Récit de la course : Marathon d'Albi 2006, par climber
Marathon d'Albi 2006
Pour moi, ce marathon a commencé le 6 mars, soit 8 semaines de prépa assidue, à suivre presque à la lettre un plan 3h (merci à SergeB d'ailleurs). Quand on commence cela, on part dans le néant, et j'y suis parti les yeux fermés, confiant comme un agneau.
Si il n'ya avait pas eu de l'ambition, il n'y aurait pas eu de plaisir, car un plan 3h est une epreuve en elle-même, 5 à 7 sorties/sem. en respectant les allures, les rythmes, les cadences. Quand je revois ma feuille d'entrainement, maintenant que le marathon est derrière moi, j'ai du mal a réaliser les efforts consentis, mais bref, revenons à l'essentiel, la course du 30 avril.
5°C au bord du Tarn, sous un soleil radieux, levé à 6h30 pour avaler mon gatosport, qui clôture une semaine de RDS (régime dissocié), j'ai les cuisses en glycogène armé, les gels dans les poches, les gourdes remplies à la taille, casquette et lunettes. Toutes les zones de frottement sont patinées à la crème, je me sens indestructible.
J'arrive sur le départ après 2km de trottinement en passant sur le pont face à la cathédrale, toujours aussi belle. Plusieurs centaines de coureurs au départ Place du Vigan, car semi et marathon sont liés. Le 10km part 15' plus tard, à 9h15. Je loupe le départ, et donc je declenche mon chrono 45' après, et au 1er kilo (5') je suis deja en retard sur l'objectif, c'est pas malin ;-) alors je cours le 2eme kilo en 3'50, et après je me stabilise en 4'15.
On sort de la ville, y'a des fanfares, du monde qui applaudit, je découvre une ambiance nouvelle, moi qui courre que des courses de village, ça fait plaisir. Une mamie crie "allez rené", je me retourne car c'est mon prénom, mais je connais personne ici, fort de café.
Je passe au 10k en 42'50, pile poil. Ceux du semi nous quitte pour revenir, et les Phillipidés d'un jour s'en vont donc un peu plus clairsemés vers leur quête du graal. On traverse peu de zones habitées, et on se retrouve souvent entre le talus à droite et le tarn a gauche. On traverse deux tunnels (>1km) dans la quasi obscurité, une sensation de serenité apparait, je decouvre que courir dans le noir me plait. Ce marathon est une boucle, et on ne tarde pas à croiser les leaders kenyans qui finiront en 2h18. C'est sympa de se sentir à la fois proche et loin des meilleurs.
J'arrive au semi en 1h30, pile comme prévu, je suis super bien, j'ai prévu un negative split. On tourne autour d'un tonneau en ferraille et ça repart dans l'autre sens. Je continue sur ma base de 4'15. Au 22eme, je recharge mes bidons et perd 30". Il y'a des ravitos très souvent, moi je suis en autosuffisance, donc je m'arrete jamais.
Ici les orchidées sont encore en fleur (ça change de Montpellier). Le Tarn est toujours en contrebas, paisible, vraiment cette course est buccolique. J'arrive au 30ème, et je suis toujours super bien, mais c'etait sans compter avec le 31ème, ou je decouvre ce qu'est un "muret", les cuisses se durcissent, et je sais que je ne serai pas sous les 3h. Je prends un gel. Je ne peux pas parler de mur, car je continue à courir en 4'25, mais je sens bien que je ralentis inexorablement. Au 37ème j'avais prévu d'accelerer, mais pas possible. Je ferai donc un positive split ;-)
Depuis le 20ème kilo, je double des coureurs, et ça continue, y'en qui marchent, et meme un allongé dans l'herbe, mais il n'est pas inconscient, ouf. On s'approche d'Albi, le paysage est donc moins beau, mais d'un autre côté je pourrais pas en profiter, je commence à serrer les dents.
Depuis le départ, je suis tellement confiant, que je sais que je vais finir, je ressens alors tous les benefices de mon entrainement rigoureux. Moi, je suis un cartésien, et je n'ai donc rien laissé au hasard, c'est vrai qu'on peut penser que ça enleve du fun, mais un marathon est comme une vie en concentré, et rien que pour ça, je voulais en sortir grandi.
Au 39ème, j'entends le speaker qui commencent à dire "pour arriver sous les 3h, il reste...blabla". Je m'en fous à présent. Je pense à tous ceux qui m'ont soutenus, famille et amis, et c'est dans la tête que j'effectue les derniers kilos, car les jambes sont à present en béton armé, exit le glycogène, dilué dans le Tarn.
Je franchis la ligne en 3h02'46, 83ème/664, heureux, heureux, et disons le franchement: heureux.
Premier plan, premier RDS, premier marathon, et un nouveau bonheur, je suis marathonien. Bientot, je retourne au Trail, mais je crois que le virus du bitume vient un peu plus de me contaminer...et maintenant, si je me faisais 3 semaines de repos?
Climber
Les résultats ici http://www.marathondalbi.com/marathondalbi.htm
1 commentaire
Commentaire de steph821 posté le 12-03-2008 à 20:40:00
chapeau bas,un rècit très plaisant!!
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