Récit de la course : Sur les Traces des Ducs de Savoie 2011, par Philippe8474

L'auteur : Philippe8474

La course : Sur les Traces des Ducs de Savoie

Date : 25/8/2011

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 1709 vues

Distance : 109km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Le récit

                         

Par ici le même récit avec photos sur mon blog:

http://philippe.teamtrajectoire.over-blog.com/article-2011-08-25-sur-la-trace-des-ducs-de-savoie-tds-84394096.html

Et sinon ici, ça donne:    

Allez, ça ne l’a pas fait non plus !

 

Après le Tour de l’Oisans en duo avec Alex où je me suis lamentablement vautré, je me prends de nouveau un gros 0 pointé sur la TDS (Sur la Trace des Ducs de Savoie).

Dur, dur cette été 2011.

 

Pourtant après le TOE, il me semblait plutôt avoir redresser la barre et surtout retrouver la motivation.

 

Je me sens donc plutôt pas mal ce jeudi matin au départ de la TDS. Tous les voyants me semblent au vert.

 

Je me prépare tranquille à la voiture avec Céline, rencontre Flo des Croqs et un pote à lui puis retrouve Julien sur la ligne.

 

Le départ est donné. Ca court tranquille.

 

On attaque la montée. On reste pour le moment ensemble avec Julien.

Tous se passe bien jusqu’à Maison Vieille.

 

Il fait chaud, j’essaye de pas mal boire, même si je sens ma boisson un peu trop sucré.

Ravito, je refais le plein des bidons, un coca, une soupe et on repart avec Julien.

 

On continue de grimper un moment sur le chemin de l’UTMB avant de bifurquer enfin sur un sentier un peu plus sauvage nous menant au Col de la Youlaz.

Je suis trempé, le T-shirt imbibé et il y a un peu d’air. Je crains pour mon ventre et préfère enfiler ma windstopper sans manche.

Avant la portion finale bien raide, j’ai pris quelques mètres à Julien. Je continue tranquille dans le flux. Ce col est superbe, magnifique.

 

Puis c’est la bascule.

Mine de rien, je dois commencer à être moyen car j’ai très peu de souvenirs de cette descente.

J’ai le souvenir par contre de grosses portions de bitumes.

Les jambes sont moyennes. Et le bide est en vrac. J’ai l’estomac qui crampe dans la descente, il faut que je m’applique pour respirer.

 

Arrivée à La Thuile.

Ravito, je refais le plein, mange une soupe et repart sans voir Céline, ni les parents de Julien.

J’appelle Céline en sortant de La Thuile. Si si ils étaient bien là.

 

Je continue, mais le redémarrage est un peu dur. Puis je me cale sur mon rythme que je ne trouve pas très puissant mais je ne perds pas trop de terrain.

 

A une intersection avec la route, Céline est là. Ca fait du bien !

Le Papa de Julien aussi qui s’éclate au Maracas Overstim ;-)

 

Je continue mon chemin.

 

J’ai gardé ma windstopper sans manche. Je dois être en surchauffe mais je ne m’en rends pas vraiment compte.

J’ai du mal à boire, et j’ai du mal à m’alimenter, le bide est en vrac. Et hormis les soupes au ravito, je n’ai rien mangé à part un gel à la 1ere ½ H de course.

 

Peu avant le Col, Julien me rejoins. Oupsss, ça me mets un coup au moral malgré tout. Surtout que je sens tout de suite que j’ai du mal à le suivre.

 

On rentre dans la tente du ravito. J'essai de garder mes reflexes de course: remplissage des bidons, coca, je prends une soupe mais il faut que je me pose un peu.

Dans la tente, un gars croisé l'an dernier sur le GR20 me reconnait. Sympa, on se dit bonjour avec Julien.

Julien est prêt, petite hésitation de sa part pour repartir sans moi… Va-z-y mon Julien, fais ta course et surtout éclate toi!!!

 

Mais je prends quand même un petit coup de nouveau sur la tête… je sens que tout n’est pas clair chez moi.

Je ressors, je ne sais pas trop que faire si je me change un peu, ou pas…

Je vais aux toilettes.

Je ressors, il faut y aller.

Bisous à Céline, rendez vous à Bourg Saint Maurice.

 

J'attaque la descente, un chemin large, je n'arrive pas à être en rythme.

J'ai toujours ma Windstopper et il fait super chaud.

Pas trop de souvenirs de cette descente non plus.

Arrivée à Seez, j'ai réussi à trottiner tout le long, mais sur le plat d'arrivée à Bourg Saint Maurice, je n'arrive plus à courir. Je marche.

Il fait chaud et je reste avec ma Winstopper!

 

Enfin le ravito est là, les parents de Céline et Jo aussi. Ca me touche. Jo a l'air contente de me voir.

Des bonnes ondes me traversent!

Mais j'ai les boules en moi de ne pas être bien alors qu'ils sont là!

Ravito, je me pose un bon moment.

Et retrouve un peu de lucidité.

Je quitte ma Windstopper et sèche un peu.

Je vire le sirop de mes bidons. Il faut que je tourne à l'eau claire pour essayer de remettre le bide d'aplomb.

Du coca. Deux soupes et du pain.

Je dois rester un 1/2 H assis.

 

On nous annonce un changement de parcours pour cause de risque d'orage vers le passeur de Pralognan.

On monte au Fort de la Platte, puis on redescend récupérer la route qui monte au Cormet… et en gros on la suit jusqu'au bout sauf un petit bout pour passer au Chapieux.

Soit un peu de D+ en moins, mais surtout 8 km annoncé en plus et surtout 15 km de bitume.

Et pas de point d'eau jusqu'au Cormet, soit 25 km.

Je remplis 3 bidons… Dommage, finalement quelques points d'eau après Fort de la Platte, puis un ravito en eau aux Chapieux: j'aurais pu m'éviter au moins le 3eme bidon!

 

Je repars sous les encouragements de Céline, ses parents, Jo, les parents de Ju et accompagnés de Jean Mi qui suit Flo et Guillaume des Croques Chemins.

 

Dans ma tête je cogite pas mal aussi, et une pensée me fait du mal: ai-je encore envie de faire du long, de l'ultra? J'ai l'impression que non. Je doute beaucoup d'ailleurs de mon inscription sur l'UTMB en 2012 malgré ma priorité. Ca tourne un peu trop dans ma tête.

 

Pourtant cette montée ne se passe pas trop mal. Le ravito m'a vraiment fait du bien.

Puis on bascule. Le premier kilomètre en descente me fait du mal, les releveurs sont douloureux, le bide se crampe encore. Mais j'arrive à gérer et à garder un rythme. La descente se fait sur le bitume.

Puis on finit par rejoindre la route du Cormet.

 

Impossible à courir.

 

Pas trop réfléchir.

 

Céline, ses parents et Jo sont là et m'accompagnent un peu.

Puis me laisse filer.

Borne kilométrique 14 km du Cormet.

Ca avance, je n’avance pas, le bitume commence à me faire morfler.

C'est long.

Heureusement quelques coupes de virages dans le talus égayent un peu ce cordon de bitume.

Les bornes kilométriques se succèdent très très doucement les unes aux autres.

Un replat, Céline et son père.

Puis avancer.

La pente est plus douce, longue ligne droite… je suis loin de pouvoir courir.

Je m'arrête même 5 minutes, je m'étire sur le bas côté. Les releveurs morflent, les talons aussi.

Je repars. Ca n'en finit plus.

 

Petite descente pour aller au Chapieux, je n'arrive pas à relancer.

Longue ligne droite. Je croise Céline en voiture qui partait pour m’attendre au Cormet de Roselend.

Puis Jo, Marinette et Gérard aux Chapieux qui finissent de manger. Gérard m’encourage, mais je suis dans le dur !

Allez j’attaque la montée…. Et je regrette de ne pas mettre arrêter m’acheter un coca…

On se retrouve sur un chemin (celui qui descend pendant l’UTMB), ça fait du bien d’avoir quitté le bitume… malheureusement on le retrouve un peu plus haut pour filer jusqu’au Cormet 4 à 5 km plus loin.

 

Enfin ce Cormet… j’étais plus en forme quand j’y suis passé cet été avec Fredo pendant notre tour du Beaufortain !

 

Tout mon petit monde est là pour m’accueillir, mais je ne suis pas au top.

Je prends un peu mon temps pour me changer, manger. Je ressors de la tente : qu’est ce que je fais ?

J’hésite vraiment.

Gérard, Marinette et Jo sont là difficile d’abandonner devant eux.

J’ai encore l’amertume de mon abandon sur le TOE dans la bouche.

Céline est là pour m’encourager… allez essayer de filer jusqu’au Col du Joly…

C’est parti… mais je pars salement amoché dans la tronche… sur du long ce n’est quand même pas top.

 

Cette montée ne se passe pas si mal, je sors enfin mes bâtons et j’arrive à tenir mon petit rythme. Le col de la Sauce se rapproche petit à petit et finit par arriver. C’est la bascule et même si une nouvelle fois je ne me sens pas en jambe, je reprends un peu du monde dans cette descente, ça fait du bien !

 

Mais avec le recul, je suis quand même dans le dur vu le peu de souvenir que j’ai aujourd’hui.

 

Puis, on repart dans la montée après un ravito-fontaine à la Gitte.

Je pêche de nouveau un peu plus. L’ascension est moins longue mais ça pioche…

J’ai du mal à gouter au charme de l’ultra de nuit : la solitude, les frontales dans la nuit, le ciel… Je n’y suis vraiment pas dedans…

De nouveau une petite bascule, un large cercle dans un cirque de vallée et une remontée sous le col de la Fenêtre qui me fait bien mal. Je n’avance plus de nouveau.

Puis c’est la portion en balcon qui amène à la descente sur le Col du Joly. J’en bave. J’ai plus de jus.

 

J’arrive à la bascule. Obligé de m’asseoir, je suis sec. 5 min, allez fais froid, faut filer.

Mais j’y suis plus du tout.

 

La descente sur le Col du Joly m’achève : la tête, les guibolles ne répondent pas.

Je n’ai plus qu’une envie : arrêter.

 

J’arrive au ravito en me demandant s’il y a des navettes, et en repérant d’éventuelles voitures qui pourraient me ramener.

Pourtant un dernier sursaut me fait ne pas rendre ma puce en arrivant au ravito… mais je m’assoie à côté d’un gars qui abandonne et se renseigne pour le rapatriement.

 

Ah, il y a donc des navettes… Ca fait tilt dans ma tête, je file ma puce…

Pas la force de me cogner la descente sur les Contamines… et encore moins envisager la dernière ascension.

 

Voilà c’est fait : 2eme abandons de l’été.

Ce n’est pas beau.

J’suis pas fier.

 

Mais avec le recul : aucun regret… ça reste ma bonne décision.

 

Mais faudrait pas que ça dure de trop quand même !

 

La suite ?

 

Vite fait alors, les bus pour rentrer sur Cham, un petit dodo dans un dortoir, l’attente de Céline, une douche, le petit dej dans Cham, les boules de voir les finishers de la TDS, le petit coucou à Dominique (rencontré sur le Défi 2007, et qui va prendre le départ de l’UTMB, après un gros GR20 cet été), la pizza à midi et le retour à la maison.

Dommage on se rate avec Juju… je ne pourrais pas le féliciter pour « sa », pour « the » course qu’il nous a sorti. Immenses félicitations à toi, garçon. Je suis content et fier pour toi !

 

 

Epilogue

 

Parce qu’il faut bien en tirer quelques choses, hein.

 

Comment expliquer ça ?

 

Je pense que j’avais retrouvé la motiv et l’envie de faire une belle course, même si mon résultat au TOE ne permettait pas d’être débordant de confiance dans ma course à pied.

Mais j’avais envie.

 

Alors ?

 

Ben je pense simplement avoir pris un bon coup de chaud… et je n’ai pas vraiment su et eu envie de le gérer.

Les jambes dans le dur à partir de la descente du Col de la Youlaz, j’ai bien essayé de continuer (l’abandon du TOE, Céline, Jo et les parents de Céline, ça pousse quand même) mais je n’ai pas eu le gout d’aller au-delà.

 

Et je reste persuadé de mon bon choix !

Quand je suis avec un dossard, je suis là pour faire une course… je n’ai plus rien à me prouver et le plaisir pour moi est dans la performance (de mon niveau).

Et finir pour finir, comme déjà dit pour le TOE, plus pour moi.

 

J’aurais peut être pu finir, mais vraiment plus l’envie du finir coute que coute… qui te coute au niveau physique et au niveau de l’envie… même si cela fait de toi un finisheur.

 

Et la suite ?

 

Ben pendant la course, une grosse réflexion n’a pas arrêté de me tourner dans la tête ! En aurais je pas marre de l’ultra ?

Et la réponse en course était clairement : oui !

 

Et aujourd’hui ?… ben toujours un peu ! Et un peu de non, aussi.

 

Disons que pour vivre des courses comme cet été, plus vraiment le gout.

Par contre, si j’avais eu les sensations du mini-UTMB de 2010, ça serait surement différent.

 

Par contre j’apprécie cette année de pouvoir enchainer un peu plus au gré de mes envies, de pouvoir courir au mois de septembre, de ne pas saturer.

 

J’apprécie aussi tellement ce que j’ai découvert ces dernières années : la course format Défi de l’Oisans et surtout les 2 séjours « in GR20 spirit » : le GR20 en 2010 et le Tour du Beaufortain en 2011.

 

J’ai peut-être un peu plus de mal à « tout » consacrer, à tout tendre vers un seul rendez vous.

 

J’apprécie les course d’un jour, peut être 1 course ou 2 dans les 70, 80 bornes… ce serait pas mal.

 

Mais l’année prochaine, j’ai la priorité pour m’inscrire sur l’UTMB, j’ai toujours cette envie de réussir ma course.

Alors peut-être en profiter de me nourrir de mes déceptions de cet été, de ces frustrations…

2 commentaires

Commentaire de coach Jack posté le 18-09-2011 à 14:36:19

Magnifique récit !
Belle analyse et belle lucidité. Dans l'ultra, il y a toujours de l'incertitude, on ne peut jamais prévoir à l'avance le résultat.
Un échec certes, mais tu es allé quand même jusqu'aux Contamines ! Bravo à toi et les échecs appellent toujours les réussites futures !
Bon courage à toi.
Je me retrouve complètement dans ton cr, chaleur, maux de ventre (nausée) sauf que j'ai abandonné avant, au Cormet !

Commentaire de Philippe8474 posté le 19-09-2011 à 19:29:16

Merci pour le commentaire :-)

Au Cormet, j'ai vraiment failli lacher prise... et je l'aurais surement fait si je n'avais abandonné 1 mois plus tôt sur le TOE.

Mais bon... c'était la bonne décision, comme toi pour toi je pense!
Aujourd'hui, ça fait un petit pincement, mais au moins j'ai envie et je profite grandement de l'automne... alors que si on avait persisté...

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