je suis sur maintenant qu’on a loupé la balise et que l’autre grand connard de la 3 nous a bourré le choux. Celui-là si je le chope, je l’éclate !
Nous voilà reparti avec la Lib à remonter cette pente qui n’en finit pas, on poinçonne mais dans la descente pour retrouver les 3 copains, je me rends compte que la Lib ne suit pas. Elle a pris un pet à la cheville et à poinçonner, elle commence aussi à s’essouffler comme Ouster.
Il est aux alentours de midi, il nous reste 3 cartes à faire. Papy, malgré une dent éclatée, prend le poinçonnage et ne peut donc plus jouer les serrefiles/encourageur. La souris vole sur les flaques de boue (chapeau Virginie, comme je le pensais, c’était toi la plus forte de tous !). Derrière Ouster et la Lib s’épaulent tant bien que mal, et moi, n’ayant plus que de la lecture de carte à faire (je n’appelle pas ça de l’orientation), je m’inquiète pour les km qui restent, j’essaie d’optimiser le parcours, mais il n’y a aucune stratégie pour optimiser l’itinéraire à faire et de temps en temps j’essaie de relancer nos deux fatigués pour trotter sur les parties plates et à peu près praticables mais je sens aussi un gros coup de moins bien dans mes cuisses.
A PC 11 (je crois), on nous conseille de prendre un raccourci vers Bures : 1h de trajet en moins, pour…6 heures de pénalité ! On écarte rapidement cette solution, car tant pis, on verra bien, mais hors de question de prendre 6h de pénalité après avoir ramassé toutes les balises ou presque !
Nous voilà reparti, et à un moment, je pense aller faire 3 bleues en mode scud avec le papy, mais le timing est vraiment serré, le report des balises sur la carte n’est pas certain, et je crains qu’on ne se retrouve pas facilement, donc on file directement de 90 à 95 en ne prenant que les vertes de la forêt de la roche turpin.
Balise 95 à 96 : l’enfer ! on est déjà passé par là en 2009 avec Ouster. Déjà à l’époque on avait mis un temps fou pour faire ces 3 km le long du terrain militaire puis sous la ligne à haute tension. Le terrain est absolument impraticable ! Je crois qu’en 2009 on avait vu des moto cross dans le secteur. Le moindre chemin est défoncé d’ornières boueuses et pleines de flotte. Le papy et la souris semblent voler de flaque en flaque mais la Lib se prend une grosse pelle dans la boue, Ouster y laisse ses dernières forces et moi je me mets 3 fois par terre en 300 m, avec ma cheville qui va bien tourner sur la dernière gamelle !
On passe sous la francilienne, le temps pressant, j’hésite un moment à prendre tout droit jusqu’à PC 12 mais ça ferait zapper 4 vertes pour un gain kilométrique faible. Dans l’étang du gué, on va aller se tremper avec ouster jusqu’à mi-cuisse. On a tous les 2 les muscles bien douloureux et ces quelques instants dans l’eau froide vont nous requinquer.
A PC12, il nous reste 1 heure pour rejoindre Bures, j’encourage fortement mes petits camarades Lib et Ouster car je sens qu’ils n’y croient plus, alors que moi qui ai la carte sous les yeux, je sais que c’est encore jouable, mais il ne faut plus rien lâcher. On y sera peut-être pas à 16h pile, mais sachant que chaque minute de retard coute 3’, ça vaut le coup de lever un peu les genoux. En fait la carte, je l’avais pas assez bien regardé, ce que je n’avais pas vu en haut de la carte 8 c’est qu’on allait passer en diagonale sous l’A10 et la ligne TGV et que sur la carte…il n’y avait pas de chemin !! Et pour cause, ces 300m on va les faire dans un tuyau d’1.5 m voir moins de diamètre qui passe sous l’autoroute et le tgv, en légère pente montante, avec de la flotte jusqu’au-dessus des chevilles.
Parti sans frontale derrière une équipe qui en avait une, je me suis vite fait largué et retrouvé complètement dans le noir, tombant dans un trou d’un mètre de profondeur et me prenant ensuite un mur en plein tronche car le tuyau était bouché et faisait un angle à 90° que dans le noir je n’ai pas vu. La deuxième partie après le virage est encore plus basse, le sac venant sans arrêt frotter le sommet du tube. Mon 1.86m plié en deux, j’ai les cuisses en feu et mon dos fragile hurle. Je n’ai qu’une envie, sortir au plus vite ! Quand je vois enfin la lumière du tunnel, j’accélère et quand je sors et je me redresse, j’ai une telle douleur qui irradie dans toutes mes lombaires que je suis à deux doigts de tomber dans les pommes. Je tombe à genoux dans la boue et j’en pleure quelques instants.
Mais c’est pas le moment de lambiner, je reprends mes esprits et me remets dans la carte. On a perdu beaucoup de temps dans ce fichu tube et je vois bien que ça va être chaud pour rallier Bures dans les délais. Dès que tout le monde a repris ses esprits et numéroté ses abatis, on repart pour les derniers km.
Une grosse grimpette : je tire Ouster, je pousse la Lib! le contraste entre une souris et un papy virevoltants et mes deux amis en difficulté est saisissant, mais bon, ça avance quand même et on attaque la dernière carte.
Ca s’enchaîne, mais les minutes précieuses défilent : le parking des Ulis où l’on s’était retrouvé pour manger une bonne pizza en 2007, le jardin de papy turoom !? M’enfin, on y est pourtant, elle est où cette balise ?? Le temps presse, pas le temps de chercher, on zappe. 20’ de pénalité ! Alors qu’on est SUR la balise ! Oui, mais on cherche une grosse balise carrée, alors que volée elle a été remplacée par une petite balise de CO planquée dans la haie ! Bon finalement, à la lecture des résultats, je pense que cette balise a été netralisée.
Ma montre est HS, je demande l’heure à la souris sans arrêt pour essayer d’optimiser en fonction du temps, du parcours, du dénivelé, des dernières vertes et des dernières forces de mes camarades (et les miennes !). Maintenant, l’objectif est de rentrer avant 16h30, l’heure éliminatoire. Pour ça, il nous faut abandonner la 106 et la 107 qui rallonge peu mais qui font faire du dénivelé en plus que la Lib et Ouster ne pourront pas encaisser. Je les envois sur le GR pendant que je demande au papy d’aller ramasser encore 2 vertes avant d’entrer dans Bures ; Ensuite, c’est le parc au nord du RER avec le lavoir où l’on est déjà passé plusieurs fois les années précédentes, le tour du bourg puis la longue ligne droite le long de l’Yvette pour une arrivée ouest/est qui est ma préférée car elle permet de voir l’arche à 400m de l’arrivée et de déguster ces derniers mètres qui se font en courant et main dans la main. Les petits oustériens en trottinette nous poussent et à 16h27, on passe la ligne : encore 3’ de marge, bof, on était large finalement ;-)))
A l’arrivée, la présence des tous les amis, Raspa, Gazelle, Ourson, Taz, Gros camion, Tron, le team turoom, et tous ceux que j’oublie efface les doutes et la fatigue de ces 5 dernières heures qui furent aussi difficiles que les 14 premières furent faciles !
J’ai pour habitude de dire qu’un raid 28 peut se perdre la nuit et se gagner le jour, cette année c’était l’inverse, on a tout gagné de nuit, mais on a faiblit grave sur la fin.
MAIS, finir un raid28 à 5 est un plaisir rare et intense qui se déguste et qui se mérite, et croyez-moi la « zoo team puissance 35 » l’a bien mérité celui-là :
- La souris, impériale qui a tiré l’équipe vers l’avant sur le dernier quart. Sa modestie légendaire n’a d’égale que son talent. Que de chemin parcouru depuis le Mercantour 2005 ou la Cro-Magnon 2006 !!
- Le papy, égal à lui-même, mais je l’ai trouvé plus détaché par moment cette année. Il a toujours son finish, mais cette année, avec que du GR sur la fin, on n’a pas pu faire les scuds des dernières heures. Et même s’il n’en a rien laissé paraitre je pense que sa sciatique l’a plus gêné qu’il ne le dit.
- La Lib : un report parfait sur les cartes IGN, au gymnase et même ensuite en courant sur les premières heures pendant qu’on faisait les spéciales avec ouster. Si c’était à refaire, on passerait moins de temps au gymnase de départ si on sait que Yohan peut reporter en courant. Il a pris le relais d’ouster au poinçonnage et à faiblit vers midi (ne lui parlez plus de boue avant…l’an prochain !). Mais il a fini au courage avec un pied esquinté
- Ouster : s’est sacrifié toute la nuit à trouyotter, et l’enchainement des balises a fait qu’il s’est retrouvé fatigué, puis crevé, puis à bout et a fini à l’arrache ! j’ai connu la même chose en 2010 avec le sprolls à la boussole et moi qui cavalait partout de balise en balise et après j’ai été toute la journée à l’agonie. Mais pas un instant j’ai pensé qu’il nous lâcherait, ce n’est pas le genre de l’animal !
- Votre serviteur : bonne orientation de nuit, mais des approximations de jour qui auraient pu être évitées avec plus de concentration et de maitrise physique, car j’étais un peu juste physiquement (trop lourd !), même si depuis décembre ça va beaucoup mieux qu’à l’automne où je me demandais comment j’allais pouvoir boucler l’épreuve.
L'arrivée à 5 ! yes ! quelques hectomètres de bonheur bien mérités !!!
En conclusion, un très beau raid28, plein de spéciales variées et pas trop tarabiscotées. Très intéressant tracé, même si la fin était pénible, mais c’est ça le raid28, à un moment, il faut poser le cerveau et s’enquiller les longs poste à poste. Merci Christian !
Une équipe de choc où chacun a tenu son rôle avec brio et je ressignerais tout de suite pour l’an prochain si mes coéquipiers sont d’accord (promis, je viserai au moins 5’ de marge par rapport aux barrières horaires !). Comme l’a dit le Blueb, si je trouve que c’est de plus en plus dur le raid28, c’est aussi parce que les années passent…
Et je confirme qu’une arrivée à Bures, c’est quand même l’idéal, surtout pour des provinciaux qui peuvent rejoindre facilement les gares via le RER.
Bon, la saison de CO est terminée, dès que je peux me tenir debout (maudit tuyau !), la saison de triathlon pourra commencer…RdV à Nice et aux Angles les copains !!!
1 km à pied ! ça use les souliers....
2 commentaires
Commentaire de caro.s91 posté le 27-01-2014 à 14:01:37
Bravo Damien, tant pour ce récit hyperdétaillé, que pour votre belle performance d'équipe au final.
Bises à toute l'équipe,
Caro
Commentaire de Jay posté le 03-02-2014 à 15:35:58
Bravo pour la course et merci pour le récit .. un jour aussi quand je serai grand , je ferais le RAID28 ..un jour ^^
Jay
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