L'auteur : ecover
La course : Trail du Sancy - 34 km
Date : 8/9/2013
Lieu : Le Mont Dore (Puy-de-Dôme)
Affichage : 3350 vues
Distance : 34km
Matos : sac obligatoire avec 1,5l d'eau , ravitaillement, sifflet , couverture de survie, coupe vent
Objectif : Terminer
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Comme dans toutes les bonnes histoires, il faut un bon début et surtout une fin d'anthologie. Ce trail du Sancy (34 KM pour 2400 D+) n'était à l'origine qu'un lointain fantasme lorsque la première fois je le vis au milieu du calendrier des courses programmées pour l'année 2013; mon objectif d'alors était pour ce début du mois de septembre, "la déjantée" course d'obstacles en mode déguisé sur 12 km, qui se déroule une semaine plus tard . Oui mais voilà, appartenir à un club de coureurs, c'est un peu comme dans la vie de couple : on partage avant tout une passion commune, mais il faut aussi titiller le désir chez l'autre. Après la grosse déception due à une météo exécrable sur les gendarmes et les voleurs de temps ( 32KM en mode touché, mouillé, crotté et coulé) , puis un relais EKIDEN et un semi bien négocié sur le sublime parcours du lac de Vassivière ( avec un temps meilleur que l'an dernier), l'engouement et le choix de nouveaux objectifs, avec le retour de la condition ( et du beau temps) ont fait resurgir l'envie de se tester en montagne, et quoi de mieux qu'une belle montée du Sancy pour se faire mal et profiter du magnifique panorama au sommet( enfin par beau temps )?? pris au jeu par les inscriptions de Domi et alex sur le 60 km mais trop timoré pour me lancer sur cette distance, j'ai prospecté et échangé des mails et des réflexions et de "tests de faisabilité" avant de rejoindre, Anne, Christophe et Jérôme sur le projet du Trail du Sancy, et profiter de ma présence sur place pour encourager également ceux (celles en faite, Isa et gwena) inscrits sur le chemin des crêtes ( 18 km ) et de la Dorée ( 12,5 km).
Le challenge lancé, Anne c'est mise en mode commando et nous a déniché un petit gite au coeur du Mont Dore, à 300 m du centre ville et de l'arche de départ. Parti le samedi matin à 6, nous avons pu apprécier le calme de la ville, la gastronomie locale et des premières averses annonciatrices malheureusement de bien d'autres. Petit moment de flottement, de réminiscence de la GVT dans la boue et le froid, de motivation déclinante...mais les arrivées de Jérome ( et de sa sauce bolognaise magique) et Alex ( et son flot de paroles ininterrompu et son matos made in lidl) en soirée , ainsi que la pasta party au gite ont vite regonflé le moral et les envies d'en découdre avec les puys..
photo Jérome R.
Après une nuit difficile, à gamberger, place enfin à la réalisation de l'objectif ...enfin pas tout a fait : le courageux Alex, seul à se lancer sur le 60 km, parti très tôt à la lumière de sa super frontale, suivi à 9H par les "sprinters" du 18km que nous avons pu encourager devant la fenêtre du gite, nous on précédés sur les versants du massif, ce qui augurait déjà d'une belle piste bien damée ou d'une patinoire bien glissante pour ceux qui passeraient après...d'autant que la pluie était prévue assez soutenue en début d'après midi..tout un programme.
photo extraite de la vidéo de Yannick le Gac
9H30 : après les recommandations d'usage, les mots des officiels, un point sur la météo et le compte à rebours, les fauves sont lachés : Patrick Bringer est déja bien loin quand on commence la longue descente sur la Bourboule, un peu trop vite surement dans l'euphorie, mais je leve le pied quand j'entends mon voisin signaler que nous frôlons les 14 Km/h.Bien trop vite à mon goût et les premières rampes me le rappelle douloureusement, des séquences de marche rapide apparaissent dans ma progression vers la Croix- Morand, ou se situe le premier ravitaillement et les encouragements de Christelle montée ici en vélo pour soutenir les coureurs du BSGA...et les autres. Pas d'arrêt prévu sur cette zone embouteillée, mais elle me rappelle qu'il faut s'alimenter et boire régulièrement pour éviter la fringale et retarder le coup de moins bien. Comme cela recommence a grimper ( à la différence du limousin , les côtes en montagne sont interminables) je prends la décision de sortir les batons du sac...quelle grande idée..bien que peu entrainer avec, je ressens un réel soulagement et j'arrive au puy du barbier avec Christophe dans le rétroviseur, 2 lacets en dessous...la descente technique me conforte dans le choix des bâtons, l'appréhension des entorses s'efface vite devant la sécurité de courir sur "4 pattes". La montée vers le puy de l'Angle se déroule dans un crachin et une brume qui obscurcissent le ciel et les montagnes..mais aussi les coureurs devant et derrière..on se sent presque seul au milieu de nulle part...presque .
photo extraite de la vidéo de Joel BONNET
Le sommet "avalé", descente cabossée et déja glissante jusqu'au second et ultime ravitaillement au 11ème km, la croix de Saint Robert. Un arrêt rapide pour prendre deux quartiers d'orange et 2 verres de coca entre 2 grands gaillards qui discutaient , et c'est le retour sur le sentier, toujours en montée, vers le roc de Cuzeau puis le puy des Crebasses à 1735m. Les sensations sont plutôt bonnes, les jambes répondent bien, les chevilles et les genoux tiennent bons..mais les kilomètres s'égrainent doucement et "l'ombre" du Sancy et la grosse remontée de la réserve naturelle jusqu'au sommet, commence à s'immiscer dans mon esprit et à me faire cogiter sur mes capacités à en venir à bout.
photo extraite de la vidéo de Joel BONNET
Dans la descente vers la vallée de Chaudefour, au sein d'un petit groupe ayant trouver un bon tempo , j'ai ressenti en poussant fort sur une racine une douleur à l'intérieur de la cuisse droite, prémisse probable à une crampe : je me suis donc alimenté et essayé de boire plus, même si cela commençait sérieusement à avoir du mal à rentrer ( pâte de fruits, gels et boissons energisantes, cela ne fait pas oublier que midi est arrivé que la pasta party, et même le petit dej est tres loin ). les sentiers serpentent ensuite entre les arbres ( racine et pierre a éviter) et la pluie commence à se montrer féroce mais joue une musique apaisante sur les feuilles..un peu moins sur les lunettes.
Vers le 20 ème km, j'entends " çà va Cédric?", et je découvre Jérome plein d'allant avec une foulée dynamique la ou la mienne devient rasante et saccadée.Petit coup au moral, je "squizz" le ravito en eau et me lance bougon dans les premières rampes boisées du Sancy avec un petit regard en arrière à la recherche d'Anne et de Christophe. Si Jérome en préparation pour les templiers m'a déposé, peut être que les autres peuvent en faire autant. Je repars donc dans un style fast hiker, batons en main , soufflant comme une locomotive du début du XX ème siècle, mais sur un rythme qui me permet de suivre..toujours les mêmes en fait .
Une concurrente avec qui j'ai ensuite échangé quelques mots semblait ravie des "pierriers" et des racines de cette zone, à contrario de la boue des puys précédents : elle ne savait pas encore que quelques kilomètres plus loin, elle retrouverait des toboggans de glaise.
Pour ma part, les fortes pentes, le froid soudain, la pluie cinglante et la brume sur les hauteurs ne m'ont pas laissé un grand souvenir. Juste le temps de passer le coupe vent et s'apercevoir que j'avais oublié les gants, un ravito exprès , et chaque pas un peu plus pret du sommet. Un coup de chapeau aux randonneurs, bénévoles, jalonneurs, le "monsieur Bip " du presque sommet et les ravitailleurs de l'extrême d'être montés si haut pour nous encourager ou nous réconforter. Les abricots secs et le chocolat n'ont jamais été aussi bon qu'à 1880m ( pas la marque, l'altitude).
photo extraite de la vidéo de Joel BONNET
L'escalade finale pour arriver à la table d'orientation et le "j'y suis arrivé" , "je l'ai vaincu" libérateur, avec un petit pensée pour Jérome, qui avait dit que si l'on n'atteignait pas le sommet, on pourrait toujours l'attaquer à coup de pelle à la base ^^
je me rappelle aussi, comme d'autres surement, que les distances annoncées par les jalonneurs ont furieusement tendance à augmenter, proportionnellement peut être à notre état de fatigue croissant. Le "plus que 1Km600, dans 20 mn vous êtes dans la descente"m'a laisser un gout amer dans la bouche..."le plus dur est fait il vous reste 8 km que de descentes " aussi. Parce que pour moi le plus dur justement reste la descente, traumatisante pour les cuisses, les mollets et surtout...les fesses.
photo extraite de la vidéo de Joel BONNET
Mais dès la bascule, on, se rend compte que rien n'est fini. Les marches en bois , inégales et glissantes, descendues à 2 à l'heure, ont vite calmées les ardeurs et les rêves de tapis roulant jusqu'au Mont Dore. Après, des passages sur les fesses dans des glissières de boue, cela reste anecdotique sauf pour le collant qui ne s'en relevera pas. Le passage des coureurs du 18 , plus ceux du 34 voire certains du 60km avant nous avez rendu sur environ 500m les sentiers très "gadouilleux", et au bout de 4h dans le froid et la pluie je crois qu'on a plus beaucoup de fierté, on plonge et on prie.
Un fois relevé et nettoyé "vite fait" , et après quelques km sans encombres, j'aperçois les lacets et la ville en contrebas, et en faisant attention aux pièges nombreux et variés je refait mon retard sur ceux qui m'ont lâcher dans la côte, les cuisses piquent mais cela sent bon la soupe chaude et la douche. J'ai le "plaisir" de rattraper Jérome, plaisir de courte durée puisque qu'il me dit qu'il à mal à l'intérieur des cuisses et prefère finir en roue libre, et m'encourage à continuer sur mon bon tempo. Je me cale dans la foulée de 2 coureurs qui échangent des commentaires sur le trail hivernal du sancy qu'ils ont fini, et retrouve à 2 km de l'arrivée les filles ( Isa, Gwena et Christelle) venu nous encourager..et prendre des photos.
Que c'est long 2 km quand on est fatigué!! Mais que c'est bon d'entendre la voix du speaker de plus en plus forte au fur et a mesure que l'on se rapproche de la ligne d'arrivée.
Le soulagement, enfin, et la fierté apres 5H14mn et 16s de course pour une honorable 275ème place. Un coup de téléphone à ma chérie qui s'inquiétait et rassurer les enfants ( et les grands parents) puis direction avec Jérome à la collation rapide avant de remonter au gite pour la douche. Anne et Christophe arrivés peu après attendront leur tour et profiteront "alègrement" du fait que le ballon d'eau chaude ne soit que de 50 litres pour un gite 10 personnes.brrrrrr encore de l'eau froide pour les pauvres malheureux, mais le repas "chaud" d'après course redonnera un peu de couleur a tout le monde.
En définitif, un bon week end de trails, de délires, de gastronomie ...à refaire par beau temps peut être ou pour tester la prochaine station de trail mise en place avec le concours de Tom LORBLANCHET ...Sancy je t'ai vaincu, Sancy je reviendrai.
PS : je me suis permis d'extraire quelques instantanés des vidéos mentionnées ci dessous et de donner la source, car je n'ai pas eu la présence d'esprit de prendre des clichés une fois que je suis rentré dans MA course : merci à eux de faire partager leurs vidéos et j'espère qu'il ne m'en voudront pas :)
video de joel bonnet http://www.youtube.com/watch?v=4ePvxtdYrIk
video de Yannick le gac http://www.youtube.com/watch?v=Pw08-b8QQbE
1 commentaire
Commentaire de philkikou posté le 13-09-2013 à 20:36:13
...Sancy je t'ai vaincu, Sancy je reviendrai... sous le soleil c'est encore plus beau !! bravo et bonne récup.... au collant ;-))
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