L'auteur : PaL94
La course : FestaTrail - Ultra Draille
Date : 18/5/2013
Lieu : St Mathieu De Treviers (Hérault)
Affichage : 2067 vues
Distance : 120km
Objectif : Pas d'objectif
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Décidemment la météo n’est pas clémente pour cette course !
L’an dernier le marathon de L’Hortus et le tour du Pic avaient été annulé et l’Ultradraille neutralisée avant la fin pour les plus lents dont j'étais. Tout cela à cause des terribles pluies cévenoles qui inondaient la région. Si on ajoute que la première édition du Festa-Trail de 2011 s’était faite sous une canicule et un temps lourd qui en avait éprouvé plus d’un et qui m’avait vu finir le Marathon de l’Hortus sur les rotules, on pouvait raisonnablement penser que cela ne pouvait être pire pour 2013.
Pire ? Certes non mais pas sympa quand même. Causse de la Selle 5h du matin 6 petit degrés, un vent glacial en rafale et une pluie bien présente. Pas de cracheur de flamme ni de sonneur australien, l’animation s’est faite à l’intérieur, car dehors, il fait un temps à pas mettre un traileur. Pas de quoi donner envie donc. Mais quand on est là, c’est bien pour partir, ce que nous ferons vers 5h20.
Ça part gentiment sous la pluie et les photographes mitraillent mais ne prendront pas un dossard, vu qu’ils sont bien cachés par les gore-tex ou autres couches isolantes.
Dès les premiers chemins, chacun s’évertue à éviter les nombreuses flaques d’eau pour garder les pieds le plus longtemps au sec.
Je pars avec une chevillière pour protéger la cheville gauche en entorse depuis 15 jours. Dieu merci une amie Ostéo m’a remis l’astragale en place deux jours avant car le pied ne dégonflait pas et je me doutais que quelque chose coinçait. Ce sera un mal pour un bien ; cela m’évitera de me sécher car mon objectif c’est avant tout la Ronda.
Après une bonne mise en jambe nous attaquons au 6èmekm la montée du Monthaut qui porte bien son nom. Je ne me rappelais pas que cette portion était déjà aussi technique. Comme la barrière a été raccourcie d’un quart d’heure à St Guilhem, je ne traine pas. Mais évidemment cela met à rude épreuve ma cheville et quelques mauvaises réceptions ravivent les douleurs. Difficile de bien négocier et cela m’arrache quelques cris et cela me met en rogne. Bon si ça ne tient pas, je vais essayer d’aller au moins jusqu’à St Jean de Buège, question d’avoir une bonne sortie longue dans les pattes.
A un moment je croise Pierre l’organisateur de ce trail très technique qui nous encourage et s’enquière de notre moral. Dans cette montée je prendrai une des rares photos que j’ai eu le cœur de prendre mais qui résume bien l’ambiance générale au dehors.
Apres le roc de la Vigne, c’est la descente vers Puech Bouissou et l’Ermitage de ND de la Grace. Ensuite c’est la grande descente sinueuse et caillouteuse vers St Guilhem Le Désert que j’attendrai dans les temps mais sans trop de mou.
Il reste quelques traileurs frigorifiés sous les arcades et je ne traine pas pour refaire le niveau de la poche à eau et engloutir quelques raisins secs et un excellent saucisson.
Départ rapide donc vers les Fenestrelles et sous la pluie. En passant j’essaye d’apercevoir les truites du Verdus mais même elles aussi, sont restées couchées.
Passage devant les photographes qui n’ont pas poussé jusqu’en haut du cirque pour nous tirer le portrait. Les photos de leur site sont suffisamment évocatrices pour comprendre le climat général.
Montée dans le cirque de l’Infernet et je double deux ou trois concurrents. Arrivée en haut en plein vent et il faut trottiner pour se réchauffer. La pluie aurait tendance à se calmer mais pas le vent.
Direction Mont St Baudille où je sais trouver un bout de route sur lequel je vais remonter la moyenne.
Un gros km de descente et je me fais pointer par mon Jef qui s’élancera en V4 demain sur l’Hortus. Il râle qu’il s’est fait rincer toute la matinée et je lui réponds que nous aussi. Au moins lui va-t-il pouvoir rejoindre le sec dès le dernier passé. Je repars non sans lui remettre une nouvelle fois la pression pour demain en lui rappelant qu’il faut qu’il aille jusqu’au bout sinon il va se faire chambrer.
La montée maintenant dans la grisaille alors qu’en 2012 il faisait encore beau. Caillasse, pluie et vent. C’est charmant mais faut faire avec. Mis à part cela la montée se passe plutôt bien et comme je prends l’habitude de mettre mon pied gauche à 60°c (vieux souvenir d’UTMB) je ne le re-traumatise plus.
Nous y voilà ! Maintenant direction Pioch Farrio puis Pioch de Roquebrune puis Pioch Fraisse et Pioch de la Boffia.
Au petit ravito je galère car ma poche de poudre s’est déchiré et avec l’humidité ça colle un peu partout. Ca râle un peu car je mets du sucre partout. Je repars les niveaux faits mais un peu agacé par ce souci technique.
Les Pioch s’enchainent ainsi que les caillasses, les buis, les buissons de thym qu’on malmène et salués par les asphodèles comme l’an dernier. Chaque traileur est isolé. On double où on se fait doubler mais la compagnie ne dure pas longtemps. Quelques mots échangés et chacun reprend sa course pour lui-même.
La pluie a enfin cessé et les nuages semblent vouloir se déchirer et c’est avec dans une trouée nous rappelant que le soleil existe encore, que j’aperçois Pégairolles de Buège au loin.
Encore faut-il s’en rapprocher et continuer puis descendre sur un chemin toujours technique. Enfin plus ça va plus je m’en rapproche et je sais que la pose n’est plus loin.
Passage dans le village toujours aussi joli et je laisse la placette lieu du ravito de l’an dernier pour continuer et découvrir le ravito installé dans la mairie. Effectivement plus prudent.
Comme nous sommes dans le peloton de fin, les bénévoles sont un peu désolés que les tables aient été pillées par nos prédécesseurs. Mais il reste quand même de quoi faire et je déguste des bonnes tartines d’une petite terrine que mon estomac fragile accepte sans barguigner.
Pas tout cela ! Il faut repartir si je veux être dans les temps à St Jean. D’autant que je me rappelle de Peyre-Martine comme quelque chose d’assez corsé. Allons-y gaiement puisque la pluie ne donne pas de signe de renouvellement.
Un petit ravito improvisé au Méjanel avec une pancarte d’encouragement. Sympa !
Un petit moment d’inattention et je me fais un rab de 500 m aller-retour alors que le balisage s’est sans conteste grandement amélioré depuis l’an dernier. Bon il faut que je sois plus vigilant. Je retrouve le tracé et grimpe dans le sentier du cirque de la Séranne. Petite photo de la croix qui le surplombe mais je sais qu’il faudra continuer de grimper ensuite. Arrivé à la croix et distrait par des randonneurs j’enquille le GR à fond en descente. Il faut croire que j’ai envie de faire du rab et que je n’ai pas toute ma tête car à force de descendre, je ne vois toujours pas de balise. Nom de nom ! Obligé de tout remonter pour retrouver le bon tracé juste là où se trouvaient les randonneurs.
Pas trop perdu de temps mais bon c’est toujours cela de moins pour St Jean. Bon Peyre Martine enfin et maintenant la grande descente caillouteuse vers St Jean de Buège. Celle-là, je sais qu’elle va me chauffer les cuissots.
Finalement pas tant que cela car comme j’ai bien le souvenir en tête du chemin j’évolue assez rapidement (pour mon niveau) et je parviens dans le bas avec le faux plat qui me donne enfin une bonne vue du village.
Arrivée au ravito et je me donne une bonne demi-heure d’arrêt pour souffler et accessoirement décider de m’arrêter. Il y a déjà des concurrents qui rendent ici leur dossard. Je suis dans les temps et je m’organise. Je récupère mon change, change les chaussettes pour constater que mes pieds sont blancs et mous comme ceux des traileurs encore présents. Une gentille bénévole m’apporte une soupe. Je change de tee-shirt et de buff, mets ma polaire dans le sac et change de poche à poudre. L’autre est complétement déchirée et c’est un amas poisseux au fond du sac. Je me restaure encore avec plusieurs tartines de terrine et quelques rondelles de saucissons.
Au bout de cette demi-heure je repars sans me poser de question. La suite après tout, je la connais. Traversée du village puis c’est le petit vallon avant de traverser la départementale et attaquer droit dans les vignes. La grimpette commence ! J’aperçois encore quelques concurrents dans les lacets mais je ne cherche pas à les rattraper. Il faut prendre son mal en patience et grimper d’un bon pas.
Arrivé en haut, c’est ensuite une succession de creux et de bosses jusqu’à la Coupette, en suivant un monotrace qu’on devine à peine dans le buis. Près La Coupette un dernier creux et la remontée vers le Roc Blanc.
Il faut zigzaguer et passer de dalle en dalle en ouvrant bien les yeux pour ne pas se louper dans ces trous de rocher prêts à vous rectifier une cheville ou pire. Dernière petite varappe et nous y voilà. Je retrouve la piste où des camionnettes hébergent des bénévoles transis qui relèvent les dossards. Le vent est glacial et c’est brouillardeux.
On suit la piste avant d’obliquer dans un nouveau monotrace bien caillasseux. Re-piste pour deux kilomètres et je suis aux aguets : pas question que je me plante comme l’an dernier. Ca y est ! Je vois la bifurcation et comme il fait encore jour je m’étonne de découvrir un chemin différent de celui qu’il était dans mes souvenirs. La mémoire est parfois bizarre.
Plus j’avance et plus la nuit tombe et je rallume la frontale. Je me félicite d’avoir investi dans une Fenix car je ne loupe rien de l’environnement. Le large et puissant faisceau révèle toute les rubalises et points réfléchissants.
C’est à la nuit tombée que j’arrive au ravito de Brissac qui lui aussi a changé de place. Ravito extérieur pour une fois devant le resto où une joyeuse bande mets un peu d’ambiance. J’enfile ma polaire car je commence à me cailler et je repars rapidement. La pluie par moment redémarre et le vent lui continue de souffler.
Direction St Etienne d’Issensac. On nous a promis qu’on verrait les étoiles cette nuit et un peu la lune. Cela a été vrai mais cela n’a pas duré. Une nouvelle couverture nuageuse s’avance et la pluie reprend possession du terrain. La fatigue se fait sentir et je fais le yoyo avec un concurrent que je rattrape qui me lâche que je re-rattrape et qui me relâche.
Enfin je vois le pont et la grande dalle que je descends précautionneusement car c’est une vraie patinoire avec toute cette pluie. Après pointage, traversée du pont sur l’Hérault grossi par les pluies d’avril et de mai. Un kilomètre de route avant d’attaquer la piste vers les carrières de la Suque.
Mon collègue m’a définitivement lâché. Petit passage d’escalade où je peine et arrivé en haut je dérape sur la dalle et m’explose les deux coudes. J’en ai le souffle coupé si bien que je ne peux crier de douleur. Nom d’un chien que ça fait mal. Ça m’a réveillé un peu mais hélas par pour longtemps. Je vais galérer sur cette portion trainant les bâtons et dormant en marchant, me retrouvant parfois dans le décor. J’ai perdu beaucoup de temps et je me dis que je ferais bien de m’arrêter au prochain ravito, j’ai ma sortie longue.
Je tiens tant bien que mal comme cela et je retrouve mon collègue qui lui aussi a du s’arrêter ou avoir un coup de mou. On longera comme cela le ravin des Arcs mais il finira par me distancer. Enfin ma frontale faisant merveille je n’aurais pas le désagrément de me perdre sur cette portion et c’est me réveillant petit à petit que je rejoindrai en trottinant le joli village de Saint Martin de Londres.
Arrivé au grand ravito 3,4 traileurs sont là plus deux qui sommeillent au fond sur des lits de camps. Un thé bien chaud et dernier changement de chaussettes pour des pieds innommables. Une nouvelle tournée de tartines de terrine et je repars peu après mon collègue que je rattrape à la sortie du village.
Passage sur la butte que l’organisation a fauché ce qui n’est pas du luxe car avec la pluie nous aurions encore plus trempé nos godasses et nos pieds. Petits changement d’itinéraire et il nous faut longer un champ de blé dans une terre bien grasse qui nous rajoute un kg à chaque pied. Nous faisons route à deux et le jour se levant la fatigue m’a quitté et je peux être un peu plus efficace. Les pieds crottés nous abordons maintenant le Mas de Londres et le ciel en profite pour se nettoyer de ses nuages menaçants.
Nous suivons maintenant le GR et passage près d’un étang dont je ne me rappelais pas. J’ai l’impression qu’il y a eu un petit changement là aussi.
Pas de problème car je sais où l’on va ce que j’explique à mon partenaire.
Nous retrouvons l’embranchement avec le marathon de l’Hortus et c’est la montée vers Cazevieille. Ce n’est pas trop raide mais la fatigue se fait sentir. Je suis néanmoins joyeux car je vais me payer l’arrivée à St Mathieu au lieu d’être arrêté comme l’an dernier en haut.
Au trois quart de la pente nous faisons une halte pour admirer le paysage et le soleil qui pointe enfin ses rayons. Pas trop tôt, on l’aura attendu celui-là ! Nous apercevons au loin St Martin de Londres et on peut imaginer Brissac un peu plus loin. Photos avec mon téléphone la batterie de mon appareil photos n’a pas aimé le froid et l’humidité.
Allez, il faut finir cette grimpette et ensuite trottiner en zigzag pour atterrir sur le poste de Cazevielle pour être accueillis par Coco et sa chienne fidèle. On discute un peu mais tout à mon objectif je la laisse rapidement, pressé que je suis d’en finir.
La dernière ascension n’est pas très longue mais je peine un peu si bien que me fais rattraper une nouvelle fois par mon partenaire parti bien après. J’essaye de m’accrocher et nous ferons une halte pour admirer le paysage plus souriant du balcon sud et apercevoir enfin la mer au loin.
Mon collègue se détache et je ne le vois plus. Quelques randonneurs que je croise m’encouragent. La descente maintenant et ses pièges. Les pieds sont à l’agonie mais il faudra qu’ils tiennent. D’ailleurs à force de trotter dès que je peux ils s’anesthésient un peu. Apres les dalles et les lames, ils restent les caillasses mais au moins aidé des bâtons je peux me relancer et je ferais la descente sans m'arrêter de trotinner. Je débouche enfin sur le bitume que j’embrasserais tellement les pierres m’ont massacré les dessous de pieds.
Je redouble mon partenaire qui finit en marchant, il m’indique que la descente lui a explosé les cuisses et qu’il n’a plus la force de courir. Je lui indique qu’il ne reste plus grand-chose et le quitte en trottinant. Nouveau pointage dans le haut et c’est la descente par l’escalier plat de la Carriera dels Morts pour déboucher sur l’entrée du village encouragé encore par une bénévole surveillant notre passage.
La suite est plus simple on tourne à gauche et c’est tout droit dernier faux plat montant, la petite rampe et le passage derrière le gymnase où quelques enfants m’applaudissent et je tourne à droite long du Galion pour apercevoir cette fichue arche d’arrivée.
Fin de l’histoire. On prend mon nom pour m’envoyer le tee-shirt finisher et je discute un instant avec Pierre qui félicite chaque arrivant.
Ensuite, thé, terrine, douche et retour chez Jef où Jojo m’accueille avant de repartir supporter son traileur. Après un bon bain pas superflu et une bonne sieste qu’il l’est encore moins. Je vois arriver mon Jef tout content et pas si usé que cela, fier de son podium en V4. D’accord il était seul dans sa catégorie mais il faut le faire, je connais le tracé, c’est aussi très technique. Et en plus il n’est pas dernier !
Bilan un we sympa entre copains, une boisson isotonique efficace qui m’a permis de manger correctement au ravito, une première pour moi, deux coudes explosés, les pieds morts qui reprendront couleur deux jours plus tard, une entorse qui ne s’est pas aggravée et qui m’a obligé à une certaine lenteur et une arrivée au soleil.
En bref une sacrée sortie longue !
2 commentaires
Commentaire de martinev posté le 29-05-2013 à 10:34:54
Bravo pour ta course et ton récit et chapeau pour avoir passé deux nuits dans ces conditions.
Commentaire de PaL94 posté le 29-05-2013 à 10:57:44
Merci Martine. J'ai lu ton CR et je te félicite pour ton podium et ta course. Je suis un peu envieux de ta vitesse : je pourrais mieux gérer mes courses. Tous mes voeux pour tes prochains objectifs. J'ai l'impression que tu as pris le virus de l'ultra ;-)
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