L'auteur : mazbert
La course : Grand Raid 73 - Le Petit Savoyard
Date : 25/5/2013
Lieu : Cruet (Savoie)
Affichage : 1959 vues
Distance : 23km
Objectif : Pas d'objectif
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Cruet, samedi 25 mai 2013. il est 8h00 du mat et il fait 3°. Je ne vais pas me pleindre car quand je suis parti de chez moi, 45 minutes plus tôt il neigeait. Remarque c'est normal je vis à 650m d'altitude. Et dire qu'il y a 4 jours j'ai lu les récits sur ce petit savoyard pour me mettre dans la course et que l'année dernière c'était la canicule. Les pauvres trailers ont été assomés par le soleil et ont séchés comme jamais sur les sentiers des Bauges.
Là, et pour la première fois depuis que je cours, le premier effort à faire pour moi est d'aller chercher le dossard car j'ai vraiment pas envie d'y aller ce matin, rien que de penser à l'état des chemins, à la neige et au froid, toute ma motivation s'envole. Bref je suis à deux doigts de rentrer à la maison et de faire une cheminée. Mais je ne me suis pas levé pour rien alors je file dans la salle des fêtes récupérer les papiers et le T-shrt et ensuite je me tritouille la tête pour savoir avec quoi partir sur les chemins gadouilleux qui nous attendent.
Après trois changements de tenues je me décide pour le pardessus orange flachi vaguement imperméable mais très voyant qui permettra que l'on retrouve mon corps dans le blanc de la neige si je dévisse sur un énième devers glissant !
C'est sous des tentes que nous attendons le départ, les visages sont tirés avant la course, on sent que nous ne partons pas le plus sereinement possible mais il y a aussi un mélange savant de stress et d'excitation de partir un peu à l'aventure dans ces conditions. Perso je relativise pas mal car je sais que nous n'avons que 23km à courir et que là-haut y'a des camarades qui sont partis à 5h du mat pour courir 70km dans ce merdier (finalement ils en feront un peu plus de 58 merci pour la modif !).
Et nous voilà sur les chemins roulant des vignes de Cruet, en direction de Montmélian pour 4km d'échauffement histoire de se mettre en condition avant la grosse montée du jour. la piste est roulante, les cailloux nous permettent d'avoir de bons appuis et c'est sans soucis et bien étirés que le peloton arrive au pied de LA difficulté.
Petit virage à droite et début d'un single sans fin qui va nous faire passer de l'automne à l'hiver. C'est derrière une jeune femme vétue d'un blouson de vélo que je commance les premiers lacets, elle me demande gentiment si je veux passer, mais vu son physique et le mien je lui dit que je ne suis pas près de la doubler, la montée ce n'est pas mon fort, j'attends plus les parties courues et les descentes qui mettent bien en valeur mes nombreux kilos en trop. Bref elle s'envole cette demoiselle en doublant à gauche et à droite, je ne la reverrai qu'à l'arrivée qu'elle passera juste devant moi en première position chez les féminines.
800m, ce n'est plus de la pluie qui tombe mais de la neige, la boue est très présente et épuisante car chaque pas que je fais me fait redescendre d'un demi pas. Tous les petits passages raides, tous les virages, tous les dévers sont piégeux. Il faut s'accrocher aux branches, prendre ses distances avec les autres pour ne pas risquer de glisser par un manque de vigilance. La montée est longue et très pénible.
Vers 950m la neige est au sol, les arbres sont chargés, des paquets de fraiche nous tombent sur la tête car les arbres plient sous le poids. c'est à la fois magnifique et horrible car on avance pas, on a l'impression d'être scotché dans la boue.
Enfin le sommet puis la descente vers le lac de la Thuile. Je déplis mes jambes et commence ce qui sera une longue remontée dans le classement. Les 16km qui suivent je vais presque les courir en entier et je vais doubler une grande quantité de coureurs qui payent une montée épuisante et ne veulent pas prendre de risques dans des descentes hasardeuses et dangereuses.
Après le lac il y a ce petit coup de cul qui finalement se passe bien, une descente raide mais pas technique puis une longue remontée roulante qui se fait à petit rythme mais qui passe bien en courant. Là je me dis que c'est gagné pour faire le tout en moins de 3h mais c'est sans compter sur LE passage de presque 2km en dévers.
Là c'est sauve qui peut, y'en à partout. Au milieu d'un petit groupe je fais ce que je peux pour rester sur le chemin qui est griffé par les traces de chaussures qui glissent. c'est vraiment l'enfer. Je peste, le gars devant peste, celui derrière jure tous les 3 mètres, la galère. heureusement ce passage n'est pas trop long et derrière une grande descente roulante mais glissante me permet de remettre la machine en action et de filer vers la ligne en me disant que je vais réussir à passer sous les 3h.
Mais deuxième hic dans mon plan, ce n'est pas 23km mais 25,5 km qu'il faut faire pour passer la ligne, du coup, malgré une grosse accélération sur la fin je meure à 3 minutes de mon objectif. C'est pas grave et le plaisir de se mettre au chaud une fois la ligne passée me fait vite oublier ma petite deception.
Au final une belle course quand il fait beau, rendue épique par le temps. Super organisation qui a su gérer deux grosses courses dans des conditions dentesques, je dis chapeau. Et puis rien ne peut remplacer le bonheur d'avoir un paquet de papillottes à l'arrivée un 25 mai.
4 commentaires
Commentaire de adret posté le 26-05-2013 à 17:58:09
Merci pour ton récit, c'est une bonne expérience ces conditions ;-)
Sur le grand on quand même fait un gros 58 stp :-)
Commentaire de mazbert posté le 26-05-2013 à 18:56:43
A Cruet on nous a dit 70km, puis 50km, puis 45km. Après un ami qui était sur le long m'a parlé d'entre 45 et 50km. Ce fut donc 58km alors je dis bravo car dans ces conditions ces 58 là en valent bien 73 autres !
Commentaire de caral posté le 26-05-2013 à 20:49:32
Bravo à toi, c'est vrai que c'était particulièrement glissant, et qu'on en a entendu -et dit- des "nom de Dieu"!!!!
bonne récup
Commentaire de Ptit Denis posté le 26-05-2013 à 21:17:42
Bravo pour ton CR et pour ta course. Le dévers était effectivement terrible: compliqué de rester debout, même le 4 pattes était périlleux! Apparemment, nous avons couru quasiment ensemble. J'avais, moi aussi, prévu d'arriver en moins de 3h, mais un petit moment d'inattention sur le tourne à gauche peu après le second ravitaillement m'a amené à couvrir finalement un peu plus de 26km et à finir en 3h03. Malgré les conditions météo (mais grâce à elles aussi!), ce fut une très belle course, une bonne prépa pour les échéances à venir. Un grand coup de chapeau aux bénévoles qui ont également bien mérités le repas d'après course.
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