L'auteur : Ludal
La course : Ultra Trail du Mont Blanc
Date : 26/8/2011
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 1741 vues
Distance : 166km
Objectif : Terminer
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Comment en être arrivé là
Je cours depuis maintenant une dizaine d’année avec pour commencer de la route et un record à 2h57 au marathon de Paris. Je me suis lancé sur le trail avec une inscription à la Saintelyon suite à une préparation marathon allégée suite à une blessure.
Avant course
Depuis la fin prématurée de l’UTMB 2010 à Saint Gervais, toute ma saison 2011 a été orientée vers l’UTMB. En septembre 2010, je suis allé à l’impérial trail à Fontainebleau que j’ai abandonné au bout d’environ 40km. Etant parisien et ayant peu l’occasion d’aller en montagne, j’ai eu une préparation tout au long de l’année autour de 4 sorties par semaines :
- Fractionné sur plat ou en côte jusqu’en aout, avec des séances de 30x30 vers du 15x500m en côte
- VMA de 2x5min à 2X30min
- Récupération de 1h à 1h20 tranquille
- Longue allant de 1h30 à plus de 4h. Cela ne m’a pas posé de faire des sorties de plus de 40km en entrainement.
Cela m’a donné des semaines allant jusqu’à 115km pour la phase terminale de la préparation. J’ai également essayé de respecter des cycles de 3 semaines de montée en puissance suivi d’une semaine d’assimilation.
Au niveau course, j’en avais 2 en préparation :
- Ecotrail de Paris 80km abandonné vers Chaville après environ 40km. J’étais parti sur une base de 8h et j’ai explosé.
- La Maxi Race du lac d’Annecy sur le 80km en 14h.
Ma 2eme sortie en montagne a été une sortie alpinisme avec des amis dans les Ecrins depuis la Berarde pour faire la pointe des Bœufs Rouges.
Course
Nous rejoignons le départ depuis notre logement du Bettex à Saint Gervais et arrivons vers 22h30. Il nous reste à garer la voiture, me changer en tenue de trailer sans oublier un passage de NOK et aller sur la ligne de départ. Pour gagner la ligne de départ, je décide au dernier moment de passer un poncho acheter l’an dernier en prévision de l’UTMB arrêté.
En arrivant sur la ligne de départ, de nombreux coureurs sont déjà présents à notre arrivée vers 23h. L’attente du briefing et du départ commence. Le temps passe vite même si j’ai l’impression que le temps de blablas est beaucoup moins long que l’an dernier et que l’on passe plus vite au briefing de course avec ensuite la musique et le départ. Un départ toujours chaotique sous l’effet du nombre de compétiteur (m’élançant en queue de peloton) et du peu de place laissé sur la chaussée par les spectateurs. En croisant mes accompagnants, je leur laisse le poncho.
La course est déjà commencée mais les premières foulées sont seulement effectuées après quelques centaines de mètres à marcher. Les sensations au départ ne sont pas bonnes mais ma petite expérience me fait dire que ce n’est pas bien grave on aura le temps d’avoir des hauts et des bas. Direction donc Saint Gervais en passant par les Houches et le col de la Voza. Je ne m’arrête pas au ravitaillement des Houches ayant emporté suffisamment d’eau pour aller jusqu’au ravitaillement suivant. La montée de la Voza commence pour moi tranquillement avec dépliement des bâtons. La montée est moins boueuse que l’an dernier mais me semble plus longue. En arrivant vers le sommet, la pluie se transforme en neige fondue avec pas mal de vent qui me coupe en deux avec un effet désagréable sur le ventre. J’entame la descente rapidement et dès le premier abri possible m’arrête pour appeler mes accompagnants leur demandant de prévoir de me redonner le poncho à Saint Gervais. La descente de Saint Gervais est bien raide, super boueuse et glissante. De nombreuses chute y ont lieu, mais sans gravité. Je ne cours pas dans la descente mais utilise mes grandes jambes pour marcher très vite. Je ne veux surtout pas attaquer mes quadriceps dès cette première descente. J’arrive au ravitaillement et voie mes accompagnants. On se donne rendez-vous à la sortie du ravitaillement pour récupérer le poncho. Je prends un verre de coca et un morceau de fromage. Je sors du ravitaillement et ne vois pas mes accompagnants. Je pense qu’ils ont avancés un peu mais finalement je m’arrête, les appelle au téléphone et m’aperçoit que je dois les attendre car ils sont derrière moi. J’en profite pour relacer les chaussures et mettre finalement le poncho dans mon sac et direction Les contamines avec la seule barrière horaire qui me pose problème. Je dois y être avant 5h.
Dans cette partie de course, je vais alterner course et marche en fonction de la difficulté du parcours en essayant tout de même de ménager mes forces. Cette partie en grande partie en sous-bois est finalement assez vallonnée et passe rapidement. Le ravitaillement arrive et je remplie ma poche à eau et en profite pour commencer à emporter du salé à chaque ravitaillement avec saucisson et TUCs. Je mangerai en marchant et en sortant du ravitaillement. La pluie a cessé entre temps.
Nous arrivons ensuite à Notre Dame de la Gorge sur une portion plate. Je ne connaissais pas l’endroit qui est assez étonnant.
J’arrive enfin au pied du col du bonhomme avec sa voie romaine. Je monte tranquillement à mon rythme en me laissant doubler par de nombreux coureurs. On est pendant un moment dans les sous-bois et en en sortant on peut s’apercevoir que le ciel s’est dégagé ; on y voit les étoiles J En levant les yeux on peut aussi deviner au loin la Balme.
Peu avant l’arrivée au refuge de la Balme, je sens le froid et m’arrête donc pour enfiler ma micro polaire et mon bonnet. Je remets également mon gore tex.
Le passage au refuge est l’occasion d’un pointage, d’une prise de bouillon-pates avec un morceau de fromage. Au contraire de certains, je ne succombe pas la tentation de me réchauffer au pied du feu de bois.
Je continue comme cela mon petit bonhomme de chemin jusqu’au sommet. Plus on s’en rapproche, plus le froid est présent avec un sol gelé et une petite couche de neige qui s’épaissit. L’arrivée au sommet est ponctuée de l’arrivée d’un hélicoptère et d’un troupeau de bouquetins. C’est la vidéo contenue à ce lien (http://www.youtube.com/watch?v=TFWDUsvLCoE&feature=youtu.be).
Direction maintenant le refuge de la croix du bonhomme par un chemin montant et descendant à flanc de montagne dans les rochers pour une élévation peu significative.
Une nouvelle descente nous attends maintenant avec une première partie dans les rochers à laquelle succède une partie dans de l’alpage en passant par un chemin 4x4 et finir aux Chapieux. En arrivant à ce pointage/ ravitaillement, je sens que mes pieds ont commencé à chauffer. Je me pose donc sur le premier banc et en profites pour remettre de la NOK et retirer les morceaux de terre et quelques cailloux entrés dans mes chaussures. Un nouveau bouillon/ pates, morceau de saucisson et quelques TUC et me dirige vers la sortie du ravitaillement. Ici, un contrôle du matériel obligatoire avec pour moi, le téléphone. Pour l’anecdote, je voulais utiliser celui-ci mais aucun réseau. La pluie refait son apparition. J’en profite pour enfiler le poncho. Après coup, je m’apercevrai que ce fut une excellente idée.
Arrivé maintenant une partie un peu monotone du parcours avec quelques kilomètres de bitume pour arriver à la ville des Glaciers. J’imagine facilement les plus forts courir dans ce faux plat montant. Pourtant, tous les gens autour de moi, se contente de marcher. Quelques voitures de propriétaires locaux nous doublent sur la route. La ville des glaciers n’a de ville que son nom. Il n’y a en fait que quelques chalets et certainement pas d’habitants permanents.
Nous nous attaquons maintenant, toujours sous la pluie, au col de la Seigne. Au fur et mesure que nous avançons vers le sommet dans ce mono trace, la pluie s’intensifie pour laisser place à la neige. Des bourrasques de vents font également leur apparition en vue du sommet. Il y fait un froid de plein hiver. Les bénévoles assurant le pointage sont d'ailleurs en habits d’hiver. Les diverses couches de vêtements entre mon dossard et l’extérieur empêche le pointage électronique. Je dois attendre l’aide d’un bénévole pour sortir mon dossard et effectuer le pointage. Ces quelques 2 minutes dans un froid intense m’ont complétement engourdi les doigts qui ont commencé à bleuir. Je me dépêche d’essayer de me lancer dans la descente en enfilant les gants. Il fait vraiment trop froid.
Il me faudra plus d’une dizaine de minutes pour réchauffer mes doigts en allant vers le lac Combal. La neige et la pluie se son arrêté dans la descente. Un soleil intense a fait son apparition. C’est à ce prochain point que je dois croiser pour la première fois ce jour mes accompagnateurs. A ce point, ils doivent laisser la voiture et marcher un peu pour me rejoindre. La descente vers le lac Combal se fait par 2 pallié successif de descente et de plat. Arrivé au point de contrôle, j’essaie de trouver mes accompagnants en vain. Je ne me départis pas et me ravitaille : bouillon/pates, saucisson, fromage et TUC que je finirai de manger en marchant. Je sors à nouveau mon téléphone portable en avançant pour essayer de les joindre. Toujours pas de réseau. O miracle, je vois enfin que mon téléphone capte. Je dois faire demi-tour car la zone ou je capte est de quelques mètres. Je leur laisse un message sur boîte vocal sans doute inaudible au vu de la qualité de la réception et envoi des SMS leur enjoignant de me rejoindre à Courmayeur. Ils ont du temps, nous ne descendons pas directement mais allons vers l’arrête du mont Favre. Il est impératif qu’il soit à Courmayeur. C’est la moitié du parcours et j’ai prévu de me changer entièrement et faire le plein de victuailles pour la suite du parcours. De plus, ayant des accompagnants, je n’ai pas laissé de sac à l’organisation, qui le prévoit, pour cette base de vie : un petit risque de pris. Après coup, ils m’apprendront avoir eu 2 heures de bouchons au passage du tunnel du Mont Blanc et être arrivé au lac Combal trop tard. Cette péripétie leur a permis de courir pour rejoindre la voiture J
La montée vers l’arrête du Mont Favre se fait avec la montée de la chaleur. Je m’arrête pour ranger le poncho et retirer ma polaire. Nous croisons quelques vaches en arrivant vers le sommet.
Nous entamons la descente vers le col Chécrouit qui commence par une pente raisonnable jusqu’au ravitaillement de Maison vieille et ses remontées mécaniques et restaurant d’alpage. Il est possible de manger des pâtes mais je ne m’attarde pas trop. Je me contente de boire un peu de coca et de mettre dans mon sac ma Gore Tex. Nous rejoignons alors une descente beaucoup raide. C’était jeudi la première montée pour les coureurs de la TDS. Pas mal comme entrée en matière. Je reçois un appel de mes accompagnateurs. Ils sont à Courmayeur et cherchent la base de vie de Dolonne.
Dolonne est l’endroit où se trouve ce que l’on appelle une base de vie. C’est dans un grand gymnase, il y a un vrai repas possible, mais également des lits de camps pour ceux qui souhaitent dormir quelques minutes. A mon arrivée, les bénévoles essaie de chercher mon sac coureur. Je leur signale que je n’en ai pas déposé. Je cherche dans la foule Marion et Lorenzo sans succès. Bizarre. Je me dirige donc à l’intérieur de la salle, me pose, les appelle. Ils ne m’ont pas vu passer. Je décide donc de manger une grosse assiette de pates à la bolognaise (j’ai demandé 2 louches et les serveurs ont trouvé que c’était énorme), des morceaux d’orange et de sortir les rejoindre. Dans mon plan de marche, j’ai prévu 1h de pause à cet endroit. Je retrouve Marion et Lorenzo à la sortie de la salle. Nous nous posons sur la pelouse à l’ombre. Il fait maintenant assez chaud. Je me change totalement, leur laisse une partie de mes affaires, en reprends d’autres sèches ainsi que de la nourriture. Avant de mettre des chaussettes et chaussures sèches, je me repasse de la NOK. Je tente rapidement de m’assoupir, mais le moment n’est pas venu. Marion me fait part de changement de parcours avec l’évitement de Bovine et ses marches dans le rocher. Que va-t-il en être de la distance et du dénivelé ?
Le moment arrive de repartir. Je me mets doucement en route pour passer prêt de l’église de Courmayeur et prendre le parcours de la CCC qui est partie vendredi. Dans cette partie en ville, j’i l’impression que nous attaquons une course différente. Le soleil est bien présent et les coureurs nous le contact entre eux. C’est ainsi que je fais la rencontre de Sylvain avant d’attaquer la montée vers Bertone. Sylvain a déjà fait le GRP, le GRM. Il a une expérience de ce genre de distance bien plus importante que la mienne. Nous décidons rapidement de faire un morceau de route ensemble. A ce moment de la course, si nous sommes au même endroit, c’est clairement que nous naviguons vers Chamonix pour une même heure d’accostage.
La montée de Bertone se fera à une allure modérée et régulière sur un joli monotrace. A l’arrivée au refuge de Bertone, je m’aperçois que nous ne sommes pas 2 mais plutôt un groupe d’une dizaine de trailers.
Nous voilà maintenant parti en direction de Bonati : un autre refuge. Celui-ci est rejoint par un chemin en balcon au-dessus du Val Ferret. Ce nouveau refuge n’est pas beaucoup plus haut que Bertone mais le chemin monotrace est un véritable toboggan. Je fais toujours le chemin accompagné de Sylvain qui habite Meudon.
Arrivée à Bonati, j’en profite pour me restaurer un peu, ne pas trop me charger en eau et mettre la frontale sur ma tête. La nuit n’est pas encore tombée, mais d’ici Arnuva cela sera limite. J’ai encore assez de lucidité pour m’éviter un arrêt inutile.
Sur cette nouvelle partie, il suffit pratiquement de se laisser porter jusqu’Arnuva sur un monotrace sans difficulté. Sylvain et moi arrivons avec la nuit qui arrive. Il faut donc se ravitailler correctement, le prochain point est à 15km, mais d’ici là nous aurons grimpé le grand col Ferret, point culminant de notre balade.
En nous lançant à l’assaut de ce nouveau col, nous pouvions nous attendre à une météo clémente à la vue des dernières heures. Toutefois, nous allions bien vite nous retrouver dans un brouillard épais (difficile de voir les indications de parcours) mais également un fort. Je pense que l’ascension nous a été rendue difficile par l’effet combiné de la fatigue qui commence à se faire sentir, de la météo hostile et de l’altitude. Nous sommes obligés de faire quelque poses durant la montée tout en vaillant à ne pas les prolonger pour ne pas trop se refroidir. Je commence à sentir également que Sylvain baisse de régime, il est moins causant. Nous arrivons au sommet et devrions relancer pour dérouler en courant dans la descente, mais la brume est si forte que cela nous est impossible. Nous nous efforçons de trouver les balises indiquant le chemin. Dans mes souvenirs de la CCC 2009, cette descente est interminable. Eh bien, j’ai eu la même impression dans cet UTMB. Après quelques kilomètres de descente, Sylvain me demande de l’abandonner. Il considère ne plus avancer. Je le laisse donc dans la descente pour reprendre mon rythme (en consultant le classement à l’arrivée, je me suis aperçu qu’il avait abandonné à la Fouly). Nous arrivons finalement à la Fouly où je dois retrouver Marion Lorenzo. Dans le groupe où je me trouve, nous débattons sur le chemin pour arriver à La Fouly, soit par la route, soit par un changement de parcours prévu en 2010 mais que je n’avais pas expérimenté vu les circonstances. C’est cette deuxième solution que je vais subir. Eh oui, pour la première fois du parcours, je râle sur le parcours. J’ai l’impression que cette partie de parcours nouvelle n’apporte pas grand-chose, juste un peu de kilomètres et de dénivelé. Nous débouchons donc au ravitaillement par un chemin créé récemment, pas pratiqué et à peine débroussaillé.
Je cherche mes accompagnateurs, ne les trouve pas. Je décide donc de prendre de quoi manger (bouillon/ pâtes, fromage, saucisson et TUC) et de les appeler. Ils m’attendent à l’extérieur du chapiteau. Cela fait toujours plaisir de voir des proches. Ils viennent s’assoir prêt de moi, nous discutons. Au moment de partir, pour la suite de la nuit, j’écoute un trailer sur le point d’abandonner à cause du froid et discutant avec ses amis. Je l’interpelle alors et lui dit que même en marchant il peut rallier l’arrivée. Il serait donc dommage de s’arrêter maintenant en étant pas blessé. Je reprends la route en faisant quelques mètres avec mes accompagnants qui ont la voiture garée le long du chemin et les laisse aller se coucher (il est prêt de 2h du matin).
Arrive une partie très roulante qui doit nous mener au pied de la bosse menant à Champex Lac. J’ai vécu de nouvelles expériences. C’est en effet la période où j’ai le plus ressenti les effets de la fatigue avec entre autre beaucoup de déformation (ou que d’autres qualifieront d’hallucinations) et une énorme envie de dormir. Je fixais un objet ou une forme et voyait la chose se déformer à l’aide de mon imagination. Etonnant ! Mais cette période est aussi le début du parcours en Suisse. C’est ici que nous allons croiser des habitants ayant improvisé (ou plutôt préparé) un ravitaillement de fortune avec thé, café et biscuit sec. Je me suis arrêté à un de ces endroits à Praz de Fort où il y avait la grand-mère dans un fauteuil, les enfants jouant et les parents distribuant dans des gobelets thé et café. Dans ces moments, les trailers m’ont tout de même choqué. J’ai en effet trouvé dans les centaines de mettre qui suivirent de nombreux gobelets usagés laissés sur le bord de la route. Bien dommage ! Nous arrivons enfin au pied de la montée vers Champex Lac. Dans cette nuit sans lune, il est facile de deviner le point lumineux représentant notre objectif. Cette montée interminable est entrecoupée d’un point de contrôle habituel des dossards, mais animés. En effet, nous avons droits pour nous accueillir à une petite ambiance boîte de nuit branchée avec musique et jeux de lumière. Sympa.
L’arrivée à Champex Lac est bien calme. Peu de spectateur, uniquement des accompagnants. On sent également la fatigue chez les coureurs et les bénévoles avec beaucoup de calme dans le chapiteau. Je prends mon temps pour me restaurer avec coca, chocolat, pates bolognaises et me renseigner sur les changements de parcours annoncés depuis Courmayeur. Je me renseigne auprès d’un bénévole qui a l’air d’être bien au courant. Il m’annonce, descente vers Martigny de 1000m de dénivelé, puis remontée vers Trient de 1000m de dénivelé. Un beau programme.
Je me mets en route tranquillement le long du lac dans la même direction que Bovine que nous évitons. J'ai ’u mal à courir à cause d’une douleur derrière le genou. Je prends donc mon mal en patience en attendant d’arriver dans la descente. J’ai bien l’impression que cette descente est improvisée et viens d’être tracé ce week-end pour la CCC et l’UTMB. Elle descend droit dans le pentu. Au cours de cette descente, le jour se lève ; j’en profite pour retirer la frontale et le gore tex pour me retrouver pour la première fois en manche courte de façon assez inespérée. Tout en discutant avec les autres compétiteurs, nous arrivons à ce que nous pensons être Martigny. C’était en fait Bovernier. Nous nous attaquons à une montée dans les vignes devant nous mener à Trient. Arrivée au sommet, je commence à douter des informations d’itinéraire. Je ne reconnais pas du tout Trient. Je fais alors route avec un lyonnais venant de la Réunion et un Isséen. Arrivé au bas de la descente, nous avons la mauvaise nouvelle d’apprendre que nous arrivons seulement à Martigny et que 1000m de dénivelé positif nous attendent. Je me remets de la NOK et me remet en route. Nous prenons une route qui va droit dans la pente qui devient rapidement pénible malgré les ravitaillements de nos amis suisses. Nous finissons par quitter la route pour continuer sur un monotrace qui lui-même continu droit dans la pente. En courant, je suis assez surpris de cette partie et pense que Killian a du bien s’amuser. C’est pas mal de la part des organisateurs d’avoir mis un KV (kilomètre vertical) dans le parcours pour faire la sélection. La chaleur commence à nous accabler et devient pesante. Je trempe ma casquette dans une fontaine pour me rafraichir et commence à sentir que je vais avoir des coups de soleil. J’arrive enfin au col de la Forclaz où il y a à nouveau un public nombreux pour nous encourager. Direction Trient et une petite descente. Je sais alors que je serai « finisher » mais je comprends aussi que la douleur derrière le genou va me rendre la fin de parcours très pénible. Je vais commencer à souffrir très fort pour arriver à ce ravitaillement. Je vais prendre un peu de saucisson, coca, fromage et pain. Une fois ma poche à eau remplie, je reprends la route pour la dernière montée : Catogne et ses 7000m de dénivelés positifs.
Je me rappelle de cette montée très impressionnante la nuit où j’avais vu les lasser au travers des lumières des frontales. Cette fois, je fais la montée en plein soleil. Il doit faire entre 25 et 30°c. Cela m’est très pénible. Je suis obligé de faire des pauses régulières pour reposer ma douleur au genou sous cette chaleur écrasante. Au cours d’une de ces poses, j’en profite pour discuter un peu avec 2 japonais. Je vois enfin le bout du tunnel avec la pente qui se réduit. C’est alors parti pour une traversée très longue qui nous mène sur l’autre versant. C’est alors parti pour la dernière descente. Je suis incapable de courir. C’est assez difficile moralement avec toutes ces personnes qui me doublent et une descente qui ne descend pas. Cette descente est en effet étonnante : elle commence tranquillement avec peu de pente pour terminer sur une piste de ski « dru dans le pentu » en arrivant à Vallorcine. La délivrance est là. L’UTMB est presque terminé.
Avant d’arriver au ravitaillement et retrouver Marion et Lorenzo, je me retrouve bloqué au passage à niveau.
Je ne force pas le passage. C’est pas la peine, je ne suis plus à 5 minutes prêt. Marion et Lorenzo m’attendent. Ils m’ont pris un sac avec du change et de la crème solaire. Je m’enduis la tête, le cou et les bras de crème solaire, mange des cookies avec du fromage ce qui surprend Marion. Ce n’est tout de même pas le moment de rester. Allons à Chamonix. Je me mets en route vers le col des Montets. Au sommet, je fais quelques mètres avec Marion. Lorenzo nous prend en photo. Je suis alors doublé par le concurrent que j’avais relancé à La Fouly. Il a une foulée alerte et a encore l’air en forme. Je l’interpelle, nous faisons quelques mètres ensemble mais suis obligé de le laisser partir étant incapable de courir. Le chemin passe à côté de la route, mes accompagnants passent et me klaxonnent pour m’attendre au dernier contrôle d’Argentière avant l’arrivée. Le final passe maintenant par le chemin interminable des balcons de Chamonix. Nombre d concurrents sont impatients d’arriver au plus tôt. Je trouve dommage que nous n’ayons pas pris le fond de vallée en sens inverse du Mont Blanc Marathon. Ce final est interminable. Un photographe nous indique que nous sommes bientôt à Chamonix et la délivrance. Je devise avec 2 autres concurrents qui se languissent également d’arriver. Nous débouchons dans Chamonix et nous mettons à trottiner. Instinctivement, nous laissons un peu d’écart entre nous 3 pour profiter de la marée humaine qui nous attend dans les derniers mètres de notre course et c’est enfin la délivrance sur la ligne d’arrivée avec un simple merci à Catherine Poletti.
Le bilan
Je suis très heureux d’avoir atteints mon objectif avec les enseignements suivants :
- - On courre très peu à l’UTMB si on finit en plus de 40h
- - Il n’est pas obligatoire de faire de la montagne pour finir un UTMB en plus de 40h du moment de compenser (pour mon cas, par du fractionné)
- Gestion du sommeil à penser car ne pas dormir 15min a été une erreur
- - Je ne ressors pas conquis par ce format de course. J’ai eu l’impression de prendre plus de plaisir sur des formats d’une journée.
Merci à ceux qui m’ont accompagnés sur le parcours et encouragés. Un gros merci à Marion qui supporte tous mes sacrifices pour m’entrainer.
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