Récit de la course : Marathon du Mont-Blanc 2013, par joris

L'auteur : joris

La course : Marathon du Mont-Blanc

Date : 30/6/2013

Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)

Affichage : 3570 vues

Distance : 42.195km

Matos : chaussures salomon XTSlab 4
cuissard skins
sac salomon slab camel 1.5l

Objectif : Objectif majeur

3 commentaires

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Le jugement dernier

Pardonnez-moi mon père car j’ai pêché….. Je n’ai pas suivi le premier commandement du traileur : « En course tu ne testera point ! », par deux fois sur la même course en plus, et ben la sanction fut sans appel :

 

J’ai mi quelques jours à digérer ma déception, j’ai encore les boules mais je me résous à faire ce CR car si on peut apprendre de ses erreurs on peut aussi apprendre des erreurs des autres et j’espère que mon expérience pourra servir, et peux être aussi que je me sentirais mieux après l’avoir pianoté sur un clavier.

 

Je vous remet rapidos dans le contexte : il y a 1 an et demi je me mettais sérieusement à la course à pied, premier trail il y a un an au cross du mont blanc, puis trail des fiz le mois suivant, trop long, trop dur, pas assez préparé, grosse erreur d’hydratation et mega tendinite au genou que je vais trainer 7-8 mois. Reprise très progressive ce printemps, test final sur le petit trail de Faverges 28km passé haut la main, pour arriver gonflé à bloc à mon objectif de fin juin : le MMB.

 

Je me base su le temps de l’an dernier d’un pote à moi, bien plus balèze que moi et qui met 6h en ayant chopé des crampes en descendant les posettes. Je table donc sur 6h45 (je refuse de mettre plus de 7h) avec ce plan de marche :

Argentière 1h10

Vallorcine 2h10

Col des posettes 3h25

Tré le champ 4h40

Flégère 5h55

Planpraz 6h45

 

J’ai aussi appris de mon cross de l’an dernier où je suis parti cool : erreur grave j’avais perdu du temps dans le bouchon en plaine avant de faire du mega pacman dans la remontée à flégère en perdant un temps fou.

Donc cette année la stratégie est de se placer devant sur la ligne de départ et de prendre un rythme soutenu dès les premiers kilomètres.

Tout est peaufiné : hydratation (3 gorgées toutes les 10 minutes de la potion maison testée 100 fois, 1.5l de poche re-remplie à mi-course au col des posettes) et alimentation : du solide toutes les heures.

Je suis tellement paré mentalement que je ne prends pas les bâtons (c’est pour ceux qui ont des cuisses en carton moi j’en ai pas besoin ! na ! erreur d’orgueil….)

 

7h dimanche, top départ avec mon frangin (qui fera un temps stratosphérique de 5h12 Oo)

Go ! Fidèle à ma stratégie je pars devant et vite et c’est la bonne stratégie : j’ai eu zéro bouchon et c’est bien moins crevant que de doubler sans cesse en montée.

Bref j’arrive à argentière en 1h08, rien de spécial, parcours bien roulant, on relance après les petites bosses et j’ai deux minutes d’avance, je suis en pleine forme, une barre avalée, un verre d’eau et hop on repart.

On passe tré le champ, là je rentre dans l’inconnu, mais virtuellement je sais parfaitement à quoi m’attendre : redescente douce sur vallorcine de 6 kms environ, j’y arrive en 1h56 soit 14 minutes d’avance sur mes prévisions, d’attaque pour les 1000m D+ qui m’attendent sans avoir l’impression d’avoir entamé mes réserves.

La montée commence et je commence à regretter de ne pas avoir pris les bâtons, je choisi de ne pas trop me crâmer vu que je suis parti un peu rapidement, c’était ma stratégie, je monte donc vite mais pas comme un dingue, je pousse bien sur mes cuisses et on arrive à la piste 4x4, bien moche d’ailleurs. Je continue à me faire doubler de tous les cotés, c’est assez déstabilisant mais je reste confiant je sais que c’est normal vu que je ne suis pas à ma place dans le peloton.

 

Et là je commence à sentir une douleur dans le haut du mollet gauche. Pas du tout une crampe, juste un tiraillement qui va s’intensifier petit à petit. Je me dis que c’est juste une contracture et continue mon chemin. On arrive au col des posettes, j’ai mis 3h04, j’ai donc 21 minutes d’avance sur mes prévisions, je suis aux anges, le meilleur reste à venir, je vais pouvoir gérer la fin de course tranquillement. Physiquement je suis au top, mais inquiet par cette douleur au mollet, j’essaie de m’étirer mais sans grande amélioration, j’ai toujours mal.

 

Au ravito je sors ma poche à eau pour la remplir comme prévu et c’est là, juste à coté du guitariste en délire sur son pickup qui nous fait un cotton eye joe du tonnerre, que je vais commettre ma première infraction au commandement cité plus haut :

Je sors ma recharge de potion sèche, je rempli ma poche à moitié, je verse la poudre, je secoue un peu, je finis de remplir d’eau, je secoue de nouveau un peu, je remballe le tout, je remets le sac et hop c’est reparti. Seulement voilà, c’est la première fois que je réalise ce genre d’opération et ce qui devait arriver arriva : sur la crête des posettes, alors que j’étais au summum du nirvana devant les montagnes si belles, je tente de m’hydrater au camel mais sans succès : le tuyau s’est bouché ! Je n’ai pas assez secoué la poche ! Je me dis que dans les premiers hectomètres de descente ça va secouer le tout et se décoincer, donc j’attends.

 

On bascule le sommet, j’attaque la descente et pour la première fois je double ! yataaaaaaaaaaaa ! Je double à droite à gauche hop hop hop c’est bien glissant bien technique je me régale.

On arrive à un endroit où il devient beaucoup plus dur de doubler donc je me range en file indienne bien sagement et réessaye de boire : que neni  c’est bouché de chez bouché !

Je râle et peste contre moi-même, je ne veux pas m’arrêter et reperdre les places chèrement gagnées un peu plus haut, je rumine donc la bouche sèche en prenant mon mal en patience.

 

C’est alors qu’au fur et à mesure de la descente, pointe à l’horizon une vieille connaissance : cette maudite douleur derrière le genou gauche avec qui j’ai cohabité pendant 7 mois cet hiver : la tendinite ! Je suis anéanti, je ne comprends pas pourquoi elle réapparait maintenant alors que tout avait bien été sur le trail de faverges 15 jours plus tôt. Je suis vert de pas pouvoir boire et en même temps la douleur est pour l’instant faible, elle va peut être pas s’aggraver….. ben si. Et celle du mollet gauche est toujours là…

Je subis donc comme un zombie la fin de la descente à la queue leuleu derrière un groupe que j’aurais doublé depuis longtemps en temps normal. Dans ma tête le mot abandon tourne en boucle, je me dis qu’il faut que je sois raisonnable et que j’arrête à tré le champ.

 

Arrivé au village du Tour je me range sur le coté et les larmes aux yeux je défais ma poche à eau pour la déboucher, je m'hydrate longement puis je repars doucement, l’énergie m’a quittée avec le moral, j’ai plus de jus.

Je descends mollement à tré le champ, et tout au long de cette légère descente la douleur s’estompe un peu, eput être grâce à ma reprise de boisson, celle du mollet gauche aussi, j’arrive donc au ravito de tré le champ en plein doute, je fais quoi ? Le fameux combat dans ma tête du petit ange qui dit : « sois raisonnable, arrête, tu vas te faire mal » et le petit démon qui dit : « allez, t’es en 4h23 soit encore 17 minutes d’avance, t’as surtout mal en descente et il reste plutôt de la montée, si tu gère bien tu peux faire 6h30 »

C’est le petit démon qui l’emporte, je me ravitaille à fond et je repars avec un moral de battant (ne jamais écouter le démon c’est un vicelard).

La première partie en direction de la flégère va plutôt bien se passer, le chemin est plat montant, idéal pour moi, je relance bien sur les parties roulantes, et double du monde.

Ce petit coup de mieux ne durera pas longtemps, rapidement mes deux genoux se transforment en deux zones de douleurs et d’inflammation : ma saloperie de tendon à droite et le haut du mollet à gauche, plus quelques raideurs sur les faces internes et externes. Bref je dois me rendre à l’évidence : j’aurais mieux fait d’abandonner et je vais devoir me résoudre à finir en marchant.

 

J’arrive finalement à la flégère en 5h50, j’ai encore 5 minutes d’avance sur mon temps prévisionnel mais je m’en fiche, je connais le parcours et sais que la fin va être terrible : c’est rempli de petite descentes et de relances techniques que je ne pourrai pas courir et qui vont me faire mal. Je m’arrête quasi pas, je bois deux verres d’eau et repart aussitôt.

La fin du parcours n’est qu’un chemin de croix interminable, je pousse tout ce que je peux dans les montées et grimace de douleur dès que c’est plat et accidenté ou que ça descend. J’en pleure presque de rage et rentre rapidement dans un état second de résignation.

J’arrive donc péniblement au pied de la dernière montée après m’être fait passer par des wagons de coureurs (dont bubulle et sab mais je ne les ai pas remarqués tellement j’étais ailleurs).

Là mon orgueil prend le dessus et je donne tout ce que j’ai pour cette montée finale m’offrant même le luxe de courir les 50 derniers mètres, encouragé par mon frère qui a passé la ligne depuis 1h30.

Je franchis la ligne en 6h40, des larmes de désespoir plein les yeux. J’ai rempli mon objectif mais c’est le dernier de mes soucis.

Le bilan est vite fait : zéro plaisir, beaucoup de souffrance et probablement une longue convalescence en perspective.

 

Trois jours plus tard, la douleur au mollet à disparu, ainsi que les douleurs articulaires, par contre la tendinite du genou est belle est bien ravivée, je suis parti au mieux pour deux mois d’arrêt total, au pire pour de nouveau 7 mois de galère.

 

J’ai du mal à analyser cet échec, je ne comprends pas bien comment j’ai pu courir à bloc un 30 bornes il y a 15 jours sans aucune douleur et me retrouver handicapé comme ça au bout de la même distance ici. Peut être est-ce l’accumulation des deux (mais je me suis bien reposé ces deux dernières semaines) ou alors est-ce ma deuxième infraction au 1er commandement : les chaussures. Je portais dimanche mes XT Slab 4, que j’ai porté pour la première fois il y a un an lors de mon trail des fiz quand j’avais contracté ma tendinite, et que j’ai depuis très peu remis à part pour quelques sorties très courtes de moins d’une heure. C’est mes chaussures des grandes occasions on va dire, et comme je cours en XTWings à l’entrainement je me suis dit que c’était équivalent au niveau foulée.

Surement une erreur, à l’avenir je ferai mes courses et mes entrainements avec les mêmes chaussures.

 

Je suis forcément très déçu, j’attendais beaucoup de cette course, j’avais les jambes pour finir en 6h15 et me voilà contraint au repos forcé…et surtout j’ai souffert toute la deuxième moitié et n’ai eu que très peu de plaisir.

Comme disait shwarzy dans terminator, « I’ll be back ».

3 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 03-07-2013 à 14:18:18

oui, c'est sur tu reviendras ! avec tout ce que tu as appris dimanche, ça va faire mal !

Bonne récupération.

Commentaire de Samkikour posté le 03-07-2013 à 14:46:34

Malgré ta déception, tu peux être très fier de toi: finir le marathon du Mont blanc, c'est déjà une victoire en soi, et en plus finir dans la première moitié du classement malgré les douleurs, c'est une sacrée performance !
Et tu as dit l'essentiel: tu as appris de tes erreurs ! (on en fait tous).
A présent, repose toi et surtout soigne toi bien, il vaut mieux recommencer très doucement et progressivement pour éviter de nouvelles rechutes.
Félicitations pour ta course.

Commentaire de sabzaina posté le 07-07-2013 à 06:53:34

Ne t'inquiète pas, tu reviendras oui et tu casseras la baraque !

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